Récemment, les séries sur les super-héros sont revenues à la mode. Arrow (Smallville n’a jamais existé, JAMAIS) relança ainsi l’attrait d’une époque perdue où l’on montrait qu’on était un bonhomme en bataillant du vilain dans tous les sens. Banshee le fait très bien vous me direz. Bien sûr, mais je doute que Lucas Hood accepte de terraformer de la vermine en collants en lycra. Bon j’exagère évidemment, mais c’est une manière simple et efficace de différencier les séries de castagne des séries de super-héros.
Qui dit série d’action dit forcément équipiers. Qui dit série tout court dit intérêt amoureux. Et comme les super-héros dépeints à la télé sont presque tous des hommes, vous devinez bien aisément que le rôle des femmes là-dedans n’est pas très développé. Alors oui AKA Jessica Jones va sortir l’année prochaine et Supergirl a vu son pilote leaker dès cette année. Y'a du progrès mais le problème reste le même : le personnage féminin de base répond souvent encore et toujours aux mêmes catégories, de la femme sachant botter des culs et uniquement botter des culs à la nana parfaite qui ne possède qu’un défaut (trèèèèèèès souvent la maladresse).
Là, pour le coup, ce n’est pas propre aux séries de super-héros. Ce n’est pas être féministe que de remarquer que certains personnages féminins manquent de nuance, de profondeur ou encore d’intérêt. Ce qui pose problème chez les amateurs de yoga pants de toutes les couleurs, c’est que la femme n’existe principalement que dans un rôle concomitant à celui de l’Homme (le vrai, celui des pubs en noir et blanc). Je m’explique : bien trop fréquemment le personnage féminin n’a de raison d’être qu’à travers sa relation au héros en question. Ou alors, et je me demande quelle solution est la peste et laquelle représente le choléra, elle ne sert qu’à créer des embûches pour notre personnage principal, n’arrivant pas à faire autre chose que de se retrouver dans la merde. On ne va pas leur demander d’être Orange is The New Black hein, mais vu que certaines de ces séries font des efforts pour développer des personnages passant outre ces stéréotypes d’un ancien temps (quoique…), ce serait bien que les progrès soient globaux. Parce que pour l’instant, je ne sais pas s’il existe beaucoup de séries passant le Bechdel test.
Maintenant passons à ma dernière lubie : les classements ! Un flop 3 des pires personnages féminins des séries de super-héros, suivi d’un top 3 des meilleurs. On va passer une bonne journée !
Quelques petites précisions avant de me lancer :
- Je compte les séries de super-héros depuis Arrow, c’est-à-dire grosso modo celles ayant commencé en 2010 et après. Donc pas de Smallville (heureusement parce que sinon cet article serait – vraiment – de la taille de Guerre et Paix).
- Il y aura des spoilers.
- J’ai vu le pilote de Supergirl mais il est trop tôt pour se prononcer sur Kara ou les autres personnages féminins.
- A la base je voulais faire un top 5 / flop 5 mais honnêtement c’était trop long, même sans Smallville. Du coup, en plus de mon top 3 / flop 3 je mettrai des mentions, parce que je suis un obsédé des classements.
Les Flops :
Commençons donc par les pires, ces femmes que les scénaristes ont décidé d’écrire avec leur pied (oui oui, ils n’en utilisent qu’un seul).
