Après une première journée assez courte mais intéressante, la suite du festival est un peu plus chargée en événements, et pas des moindres. Alors, que faut-il retenir de ce mardi 17 avril ?
Showrunners en série
Cette deuxième journée s'est d'abord ouverte par la diffusion de trois épisodes de la série de documentaires Showrunners réalisée par Virginia Vosgimorukian, à savoir ceux consacrés à David Shore (créateur de House MD), David Simon (créateur de The Wire), et Shawn Ryan (créateur de The Shield).
Ces documentaires de trente minutes étaient bien entendu constitués d'interviews des showrunners eux-mêmes, mais également des producteurs, des scénaristes et des acteurs, ce qui permettait de comprendre sous divers points de vue les différents aspects de la vie d'une série télévisée. C'est ainsi que nous pouvions apprendre que House MD devait être conçue à la base comme un thriller médical, que David Simon faisait jouer dans ses scènes des acteurs non professionnels qui servaient surtout à témoigner de l'authenticité de la situation, ou encore que Shawn Ryan laissait la caméra suivre ses personnages pour donner un aspect à la fois réaliste et cinématographique aux scènes.
Les génériques aussi, c'est de l'art
C'était ensuite au tour de l'enseignante à Paris Diderot, Ariane Hudelet-Dubreil, de mener une conférence sur l'aspect artistique des génériques de séries télévisées, qui s'est révélée être très intéressante tout au long de ses quatre-vingt-dix minutes.
Après un petit blind-test amusant sur les génériques de plusieurs séries connues et leur compositeur, une analyse a par exemple permis de distinguer un passage entre le générique des séries des années 80 ou celui de la plupart des séries de network actuelles, avec une valeur informative, et celui d'une bonne partie des séries du câble, avec une valeur véritablement esthétique à part entière, voire poétique. Une définition du générique a également été faite en lui prêtant un rôle d'affirmation de l'identité de la série par un «pouvoir sensuel», résultant du croisement entre publicité, clip et court-métrage, permettant au spectateur de sortir de son quotidien par un graphisme particulier (Mad Men), des filtres (The Walking Dead), ou encore un espace filmique différent (les gros plans de Dexter).
Enfin, étudier certains génériques particuliers dans leur mise en scène a été très instructif notamment grâce à certaines anecdotes intéressantes, comme par exemple la définition du générique donné par Saul Bass («un avant-goût symbolique de ce qui va suivre»), créateur de plusieurs génériques de films d'Hitchcock qui ont inspiré le générique de Mad Men. Pour le générique de Treme, David Simon a quant à lui donné comme indication de «filmer ce qui a été perdu», donnant alors un mélange entre «documentaire, album photo et scrap-booking». De même, les créateurs du générique de Game Of Thrones ont revendiqué l'influence des oeuvres de Leonard de Vinci.
Rencontre au sommet de la création
Pour conclure ce compte rendu, la master-class très attendue sur Terence Winter, scénariste sur la célèbre série The Sopranos et créateur de la série Boardwalk Empire (dont vous pouvez retrouver ici et là les critiques des deux premiers épisodes de la deuxième saison, diffusés un peu plus tôt dans la journée), était comme prévu très intéressante. Cette interview, menée par Oliver Joyard (journaliste aux Inrockuptibles) sur près d'une heure trente, était globalement séparée en deux parties – l'une consacrée à son implication dans la série de David Chase, l'autre à sa récente création – et parsemée d'extraits des deux séries pour illustrer certains propos.
Si ce rendez-vous a été globalement passionnant, il est malgré tout dommage que la partie sur Boardwalk Empire n'ait duré finalement qu'une trentaine de minutes, soit à peu près le même temps que celui consacré à ses débuts en tant que scénariste. Non pas que cela soit moins intéressant, mais son implication en tant que showrunner à part entière dans une série encore en cours de diffusion aurait sans doute mérité davantage de traitement. D'autant plus que, comme souvent dans ce genre d'événement, le temps donné aux questions du public était très court, et l'analyse de la saison 2 ainsi que les perspectives de la saison 3 ont à peine été abordées.
Malgré tout, nous avons pu en apprendre un peu plus sur la relation entre Terence Winter et Martin Scorsese sur le tournage de Boardwalk Empire, sur l'organisation du tournage des Sopranos, sur quelques thèmes récurrents des scripts qu'il a écrit, ou encore sur sa relative réticence à réaliser un épisode, préférant confier cette tâche à Tim Van Patten, entre autres.
Et voilà, c'était tout pour ce mardi 17 avril pleins de bonnes choses et, mine de rien, assez rempli. Trop rempli même, puisque Serie-all n'a pas pu se rendre à tous les événements de la journée.
Ce à quoi Serie-all n'a pas pu assister :
- La diffusion des deux premiers épisodes de la série Belge De Ronde
- La diffusion des deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série anglaise The Jury (critiques disponibles)
- La diffusion des deux premiers épisodes de la série israélienne Ta Gordin/Mice
- La diffusion de quatre épisodes (dont le premier) de la série française Les Lascars, suivis d'un débat
- La diffusion du premier épisode de la série américaine Luck, dont vous pouvez néanmoins retrouver la critique ici
Les autres articles sur Series Mania, saison 3 :
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 6
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 5
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 4
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 1
- Présentation du programme
- Site officiel