Critique : Angry Boys 1.01

Le 23 août 2011 à 08:20  |  ~ 6 minutes de lecture
Nouvelle critique pour le club des spectateurs de bon goût avec Angry Boys, une comédie particulièrement culottée, version australienne de Soda qui fait l'effet d'une belle gifle pour la création française.
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.01

~ 6 minutes de lecture
Nouvelle critique pour le club des spectateurs de bon goût avec Angry Boys, une comédie particulièrement culottée, version australienne de Soda qui fait l'effet d'une belle gifle pour la création française.
Par sephja

Affreux et méchant 

Daniel et Nathan vivent en Australie chez leur mère et s'occupent pendant la journée dans leur bled paumé maintenant qu'ils n'ont plus l'âge d'aller à l'école, leur scolarité n'ayant pas été une franche réussite. Nathan est sourd et subit les brimades de son imbécile de frère qui se rêve surfeur ou rappeur et soigne avec attention son profil Facebook avant de glander avec ses copains. Tous les deux communiquent avec Gran, une gardienne dans une prison pour mineure peu conventionnelle. 

 

         

 

Résumé de la critique  

Un pilote très barré, inégal mais réellement drôle que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une vision de la jeunesse australienne totalement décalée et d'un sale esprit assez hilarant 
  •  une gardienne de prison surréaliste pour une série comique à la limite du documentaire
  •  Chris Lilley s'en donne à coeur joie, où comment faire d'un doigt d'honneur un running gag hilarant 
  •  un récit inégal, une suite de sketch qui manque d'une vraie continuité

 

             

 

Angry Boys, un portrait de jeunes en rébellion

Pour commencer, il est important de prévenir les quelques personnes qui désireraient découvrir Angry Boys que ce programme peut atteindre des sommets dans l'humour sale, bête et méchant. La seule référence évidente est Borat, dans la forme autant que dans le ton profondément décalé de cette série qui nous plonge dans une ville du fin fond de l'Australie à la découverte de Daniel, un garçon... comment dire ... un con tout simplement. Daniel aime du rap, le surf, arpenter l'unique rue principale de son bled paumé et se moquer du handicap de son frère sourd en jouant à l'insulter à voix haute.

Nathan est son frère jumeau, souffre douleur spécialiste du doigt d'honneur, au point qu'il en a fait sa photo de profil sur sa page Facebook. Il aime le skate, perçoit encore en partie les sons, surtout lorsque son frère s'amuse à lui hurler des insanités dessus en pleine ville et possède une libido dérangeante qu'il exprime un peu trop visiblement. Bref, Angry Boys vous propose un voyage dans une jeunesse fantasmée et pathétique au travers d'une série de sketchs particulièrement drôles malgré leur apparente cruauté.

 

Le quotidien d'une prison pour jeunes 

Seulement, Angry Boys ne se limite pas à ce seul portrait et se penche sur le cas d'une gardienne d'un centre d'éducation fermé où les pires adolescents d'Australie sont enfermés. Le récit suit alors le quotidien de Gran, une gardienne de prison peu orthodoxe qui sévit dans ce centre depuis des années et possède un style assez particulier pour asseoir son autorité. Grossière, adepte d'un humour raciste, voire carrément sadique, cette femme s'occupe de ces jeunes comme de son élevage de cobayes, proposant une compassion malsaine face à une détresse réelle. 

Moins méchante, Gran est surtout toujours hors sujet par rapport à l'univers qui l'entoure, offrant par exemple aux jeunes prisonniers des pyjamas à l'effigie de super-héros pour les aider à dormir. Le langage est vulgaire sans être insultant, Gran parvenant à inspirer le respect en devenant petit à petit une image maternelle pour tous ces jeunes. Moins méchante que la partie avec Daniel, cette section du récit profite d'une mise en image particulière en recopiant parfaitement la structure et l'imagerie des documentaires, donnant à cet univers un réalisme troublant.

 

Jouer avec les codes de la télévision

Angry Boys surprend d'entrée par son visuel particulier qui emprunte tous ses codes à ses petits publi-reportages censés retranscrire la vie au quotidien d'un groupe de personnes dans les journaux télévisés. Très vite, il est difficile de ne pas s'imaginer avoir à faire à un documentaire, mais la présence dans plusieurs rôles d'un Chris Lilley déchaîné, comique australien à l'humour décapant, vient briser cette illusion troublante. A la manière d'un Sacha Baron Cohen, il se grime pour composer cette galerie de personnages totalement allumés et irresponsables.

Son utilisation du doigt d'honneur, seul moyen d'expression d'un Nathan totalement sourd, fournit un running gag surréaliste, laissant apparaître différentes variétés dans l'expression de ce geste obscène. Malgré sa vulgarité, ce doigt véhicule un sentiment, possède différentes intensités et une signification différente, preuve que Chris Lilley cherche à montrer que derrière la provocation des jeunes se cachent une frustration. Moins bête qu'elle n'y parait, cette comédie cherche à évoquer la jeunesse moderne tout en montrant aussi l'échec d'une société qui enferme par peur son propre avenir.

 

Un récit sans vraie continuité

Le problème principal de cet épisode vient du fait qu'hormis une discussion sur internet, rien ne permet vraiment de faire le lien entre Gran et Daniel. Conçu comme un reportage, la série passe du coq à l'âne, alignant les scènes de vie sans chercher la moindre cohérence, donnant une série de sketch inégaux allant du très drôle au moyen sans véritable continuité. Heureusement, le format assez court de la série permet d'éviter une certaine lassitude, Angry Boys se montrant assez adroit autant dans l'humour que dans l'émotion.

En conclusion, une série comique totalement allumée, pur produit pour le club des spectateurs de bon goût et les amateurs de bizarreries ce dont les australiens sont capables avec le même pitch de départ que Soda. Attention malgré tout à le regarder avec des sous-titres en anglais, car l'accent Australien est souvent difficile à comprendre. Une bonne surprise que ce show totalement déjanté où le héros nous enseigne à jouer avec les sourds, où les gardiennes de prison chantent du Amy Winehouse et où on vous expliquera comment reconnaître un chien homo.  

En tout cas, pour les scénaristes de Soda, ils vous restent beaucoup de travail.

 

J'aime : 

  •  un humour trash très Australien qui rappelle Borat 
  •  Chris Lilley totalement déjanté et surprenant  
  •  un réalisme confondant dans la mise en scène 
  •  une vision de la jeunesse parodique qui fustige autant la société que la bêtise des jeunes

 

Je n'aime pas : 

  •  certains gags plus faibles que d'autres 
  •  un manque de cohérence entre les univers de la série 
  •  quelques problèmes de rythme 

 

Note : 13 / 20 

Une bonne surprise que cette série australienne déjantée mettant en scène des héros affreux, sales et méchants avec un humour au vitriol décapant. Mais le plus surprenant vient de l'humanité qui ressort finalement de cet univers au réalisme troublant. Drôle et triste à la fois.

L'auteur

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