Grandfathered vs The Grinder

Le 06 octobre 2015 à 22:04  |  ~ 13 minutes de lecture
Dans le monde impitoyable des séries télévisées, deux hommes à la mâchoire magnifiquement sculptée ont pour mission de sauver la soirée du mardi sur la FOX. Qui sera le plus armé pour réussir cette tâche ? La réponse tout de suite, avec le versus !
Par RasAlGhul

Grandfathered vs The Grinder

~ 13 minutes de lecture
Dans le monde impitoyable des séries télévisées, deux hommes à la mâchoire magnifiquement sculptée ont pour mission de sauver la soirée du mardi sur la FOX. Qui sera le plus armé pour réussir cette tâche ? La réponse tout de suite, avec le versus !
Par RasAlGhul

Article spécial Série-All Versus

 

En ce moment, nous nous retrouvons incontestablement en pleine période de peak TV. Expression provenant du directeur de FX, elle signifie que l’offre de séries a atteint un niveau tellement élevé que, pour ne serait-ce qu’exister, il faut désormais se démarquer le plus possible et offrir des séries de plus en plus originales à un public toujours plus demandeur.

Chez la FOX, ils n’ont pas ce type de problèmes. Préférant les reboots sans succès – coucou Minority Report – aussi bien que les procedurals sans âme – salut Rosewood –, la chaîne n’a cette année jamais pu avoir de soucis d’originalité, puisque pour en avoir, il faudrait déjà savoir se montrer inventif. À défaut de ne pas se démarquer, autant alors capitaliser sur le potentiel sympathie de ses têtes d’affiche, pour espérer fidéliser un public qui a pourtant depuis longtemps quitté le bateau ivre de la FOX.

Le jeudi c’est Shondaland sur ABC, avec Grey’s Anatomy, How to Get Away with Murder et Scandal. Désormais la soirée du mardi sur la FOX portera le sceau de deux quinquagénaires beaux gosses : John Stamos et Rob Lowe.

 

Affiche promotionnelle de Grandfathered

 

Le premier est à l’affiche de Grandfathered, série racontant l’histoire de Jimmy (Stamos), un homme à femmes gérant d’un restaurant. En une soirée, il va apprendre non seulement qu’il est père de Gerald (Josh Peck), 25 ans, mais également grand-père d’une petite fille, Edie. La mère de Gerald, Vanessa (Paget Brewster), est une ancienne conquête de Jimmy. On va alors voir ce dernier essayer d’être le meilleur père et grand-père possible, tout en continuant de vivre sa vie.

 

Affiche promotionnelle de The Grinder

 

Rob Lowe est lui aux commandes de The Grinder. Il interprète Dean, un acteur qui a joué le rôle d’un avocat pendant huit saisons de The Grinder – la fausse série. Celle-ci s’étant à présent terminée, il retourne dans l’Idaho natal de sa famille, où il est une star mais aussi où son père et son frère (Fred Savage) exercent le métier d’avocat. Il pense alors que son expérience télévisuelle le qualifie également pour être un vrai avocat et ainsi intervenir sur les cas de son frère.

Quelle série a fait la meilleure impression ? Quelle série a le plus grand potentiel ? Quels sont les meilleurs personnages ? Tout ça – et plus encore – dans la nouvelle chronique de Série-All, j’ai nommé le Versus !

Les règles : le duel se jouera à la meilleure série au bout de cinq manches, et le gagnant remportera un paquet de Pepito !

Maintenant, comme dirait un Japonais, let them fight !

 

 

Les têtes d’affiche 

 

D’un côté John Stamos, enchaînant les conquêtes et vivant dans le regret d’une femme qu’il a aimée mais qui est « celle qui est partie ». De l’autre, Rob Lowe, homme célèbre mais qui vit dans le regret d’une série qui est désormais finie.

Les deux hommes sont beaux, ont confiance en eux, mais c’est surtout pour cacher leurs faiblesses. Dean est marqué par la fin de sa série et essaie de trouver un sens à sa vie. Toujours dans son propre monde, toujours persuadé d’être le Grinder, derrière la façade assurée de l’acteur célèbre se cache un homme qui a peur de ce que lui réserve la vie, maintenant qu’il n’a plus rien pour la combler.

Jimmy est moins nuancé, mais sur ce point-là c’est davantage le scénario qui est à blâmer. Womanizer notoire, il lutte contre l’obsolescence de son restaurant, vivant dans un monde d’apparence et de paraître. L’arrivée de son fils et de sa petite-fille va l’humaniser quelque peu, laissant apparaître pendant quelques rapides secondes un homme plus que décent.

