Cette série c’est quand même quelque chose…

J’avais du mal à imaginer comment elle allait pouvoir se renouveler après sa première saison. Mais après ce season premiere, me voilà rassuré.

Quelle bonne idée d’incruster le personnage d’Helen dans le dispositif d’échange des points de vue. J’étais agréablement surpris de découvrir sa version de l’histoire, sa manière de percevoir ce divorce.

Il semblerait que cette saison 2 veuille s’intéresser non plus seulement aux deux amants Noah et Allison, mais également au mari et à la femme trompé.

Je suis toujours aussi fan de cette narration parallèle et je trouve qu’avec cette histoire de divorce, elle est encore plus pertinente. L’homme et la femme ont une nouvelle fois deux façons d’appréhender les choses, deux manières différentes de les vivre et/ou de les ressentir.

Dans cet épisode, la partie Helen était vraiment bien fichue. Il faut dire que ce personnage était trop souvent resté dans l’ombre lors de la première saison. Avoir toute une partie sur elle, ça permet d’humaniser le personnage, de la rendre plus sympathique qu’elle ne l’était. On sent que cette séparation l’affecte réellement et que sous ses airs de petites bourgeoises rigides se cachent une femme fragile et au bord du précipice.

J’ai beaucoup aimé.

Excellente reprise en effet. La partie avec Noah est classique mais captivante et la série creuse ses personnages secondaires (Trevor, Margaret, même le médiateur a droit à son moment). La seconde partie a le mérite de nous prendre à revers exactement comme le pilot de la série l'avait fait avec le point de vue d'Alisson apparaissant au milieu de nulle part. C'est très fort.

Le rythme est toujours lent et les plans sur des scènes fixes s'enchaînent, parfois un peu trop longuement certes, mais ce n'est que pour laisser du temps au spectateur de bien s'immerger dans ses pensées. C'est vraiment une marque de fabrique de la série et c'est super.

Du coup, la saison 2 démarre très bien en étendant son champ d'action et de narration, bien qu'au fond, elle garde toujours cette même structure de différences entre deux points de vue.

Le passage chez le médiateur est hyper révélateur. Le contraste est flagrant car si la scène constitue le climax de l'intrigue Noah, elle est en revanche le point de départ de la partie 2. Le personnage en lui-même est complètement différent, c'est flagrant. Dans le genre moins évident, il y a pas mal de dialogues transformés mais similaires de sorte qu'on voit que les deux versions partent d'une même vérité cachée. Dans le genre encore plus subtil (et là c'est vraiment du délice) il y a tous les petits détails qui minent de rien sont ultra révélateurs. Le fait que le médiateur soit aussi au bout de table, Noah et Helen de part et d'autres, présidant la rencontre dans les souvenirs de Noah (car il a au final trouvé cette solution juste). Alors que selon les souvenirs d'Helen, elle est face au médiateur qui est aux côtés de Noah. La réalisation s'attache donc par quelques silences bien placés et quelques champs/contre-champs à montrer une Helen mal à l'aise et en position d'infériorité. Dans The Affair, la caméra agit comme une voix-off, puisque tout baigne dans la subjectivité (sauf les scènes flashforwards à la fin sur le meurtre mais osef). Ce simple passage chez le médiateur nous révèle tout l'état d'esprit des deux personnages du show sans besoin de le dire, juste en le montrant. C'est du grand art !

C'était LE gros exemple marquant de l'épisode, mais il y a d'autres détails du genre, et il y en aura sans doute à chaque épisode si cela continue sur cette voie.

J'attendais The Affair au tournant avec cet épisode, j'avais peur qu'elle n'arrive pas à succéder à son excellente première saison. Et bien que nenni, cet épisode est l'un de ses meilleurs, c'était prenant, bouleversant, intense et d'une beauté remarquable. Un excellent épisode pour le retour d'un des meilleurs dramas actuels.

Je suis déjà complètement hypnotisé, persuadé que cet épisode annonce une saison 2 aussi brillante que la première. Une série vraiment à part...