Critique : Alphas 1.04

Le 02 août 2011 à 15:44  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode troublant sur la difficulté de communiquer avec les autres et le sentiment d'exclusion qu'il entraîne. Au programme, Gary rencontre Anna pendant que Bill et Cameron vont à la chasse à la bombe.
Par sephja

Critique : Alphas 1.04

~ 6 minutes de lecture
Episode troublant sur la difficulté de communiquer avec les autres et le sentiment d'exclusion qu'il entraîne. Au programme, Gary rencontre Anna pendant que Bill et Cameron vont à la chasse à la bombe.
Par sephja

Pitch communication et langage secret 

Gary détecte une transmission lui signalant la position de Milos Kosar, un alphas particulièrement dangereux à l'origine de la tentative d'assassinat sur le docteur Rosen et de nombreux actes terroristes. Une équipe est envoyé par la sécurité intérieure à laquelle se joint Bill et Cameron, mais les deux suspects leur échappent en provoquant un black-out dans tout le quartier. Seul reste Anna,  une jeune femme autiste qui semble incapable de communiquer avec les autres. 

 

 

Choisir son langage pour trouver les bons mots 

Cette semaine, Chuck44 va être content car l'épisode va laisser une grande place à Gary, le jeune asocial du groupe qui se retrouve en première ligne malgré lui dans une histoire particulièrement embrouillée, mais au final assez surprenante. Un peu plus mis en lumière que d'habitude, Bell se définit ici par une certaine routine à laquelle sa mère est obligée de se plier jour après jour, rituel indispensable à son équilibre. Le scénario va alors proposer une histoire découpée en deux sections différentes: une mission pour les deux agents de terrain Bill et Cameron et une part mythologique centrée sur le personnage d'Anna jouée par Liane Balaban.

Totalement incapable de s'exprimer avec des mots, la jeune femme possède son propre langage, composé de sons et de mouvements, uniquement axé sur le rythme et la modulation. Victime d'une forme d'autisme, elle ne peut s'exprimer autrement et va trouver chez Gary une oreille attentive, le jeune Alphas ayant lui aussi beaucoup de mal à communiquer. En optant pour une intrigue pas facile à mettre en oeuvre, les auteurs font preuve d'un certain culot, mais opte pour certaines facilités narratives qui auraient pu être évitées.

Trouver son langage, voilà le point faible de Gary, sa défaillance, et Anna va appuyer dessus pour le déstabiliser en le poussant à prendre conscience de la nécessité pour lui de corriger cette faiblesse. La situation de Gary va passer de celle de simple patient du docteur Rosen, subissant son propre état avec une certaine passivité, à celui de personnage indépendant, beaucoup plus prometteur pour le show.

 

Un démarrage poussif et maladroit 

Poussif, voilà le premier mot qui vient à l'esprit au vu de l'abus de ralenti d'une scène d'introduction particulièrement confuse qui va pénaliser le démarrage d'un épisode au rythme toujours aussi lent. Le comportement d'Anna et la découverte par Gary du sens de son activité prendra aussi un certain temps, les auteurs peinant toujours à faire preuve de clarté. L'intrigue de Bill et Cameron va donc stagner un moment, puis servir de vrai rampe de lancement à une histoire qui ne parvient à donner des enjeux claires qu'au bout d'une dizaine de minutes. 

Maladroit est un autre adjectif qui caractérise cet épisode, certains éléments de l'intrigue paraissant particulièrement obscurs comme les habilité des deux Alphas qui accompagnent Anna. L'absence de présentation de Milos Kosar crée un certain trouble, la série semblant ne pas du tout s'intéresser aux deux disparus dont les motivations réelles n'apparaissent que trop tard, nous laissant dans le brouillard pendant une bonne dizaine de minutes. Sans la moindre continuité avec les épisodes précédents, ce volet de Alphas nous présente un docteur Rosen à l'opposé des deux volets précédents. 

Pour finir les reproches, je regrette l'aspect très superficiel de la description de l'univers de Gary, les auteurs se montant particulièrement peu généreux en matière de détails, confirmant leur inc apacité à doter leur héros d'une vraie personnalité. Si l'évolution de Gary est flagrante et appréciable, les causes de cette évolution restant peu claires et semblent servir avant tout à sortir le personnage de son comportement répétitif et agaçant. 

 

Mais un épisode troublant et finalement assez surprenant 

Difficile de cerner la vraie nature de Alphas, tant la série joue fréquemment à troubler les pistes, oubliant au passage de se doter d'une vraie identité. Plus que les autres, cet épisode laisse une sensation étrange, avec un final qui n'est pas sans rappeler le twist final sur le SD6 d'Alias. Plus ambitieuse qu'elle ne le laisse croire au premier abord, Alphas choisit de donner du sens à son final, quitte à laisser au spectateur un sentiment plus que partagé. Dès lors, j'en viens à regretter les maladresses narratives qui n'ont pas permis de donner à cette conclusion originale tout le poids qu'elle aurait mérité. 

Le docteur Rosen apparaît alors comme un simple pion dans un jeu qui le dépasse totalement, celui d'un monde en train de découvrir une nouvelle menace venant de l'intérieur. De ce point de vue, le personnage d'Anna incarne parfaitement les difficultés et les qualités d'une série qui peine à trouver la bonne formule, cherchant à nous faire entrer dans son univers sans jamais vraiment y parvenir. Trop vite condamné par moi-même, Alphas propose ici un épisode bizarre, une évolution inattendue sur la difficulté de l'expression et de la communication avec les autres. 

Histoire singulière par son dénouement, ce script cristallise tous les problèmes d'Alphas, avec une intrigue qui reste très confuse et se limite à chercher la formule idéale pour s'exprimer à son plein potentiel, en vain jusqu'ici. Les défauts sont toujours présents, les qualités aussi, avec juste en ajout un fort sentiment de frustration d'avoir l'impression d'être passé à côté de quelque chose de particulièrement intéressant. 

 

J'aime : 

  •  le final troublant et inattendu 
  •  les scènes entre Gary et Anna  
  •  un univers particulièrement trouble, mais qui reste hermétique par la faute des scénaristes 

 

Je n'aime pas : 

  •  Nina une nouvelle fois laissée de côté 
  •  la motivation de Gary reste un mystère 
  •  la scène d'ouverture qui abuse des ralentis

 

Note : 12 / 20 

Un épisode à première vue assez anodin centré sur Gary et abordant avec un certain succès le thème de la communication comme moyen d'exprimer sa singularité. Pourtant le final troublant et certaines scènes ambigües laissent apparaître le vrai visage d'une série bien plus étrange qu'il n'y parait, mais qui refuse de donner les clés nécessaires à la compréhension des forces en présence. Frustrant.

L'auteur

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