Critique : Angry Boys 1.10

Le 25 décembre 2011 à 07:05  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode réussi où les personnages de Chris Lilley vont découvrir une vérité sur eux-mêmes, entre humour et tragédie.
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.10

~ 7 minutes de lecture
Un épisode réussi où les personnages de Chris Lilley vont découvrir une vérité sur eux-mêmes, entre humour et tragédie.
Par sephja

Désillusion et remise en cause

Daniel et Nathan se préparent pour le mariage de leur mère, les deux jumeaux ayant obtenu le droit d'organiser un divertissement pour les invités lors de la cérémonie. De son côté, S. Mouse prépare la campagne de promotion de son nouvel album lorsque les paparazzis surgissent pour prendre des photos compromettantes. Pour Gran, la désillusion commence avec le meurtre de Keren Ann, son cochon d'Inde préféré, par un des jeunes prisonniers.

 

Résumé de la critique

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  pour Gran, une intrigue brillante et sombre 
  •  pour S. Mouse, de la comédie réjouissante et cynique 
  •  pour Daniel, une histoire assez moyenne
  •  la difficulté de savoir revenir à la réalité

 

 

Perdre le contrôle 

Suite directe de l'épisode précédent, l'intrigue la plus intéressante va toucher Gran qui va perdre son cochon d'inde préféré, les soupçons se tournant immédiatement vers le jeune garçon condamné pour zoophilie. La situation va vite tourner à la violence amenant Taleb et un de ses camarades à se retrouver en isolation pendant plusieurs journées. Seule avec les deux jeunes garçons, elle va perdre sa rigueur professionnelle en se montrant un peu trop affectée par leur condition, les traitant plus comme de simples adolescents et non comme des prisonniers. 

Le problème pour Gran est qu'à force de vouloir établir le contact avec Taleb, elle a été obligée de baisser sa garde et de considérer ce jeune garçon comme une victime qu'elle doit protéger. Cette relation vient créer un fort trouble chez elle, celle d'une femme sans famille qui perd le contrôle tant le drame de ce jeune garçon la bouleverse. Elle tente de se substituer à l'absence de sa mère et commet une faute grave, un geste d'affection simple qui va entraîner des conséquences terribles. 

En se plaçant dans une prison pour adolescents, Chris Lilley avait, pendant un premier temps, su vider ses intrigues de toute opinion politique, décrivant avec beaucoup de naturel et d'ironie le quotidien des gardiens. Par leur fragilité, les adolescents ont cette faculté particulière de tout placer dans le registre de l'affectif, surtout dans des cas de grandes détresses comme Taleb, faisant perdre à Gran sa capacité à garder la distance nécessaire. Une intrigue intimiste et forte qui confirme l'humanisme profond de Lilley, faisant le choix d'une certaine noirceur au détriment de la comédie. 

 

Une photo comme un révélateur

Pour S. Mouse, les rêves de gloire sont encore d'actualité, le rappeur pour enfants cherchant à travailler son image en axant sa recherche sur l'originalité. L'occasion pour Lilley de tourner une fois de plus son personnage en ridicule, arborant des tenues d'une grande vulgarité, mélange de jaune fluo avec du gris pailleté du plus mauvais goût. Convaincu de sa propre créativité, le jeune rappeur continue de s'enfoncer, inconscient de son absence total de talent et de la façon dont sa carrière de chanteur ne sert qu'à combler le vide de sa propre existence.

Travaillant sur le seul élément qu'il parvient encore à maîtriser, à savoir sa propre image, S. Mouse va se retrouver pris en photo par un tabloïd et se retrouve totalement seul, la réalité brisant l'illusion qu'est devenu sa propre existence. L'occasion de s'apercevoir de sa propre solitude, pendant que son rêve de notoriété est lentement mis en lambeaux par une presse et des réseaux sociaux sans pitié. Cruel, Chris Lilley continue de décrire la descente aux enfers d'un garçon qui se ment à lui-même, inconscient de son propre ridicule, vivant enfermé dans le déni total de son propre reflet. 

