Dernier épisode de la saison. et aussi épisode mythique où Jerry et Elaine s'aventurent sur le chemin du sex-friend, des années avant que le terme ne se généralise.

Cela commence très fort avec une scène d'anthologie, celle ou Jerry et Elaine après avoir exprimés ce désir (« the idea is to combine the this (leur amitié) and the that (le sexe) ») dictent les lois qui vont gérer leur nouvelle relation (ne jamais s’appeler le lendemain ou dormir ensemble après le sexe est facultatif). Notons entre parenthèse que Jerry est tout de même un très mauvais acteur, son "look", soit un regard envieux et plein de désirs qu'il lance sur son amie, regard qui lancera le deal, est catastrophique, mais paradoxalement renforce le côté comique de la situation. Julia Louis-Dreyfus est une bien bien meilleure actrice et arrive à entretenir un léger et touchant rougissement durant toute la séquence. S'en suit à cette scène d'introduction une autre très réussie, celle où Jerry explique le pacte qu'il vient de signer avec son ex.

Évidemment comme l'avait prédit George (« It’s impossible. It can’t be done. Thousands of years, people have tried to have their cake and eat it too. So all of a sudden, the two of you are gonna come along and do it…. Where do you get the ego ? »), la relation d'amitié sexué ne fonctionne pas sur la durée. Pour cela, la série semble charger Elaine et la pointer comme responsable de la dégradation de la relation, car trop vite (et c'est d'ailleurs un peu le gros défaut de l'épisode, d'être trop court et de précipiter l'ensemble, notamment le final abrupte), elle désire plus que le deal de départ et veut le "This, That and the Other. ». Mais Jerry a sa grosse part de responsabilité comme le prouve son interminable hésitation juste pour acheter un cadeau d'anniversaire devenu moins anodin qu'avant.

Et comme l'épisode est très bon, il arrive à disséminer par-ci et par là, ou des pistes de réflexions farfelues (« What is it about sex that just disrupts everything ? I can’t be the nudity. I never got into these terrible fights and misunderstandings when I was changing before gym class. » ) ou des concepts qu'on applique tous (George : « This means I can’t see her anymore either. Breakup by association. »)

Mais surtout, cet épisode aurait pu changer la face de la série, l'orienter vers autre chose que celle qu'on connaît. Car à la fin de l'épisode, Jerry et Elaine décident de rester ensemble et de devenir un vrai couple. Sauf que Jerry Seinfeld demandera à ses fans ce qu'ils pensaient de cette relation et devant les réactions peu enthousiasmes décida de mettre fin à la relation amoureuse et de revenir comme avant (il sera à de très rares occasions fait allusion au fait que cette relation de sex-friend continue, mais ce n'ira jamais plus loin). Que serait Seinfeld, la série, si l'histoire d'amour entre Jerry et Elaine aurait continué ? Aurait-elle emprunté (tracé plutôt, car la série est pionnière) les routes des rom--coms avec comme fils rouges un couple en yo-yo sentimental tel Ross & Rachel, Ted & Robin ou Dylan & Evie. Peut-être.

Mais je me réjouis que Seinfeld ne se soit pas engagé sur cette voix. Car ici, pas de gnan-gnans, de bons sentiments ou de happy-end avec mariage et bébé. La série évitera toujours cela et préférera toujours le cynisme et la méchanceté. Et c'est pour ça que j'aime cette série d’amour !