Eh bien voilà, il est venu le temps (des cathédrales) du bilan (calmement, se remémorant chaque instant).
Il est vrai que la venue de mon fils (ma bataille) ne m'aura pas permis de regarder autant de séries que souhaité. J'ai donc dû me concentrer sur celles qui me faisaient vraiment envie (j'ai oublié mes rêves et les mercis).
Pour cet article, je me suis interrogée sur ce que je pouvais dire (que je m'en vais), et surtout sur la manière de le faire. Comment être originale ? Comment laisser mes marques pour être gravée (dans la roche) ?
La réponse est finalement simple. Lions mes deux passions : les séries et le karaoké. Un jour d'ailleurs, je vous raconterai la fois où le patron m'a coupé le micro tellement je chantais faux. Pourtant, "J'ai encore rêvé d'elle", ça se fait tranquillou à 2h du matin après avoir mangé des nems à volonté. Je pense que c'était surtout de la haine face à mon talent. Mais que voulez-vous, la jalousie ne se commande pas...
Bref, difficile de retranscrire ce merveilleux loisir qu'est le karaoké par écrit. Je vais donc me contenter de faire le point sur certaines séries regardées en 2016-2017 avec un petit clin d’œil musical à chaque fois. Promis, Twin Peaks n'en fera pas partie, car j'ai bien compris que je virais dangereusement monomaniaque.
The Last Man on Earth - "Mais je dois m'en aller... Je ne veux plus t'aimer."
Fin de la saison 3 de The Last Man on Earth. Analysons ce qui s'est passé durant dix-huit épisodes :
- Un nouveau survivant est complètement parano et veut tuer tout le monde. On le tue. Mais en fait non. Mais en fait si, quand même.
- Gail est devenue la mère adoptive de Carol. Elle se retrouve bloquée dans un ascenseur, on pense qu'elle meurt mais en fait non.
- Lewis était là. On se dit qu'il va mourir, et là, on ne s'est pas planté. Au passage, tout le monde s'en fout.
- Melissa est devenue zinzin sans qu'on sache trop comment. Mais tout est rentré dans l'ordre et cette intrigue semble ne jamais avoir existé.
- On a assisté aux origines de la pandémie par le biais d'un nouveau personnage.
- On a assisté au point culminant de l'ennui par le biais d'un nouveau personnage.
- Erica a accouché.
- Les survivants doivent partir là où les centrales nucléaires sont moindres pour ne pas mourir, brûlés par la fusion des cœurs.
Si ces quelques éléments vous ont semblé ennuyeux/inutiles/inintéressants, sachez que je viens de vous raconter le plus passionnant, et que j'ai dû perdre six heures de ma vie pour ça.
Pourtant la série avait bien commencé. Le concept initial d'un mec seul qui vit sa vie de manière complètement loufoque est génial en soi. Et puis, c'est parti en sucette. J'ai l'impression que les scénaristes improvisent au fur et à mesure de la série et que la pandémie n'est plus qu'un vaste prétexte à une sitcom basique (et même pas drôle) de colocs qui ne se supportent pas.
Et le pire dans tout ça ? C'est que The Last Man on Earth est encore capable de nous fournir de très bons épisodes. J'ai en tête Got Milk? par exemple, ou la fin de l'intrigue de Gail dans l'ascenseur. La série est vraiment pertinente dans l'émotionnel et dans son traitement de la solitude.
C'est là mon souci. The Last Man on Earth est renouvelée pour une saison 4, alors qu'elle n'a plus rien à donner. Je me connais, je sais qu'en l'attente de retrouver ce genre d'épisodes un peu patho, je vais la regarder. Et que je vais sans doute encore râler à nouveau.
Regarder la saison 3 de The Last Man on Earth - Allégorie.
Black Mirror - "It's so easy, when everybody's tryin to please me, Baby."
