Critique : Suits 1.01

Le 26 juin 2011 à 12:57  |  ~ 6 minutes de lecture
Série judiciaire esthétiquement très bien maîtrisée, Suits nous offre une première demi-heure remarquable avant de laisser apparaître quelques failles dans la belle mécanique proposée par Aaron Korsh. Au programme, un vrai avocat arrogant, un faux avocat brillant et une association qui pourrait faire des étincelles.
Par sephja

Critique : Suits 1.01

~ 6 minutes de lecture
Série judiciaire esthétiquement très bien maîtrisée, Suits nous offre une première demi-heure remarquable avant de laisser apparaître quelques failles dans la belle mécanique proposée par Aaron Korsh. Au programme, un vrai avocat arrogant, un faux avocat brillant et une association qui pourrait faire des étincelles.
Par sephja

Pitch avocat ... ou pas 

Harvey Specter est brillant, considéré par tous comme le meilleur avocat pour obtenir un accord sans passer par la case tribunal. Ancien diplômé d'Harvard, son ascension est telle qu'il est nommé senior de la compagnie et se retrouve contraint d'engager un assistant. En quête d'originalité, il va interviewer un bon nombre de candidats avant de découvrir par hasard la perle dont il a besoin : Mike Ross, un petit génie spécialisé dans la fraude aux examens. Car Mike Ross n'est pas avocat, et son entretien n'est dû qu'à un malentendu alors qu'il tentait de fuir la police avec une valise pleine de marijuana. 

 

 

Des personnages absolument remarquables 

Seconde série judiciaire de la chaîne avec Fairly Legal, Suits ne boxe pas du tout dans la même catégorie, s'offrant un season premiere à rallonge particulièrement ambitieux. Comme toujours chez USA, les personnages vont faire l'objet d'une vraie mise en place, avec une première demi-heure très excitante qui ressemble à un portrait croisé des deux héros : Harvey Specter, avocat, et Mike Ross, faussaire. Cette première partie de l'épisode, jusqu'à la rencontre, est une réussite, totalement prenante, avec une grande qualité d'interprétation. 

Suits est ambitieuse et donne l'impression de jouer dans la cour des grandes séries, posant avec succès les différents éléments de sa mythologie. Avocat très ambitieux, Harvey Specter est un homme arriviste et prétentieux, usant de son charme avec l'insolence typique de celui à qui tout réussit. Refusant de considérer le client comme une personne, il maintient sa concentration sur les faits en laissant de côté la compassion et l'empathie, deux sentiments qui embrouillent l'esprit, totalement inutiles à la barre.

Mike Ross est aussi ambitieux. Il possède une mémoire absolue et une forte estime de lui, mais préfère rester dans l'ombre, refusant d'assumer l'étendue de son talent. Peu charismatique, il possède une tendance naturelle à une forme d'empathie, alors que ses tentatives de charme laissent clairement apparaître son côté manipulateur. Incapable de lire une personne au contraire d'Harvey, il se lie avec de mauvaises relations qui exploitent son talent à des fins particulièrement regrettables, l'obligeant à provoquer un vrai changement dans sa vie.

La rencontre entre ces deux personnages très complémentaires va relever du coup de foudre, chacun d'eux possédant ce que l'autre désire le plus. Gabriel Macht et Patrick J. Adams sont absolument remarquables dans des rôles qu'ils maîtrisent déjà totalement,  donnant lieu à une première demi-heure passionnante, à la découverte de deux personnages authentiques et convaincants. 

 

 

Un concept difficile à vendre 

Si l'installation du personnage d'Harvey au coeur de la série ne pose aucun problème, entraînant au passage tout un réseau de personnages secondaires, celui de Mike Ross va connaître des premiers pas délicats. Pris au piège d'un concept de départ franchement bancal, le scénario va peiner à donner une réelle motivation au personnage de Ross. Peu inspirée, l'intrigue sur la valise de marijuana peine vraiment à trouver sa conclusion, les auteurs n'arrivant pas à mettre en avant les avantages que Mike Ross tire de cette situation. Celui-ci est à la fois très intelligent et plutôt indécis et pathétique lorsqu'il s'agit de choisir son propre avenir, et ses tergiversations ralentissent inutilement le récit.

L'activité de Mike Ross, condamné à dévorer la paperasserie, est difficile à mettre en image, hormis l'utilisation de courts flashbacks assez réussis. La forme de Suits reste son principal problème, même si la réalisation de Kevin Bray reste parfaitement satisfaisante, et les épisodes suivants devront se montrer plus convaincants dans leur dimension judiciaire. Entre formatage logique et originalité des personnages, Suits porte la patte "Characters Welcome" de USA et pourrait sans problème devenir une référence du genre si elle parvient à trouver le bon équilibre et la bonne dynamique. 

Un second acte moins excitant qui tente d'intégrer Mike Ross au mieux en plaçant Louis Litt (Rich Hoffman excellent) dans la position du chien de chasse, guettant la moindre défaillance de Mike Ross. Les relations entre Harvey et les membres du bureau vont s'avérer bien plus passionnantes, en particulier son interaction complexe avec Jessica interprétée par une Gina Torres très convaincante. 

 

Suits contre Franklin and Bash 

Cet été, deux séries judiciaires nous sont proposées et, étant donné que je suis chargé de suivre les deux, je me devais de proposer un petit comparatif aux fans de ce type de show. Au niveau  de la construction des personnages, de la qualité d'écriture et de l'esthétique, Suits l'emporte très largement, proposant un show haut de gamme avec, dans ce domaine, un duo beaucoup moins agaçant que les deux avocats de TNT. Originalité maîtrisée, classicisme de la forme, Suits  fait l'objet d'un vrai soin qui se voit parfaitement à l'image.

Seulement la partie purement judiciaire du récit est beaucoup moins bien menée, réduisant fortement l'écart entre les deux shows. Suits va devoir faire ses preuves en parvenant à intégrer mieux son originalité dans la résolution des enquêtes, la différence apportée par Mike Ross n'étant pas suffisamment flagrante. Les auteurs sont loin d'avoir totalement réussi leur pari, et les épisodes à venir ne profiteront pas de l'effet de surprise de ce pilot.

En définitive, c'est une très bonne surprise que ce Suits soigné, efficace, porté par des comédiens formidables, pur produit du savoir faire USA Network. Mais si l'enrobage est impeccable, le fond laisse apparaître quelques défaillances inquiétantes, mais aussi classiques d'un pilote. Le second épisode sera crucial pour juger du potentiel réel de ce show. 

 

J'aime : 

  •  des personnages riches et une première demi-heure enthousiasmante 
  •  une direction artistique superbe 
  •  frais, original et dynamique 
  •  un casting remarquable 

 

Je n'aime pas : 

  •  la storyline de la valise mal gérée 
  •  l'intégration de Mike Ross peu convaincante 
  •  une partie judiciaire qui manque de punch, contrairement à la concurrence 

 

Note : 13 / 20 

Un pilot formellement superbe, porté par deux têtes d'affiches remarquables, mais qui ne parvient pas réellement à emporter toute mon adhésion. La faute à une partie judiciaire de la série où toute l'originalité du show ne ressort pas vraiment, laissant un léger sentiment de déception au vu du potentiel énorme de cette série. 

L'auteur

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