Un twist !!! Les deux équipes, de nulle part, sont remélangées. Comme dans Africa, ça fait son effet, mais contrairement à la saison précédente, ça intervient à un moment où les deux tribus sont hyper déséquilibrées et où Maraamu va continuer à être la tribu désastreuse. Peut-être la production souhaitait-elle arrêter l’hémoragie ? J’en doute vu comment le twist a su être la force de la précédente saison, chose que la prod a dû réaliser et souhaite reproduire pour dynamiser l’expérience de milieu de saison, notamment en termes stratégiques.

Juste avant le swap, les Rotu rappellent à quel point ils sont une famille soudée et unie, qui sifflent en travaillant, et dégustent de la coco grillée en guise de popcorn. Tandis qu’à Maraamu, Gina est sur la scellette et Vecepia, toujours dans la mesure, rappelle qu’il faut s’attendre à tout. Et en effet, le twist arrive juste ensuite !

Les tribus sont redispatchées mais en conservant le nombre actuel de personnes, une variation intéressante de l’échange de 3 membres dans la saison précédente. Les ex-Rotu conservent la majorité dans les deux groupes, ce qui fait que le tirage est finalement très équitable. Du moins, en termes d’alliances. Car physiquement, les nouveaux Maraamu sont constitués de Paschal, le doyen, et de 4 femmes (pas forcément les plus athlétiques), ce qui semble être un déséquilibre physique énorme.

Pourtant l’épreuve d’immunité du jour n’a rien de physique. Elle consiste à résoudre un puzzle à base de textile à tisser ce qui est assez innovant. Les Maraamu sont mollassons et peu futés, ce qui fait que même si les Rotu avaient voulu throw le challenge (ce qui est considéré, comme ça avait été le cas la saison précédente juste après le swap), je ne suis pas sûr que ça aurait suffit. Le montage qui alterne entre les deux tribus souligne très bien le contraste par la musique, hyper ridicule pouet pouet chez les Maraamu, par rapport au ton héroïque des Rotu.

Cette nouvelle tribu Rotu voit Sean & Rob (et Vecepia) être déracinés de leur zone de confort pour arriver en minorité, ce qui change radicalement le comportement des deux hommes stratèges. Sur l’autre île, ce twist est à l’inverse du pain béni pour Gina, candidate sympathique car la seule “conventionnelle” (peu stratège en apparence) de Maraamu, qui s’entend immédiatement beaucoup plus eux. Elle partage une passion/un métier avec Kathy autour de l’environnement, et elles partent d’ailleurs en trek avec le duo Paschal/Neleh. Kathy, fidèle à elle-même, s’intègre mais semble un peu pénible, elle les perd, mais tout est bien qui finit bien, ils finissent tous par faire de la pêche à la crevette !

Non sans mal car ils ont dû traîner le boulet Sarah avec eux, trimballée et complètement hors de son élément, peu habituée à la nature. A noter un très bon moment comique, où elle souhaite faire demi-tour pour rentrer au camp en plein milieu du trek, mais se perd au bout de 20 secondes et décide de faire demi-tour de son demi-tour pour retrouver les autres. Clairement pas une Robinson Crusoe. L’image d’elle qui se prélasse sur le drapeau américain de Paschal résume bien tout.

Puisqu’elle est clairement en minorité, elle se fait éliminer en toute logique ici. Elle aura été protégée par Rob à l’origine mais ne peut survivre à un switch et c’est tant mieux, son heure était plus que venue. Ils essaient de faire un petit suspens à la fin entre elle et Kathy sachant que celle-ci est un peu autoritaire comme sur son ancienne tribu, mais on sent bien que Kathy reste humainement appréciable et bien intégrée, contrairement à Sarah. Au moins, elle part sans amertume, contrairement à Hunter.

Voir le contraste entre les deux mentalités de travail sur les deux îles est hyper amusant post-twist. Rob et Sean sont vus pour la première fois en train de faire quelque chose, ils sont en sueur et Sean, toujours fidèle à son personnage d’activiste, compare même ça à de l’esclavage en citant le film Amistad. C’est tout de même un peu extrême comme raisonnement.

Le montage souligne leurs tâches et même Vecepia leur donne raison en disant qu’en effet, cette tribu ne fait que bosser et ne prend pas de temps pour les pauses. Il est vrai qu’à la décharge de Rob et Sean, les Rotu ont l’air de ne faire que travailler — mais Gabe présentait au début à Kathy une tribu justement chill et harmonieuse. Une incohérence pré-swap vs. post-swap qui prouve que tout dépend vraiment du jeu social.

Le contraste avec le début d’épisode où les Rotu étaient dans le travail en harmonie est hyper bien souligné (notamment par la musique là encore), tandis que Maraamu devient limite la tribu “vibe” qui mange des fruits, part en randonnée pêche, aime passer du temps ensemble et se découvrir !

C’est cocasse.

Mais il y a quand même un passage hyper malveillant et puant dans l’épisode, quand Sean et Rob prennent une petite pause et qu’ils endossent le rôle d’interviewers radios pour faire des remarques hyper sexistes et homophobes :

SEAN: So, Rob, how do you feel about being over here? ROB: To tell you the truth, I really don't enjoy this part of the island. Yeah, the women over here don't look half as good as they did at our other tribe. SEAN. Oh, no, the women on our island had big boobs with tiny bikinis. ROB: Over here, I think we got eight guys on the island. We got eight guys and one girl. I think her name is John.