En cette fin d'année 2016, je n'étais que joie et allégresse à l'idée de revoir Black Mirror pour non pas trois mais six nouveaux épisodes ! Après deux saisons fantastiques et une nécessité de se mettre en position fœtale suite au visionnage de White Christmas, la barrière était haute. Très haute.
Peut-être un poil trop d'ailleurs. Netflix a repris la diffusion de la série. Finie donc la patte anglaise que j'appréciais tant, les trois épisodes par saison qu'on attendait comme le Messie, et bienvenue à l'un peu plus conventionnel. J'avais quelques craintes quant à ce que pouvait donner la première partie de la saison, par son changement de canal de diffusion dans un premier temps, mais également par son nombre important d'épisodes. Et j'avais pas tout à fait tort.
Attention, l'ensemble est plus que correct. Pour une série normale, on crierait sans doute au génie. Cependant, la marque même de fabrique de Black Mirror, ça reste la dystopie, le dérangeant, voire le malsain. J'ignore s'il y a vraiment un lien de cause à effet, mais en passant chez Netflix, la série a largement perdu de sa superbe. Tout reste quand même très conventionnel et très prévisible. On tente parfois un retour aux sources (cf. Shut Up and Dance), mais l'ensemble paraît bien plat.
Finalement, la seule vraie révélation de la première partie de la saison correspondra à un virage complet de la ligne directrice de la série, avec San Junipero. Une heure de poésie complète et d'espoirs doux-amers. Une vraie bouffée d'air frais, nous prouvant que Black Mirror a peut-être tout intérêt à se renouveler pour rester la superbe série qu'on apprécie tant.
Cœur sur vous, les filles.
Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire - "Pourquoi, pourquoi, tout ça n'arrive qu'à moi ? Et pourquoi est-il tombé sur moi ? Mais qu'ai-je donc fait, pour mériter ça ?"
Merci Sandy Valentino d'avoir interprété une chanson décrivant Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire. Car oui, leur vie est teintée d'horribles choses, toutes plus traumatisantes les unes que les autres, et on nous le fait bien comprendre.
Adaptation du film éponyme, la série reprend la même trame scénaristique. Neil Patrick Harris interprétant le rôle du Comte Olaf après le génialissime Jim Carrey. Sur le papier, cela se présente plutôt bien. Un univers Tim Burtonien, le retour de Barney, des enfants attachants... Mais plusieurs gros, que dis-je, ÉNORMES points noirs viennent tacher ce beau tableau.
- J'en ai parlé précédemment : le narrateur est d'une horripilance rare. Il intervient bien trop souvent, et casse la dynamique qui s'installe (parfois péniblement) dans l'épisode.
- La dynamique des épisodes, justement. Toujours le même schéma. Les enfants sont trimbalés d'un foyer à un autre, le Comte Olaf les retrouve, ils avertissent un adulte qui ne les croit jamais, puis finalement si, et retournent chez un nouveau parent éloigné. Si cela passe parfaitement dans un film d'une heure trente, c'est beaucoup plus difficile dans une série qui compte plusieurs épisodes d'une heure chacun.
Perdant confiance et me disant que je n'allais certainement pas voir la saison 2, l'épisode 7 est arrivé. Grosse surprise, car twist complètement inattendu pour moi. Le côté mièvre de la série a complètement disparu de celle-ci à ce moment-là pour s'orienter vers quelque chose de beaucoup plus sombre et de beaucoup plus adulte. Très clairement, si la seconde saison suit cette voie, elle peut devenir excellente.
Master of None - "But anyone, who knows what love is will understand."
Master of None, c'est un peu la série à laquelle je ne pensais pas accrocher. L'histoire d'un trentenaire célibataire à New-York, ça sonne clairement comme vu et revu. Et puis, j'avais du mal à me détacher du rôle d'Aziz Ansari dans Parks and Recreation.
