Critique : Angry Boys 1.11

Le 27 décembre 2011 à 12:10  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui marque un début de conclusion, offrant toute une série de scènes vraiment poignantes, promesse d'un nouvel espoir pour certains personnages.
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.11

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui marque un début de conclusion, offrant toute une série de scènes vraiment poignantes, promesse d'un nouvel espoir pour certains personnages.
Par sephja

Le temps du changement 

Nathan apprend les rudiments du langage des sourds, pendant que Daniel met tout en place afin d'accueillir les légendes qu'il a invités. Pendant ce temps, S. Mouse lance son album qui cherche à explorer son moi intérieur, mais découvre à l'occasion à quel point son personnage est grotesque. De son côté, Gran est obligé de quitter le centre éducatif fermé, son Alzheimer étant devenu un handicap insurmontable dans son travail de gardien. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  la storyline très émouvante de Gran 
  •  l'intrigue de Tim d'une intensité surprenante 
  •  S. Mouse qui commence à voir son vrai visage 
  •  un avant-dernier épisode émotionnellement fort 

 

 

Gran et la difficulté de dire adieu 

Cette semaine, Angry Boys va se concentrer sur ses personnages secondaires au détriment de Nathan qui se retrouve relégué à fournir quelques saynètes comiques. Le but est de préparer le grand final, chaque personnage arrivant à la fin de son parcours personnel, avec pour Gran le renvoi de son poste de travail de gardien en centre éducatif fermé. Son Alzheimer vient l'handicaper dans son travail, mais son personnage s'offre une sortie par la grande porte, laissant apparaître la complexité de son rapport avec les jeunes au sein de la prison. 

La colère et la frustration sont balayées par la force des émotions qui accompagne son départ, Gran laissant apparaître toute sa fragilité durant ces derniers instants. L'occasion parfaite pour voir combien Chris Lilley s'implique au maximum pour faire exister ces personnages, un don total de soi qui leur apporte une vraie crédibilité. Très personnelle, l'histoire de cette gardienne est pleine d'une profonde nostalgie pour ce personnage qui aura servi à véhiculer un message d'une grande humanité, lui offrant l'occasion d'un monologue final très réussi. 

Certains resteront hermétiques à Angry Boys et aux perruques de Lilley, mais la sincérité dont il fait preuve et la subtilité de ce qu'il raconte est telle qu'il serait bête de refuser de jouer le jeu. Un monologue final assez touchant sur la liberté, sur la nécessité d'apprendre à contrôler sa colère et à refuser la honte qui mène à la rage en faisant le choix de la dignité. 

 

La révolution de Tim 

La série Angry Boys s'achève avec la destruction d'un empire, celui de la mère de Tim, réduit à néant par son propre égoïsme après que le jeune garçon ait avoué son hétérosexualité. Seule, privée de sa seule source de revenus, elle voit son fils lui échapper, brisant le délire égoïste dans lequel elle s'était enfermée. Devant sa rage destructrice, le garçon choisit de s'émanciper, gagnant à sa cause les anciens alliés de sa mère, reconstruisant son image sur les ruines de l'empire du GayStyle, malgré les chantages affectifs que lui infligent Jen. 

Le rapport de force s'inverse et laisse espérer une victoire facile, mais cette mère monstrueuse refuse de se laisser vaincre, se battant avec toute la rage et la frustration qu'elle porte en elle. Son dernier combat est un furieux cri de souffrance, avec quelques séquences en face à face avec son fils d'une grande intensité. La colère du fils éclate alors, détruisant sa relation avec sa mère en l'humiliant sans la moindre pitié tandis qu'il reprend le contrôle sur son existence. Une confrontation brutale, celui d'un fils qui se durcit suffisamment le coeur pour faire le choix de l'égoïsme, au détriment d'une mère devenue trop envahissante. 

Le passage à l'acte apparaît alors comme un élément clé de la fin de la colère adolescente, ce moment où le fils prend en main sa destinée envers et contre ses parents. Une histoire de rage et de fureur, totalement tragique, où Chris Lilley campe un personnage monstrueux, manipulatrice acharnée refusant de se laisser vaincre. 

