Pitch enterrement
Joe Salerno, inspecteur à la criminelle, est retrouvé mort écrasé par une voiture et son décès provoque une forte émotion chez les membres de la police. Très rapidement, une jeune conductrice, Sarah Gonzales, se présente comme la responsable du décès du policier jusqu'à ce que Megan Hunt prouve que l'inspecteur était déjà mort depuis longtemps lorsqu'elle lui a involontairement roulé dessus.
Body of Ploof : sortez les violons
Avant tout, il n'est absolument pas question ici d'une quelconque rage contre les musiciens à corde, mais contre les longs et sirupeux lamentos qui vont traverser l'épisode. Si je n'ai rien contre une certaine mélancolie dans les séries policières, je m'insurge contre la surcharge inutile et BOP va ici atteindre des sommets. A travers chacun des membres de la Police, la série va marteler son message sans chercher à faire preuve de la moindre nuance.
Réglons tout de suite son compte au détective Baker : Sonja Sohn semble incapable de faire la différence entre intensité du regard et moue grimaçante particulièrement pénible. Sa prestation est horrible, l'actrice semble totalement à côté de la plaque et ralentit l'épisode en empêchant tout le monde de travailler avec son attitude agressive. A cause de cette direction d'acteur idiote et ratée, l'épisode parait rapidement ridicule et ne parviendra jamais à effacer cette mauvaise impression.
Car du point de vue investigation, l'histoire se révèle assez faible et moyennement efficace, beaucoup de dialogues s'avérant vraiment superflus. Elle confirme les difficultés du créateur du show, Chris Murphey, à écrire seul un épisode complet avec efficacité. Il aurait suffit de moins de violons et d'une intrigue mieux mise en valeur pour obtenir un épisode somme toute correct, dans la lignée des précédents.
Mais nous sommes ici face au pire de la saison, prouvant que BOP n'est pas une série dont il faut attendre un soupçon de subtilité.
Une enquête vraiment pas intéressante
A trop s'égarer sur les états d'âme de ces personnages, l'épisode oublie de donner toute la place nécessaire à l'intrigue et semble avancer fréquemment à l'aveuglette. Son principe va reposer sur une enquête non résolue et un policier trop zélé qui veut la résoudre avant de prendre sa retraite, un classique dans ce type de série. John Carroll Lynch bien plus crédible que sa collègue, va être le seul, avec ce personnage, à donner une vrai impulsion à l'intrigue.
Comme le signalera le docteur Gross, il n'y a rien de plus personnel qu'un deuil car il est impossible de partager avec des inconnus la souffrance d'une disparition. La seule réplique censée et intelligente de l'épisode témoigne du problème que pose le scénario : il est impossible de partager quelque peine que ce soit envers une victime qui nous est totalement inconnue. On regrettera que les auteurs n'aient pas profité des épisodes précédents pour donner un visage à ce policier anonyme, ce qui aurait apporté une vraie force et un vrai sens à cet épisode de mi-saison.
Seulement, conscient de la prévisibilité du meurtrier, Chris Murphey tente au mieux de tourner autour du pot, il ne respecte pas la construction des épisodes précédents et propose un mensonge initial très artificiel. Le premier acte, avec la fausse piste d'une jeune femme qui aurait tué le policier, est plié en moins de trois minutes et n'apporte absolument rien à l'intrigue. Tous les preuves sont déjà là, sauf le corps d'une victime que Megan et son équipe vont devoir exhumer afin de refaire son autopsie.
"Un cadavre d'une propreté incroyable, sans odeur ni pourriture grâce à BOP, nettoyant universel..."
Alors là, attention, car la série passe dans une dimension étrange, presque surnaturelle, qui arrachera un sourire à tous, même les plus tristes d'entre vous. Car le corps exhumé, après un an dans un cercueil, est presque... comme neuf, excepté la trace de champignon sur la peau pour donner l'illusion de putréfaction. Passons sur le maquillage raté pour en venir rapidement aux phénomènes le plus marquant, entre humour et consternation.
Un cadavre sans odeur, vous en rêviez, BOP l'a fait, et ce moment constitue sans le moindre souci l'instant le plus étrange depuis le début de saison. Spécialiste du nettoyage, vous pouvez raccrocher gants et serpillère car BOP nettoie tout sans irriter... Non, mais de qui se moque-t-on là : un cadavre tout propre, sans odeurs ? Il faudrait arrêter de nous prendre pour des ânes et cesser ce genre de mascarade. De loin l'instant le plus ridicule de toute la saison 2011.
Encore une fois, BOP faillit et atteint des sommets de ridicule dès qu'elle sort du cadre strict de la simple série policière. Maintenant que la mi-saison est atteinte, il est clair que Body of Proof est condamnée à demeurer une série moyenne, incapable de faire preuve d'une quelconque ambition sans basculer immédiatement dans le ridicule.
L'art de placer un personnage où cela arrange
Présentée dans l'épisode six, la mère de Megan Hunt est un personnage tête à claque, perpétuellement dans l'opposition à une fille passablement énervante elle aussi. Si sa première apparition n'avait laissé que peu de souvenirs, les scénaristes ont eu une idée pour cet épisode: pour l'intrigue, on a besoin d'un juge alors (tadaam !). Voilà qu'elle l'est justement. Comme tour de magie, on n'avait pas vu mieux depuis la volatilisation du yacht dans Arrested Developpement.
Jouée par Joanna Cassidy (grande comédienne mais pas très impliquée dans le projet), la mère de Megan Hunt ne sert finalement que de mauvaises excuses aux scénaristes pour parvenir à leur fin. Loin de s'interroger sur leur héroïne et ses motivations, les auteurs utilisent la mère de Megan pour faire du remplissage facile et donc ennuyeux.
Alors qu'on arrive à la mi-saison, un détail saute aux yeux : BOP a un problème et son nom est Chris Murphey, le créateur du show. La série a le potentiel pour faire de bonnes choses, mais le changement de showrunner s'impose et au plus vite.
J'aime :
- le duo comique Gross - Brumfield assez bon
- John Carrol Lynch, juste sans être transcendant
Je n'aime pas :
- Dana Delany qui fait des origamis : niais et consternant
- une intrigue mal fichue
- des cadavres sans odeurs, même après une année
- un scénariste qui doit réviser ses gammes
- Sonja Sohn dramatiquement mauvaise
Note : 07 / 20
(118)