3) Laurel Lance (Arrow)
QUOI ? LAUREL SI BASSE DANS LE CLASSEMENT ? MAIS IL A FUMÉ CE JEUNE HOMME ! (ah j’ai trouvé comment désactiver ma touche Maj)
Avant la saison 3 d’Arrow, Laurel aurait probablement figuré largement dans le top 2. Insupportable. Maîtrisant l’art du pleur comme Desmond Harrington (Quinn dans Dexter) maîtrise l’art d’exprimer des sentiments sur son visage. Ne servant à rien d’autre que tirer la série vers le bas. Bref elle n’avait rien pour elle (merci qui ? Merci les scénaristes). Toutes ses storylines sont plus pénibles à suivre les unes que les autres (entre jalousie de sa sœur et alcoolisme). Si elles sont censées nous faire ressentir de l'empathie pour le personnage, Katie Cassidy ne sait pas jouer les moments dramatiques. Il en résulte alors une certaine envie de tuer le personnage ou (pour les moins extrêmes d'entre vous) de sauter les scènes où Laurel se trouvait
Cependant, l'équipe créative est sur la voie de la rédemption cette saison, offrant un matériel plus adapté à Katie Cassidy. À la mort de sa sœur, elle endosse le rôle du Black Canary. Bon, au début, elle se prend des raclées monumentales et, je ne vais pas mentir, d’une manière purement sadique, c’était agréable. Et puis les scénaristes ne semblaient pas avoir capté l'incapacité laurelienne à exprimer correctement des sentiments. Au fur et à mesure cependant, elle gagne en street-crédibilté et la voir bouter du vilain hors de Starling City demeure l'une des (rares) satisfactions de cette troisième saison. Surtout, elle sort du rôle tellement dégradant de love interest d’Oliver (pas que cela soit dégradant de penser à des trucs impliquant Stephen Amell hein…). Il en ressort alors une Laurel transformée, indépendante et badass, le tout saupoudré d’une motivation qui ne sort pas de nulle part. Bien entendu tout n'est pas parfait et ses choix (notamment par rapport à son père) sont toujours extrêmement douteux mais il y a incontestablement du mieux. Sa nouvelle amitié avec Nyssa représente encore un bon point pour son personnage d'ailleurs. Mais ça c’est parce que Nyssa est géniale (on y reviendra).
2) Iris West (The Flash)
Ah le triangle amoureux mal fait ! Il y en a tellement aujourd’hui, qu’à force le sériephile n’y fait plus attention. Cependant, il en existe certains tellement mauvais qu’on ne peut passer à côté. Voilà donc The Flash et Iris West qui a le rôle de…euh… attendez je cherche sur Wikipédia… ah oui voilà, elle a le rôle d’intérêt amoureux de Barry ! Vous entendez la douleur arriver ? Mes peurs se sont réalisées : pendant que Barry est dans le coma (parce qu'en fait, lorsque la foudre te tombe dessus, ça fait mal) Iris s'amourache d'Eddy, le partenaire de son père. Dès lors Barry va n'avoir de cesse de bouder. Le pire dans l'affaire c'est qu'Iris va progressivement se rendre compte des sentiments que Barry a pour elle, lançant le funeste triangle amoureux. Ah oui aussi ! Pendant qu'elle sort avec Eddy, elle va tomber amoureuse du Flash. En fait c'est un carré. Je suis nul en géométrie mais je suis sûr que là, vous avez définitivement entendu la douleur.
Ainsi vous l'aurez compris, ce n’est pas tant Candice Patton qui pose problème mais plutôt l’écriture à la hache de son personnage. Iris reste entièrement définie par sa relation avec tous les hommes de la série. Le procédé devient extraordinairement casse-gonade lorsque ces mêmes hommes décident de lui cacher l’identité secrète de Barry, qui fait par ailleurs d’énoooooooooormes efforts pour la cacher. On observe alors la pauvre Iris se débattre face à toute cette masculinité et ce paternalisme. Ah les coutumes perdues du temps jadis… Néanmoins y a de l'espoir. Mlle West découvre toute seule qui se cache derrière le costume rouge cuir de Mord-Sith The Flash et ceci représente un bon début vers la rédemption scénaristique. Il y a encore du boulot à faire et si Laurel est devenue crédible, il n’y a pas de raison pour qu’Iris ne suive pas le même chemin.
1) Barbara Gordon (Gotham)
Alors là, Gotham s’est surpassée. La série est mauvaise, soit, cela arrive. Elle se rate complètement dans les origines des méchants iconiques de Batman (allez sauf le mangeur de poissons), préférant nous montrer « oh mais regardez c’est Edward Nygma ! Il est bizarre ! Il aime les énigmes ! Comme c’est curieux ! Je me demande quel méchant il va devenir… » Bref passons parce que sinon Léon Tolstoï va revenir d’entre les morts, jaloux que j’écrive plus que lui.