Stamos et Lowe excellent tous les deux, chacun dans son domaine. Le premier est charmant et charmeur, déployant badinage et sourires Colgate pour arriver à ses fins. Qui plus est, Stamos joue intelligemment avec son image de playboy, teintant d’une fine ironie son interprétation de Jimmy. De son côté, Lowe joue dans un registre qui lui convient bien, avec un Dean possédant davantage de nuances. Seul dans ses illusions, il est aussi absurde qu’il est triste, rendant son interprétation plus qu’une succession d’instants de mises en abyme, des instants bien metas comme on les aime (ou pas).

 

Verdict : Entre le charme de Stamos et l’absurdité teintée d’émotion de Lowe, le choix est dur. Ainsi, en bon Suisse, je décide de déclarer ce match NUL.

Grandfathered 1

The Grinder 1

 

 

Le supporting cast 

 

Avoir une tête d’affiche portant la série sur ses épaules, c’est bien. Avoir des personnages secondaires aidant à ôter une partie de ledit poids, c’est encore mieux.

 

Sara et Jimmy discutant aux urgences

 

Le supporting cast de Grandfathered ne sert pas à grand-chose lors du pilote. Josh Peck ne semble pas très à l’aise dans le rôle de Gerald, le fils de Jimmy. En outre, on ne sait pas grand-chose de son personnage, excepté qu’il ne se sent pas bien en société et qu’il est amoureux de Vanessa, la mère de sa fille. Cette dernière, jouée par Christina Milian, souffre du même problème, le pilote ne lui laissant pas la place de respirer, et encore moins d’exister. Pour Ravi (Ravi Patel) c’est encore pire, on ne sait absolument rien de lui ! Quant à Annelise (Kelly Jenrette), elle s’en sort un tout petit peu mieux, même si la seule chose que l’on sait d’elle c’est qu’elle est lesbienne. Cette information est néanmoins glanée lors d’un dialogue très drôle entre elle, Jimmy et la Most Valuable Player Sara. Paget Brewster est exceptionnellement drôle dans ce qui semble être la prolongation de son rôle dans Community. Elle aussi est peu utilisée, mais son alchimie avec à la fois Jimmy et Annelise promet beaucoup. En tous les cas, Grandfathered aurait tort de se priver d’un tel talent.

Du côté de The Grinder, le problème se révèle être peu ou prou identique. Le pilote passe beaucoup de temps à étoffer la relation entre Dean et Stewart (Fred Savage), manquant dès lors de définir le père Sanderson (William Devane), la femme de Stewart, Debbie (Mary Elizabeth Ellis), ou encore ses enfants, Lizzie et Ethan. Dès lors, c’est vers Fred Savage que se tournent les projecteurs et, si l’acteur s’en sort plutôt bien, il ne me laisse pas une impression impérissable. La relation fraternelle possède indubitablement du potentiel, mais pour l’instant je ne suis pas convaincu.

 

Verdict : Le duel oppose ici Fred Savage à Paget Brewster, et cette dernière balaye tout sur son passage, sans aucune concession pour l’espèce humaine.

Grandfathered 2

The Grinder 1

 

 

L’humour

 

Puisque que l’on parle de comédies, il est indispensable de les opposer sur le thème de l’humour.

Grandfathered est une sitcom des plus classiques, profitant du single camera pour délivrer des gags visuels drôles, à défaut d’être originaux. En revanche, les dialogues sont vifs, percutants et les acteurs – surtout Stamos et Brewster – croient suffisamment en ce qu’ils vendent pour que l’on s’amuse plus d’une fois.

Meilleur moment du pilote : Le dialogue en mode ping-pong entre Sara et Jimmy, bonifié par l’intervention d’Annalise.

 

Dean, rigolant avec les clients de son frère

 

The Grinder possède un humour beaucoup plus fin que celui de sa consœur du mardi. Comédie parodique d’avocat mais aussi série entièrement meta (une série dans une série), il faut un certain temps d’acclimatation avant de pouvoir profiter des finesses des situations. Les dialogues en revanche sont moins bons, mais ils bénéficient d’acteurs plus que compétents. Et pour une comédie sur des avocats, c’est positif que le meilleur moment – et de loin – du pilote soit celui du procès final, qui profite bien de la présence de Kumail Nainjiani (Silicon Valley).

Meilleur moment du pilote : Je me répète mais c’est la scène du procès final, dans son intégralité.

 

Verdict : Humour parodique vs humour classique, le combat est ardu et les deux séries difficiles à départager. Le gagnant reste tout de même Grandfathered, bénéficiant de plus d’assurance dans les dialogues. Et de Paget Brewster.

Grandfathered 3

The Grinder 1

 

 

Le pilote en lui-même 

 

Alors oui, cela peut paraître futile, mais pour ce versus il faut également étudier l’impression générale laissée par chaque pilote.

