Critique : Alphas 1.08

Le 01 septembre 2011 à 03:46  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode correct sur le thème de la lutte entre la dépendance qui doit beaucoup à la performance de Garret Dillahunt
Par sephja

Critique : Alphas 1.08

~ 6 minutes de lecture
Un épisode correct sur le thème de la lutte entre la dépendance qui doit beaucoup à la performance de Garret Dillahunt
Par sephja

Dépendre d'un chef, abandonner son libre arbitre 

Suite au départ de son ex-femme et de son fils, Cameron se retrouve confronté à sa dépendance à l'alcool et se force sous l'impulsion de Rosen à aller aux alcooliques anonymes. C'est là qu'il va rencontrer Jonah Englin, un Alpha empreint d'un discours religieux et capable de stimuler la partie du cerveau qui engendre une sensation de grande paix intérieure. Pendant ce temps, Rachel est contrainte de prendre Gary comme cavalier pour aller au mariage de sa soeur. 

 

         


Résumé de la critique  

Un épisode correct que l'on peut décrire ainsi : 

  •  une évocation des suicides collectifs de Waco et des dangers de la dépendance plutôt intéressantes 
  •  un débat entre foi et raison porté par un duo Garret Dillahunt - David Strathairn convaincant 
  •  un épisode qui ne parvient pas à intégrer Rachel et Gary et les enferme dans une storyline ennuyeuse 
  •  un scénario qui manque de dynamisme

 

 

Devenir l'esclave d'une illusion 

Jonah Englin est un Alpha élevé par un père prêcheur qui a vu tout de suite dans son pouvoir un moyen de renforcer la communauté en générant l'illusion du miracle. Grace au pouvoir de son fils et aux modifications qu'il entraîne dans la chimie du cerveau, ce pasteur pouvait délaisser les mots au profit d'un bonheur instantané. Comme une drogue, cet Alpha apporte la paix, mais aussi une certaine soumission qui évoque le cas des sectes sans pousser au-delà le parallèle avec les gourous qui ne sont que de vulgaires escrocs. La différence vient du fait que l'éducation de Jonah est à l'origine de sa conviction d'être le porteur d'un message d'amour là où il n'est finalement qu'un vulgaire dealeur.

Moins idiot que certains discours sur la dépendance, Alphas va mettre en évidence les risques de la dépendance, que ce soit à l'alcool ou à toute source de bonheur immédiat. Le sentiment de béatitude générés par les paradis artificiels sont les premiers pas vers l'abandon du libre arbitre qui mène assez rapidement à la mort. En tant qu'ancien addict, je dois avouer que le discours d'Alphas se montre plutôt intelligent, offrant une vision non moralisatrice sur la dépendance, en particulier grâce à un Garret Dillahunt (voir ci-dessus) particulièrement convaincant. 

 

La raison contre la foi 

Centre nerveux de cet épisode, le débat entre Rosen et Jonah va apporter des scènes plutôt intéressantes, les auteurs ayant la bonne idée de ne pas convertir le docteur. Là où Cameron et Nina, victime de leur soif de bonheur, succombent rapidement, le docteur incarne une vision du monde où le paradis apparaît avant tout comme l'abandon du doute scientifique. Faire le choix entre la croyance et la science dans la quête du bonheur est un débat passionnant qui fait partie de l'existence de chaque être humain et donne tout son intérêt à cette histoire.

Evidemment, sans le talent de David Strathairn et Garret Dillahunt, cet épisode aurait beaucoup moins d'intérêt, mais leur opposition s'avère plutôt fascinante et assez bien écrit. Le rythme lent permet d'éviter certains clichés, la série refusant de faire de l'Alpha un vulgaire gourou dans le sens criminel du terme. Victime de son éducation bien plus que d'un quelconque appât du gain, Jonah ne comprend pas que son pouvoir n'a rien de métaphysique, convaincu qu'il possède la capacité de fournir le bonheur à tous les êtres humains

 

Il n'y a rien de plus ennuyeux que le bonheur

Le problème de l'épisode va venir de la béatitude qui va saisir Cameron et Nina, les deux héros perdant leur capacité de libre arbitre et donc d'action. Quiconque écrit une histoire sait que le bonheur est impossible à raconter, car il relève d'une conception personnelle et intime qui ne peut être partagée. Une fois leurs personnages convertis, les auteurs se retrouvent devant cette contrainte gênante qu'elle ne peut plus rien faire à  ces deux héros, hormis fournir une scène de nudité très soft digne d'un film érotique fauché des années 70. 