La saison 1 m'avait montré à quel point j'avais tort. J'attendais donc beaucoup de la saison 2. Les premiers épisodes étaient sympas mais sans plus. Je n'ai pas accroché au délire italien. J'ai trouvé que l'ambiance sonnait faux (la faute notamment au petit italien qui joue comme un pied), là où une des qualités principales de Master of None est son authenticité.
J'ai par contre été conquise par la suite. La série n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle aborde la vie de tous les jours, et nous fait réfléchir sur notre propre situation. Et quoi de plus parlant qu'un début de romance ? Quand les deux protagonistes comprennent que quelque chose est en train de se passer, mais se le cachent (ou pas) pour différentes raisons... Dans ce rôle, Aziz Ansari et la magnifique Alessandra Mastronardi excellent. On se sent partie intégrante de leur histoire sans jamais tomber dans le voyeurisme.
À l'heure actuelle, on ne sait pas encore si et quand une saison 3 sera diffusée. C'est bien dommage, car avec cette saison, Master of None confirme qu'il s'agit d'une grande série.
Orange is the New Black - "Whadda I got to, whadda I got to do to wake ya up ? To shake ya up ? To break the structure up ?"
Cela fait cinq saisons que Piper Chapman est enfermée en prison. Cela fait cinq ans que j'ai appris à éprouver de la compassion pour elle, de la tristesse parfois, de l'énervement souvent, mais cette année, principalement de l'ennui.
Pour replacer le contexte, la prison de Litchfield connaît une émeute. Les détenues vont faire régner leurs propres lois durant trois jours. La saison 5 a pris le parti de se concentrer uniquement sur cette émeute. Hors, treize heures de show pour retranscrire soixante-douze heures de vie réelle, ça implique pléthore de choses à raconter. Sauf qu'ici, ce n'est pas le cas.
Si on compare les séries carcérales, toute proportion gardée, l'émeute d'Oz était simplement dingue à côté de celle-ci. On retenait notre souffle tout au long de ces scènes qui ont semblé durer des heures tellement la pression se faisait ressentir. Ici, tout est long, poussif... C'est bien simple, on s'ennuie quand même une majorité du temps. En écrivant cette critique, je me rends compte que j'ai été beaucoup plus clémente en notant chaque épisode individuellement, mais avec le recul, j'ai vraiment cette sensation d'avoir été bernée. On s'est foutu de moi et on m'a fait perdre mon temps en me laissant penser que les choses allaient s'accélérer et qu'on allait avoir un véritable enjeu. Mais tout sonne creux : des flash-back inutiles ou trop prévisibles (cf. l'épisode The Reverse Midas Touch) aux tentatives de soutirer de l'émotion aux spectateurs (multiplications des hommages à Poussey, parfois complètement surjoués).
Ce qui a fait selon moi le succès du show, c'est un savant mélange entre émotion et humour. Or, un des reproches principaux que je fais cette année à la série, c'est de ne pas avoir su allier les deux avec subtilité. Là, tout est trop manichéen, trop facile... Orange is the New Black se repose clairement sur ses acquis, et j'espère que le cliff de fin de saison va relancer un peu une mécanique qui s'essouffle dangereusement.
Moi, devant la saison 5.
The Man in the High Castle - "But I'm hoping to kick but the planet is glowing, glowing, glowing... Ashes to ashes, funk to funky..."
The Man in the High Castle, c'est un peu la série qu'on regarde pour son univers davantage que pour ce qu'il s'y passe. C'était très clairement mon leitmotiv lors de la première saison, et toujours autant lors de la seconde. Heureusement, le cliff de fin de l'année passée avait eu le mérite d'attiser réellement ma curiosité.
Adeptes de l'action à outrance, passez votre chemin. The Man in the High Castle est une série lente, très lente, qui prend le temps de poser le décor, parfois au détriment des intrigues et de l'attachement que l'on peut avoir envers les personnages. Car outre le Ministre du Commerce japonais, durant les premiers épisodes de la saison 2, je n'avais de l'affection pour personne (il faut dire que son histoire est géniale : prisonnier du monde où les nazis ont gagné la guerre, il a la possibilité de voyager dans le monde que nous connaissons, et où accessoirement l'ensemble de sa famille est vivante).