L'identité artificielle de S. Mouse se fissure, pour un jeu de massacre jouissif qui devrait atteindre son paroxysme avec le lancement de son album. Le beau portrait acide et moqueur d'un artiste autoproclamé, l'auteur d'Angry Boys se moquant ici clairement de ceux qui confondent art et marketing, portrait railleur et terriblement attachant d'un jeune prétentieux.

 

  

 

Une intrigue entre douceur et amertume

En se penchant sur le mariage de la mère de Daniel et Nathan, Chris Lilley propose une storyline assez décorative au profit d'un récit indépendant du reste de l'épisode. Avant le mariage, les deux jumeaux préparent l'arrivée des idoles de Nathan, une manière de rappeler que la conclusion du show se rapproche, marquant la séparation définitive entre les  jumeaux Sims. Au niveau narratif, cette storyline a un intérêt assez limité, sans lien véritable avec la thématique principale de l'épisode tournant autour de la prise de conscience.

Sans être désagréable, ces suites de saynètes servent surtout à proposer un mélange entre drame et comédie qui sert à faire la transition entre les histoires de S. Mouse et Gran. Car, au-delà des blagues amusantes du duo, ce mariage dresse le portrait attachant d'une famille imparfaite, mais qui parvient à s'unir lors de cette célébration et à faire taire leurs rancoeurs. Entre le ton acide de l'histoire de S. Mouse et la storyline dramatique de Gran, l'épisode s'équilibre autour d'un moment de paix au sein de la famille Sims, préparant un final des plus prometteurs.

Un bel exemple du soin apporté par Chris Lilley à ses créations, court récit comique qui donne son équilibre à l'épisode en l'empêchant de verser dans l'excès de noirceur. Mais surtout, la dernière occasion pour lui d'exploiter les personnages de Daniel et Nathan, moment de nostalgie de l'auteur avant la séparation inévitable. 

 

Retour au monde réel

Le point commun des héros d'Angry Boys est leur appartenance à un univers imaginaire qu'ils ont construit à leur image, que ce soit celle d'un rappeur rebelle pour S. Mouse ou d'une mère de substitution pour Gran. Tous ses univers s'effondrent lentement et les masques tombent, laissant apparaître chez les personnages de Chris Lilley une vraie tristesse tandis que s'exprime les goûts de l'auteur pour les jeux de massacre. Entre un drame poignant et un humour hyper corrosif, Angry Boys reste une série singulière, à l'image de son auteur, suffisamment personnelle pour être touchante.

En conclusion, un épisode réussi, entre rire et tristesse, exemple parfait de cet équilibre permanent que recherche Chris Lilley entre le drame et la comédie. Au milieu, la famille représente la valeur première, celle que recherche Gran en nouant des relations fortes avec ces jeunes prisonniers, offrant un final triste et assez intense. A l'approche de la conclusion, une seule vérité s'impose pour le spectateur, celle d'une série aux personnages profondément attachants, comme des membres d'une grande famille qu'on refuserait de voir partir.

 

J'aime :

  •  l'humour corrosif de la storyline de S. Mouse 
  •  une vraie tendresse pour des personnages forts 
  •  le travail incroyable sur les accents de Chris Lilley 
  •  les tenues délirantes de S. Mouse

 

Je n'aime pas : 

  •  la storyline de Daniel assez mince 
  •   Daniel trop sage durant le mariage 

 

Note : 13 / 20 

Un épisode vraiment réussi avec la storyline très forte de Gran, point fort d'un show qui arrive à sa conclusion, retrouvant le juste équilibre entre drame et comédie. Une histoire d'une grande humanité, portée par un Chris Lilley épatant qui a su rendre ses personnages profondément crédibles et attachants. 

L'auteur

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Image Angry Boys
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