Critique : Angry Boys 1.03

Le 04 septembre 2011 à 11:03  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode centré sur la violence et la façon dont l'appartenance à un groupe permet de se donner l'impression d'échapper à tout notion de responsabilité..
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.03

~ 6 minutes de lecture
Un épisode centré sur la violence et la façon dont l'appartenance à un groupe permet de se donner l'impression d'échapper à tout notion de responsabilité..
Par sephja

You can't surf without balls 

Afin de pouvoir préparer une super fête pour le départ de son frère Nathan à l'école de sourd, Daniel appelle toutes les vedettes dont il est fan pour les convier à la fiesta. Seulement, S.Mouse est trop occupé à défier sa maison de disque en sortant directement sur Internet un clip nommé : "GrandMother fucker". L'autre invité est le surfeur Blake Oakfield, chef de file des Mucca Mad Boys, mais celui-ci est aussi occupé à protéger sa plage contre l'invasion du groupe du groupe concurrent des  Fennel Hell. 

 

Résumé de la critique  

Un épisode assez moyen que l'on peut décrire ainsi : 

  •  une description de l'importance de l'esprit de groupe dans la déresponsabilisation de la violence
  •  une ode à la virilité totalement décalé... 
  •  ... mais qui ne retrouve pas l'efficacité des épisodes précédents
  •  un show parfois difficile à apprivoiser

 

*

 

Surf in Australia 

Nouveau personnage introduit dans cet épisode, Blake Oakfield (Chris Lilley ci-dessus) est le symbole d'une génération de glandeurs qui ont pris l'habitude d'être payé à rien faire, prolongeant leur adolescence au-delà de la date limite. D'apparence inoffensive, ce surfeur n'exprime sa violence qu'une fois au sein de son groupe, créant le trouble dans sa ville natale. Défenseur d'un bout de sable qu'il estime lui appartenir, ce personnage est là pour incarner la bêtise collective, celle du clan des Mucca Mad Boys qui ennuient tout la ville et ruinent la tranquillité des habitants

De même, S. Mouse va aborder ce thème du clan et de la façon dont il modifie le comportement d'une personne en le déresponsabilisant. Convaincu par son entourage qu'il possède un vrai talent (qu'il n'a pas), le rappeur pour mineurs se lance dans la provocation crétine, pure expression de la bêtise d'un prétentieux qui se croit plus beau qu'il ne l'est. Comédie provocatrice, Angry Boys permet à Chris Lilley de se moquer du clanisme et de la bêtise qui pousse l'être humain à aimer vivre dans une tribu pour pouvoir imposer un mode de pensée unique à son entourage.

 

Blake, la virilité sans testicules

Source de la virilité, les testicules occupent une place importante dans la vie de Blake vue qu'elles lui ont été retirées suite à un coup de feu. Ce type de décalage légèrement provocateur est typique de l'humour de la série qui tente sur un récit sérieux et réaliste d'intégrer des éléments absurdes volontairement vulgaires pour servir de moteur comique au show. Seulement, le trait est un peu trop grossier et maladroit, la faute à un personnage au potentiel comique pas totalement convaincant. 

Angry Boys propose un épisode beaucoup moins drôle, mais qui ne perd pas son mordant pour autant et fait avancer les différentes intrigues. Le soin apporté au détail est surprenant, du salut ridicule au jeu du coup de pied dans les parties représentant une façon pour Blake de prouver sa virilité. Le récit reste dynamique, mais la construction qui consiste à proposer un personnage par épisode ressemble de plus en plus à une fuite en avant, permettant de ne toucher aux autres storylines que pour servir de liens entre les différentes parties du récit. 

 

Un personnage en chasse un autre 

Si l'idée d'introduire un personnage par épisode permet un bon renouvellement du show, elle entraîne aussi une mise à l'écart de Nathan, Daniel et tous ceux qui avaient occupé les premiers épisodes. Servant juste à relier artificiellement les intrigues entre elles, cette approche s'avère regrettable tant les rares scènes du duo terrible sont de loin parmi les plus amusantes. Angry Boys apparaît alors comme une série dont l'efficacité dépend beaucoup trop de la qualité du thème abordé et du personnage mis en place. 

Pour le cas de S. Mouse, le clip "Grandmother Fucker" utilise ce mélange de vulgarité et de second degré qui est la marque de fabrique de ce show, le jeune rappeur y apparaissant devant la photo de sa grand-mère. Si, à première vue, la scène paraît totalement vulgaire, elle ne devient comique qu'une fois que le jeune rappeur tente d'expliquer que cette provocation totalement stupide cache un message. La scène devient alors un moment de pure comédie, offrant l'occasion à la série de se moquer de ceux qui confondent provocation et vulgarité. 

 

Un show vraiment à part

Après trois épisodes, Angry Boys demeure une série surprenante, mais qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, passant régulièrement d'une profonde vulgarité à un discours plus subtil sur la colère, ses origines et ses moyens d'expressions. Le but est clairement de provoquer le spectateur pour nous pousser à juger ses personnages et jouer ensuite le contrepied pour nous renvoyer nos propres préjugés à la figure. Une structure comique ambitieuse, mais difficile à mettre en oeuvre, en particulier avec un personnage aussi pathétique que Blake. 

En conclusion, un épisode qui confirme l'ambition d'un show qui essaie avant tout de faire rire en proposant différents visages d'une jeunesse immature et prétentieuse. La nécessité d'appartenir à un clan apparaît alors comme un moyen de se dédouaner en donnant à la bêtise une dimension collective. Défenseur auto-désigné d'un bout de plage, Blake incarne cette jeunesse qui voit une forme de noblesse à venir provoquer les autres et à se battre dans un conflit qu'il autoalimente lui-même en l'imposant aux autres. 

 

J'aime :

  •  la violence vue comme une action collective 
  •  S. Mouse qui apprend à ses dépends la différence entre bêtise et provocation 
  •  une style documentaire toujours aussi étonnant 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'intrigue de Daniel et Nathan à peine exploitée 
  •  Blake, un personnage moins intéressant que les autres 
  •  un humour qui fonctionne beaucoup moins 

 

Note : 12 / 20 

Une série toujours aussi singulière qui propose un épisode intéressant, mais à l'impact comique beaucoup plus faible que les deux précédents. Le style visuel, totalement inspiré par la télévision, continue à imposer ce style documentaire qui réussit bien au show. 

L'auteur

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Image Angry Boys
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