Too fast and too furious
Atteint d'une mutation qui lui permet d'aller à une vitesse hors norme, Eli Aquino kidnappe un à un les scientifiques responsables des expériences menées sur lui, son corps vieillissant à une vitesse excessive. Un patient intéressant pour le docteur Rosen qui retrouve sa liberté et son ancienne équipe tout en apprenant à vivre avec des analystes du gouvernement qui surveillent ses moindres faits et gestes. Pendant ce temps, Cameron demande à Gary de cacher sa liaison avec la fille de Lee.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une chasse à l'homme classique, mais efficace
- une équipe qui s'affirme beaucoup plus
- une mythologie intrigante qui offre plusieurs possibilités
- visuellement surprenant
Un nouveau démarrage
Après un season premiere qui s'était révélé une bonne surprise, Alphas se devait de reformer l'équipe tout en marquant clairement sa différence avec l'année passée. Avec plus de moyens et du personnel supplémentaire envoyé pour garder un oeil sur Rosen, l'équipe cherche à réaffirmer son territoire, loin du style minimaliste et un peu fauché de l'année passée. Malgré ce changement de cadre, le show reste dans une continuité, l'épisode revenant à sa routine habituelle avec la recherche d'un alpha très dangereux à la vitesse surhumaine responsable de deux meurtres.
Cible du jour, Eli Aquino va se révéler un cas atypique de cette saison deux, cherchant à contrôler une capacité qu'un groupe de scientifiques s'est amusé à induire chez lui en le laissant faire face seul aux conséquences. Montrer le pendant négatif à chaque pouvoir, c'est le choix des scénaristes cette saison, une bonne idée sur le papier, mais qui va entraîner de nombreuses lourdeurs durant l'épisode. L'ensemble reste plaisant, mais paye son ambition excessive lors d'un final poussif qui commet l'erreur de vouloir mêler Stanton Parrish à toute cette histoire.
Si Alphas a changé, c'est avant tout au travers des intentions de Rosen qui se place désormais en première ligne, essayant de prouver à sa fille qu'il est bien capable de venir en aide aux mutants et de faire le bien. Une relation intéressante qui s'impose comme un des points forts de la saison, avant que le final laisse apparaître la position de faiblesse de Lee cette année. Trop rapide, cette conclusion ne met pas assez en évidence toute la difficulté que représente le fait de réinsérer un individu dans un monde où il a perdu tout contact.
Une nouvelle équipe
Plus sombre que la première saison, cet épisode confirme la nouvelle orientation des personnages, en particulier Cameron qui a abandonné sa relation malsaine avec Nina pour une histoire plus saine avec Danielle. Plus posé, il est l'homme d'action et de confiance de Rosen, trouvant enfin de l'espoir qui lui permet d'exprimer l'envie d'une normalisation de son existence, tournant enfin la page sur son passé douloureux. Son duo avec Gary est en tout cas très amusant surtout que les deux exhibent une maturité nouvelle et une complémentarité intéressante.
Bonne surprise de cet épisode, le jeune autiste se montre totalement insupportable comme à son habitude, mais de manière délibérée ce qui rend les séquences beaucoup plus drôles, son comportement ne venant plus freiner le déroulement de l'intrigue. Profitant clairement de son handicap pour torturer les autres et se montrer irresponsable, le personnage de Ryan Cartwright est la bonne surprise de cette rentrée, moteur efficace pour l'histoire tout en proposant une association avec Hicks nouvelle et réussie. Une imprévisibilité qui fait le charme du personnage, s'assurant à sa manière qu'aucun des membres de l'équipe ne puisse plus avoir de secrets pour les autres.
Au lieu d'un rassemblement de singularités, l'équipe d'Alphas fait cette saison clairement bloc, une volonté que l'on retrouve chez Bill qui a totalement délaissé son côté renfrogné et colérique pour un style plus mesuré. Obligé de protéger son coeur, il semble presque passif par instant, essayant perpétuellement de garder le contrôle pour ne pas laisser son habileté le dévorer et détruire son existence. Une bonne idée qui permet de construire un personnage plus mature, processus qui se retrouve chez Nina Theroux qui hérite de la position la plus intéressante à l'intérieur du show.