Trop lent, la narration compte sur Gary et Rachel, laissés volontairement de côté pour amener un peu de mouvement dans un épisode au démarrage particulièrement long. Seulement, le potentiel du duo sera à peine employé, la storyline écartant rapidement le jeune Bell pour se focaliser entièrement sur la jeune femme et ses rapports familiaux conflictuels. Sans réel rapport avec la première intrigue, hormis l'idée de remettre en cause l'autorité du père, cette histoire se montre particulièrement ennuyeuse et sans véritable ressorts. 

 

Un scénario maladroit dans sa forme qui peine à trouver une vraie dynamique

Si le fond du scénario est intéressant, la série va payer le prix d'un réel manque de dynamisme, l'arrivée de Bill dans la maison de Jonah incarnant parfaitement l'absence d'idée de cet épisode par rapport à notre quintet de super-héros. Seul Rosen se démène comme un beau diable, sans pour autant que les scénaristes en profitent pour développer sa propre vision du bonheur. Encore une fois, la série sait se montrer intéressante dans les thèmes explorés, mais ne parvient pas à trouver la forme idéale pour l'exprimer. 

En conclusion, un épisode intéressant et plutôt adroit dans le fond grâce à des acteurs remarquables, Garret Dillahunt prouvant une fois de plus sa capacité à incarner ses personnages. Dommage que la storyline n'ait pas mieux réussi à donner une vraie place au sein de l'intrigue aux autres individualités du show tant il aurait été intéressant de décrire le rapport de chacun d'entre eux avec le bonheur. Une occasion manquée de plus où Alphas aurait pu donner une vraie profondeur à ses personnages, mais semble encore une fois incapable de leur fournir ce supplément d'âme qui fait la différence.

 

J'aime : 

  •  le thème intéressant de la dépendance évoquée avec une certaine intelligence 
  •  Garret Dillahunt remarquable 
  •  les conversations entre Jonah et Rosen plutôt intéressantes 

 

Je n'aime pas : 

  •  les autres personnages inutiles 
  •  la storyline de Rachel sans grand intérêt 
  •  un épisode excessivement lent dans son démarrage 

 

Note : 12 / 20 

Si les idées véhiculées sont intéressantes, l'épisode vaut surtout pour son opposition entre Garret Dillahunt et David Strathairn, tous les deux remarquables. Dommage par contre que l'intrigue peine autant à démarrer, les cinq Alphas se révélant particulièrement inutiles dans cette histoire. Intéressant, mais sans plus. 

L'auteur

Commentaires

Avatar Serivore
Serivore
Le problème (outre le fait qu'on glisse inexorablement vers un simple "cop show") dans cet épisode, c'est qu'ils veulent trop en mettre. Du coup, tout est bâclé, alors que tout aurait pu donner quelque chose d'intéressant, si ça avait été développé sur plusieurs épisodes. Ils ont peut être peur de l'annulation de la série... .

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sephja
merci beaucoup Serievore (peut être ma préféré celle-ci) toyut à fait d'accord avec ton commentaire (quand à l'annulation, je pense que les auteurs le craignent à juste titre)

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Serivore
Oui il suffit de mettre des femmes nues sur un dessin pour qu'il soit apprécié :p

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sephja
c'est plus le regard hypocrite de Rosen (je me disais que si la série était moins coincé, ce serait beaucoup plus drôle, ils sont tellement sérieux dans Alphas)

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Serivore
C'est clair qu'un peu de légèreté ferait du bien ! La scène où ils les surprend à poil aurait pu être beaucoup plus drôle avec plus de légèreté !

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