Gotham demeure donc remarquable par sa constance dans la médiocrité la plus profonde. Mais son fait d’arme le plus somptueux reste et restera à jamais le personnage de Barbara Gordon. Pas la peine de vous dire qu’elle est censée finir dans les bras de l’exporté de Newport Beach, un gus prénommé Jim. Déjà un mauvais point, parce qu’elle n’est que définie par son amour pour le futur allié de Batman. Le problème – et c’est également celui de Laurel et d’Iris – se trouve dans le fait que, puisque c’est comme ça dans les comics, on se doit d’accepter l’histoire d’amour entre Iris et Barry, Oliver et Laurel et Barbara et Jim. Sauf qu’une relation, si je ne m’abuse (et je me suis abusé en regardant Gotham), ça se construit, épisodes après épisodes. Ou alors, au moins les deux acteurs possèdent une vraie alchimie. Là c’est que dalle, Barbara et Jim remportant d’ailleurs le gros lot.
On a donc une femme qui est définie par l’homme qui partage sa vie… ah mais non, elle a des problèmes aussi ! Elle se drogue ! Elle est bisexuelle, et oui c’est un problème parce que cela l’éloigne du droit chemin ! Celui de Jim ! Vous m’arrêtez lorsque vous avez compris. Vers la fin de saison, elle se fait kidnapper (parce que bah oui) et Jim, désormais avec le Dr. Leslie Thompkins mais toujours sans alchimie, vole à son secours. Pendant le dernier épisode on a la pire conversation du monde entre les deux femmes dans le cœur de Jim. Honnêtement je n’ai pas pu la voir tellement cette dernière était à jeter. Même Morena Baccarin (Thompkins) devait se demander ce qu’elle foutait ici. Néanmoins on apprend que Barbara a tué ses parents ! Elle devient - définitivement - folle et essaie de tuer Leslie parce que… voilà. N’en jetez plus (mais jetez Gotham), Barbara remporte haut la main ce flop 3 !
Mentions flopesques : Cailtyn Snow (The Flash), Karen Page et Claire Temple (Daredevil), Selina Kyle (Gotham), Angie (Marvel's Agent Carter).
Les Tops :
Maintenant que le pire est passé, recentrons-nous sur un top 3 des meilleurs personnages féminins, là où les scénaristes se sont rendus compte que l’on ne vivait plus au Moyen-Âge niveau conception de la femme.
3) Nyssa Al Ghul (Arrow) / Dottie Underwood (Marvel's Agent Carter)
Bon j’ai triché mais je ne pouvais pas départager ces deux personnages. Commençons par ma fille, honneur du piston oblige.
Nyssa est un personnage complexe, possédant de réelles motivations. Au départ elle veut récupérer Sara Lance, la femme qu’elle aime, et elle ne se prive pas de séquestrer la mère de cette dernière pour arriver à ses fins. Je sais que les belles familles sont souvent pénibles (et surtout les belles-mères) mais tout de même, elle aurait pu faire preuve de davantage de finesse. Passons. C’est son amour pour Sara qui, bizarrement, va la complexifier. En fin de saison 2, elle s’allie à l’archer vert et sa clique pour repousser Slade en-dehors de Starling City. En saison 3, la mort de sa bien-aimée la plonge dans une quête de revanche qui va bien évidemment l’amener à se confronter à Oliver, qui a le chic pour prendre de mauvaises et compliquées décisions en un temps record. Elle va aussi s’opposer à son père (ça j’accepte déjà moins). Nyssa sait se battre, possède un sens de l’humour bien trop souvent sous-évalué et ne cessera jamais de demander justice pour la mort de Sara. De plus, sa nouvelle relation avec Laurel reste une excellente trouvaille, et les deux personnages en bénéficient. Avec Katrina Law pour jouer Nyssa, il était clair de toute façon que le personnage allait être coolissime.
J’adore Bridget Regan. Sérieusement. J’ai regardé tout ce qu’elle a fait et je vais même aller jeter un œil (avant de me l’arracher) sur Beauty and the Beast. C’est vous dire la dévotion. Je l’ai découverte dans White Collar, puis j’ai vu qu’elle allait jouer un personnage dans Agent Carter. Et quel personnage !
Déjà c’est une méchante. Quand est-ce qu’elle en devient une aux yeux des téléspectateurs ? Lorsqu’elle brise la nuque en deux-deux d’un autre méchant – annoncé pendant tout l’épisode comme redoutable – venu tuer Peggy. Badass. Vraiment badass. Première Veuve noire (donc des jeunes filles cassées pour être mieux reconstruites, comme les Mord-Sith tiens) elle représentera une adversaire redoutable pour l’agent Carter, surtout parce qu’elle est passée maître dans l’art de paraître ce qu’elle n’est pas. Je ne sais pas vous, mais cela a l’air d’être une constante pour cette chère Bridget.
