Critique : Alphas 2.01

Le 08 août 2012 à 06:33  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de reprise convaincant autour d'une émeute au sein de Binghampton qui lance efficacement cette seconde saison.
Par sephja

Critique : Alphas 2.01

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de reprise convaincant autour d'une émeute au sein de Binghampton qui lance efficacement cette seconde saison.
Par sephja

Redistribution des pouvoirs

 

Après ses révélations concernant les Alphas, le docteur Rosen a été enfermé dans un asile psychiatrique où il reçoit la seule visite de sa fille, tandis que son équipe a perdu peu à peu certains de ses membres. Seul Bill et Cameron continue de travailler avec le gouvernement tandis que Nina, Rachel ont quitté l'équipe, choisissant de retourner à l'anonymat. Seulement, alors qu'il ramenait un Alpha dans la section sept de Binghampton, Hicks et Harken découvre avec stupeur la présence de Gary parmi les prisonniers.

 

Résumé de la critique

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un épisode bien rythmé, efficace et rapide
  •  le docteur Rosen dans le rôle de l'insoumis
  •  une reprise efficace et convaincante
  •  un défi majeur pour la saison à venir

 

 

Sans temps mort

 

Après une première saison intéressante, mais en demi-teinte, Alphas revient et propose un prolongement logique aux révélations de Rosen avec l'internement de celui-ci. Son discours a été discrédité par le gouvernement et l'asile psychiatrique où il est enfermé suffit à laisser aux autorités la possibilité de contrôler la rumeur, empêchant la prise de conscience espérée par le psychiatre. Pour marquer ce season premiere, les scénaristes ont la bonne idée de disperser l'équipe, composant l'épisode autour de la destinée de Gary, la NSA ayant décidé de le faire enfermer dans la section sept pour s'assurer de son silence.

Evidemment, cette découverte va profondément choquer Bill et Cameron, plaçant les deux personnages au sein de la prison alors qu'une nouvelle arrivante, Meg, est sur le point de faire sauter tout le système. Les puces qui maintenaient les prisonniers les plus dangereux dans un état végétatif sont alors désactivés, engendrant le chaos au sein de la prison. Un cataclysme qui va justifier le retour de Rosen pour un épisode de reprise assez palpitant, reposant sur une tentative d'évasion dynamique et sans réel temps mort.

Le duo Bill – Gary va vite se reconstituer et l'idée de fédérer l'ancienne équipe autour du sauvetage du jeune autiste va s'avérer payante, évitant une justification trop longue du retour de Nina et Rachel. Une motivation simple et crédible qui permet à l'épisode de faire preuve de fluidité, donnant un ensemble simple où le spectateur retrouve vite ses repères. Le final est prévisible et très classique, mais fournit un bon base de départ pour la suite de la saison, fil rouge bien plus convaincant et prometteur que celui de l'année dernière.

 

Seul loin du chaos

 

Point central de l'épisode, David Strathairn est une nouvelle fois impeccable, campant un docteur Rosen désabusé, mais absolument pas résigné, refusant de revenir sur ses propos. Plus décidé et convaincu de la justesse de sa cause, le docteur a changé et son discours s'est durcit, refusant désormais de justifier une institution carcérale qui aboutit à générer à l'effet inverse de ce qu'il désirait. Le héros d'Alphas se focalise avant tout sur Stanton Parrish, créant une relation emplie de respect et de fascination entre ces deux antagonistes qui pourrait s'avérer payante.

L'épisode pose efficacement les bases de cette saison, marquant la fin de la section sept et la fin des traques, Rosen cherchant à trouver les Alphas pour les protéger d'eux mêmes. Le docteur essaie avant tout de prôner l'intégration de ces êtres uniques au sein de la société à l'opposé de Stanton qui propose le rejet du système pour utiliser leur capacité afin de prendre le pouvoir. Le but ne va plus être simplement de capturer ces êtres aux capacités extraordinaires, mais de trouver le moyen de les civiliser malgré leur différence et la peur de la société envers eux.