 

 

Apprendre de ses échecs

Pour S. Mouse, le grand jour est arrivé, celui de la renaissance, même si celle-ci ne va pas du tout prendre la forme prévue, son album de rap se transformant en fiasco complet. Mais là où l'on attendait que Lilley poursuive son jeu de massacre, le créateur d'Angry Boys choisit de nous prendre par surprise en dressant un portrait intéressant sur la naissance d'un artiste. Plutôt que de se réjouir de sa dégringolade, le comédien propose un point de vue sur l'art comme un processus qui nait de l'échec et de l'acharnement, loin de toute construction intellectualisante.

L'art devient alors l'expression d'un ressenti, la forme n'étant que la conséquence d'un travail qui s'effectue à posteriori pour mettre en valeur le discours original. Loin d'intellectualiser l'art, Lilley le considère comme quelque chose d'universel et définit les bons artistes comme ceux qui ont su tirer les leçons de leur échec. Une vision très personnelle pour un personnage qui aura servi d'exutoire à son interprète, expulsant son appétence un rien honteuse pour le mauvais goût et l'humour profondément vulgaire.

Très autobiographique, un personnage finalement sympathique qui incarne parfaitement l'artiste raté qui est en chacun d'entre nous. Un personnage qui me parle beaucoup personnellement, ayant moi-même écrit il y a cinq ans surement le scénario le plus nul et grotesque de l'histoire de l'humanité, digne de ce rappeur grotesque. C'est en acceptant le S. Mouse qui est en soi que l'on trouve le courage de dépasser la peur du ridicule et de devenir un artiste généreux et sincère. 

 

Beaucoup d'émotions avant la fin

Le show approche de sa conclusion et laisse apparaître les véritables intentions de son créateur dans un épisode maladroit, inégal, mais tellement personnel et fort qu'il est difficile de ne pas adhérer. Loin des tics esthétiques des artistes en toc, Chris Lilley se dévoile dans cet épisode passionnant, laissant apparaître ses propres angoisses à l'intérieur de ses personnages. A sa manière, Angry Boys est une série très intime où il exprime ses valeurs, ses angoisses et sa conception du métier d'artiste par le biais de personnages qui sont autant d'émanation de lui-même. 

En conclusion, un épisode très fort, offrant quelques scènes mémorables, climax dramatique qui laisse enfin apparaître toutes les ambitions de son auteur. En nous prenant par surprise, Chris Lilley laisse apparaître le portrait d'un artiste généreux et entier qui n'a pas peur du ridicule, conscient des failles de sa création, mais aussi de ses qualités. Angry Boys est une série surprenante et intime qui laisse enfin tomber le masque, révélant toute la sensibilité d'un auteur un rien vulgaire, adepte d'un certain mauvais goût parfois gênant, mais qui sait parler au coeur avec talent.

 

J'aime :

  •  la storyline de Gran très touchante 
  •  les scènes très forte en Tim et sa mère 
  •  la conclusion du récit de S. Mouse 
  •  la réalisation impeccable 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien 

 

Note : 15 / 20 

Un dernier épisode avant l'épilogue tournant autour de la fête de Nathan, clôturant les intrigues autour des légendes du jeune Sims. Un récit qui surprend en prenant un ton très personnel pour un final fort en émotion, où Chris Lilley montre un véritable attachement à ses personnages. 

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...
Image Angry Boys
12.73
12.73
13.33

Derniers articles sur la saison

Critique : Angry Boys 1.12

Un dernier épisode plutôt touchant qui sert d'épilogue, narrant la fête des légendes avant le départ de Nathan pour sa nouvelle école.

Critique : Angry Boys 1.10

Un épisode réussi où les personnages de Chris Lilley vont découvrir une vérité sur eux-mêmes, entre humour et tragédie.

Critique : Angry Boys 1.09

Un épisode qui quitte le registre comique pour lancer un grand jeu de massacre sur le thème du besoin de famille et de la peur du changement.