2) Tout le cast féminin de Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D (Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D)
Je ne me suis pas foulé, on est d’accord. En même temps il était difficile de choisir entre la kickass au passé compliqué (Melinda May), la scientifique qui découvre le côté sombre de la force (Gemma Simmons), la nouvelle superhéroïne (Skye) ou la nouvelle venue qui a plus d’un tour dans son sac (Bobbi « Mockingbird » Morse). On peut en dire beaucoup – et surtout des mauvaises choses – sur Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D, néanmoins la série possède l’avantage certain de mettre les femmes au premier plan.
Chacune d’entre elle est une pointure dans son domaine, d’ailleurs tout le temps exclusivement masculin, mais cela ne s’arrête pas là. Elles interagissent toutes ensembles et lorsqu’elles parlent, ce n’est pas sur quel homme elles ont le béguin. Définies non pas par les mecs mais bien par les expériences qu’elles ont vécues (qui comportent évidemment des hommes – 49% de la planète Terre quand même !), ce « carré magique » est une belle leçon d’écriture pour tous les scénaristes.
1) Peggy Carter (Marvel's Agent Carter)
Y avait-il un doute ? Interprétée par une Hayley Atwell qui transcende le scénario quelquefois bancal qui lui est donné, Peggy porte sur ses épaules Agent Carter mais aussi la quête de la femme pour une place dans le monde d’après-guerre. Elle sait se battre – à la fois au combat et pour sa place au sein de la SSR, composée à 99% de couilles – mais n’est pas reconnue à sa juste valeur. Elle ne veut pas être traitée différemment parce qu’elle est une femme ; elle veut juste qu’on la considère comme une égale au sein des services secrets de l’époque. Je me trompe peut-être mais c’est une belle définition du féminisme. Devant constamment faire ses preuves, elle devient plus forte mais aussi plus vulnérable. Au sein de la saison, même ses plus proches alliés – des hommes – la trahiront pour leur propre compte. Elle ne baissera jamais la tête et refusera toujours de céder du terrain aux manigances des hommes. Petit à petit elle gagne de la reconnaissance, des remerciements, de la valeur. Peu lui chaut, elle n’a pas besoin des honneurs. Ce qui fait d’elle une héroïne.
Mentions topesques : Felicity Smoak (Arrow), Fish Mooney (Gotham… oui vous ne rêvez pas)
Bonus : Cara Mason (Legend of the Seeker)
Je m’en fous! Ce n'est pas une superhéroïne et cet article est déjà trop long. C’est pas grave, faut que j’en parle. J’ai récemment terminé Legend of the Seeker (parce que Bridget Regan) et je voulais parler du personnage de Cara. Ce dernier représente la raison pour laquelle la deuxième (et dernière) saison de la série est bien meilleure que la première. Cara est une Mord-Sith (en fait mon article n'était qu'un long foreshadowing), une communauté de femmes qui aiment distiller la douleur dans des combinaisons en cuir rouge. Elles servent le Lord Rahl et sont donc déterminées à casser du Seeker. Après s’être faite abandonnée par ses semblables, parce qu'elle a justement aidé le Seeker, Cara cherche une nouvelle place dans le monde. Elle va la trouver au sein du groupe de ce benet bon Richard. Drôle, cynique à en mourir et évidemment une féroce alliée lorsque cela castagne, Cara aurait pu rester un bon personnage. Elle va devenir encore meilleure.
Non contente d’être déjà awesome, elle va évoluer au contact du groupe avec lequel elle voyage désormais. Elle va s’ouvrir aux autres, découvrir les sentiments ainsi que trouver de nouvelles valeurs pour lesquelles se battre. Le tout sans jamais se départir de son cynisme et de ses bons mots. Elle ne va pas devenir une gentille bisounours mais elle va tenter de concilier ses nouvelles valeurs avec l’envie de torturer tout ce qui bouge. Enfin son amitié sortie de derrière les fagots avec Kahlan (Confessor et Mord-Sith étant ennemies éternelles) bénéficiera aux deux personnages, rendant ainsi Legend of the Seeker bien meilleure qu’elle n’aurait pu l’être.
Merci à Marie-Louise pour la relecture, à Cail1 pour l'aide sur la mise en forme et à Galax et sanschiffre pour la superbe image.