Loin de son état d'esprit ambigu de la saison passée, le docteur Rosen assume son choix de se placer entre un état impuissant à la réponse répressive et des Alphas victime du rejet d'une population terrifiée. Son dialogue avec Scipio montre la volonté du psychiatre de le ramener à la civilité, se plaçant volontairement dans une position de faiblesse pour réussir à mieux communiquer. Alphas prouve qu'elle est capable de corriger le tir et de retrouver une bonne dynamique, la dernière scène d'action mettant parfaitement en valeur l'importance pour le quatuor vedette de réussir à coopérer.

 

 

Emeute à Binghampton  

 

Pour sa reprise, Alphas prouve qu'elle n'a pas perdu la main pour composer des huit-clos intéressants, la première saison ayant proposé de bons épisodes sur ce concept. Ici, c'est une prison pleine non pas de criminels dangereux, mais de citoyens normaux dotés d'une compétence hors norme qui se réveillent pour découvrir le traitement inhumain que leur a réservé le gouvernement. Le choix de faire de la scène violente de la mise à mort une illusion est très bonne, posant clairement cette tentative d'évasion comme un acte de libération pas du tout gratuit, mais préparé.

En cherchant uniquement à sauver Gary et Bill, les héros d'Alphas défendent une cause juste et respectable qui entraîne l'adhésion du spectateur, donnant un divertissement plaisant et immersif. Le choix de révéler la faiblesse de Bill, la nature toujours ambivalente de Nina, le manque de confiance de Rachel montre le choix des créateurs du show de composer cet épisode autour de l'affaiblissement de leurs personnages principaux. Une modification du rapport de force qui donne intelligemment l'avantage à Stanton, corrigeant l'un des défauts majeurs de la saison un, à savoir l'absence d'un vrai péril encouru par l'équipe de Rosen.

La réalisation est aussi convaincante, évitant les effets de style lourdaud qui cassaient le rythme des scènes d'action pour privilégier une forme plus fluide et séduisante. Seul manque encore la petite dose d'humour qui ferait la différence, malgré l'opportunité que Nina a offert aux scénaristes de débrider un show encore un peu coincé. Tout n'est donc pas encore parfait, mais l'équipe créative montre qu'elle a su profiter de la pause pour repenser le show entièrement, posant des bases encourageantes pour la suite de cette saison.

 

Trouver la place d'un Alpha

 

Seulement, pour faire de cette seconde année une vraie réussite, les auteurs vont devoir trouver le moyen d'intégrer les Alphas à la société, une tâche difficile qui risque de céder à la tentation du mélodrame facile. En effet, si Stanton a un projet qui lui permet de fédérer ses troupes, Rosen ne part pas avec grand-chose, hormis sa propre conviction dans un avenir meilleur et une confiance totale dans la possibilité de l'humain à accepter la différence. Un thème à la fois ambitieux et dangereux, déjà mainte fois exploité par d'autres séries, obligeant Zack Penn et Michael Karnow à éviter les pièges du déjà-vu.

En conclusion, une bonne surprise avec ce retour convaincant d'Alphas qui corrige de nombreux éléments défaillants de la première saison, en particulier concernant la détermination de Rosen. Si l'ensemble reste assez prévisible et un peu trop mécanique, le final montre un quatuor vedette assez complémentaire, les auteurs ayant revu leurs copies avec pas mal de sérieux pour corriger certaines erreurs de l'année passée. Une volonté de bien faire que j'apprécie beaucoup pour un démarrage vraiment divertissant et globalement assez prometteur.

 

J'aime :

  •  les acteurs convaincants
  •  la nouvelle détermination de Rosen
  •  l'antagonisme entre David Strathairn et John Pyper-Ferguson

 

Je n'aime pas :

  •  le déroulement assez prévisible
  •  la dernière image de l'accident superflue

 

Note : 13 / 20

Après une fin de saison un réussie, Alphas revient en bonne forme, nous offrant un épisode divertissant et particulièrement efficace. Les changements opérés à la mi-saison paraissent judicieux, posant des bases intéressantes pour la suite, surtout la volonté de Rosen de rejeter Binghampton et ce qu'il représente.

L'auteur

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