Critique : Angry Boys 1.09

Le 22 décembre 2011 à 06:25  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui quitte le registre comique pour lancer un grand jeu de massacre sur le thème du besoin de famille et de la peur du changement.
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.09

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui quitte le registre comique pour lancer un grand jeu de massacre sur le thème du besoin de famille et de la peur du changement.
Par sephja

Différentes réactions au changement 

Nathan laisse un mot pour expliquer sa fugue après une remarque déplaisante de trop de Daniel concernant son nouvel uniforme scolaire. De son côté, Tim trouve avec le tournage d'une publicité l'occasion idéale pour s'opposer à sa mère en révélant son hétérosexualité. Blake se retrouve seul chez lui et commence à envisager de redémarrer une nouvelle existence pour faire revenir son épouse.

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un jeu de massacre jouissif pour Tim 
  •  Blake qui tente d'évoluer et fait le choix du changement 
  •  Daniel et Nathan dans une storyline assez pauvre 
  •  un scénario qui manque de fluidité 

 

 

Le plaisir de la libération 

Depuis le début de la saison, Tim vit sous le joug destructeur d'une mère qui a abandonné son rôle naturel pour celui de manager impitoyable du jeune garçon. Grâce à lui et à la communication autour de son homosexualité, elle avait bâti un empire grotesque offrant l'occasion à de nombreux gags pour Chris Lilley autour de son obsession pour le pénis. Mais l'arrivée de la conclusion du show marque le début d'un jeu de massacre jouissif, le jeune garçon décidant que le seul moyen de retrouver l'amour de sa mère est de détruire définitivement son empire.

Refusant l'esclavagisme imposé par sa mère, le jeune garçon se libère, entrainant la débâcle du Gay Style, en révélant le mensonge sur sa prétendue homosexualité. Un vent de liberté souffle alors sur la série, pendant que Chris Lilley prend un plaisir enfantin à réduire sa création à néant, plaçant ses personnages face à leur propre contradiction. La colère et la rage dont Jen fait preuve confirme la dimension profondément hystérique de son comportement, détruisant son fils pour ne pas perdre pied elle-même face à sa propre solitude.

Mais là où le show prend un virage intéressant est dans le doute qu'il installe sur la possibilité d'une réconciliation entre le fils et la mère. C'est ce point décisif sur lequel va se jouer la suite de la série, montrant comment la colère peut être destructive, mais servir aussi à annihiler une relation défaillante au profit d'une nouvelle, plus saine et moins conflictuelle.

 

Il n'y a rien de plus difficile que le changement 

Pour la storyline de Blake, Chris Lilley se prépare pour dire adieu à ce personnage d'éternel adolescent, mais symptomatique d'un besoin de prolonger l'immaturité au-delà de la raison. De sa vie passée avec son gang, il lui reste un dernier ami que le raccroche encore à son club des Mucca Mad Boys, mais ne lui permet plus de soulager son besoin de famille et de stabilité. Après des années de vie en communauté et de blagues potaches entre hommes, le surfeur marque la volonté de se reprendre en main et de s'en faire "repousser une paire".

La question se pose alors, toujours complexe et délicate pour son épouse : aura-t-il le cran d'aller jusqu'au bout ou s'agit-il juste d'un moment de lucidité avant un inévitable retour à une certaine passivité ? L'occasion pour Chris Lilley là aussi de placer son personnage face à un virage décisif, laissant le doute sur l'orientation que prendra la série pour la suite. L'occasion d'une dernière fournée de blagues régressives, mais avec le point de vue cynique d'un homme qui est sur le point de passer à autre chose et s'est finalement lassé de cette existence.

La difficulté de se réconcilier avec soi, la peur de se retrouver seul, voilà ce qui motive un homme pour Lilley à passer à autre chose en s'imposant un nouveau départ. Entre optimisme et cynisme, il nous laisse dans le doute avant la conclusion d'un show marquant le passage à l'âge adulte comme la fin de la colère et le début d'un besoin de réconciliation avec la société.

 

 

Le besoin de famille 

Pour Daniel et Nathan, la situation est un peu plus complexe, la séparation entre les deux jumeaux apparaissant comme inévitable, la fête de Nathan se rapprochant à grand pas. Le temps est à l'incertitude et la peur pour celui-ci de se retrouver seul, loin de sa famille, entraine chez lui un fort sentiment d'abandon. L'humour décapant habituel laisse place à une certaine tristesse, le jeune sourd cherchant par le biais d'une fausse fugue à tester l'amour de ses proches, montrant un profond besoin de sentir l'amour de sa famille. 

Profondément humaine, cette intrigue possède le mérite de faire taire les oppositions habituelles entre Daniel et son beau-père, l'union sacrée se formant autour de la recherche de Nathan. Malgré sa noirceur et son cynisme, Chris Lilley reste profondément attaché à ces valeurs de base, le besoin de famille étant au coeur des trois storylines. Si les amis permettent de fournir du lien social, seule la famille donne la force intérieure de prendre des risques en acceptant le changement sans pour autant craindre d'y perdre son identité. 

Positive et touchante dans sa conclusion, cette intrigue peine un peu à se mettre en place dans un épisode maladroit qui fait preuve d'une pointe de tristesse et de retenue au moment d'attaquer sa conclusion. Très attaché à ses personnages, Chris Lilley montre un visage plutôt triste et délaisse l'aspect humoristique du show au profit d'une intrigue principale qu'il se doit de mener à bien, quitte à abandonner tout cet univers qu'il avait crée. 

 

La conclusion approche 

Si la note peut sembler assez faible, elle ne reflète pas ma profonde affection pour ce show singulier, inventif, très personnel et donc particulièrement intelligent. Seulement, à l'heure de préparer la conclusion de son show, Lilley est contraint de réorienter son intrigue pour justifier la présence des différents personnages à la fête de Nathan, entraînant la sensation d'une progression à marche forcée, s'obligeant à suivre une ligne directrice trop restrictive. Un mal nécessaire qui ne vient pas nuire au potentiel de sympathie du show, mais donne l'impression d'un épisode moins délirant qu'à l'accoutumé.

En conclusion, un épisode convenable qui réoriente les différentes storylines vers une conclusion qui devrait mener tous les personnages à abandonner avec nostalgie leur ancienne existence. Un épisode où la colère provient du désir de changement, tout en bouleversant les rapports de force entre les différents personnages. Avec cynisme et un peu de tristesse, Chris Lilley laisse ses personnages se libérer au profit de la destruction de toute sa mécanique comique. Un épisode moins drôle, mais plus fort, qui réserve un final assez touchant pour Nathan, mal nécessaire pour amener correctement la série jusqu'à sa conclusion.

 

J'aime :

  •  des thèmes forts 
  •  une intrigue qui avance beaucoup 
  •  un final assez touchant 

 

Je n'aime pas : 

  •  moins drôle que d'habitude 
  •  une progression un peu forcée du scénario 
  •  la fugue de Nathan assez mal amenée

 

Note : 12 / 20 

Si l'épisode est plutôt sympathique, il montre quelques défaillances dans la fluidité du récit qui nuit légèrement au visionnage. Malgré tout, l'intelligence de l'écriture et de la mise en scène donne au final une intrigue assez touchante, Chris Lilley s'amusant à détruire sa création avec enthousiasme.

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