Si le reste de l'équipe se montre plus concerné et moins dispersé, cherchant à maîtriser les effets néfastes de leur pouvoir, le personnage joué par Laura Mennel paraît clairement prendre du plaisir à manipuler les esprits de ses victimes. Incontrôlable, elle représente un danger bien plus grand cette saison, obtenant un asservissement complet de celui qu'elle tient sous son contrôle. Un virage sombre doté d'un certain potentiel qui pourrait la rapprocher lentement de Stanton Parrish, personnage omniprésent qui peine pourtant encore à trouver sa place.
Un ennemi au visage trouble
En privilégiant des personnages plus matures, les scénaristes découvrent en Nina un vrai potentiel, son émancipation apparaissant comme la bonne idée de cet épisode. La scène où elle s'en prend directement à Hicks est particulièrement réussie, montrant clairement la cassure qui s'est crée entre les deux, avec une vraie opposition entre la colère de l'une et la stabilité de l'autre. Une façon pour les auteurs de souligner que, bien plus que leurs extraordinaires pouvoirs, c'est leur incapacité à garder le contrôle qui empêche les Alphas de s'intégrer à la société.
De ce point de vue, la fille de Rosen est un personnage important, faisant la paix avec un père qu'elle disait haïr, mais qu'elle essaie petit à petit de comprendre, les deux apprenant lentement à s'apprivoiser. Avoir confiance dans l'autre, reconnaître l'ennemi d'un ami, voilà la tâche difficile qui les attend, la poussant à écouter son coeur concernant Cameron et à se mettre sa vie en danger dans le final. Une mythologie plutôt solide et intéressante, mais qui ne parvient pas à convaincre, la faute à un rôle encore trop confus de Parrish dans une séquence à l'hôpital mal mise en valeur.
Si les bases de cette saison sont très intrigantes, le final reste malgré tout assez passable tant les intentions de l'antagoniste de Rosen peine encore à se dévoiler. Difficile de deviner où Alpha veut encore en venir, cette première traque aboutissant à une pirouette finale peu judicieuse, symbole d'un épisode qui ne sert qu'à replacer les différents protagonistes. Un démarrage malgré tout supérieur à la saison un, en particulier du point de vue technique avec une scène d'ouverture particulièrement séduisante.
Un show plus professionnel
Un de mes reproches récurrents à la première saison de Alphas concernait le manque de maîtrise des scénaristes avec des intrigues tape à l'oeil fréquemment bancales ou stériles. La différence entre les deux saisons est ici significative, avec une histoire bien rythmée, riche, même si les scènes de Stanton avec sa descendance sont un peu trop anecdotiques. Visuellement impeccable, le décalage de rythme entre Aquino et Rosen est un effet de mise en scène intéressant, montrant subtilement comment un être humain peut perdre totalement le contact avec la réalité.
En conclusion, un épisode qui confirme toutes les qualités entrevues la semaine dernière, confirmant que cette saison d'Alphas est largement plus solide que la précédente. Les nouvelles orientations des personnages sont convaincantes, en particulier la fille de Rosen qui hérite d'une position très intéressante à l'intérieur du show. Malheureusement, la fin très confuse et un raccourci narratif regrettable viennent couper ce qui aurait pu être un très bon divertissement, la faute à l'absence de révélations sur les intentions de Stanton Parrish.
J'aime :
- des personnages plus épais et intéressants
- le démarrage bien rythmé et efficace
- la scène d'introduction d'Aquino spectaculaire
Je n'aime pas :
- le raccourci avec l'attaque de Rosen peu cohérente
- le final assez confus et maladroit
Note : 13 / 20
A l'exception d'une conclusion un peu facile et à un déroulement un peu forcé, Alphas s'offre un second épisode qui confirme totalement la bonne impression du premier. Un divertissement plutôt réussi, en particulier du point de vue des personnages qui gagnent en épaisseur et se montrent plutôt complémentaires.