Finalement, la saison démarre réellement lors du cinquième épisode (oui, ça fait une longue intro pour une série qui comporte dix épisodes par saison !). Les enjeux se mettent doucement en place, les trahisons également, et surtout l'intrigue politique. J'ai parfois eu du mal à suivre cette dernière, car ce n'est clairement pas ce que je préfère, et la foultitude de noms allemands accompagnée de grades de l'armée nazie ne m'a pas aidée. Pourtant, on se laisse prendre au jeu. Et le dernier épisode, principalement axé sur ce propos, nous prouve la grandiloquence que peut posséder cette série.
A priori, elle sera reconduite pour une saison 3. Les similitudes avec le roman ayant été complètement consommées, les showrunners ont désormais le champ libre pour poursuivre leurs idées. En espérant qu'elles soient bonnes, et s'il vous plaît, un tout petit peu plus rapides à être exécutées (sans mauvais jeux de mots)...
Man Seeking Woman - "This thing called love, I must get round to it. I ain't ready !... Crazy little thing called love."
Clap de fin pour Man Seeking Woman, LA série complètement barrée dont je ne supporte pas la musique d'ouverture.
Pour autant, je ne saurais que conseiller ce show. Durant les premières saisons, l'absurde l'emporte parfois sur la cohérence, et j'avoue avoir été quelque peu déstabilisée par certaines blagues juste après le visionnage (spéciale kassedédi Tanaka). Pourtant, la série a énormément gagné en maturité, notamment lors de cette dernière saison.
C'est comme si Josh, le personnage principal, faisait évoluer le show en même temps que sa vision du couple. Et comme dans tout processus de maturation, l'environnement évolue et on se rend compte que certaines personnes de son entourage ne sont plus en phase avec ce qu'on est devenu. C'est typiquement le cas de Mike, passant de mec cool lors des premières saisons, à celui de gros lourd désormais. Très clairement, pour moi, il a gâché certains épisodes par le vide de ses apparitions.
Heureusement, cette lourdeur est compensée par la fraîcheur des personnages féminins. Liz a toujours été formidable, et les épisodes centrés autour d'elle l'étaient tout autant. Cette année, la petite amie de Josh, Lucy, a suivi le même schéma. Parfois immature, quelques fois trop naïve, mais toujours touchante.
La série se termine par leur mariage. Car oui, l'homme a trouvé la femme. Tant mieux, car j'aurais eu peur que le show s'essouffle un peu. Même si j'ai adoré cette saison, il pouvait parfois y avoir une redondance de certaines situations (cf. la présentation aux parents dans Ranch), et un humour qui ne fonctionnait pas toujours.
It's done.
Pour (par)faire votre culture musicale :
- The Last Man on Earth : "Mais je dois m'en aller... Je ne veux plus t'aimer."
- Black Mirror : "It's so easy, when everybody's tryin to please me, Baby."
- Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire : "Pourquoi, pourquoi tout ça n'arrive qu'à moi ? Et pourquoi est-il tombé sur moi ? Mais qu'ai-je donc fait, pour mériter ça ?"
- Master of None : "But anyone, who knows what love is will understand."
- Orange is the New Black : "Whadda I got to, whadda I got to do to wake ya up ? To shake ya up ? To break the structure up ?"
- The Man in the High Castle : "But I'm hoping to kick but the planet is glowing, glowing, glowing... Ashes to ashes, funk to funky..."
- Man Seeking Woman : "This thing called love, I must get round to it. I ain't ready !... Crazy little thing called love."
C'est tout pour moi. Soyez indulgents, c'était mon premier vrai article. Si vous voulez, la prochaine fois, je vous parlerai de ma passion pour Richard Gotainer et de sa chanson méta "Le Youki".
Rendez-vous avec Galax pour le prochain bilan !