 

Jimmy racontant une histoire à Edie, sa petite-fille

 

Sans me répéter, Grandfathered laisse un très bon ressenti une fois l’épisode achevé. Le pilote ne possède pas réellement de temps faible et dégage une confiance qui fait plaisir à voir pour une nouvelle sitcom. Accompagné de plusieurs musiques plutôt sympathiques, l’ensemble se déroule sans accroc et le résultat est plus qu’agréable. Gentillet certes, mais néanmoins agréable.

The Grinder laisse une impression plus mitigée lorsque l’on finit l’épisode. On a le sentiment de visionner un mélange d’énormément d’influences et l’édifice est quelque peu bancal durant les dix premières minutes. Par la suite, tout s’imbrique de meilleure façon et cela promet beaucoup. Le pilote finit ainsi sur une note plus que positive, mais dix minutes pour se mettre en route, pour une comédie, c’est quand même très long.

 

Verdict : Grandfathered, qui trouve tout de suite un rythme de croisière qui ne s’interrompt jamais.

Grandfathered 4

The Grinder 1

 

 

Le potentiel 

 

Un pilote ne se note pas uniquement sur l’épisode en lui-même mais aussi sur ce qu’il prépare et le potentiel qu’il dégage.

Sur ce point-là, Grandfathered apparaît bien léger. C’est le problème avec les sitcoms traditionnelles : même si elles font rire et sont bonnes – ce qui est le cas de celle-ci –, il n’y a pas beaucoup de place accordée à l’originalité et à la sortie des sentiers battus. Les pistes lancées par le pilote, en dehors de l’ajustement de la vie de Jimmy à sa nouvelle famille, sont au nombre de trois : le restaurant de Jimmy, la relation entre Gerald et Vanessa et enfin celle entre Sara et Jimmy. Ne vous méprenez pas, il n’y a rien de mal pour une comédie d’utiliser des situations vues et revues, tant qu’elle le fait bien. Et j’ai confiance en Grandfathered pour cela.

 

Dean et Stewart pendant le procès

 

The Grinder possède un potentiel bien supérieur, et cela grâce à son sujet. L’alliance meta parodie / comédie d’avocat est risquée mais peut très vite rapporter beaucoup. Qui plus est, le pilote est plutôt intrigant, dans le sens où il ne lance que très peu de pistes. Notre curiosité est piquée et l’on a envie de revenir la semaine prochaine. Alors que pour Grandfathered, ceux qui n’aiment pas ne reviendront jamais pour un deuxième épisode.

 

Verdict : Si The Grinder est à la masse pour la plupart des catégories, elle remporte haut la main celle du potentiel.  Bien plus originale que sa comédie sœur, elle intrigue et donne envie de revenir pour un deuxième épisode. Comme souvent, on mise sur le potentiel.

Grandfathered 4

The Grinder 2

 

Grandfathered l’emporte donc sur le score de quatre points à deux, et par la même occasion gagne le paquet de Pepito. Pas foncièrement meilleure que sa sœur, la série offre simplement davantage de garanties et délivre un épisode plus solide. The Grinder a mis du temps à trouver son rythme, trop sans doute pour l’emporter aujourd’hui.  Elle prend toutefois rendez-vous en fin de saison, où le résultat pourrait être bien différent.

 

J’ai aimé dans Grandfathered :


  • Le ton confiant et assuré.
  • L’interprétation tout en charme de John Stamos.
  • Paget Brewster, qui embellit toutes les scènes dans lesquelles elle est.

 

Je n’ai pas aimé dans Grandfathered :


  • Josh Peck, pas à l’aise dans le rôle de Gerald.
  • Le reste du cast est trop peu développé pour intéresser.

 

Ma note : 14/20.

 

 

J’ai aimé dans The Grinder :


  • L’interprétation de Rob Lowe.
  • La scène du procès final. Grinder rests.
  • Le potentiel immense de la série.

 

Je n’ai pas aimé dans The Grinder :


  • Le supporting cast, trop effacé.
  • Le ton trop parodique du début de l’épisode.
  • L’humour, trop inégal.

 

Ma note : 13/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
On sent quand même un certain manque d'objectivité concernant une certaine actrice, non ? XD

Avatar RasAlGhul
RasAlGhul
laisse moi reformuler alors :) Objectivement elle détruit tout sur son passage sans considération pour l'espèce humaine. Plus sérieusement c'est pas un manque d'objectivité. J'ai aimé l'actrice dans Community, elle est super également dans Grandfathered. Tout ce que je fais c'est exagérer le ton pour mettre un peu d'humour.

Avatar Altaïr
Altaïr
Je sais bien, c'était juste pour te taquiner :) Chouette article, sinon.

Avatar Koss
Koss
"J’ai aimé dans The Grinder : L’interprétation de Rob Lowe." Non. Je vote contre Ras". Ce mec est génial. Très chouette article sinon.

Avatar Koss
Koss
Merde, j'ai mal lu. Autant pour moi. Tu kiffes Rob. Tout va bien.

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