Le fait qu’ils s’interviewent est censé indiquer qu’ils sont un peu dans le second degré, dans l’auto-parodie, ce qu’ils ont déjà démontré. Mais, ça n’empêche que de façon sous-jacente c’est clairement puant.

C’est un peu contrebalancé par le fait qu’on entend Tammy juste après montrer qu’ils ne sont clairement pas en contrôle :

TAMMY: If Sean and Rob decide not to work, we will still feed them, but their asses will be gone, first vote.

Reste que les personnages sont vraiment ici fainéants et antipathiques, et ne brillent pas par leur jeu social ni leurs stratégies. Sean n’est même carrément pas subtil du tout puisque le jour suivant, il craque sur la pression du travail et balance tout à Gabriel, disant clairement qu’il ne veut pas faire l’esclave car il sait que dans tous les cas, ils sont les prochains à partir. Comme d’hab, il semble ici assez antipathique voire agressif, et emploie des mots forts liés au racisme un peu hors-contexte.

Il faut noter tout de même, pour nuancer encore tout ceci, que les candidats s’accordent à dire que la production a gonflé la fainéantise de Sean au montage par rapport à son vrai comportement sur le camp, en vue justement de le rendre (lui et Rob) antipathiques et clichés du mec qui ouvre beaucoup sa bouche mais qui agit peu. Ce qui conduit plutôt à donner raison à Sean quant aux biais du show.

Reste que le montage a beau faire des choix et des accents, les images ne mentent pas.

Finalement, Vecepia est celle qui s’adapte le mieux, avec sa politique “anti-drama” qui semble clairement être la voix la plus mature :

ROB: What do you think about all this, V.? VECEPIA: It's too much damn drama for me! You know, I'm down with you guys. I'm going to be with you regardless, you know that. But as far as the chitchat and the drama, bump that. I ain't with it.

Vecepia est depuis le début de sa tribu la mieux positionnée quand on regarde bien le jeu, sachant qu’elle est dans l’alliance majoritaire des “fainéasses” mais bien plus flexible et langue de bois que Rob ou Sean. Elle est peu présente en confessiona ou dans les histoires mais elle le résume justement : c’est un choix délibéré qui fait partie de son jeu.

VECEPIA: Stay drama-free, and that's the way to be. You know, when the drama starts, I walk away. If my name's not in it, then I'm not in it.

Dans l’ensemble c’est un épisode de switch très bon, mais je plafonne mon ressenti et ma note uniquement à cause du fait que Rob et Sean sont hyper chauvins et antipathiques dans cet épisode, alors qu’ils sont censés être les underdogs qu’on aimerait soutenir. C’est révélateur que parmi les 4 Rotu développés (Kathy, Neleh/Paschal et John), 3 sont passés chez les Maraamu, laissant tous les Rotu (sauf John, qui sera sûrement la tête pensante qui va affronter Rob et Sean) être simplement les nouveaux obstacles de Rob, Sean et Vecepia.

C’est particulièrement flagrant lors du premier confessionnal de Rob arrivé sur la plage, où c’est par ses yeux qu’on découvre limite toute la tribu Rotu. Il commente en effet ses observations et dessine un portrait insultant, narquois mais pertinent (des adjectifs qui le résument bien) ses nouveaux adversaires, avant de conclure qu’il aura du mal à les charmer et à infiltrer leurs rangs par rapport à la tribu Maraamu. Tel un commentateur sportif, son speech continue de développer ce personnage de parrain après qu’il vienne de perdre l’avantage du territoire, et c’est fascinant :

ROB: At this point, I'm really not sure how I'm going to overcome the numerical advantage that they hold. Having five members stay and us being the three newcomers. The biggest thing now is going to be to see how I'm going to be able to bond with these other people.
- Gabe seems pretty cool, he's definitely a brainiac. He probably thinks he's a lot smarter than he really is.
- When I first saw John, I thought he was a big-time queer. I really don't know, he seems kind of rough and tough over here, but he does all the cooking. So I don't know, I won't be sleeping next to him tonight, not the first night, anyway.
- The General [Robert] seems like a nice guy, also. He's big and tough, and wants everybody to know that. Probably got a little sausage.
- Tammy is engaged, there's not too much hope there.
- And Zoe is pretty nice, but... come on. (chuckles) Without a doubt, Zoe is definitely the toughest guy in this tribe. I don't think this is the type of group where I can jump in and joke around and just be all outlandish and stuff like I could in the other group. Definitely the game is changing, and maybe for the better. Maybe for the worse. I don't know.

Ce confessionnal est juste incroyable. Mais en plus de dépeindre clairement son côté mafieux méfiant très fin stratégiquement, son manque d’ouverture d’esprit couplée à une très fine compréhension des dynamiques sociales de chacun, c’est aussi son homophobie, son machisme et son sexisme sous-jacent qui dégouline entre les lignes (voire carrément dans les lignes)…

C’est plein de contradictions et très paradoxal, et vraiment à l’image de son personnage et donc de toute une partie (très importante) de l’épisode.