Once upon a time, in Albuquerque.
Il y a les films de gangsters qui font l'apologie du crime organisé, avec son lot de légendes comme Tony Montana (Scarface), Vito et Mickael Corléone (Le parrain), Travis Bickle (Taxi driver) et j'en passe.
Breaking Bad ne s'inscrit pas dans cette lignée. Pourtant Walter White me semble être le pendant réaliste des "gangsta's success stories". Après quatre saisons où il n'a jamais été question d'apogée, c'est au fin fond de la perfidie que nous retrouvons Walter dans ce cinquième opus, où le respect et l'honneur sont remplacés par la peur et l'arrivisme de la plus basse espèce.
En s'amusant à reprendre la trame scène par scène et en excluant celles – courtes - consacrées à Hank, nous obtenons le cheminement suivant :
- Walt achète une arme
- Walt cache les preuves
- Walt fait peur à sa femme
- Walt manipule Mike
- Walt manipule Jesse
- Walt détruit des preuves
- Walt fait peur à Saul
- Walt fait vraiment flipper sa femme.
Ce qui est sûr, c'est que Walt n'a pas la même vie que Martine. Ce qui l'est moins, c'est qu'il soit devenu un héros. Mais nous ne pouvons pas non plus parler d'anti-héros. Ce qualificatif suppose une certaine maladresse et les quatres saisons précédentes ont su nous montrer que ce n'était pas dans ce registre que Walter White agissait. Cet épisode enfonce le clou en nous remettant dans le bain : point de héros à retrouver, simplement les derniers soubresauts nerveux d'un homme déjà mort depuis pas mal d'épisodes maintenant.
« I need a dollar, dollar a dollar is what I need, hey hey. »
Taoby, lors du débriefing téléphonique de l'épisode, me faisait remarquer les similitudes entre certaines scènes et Le Parrain de Coppola. J'y vois davantage une satire qu'un éloge.
Breaking bad a su nous montrer que l'homme dont Walter suit la trace n'était pas le patriarche d'une famille où honneur rime avec vengeance. Ce Gus Fring n'est pas mort glorieusement criblé de balles mais de la main d'un handicapé dans une chambre d'hospice.
Au fil des saisons, nous sommes entrés dans la vie d'un père de famille confronté à la mort. Nous avons assisté à sa déshumanisation soi-disant motivée par le désir de laisser de quoi vivre à sa famille. Les derniers épisodes ont laissés planer un doute nous ramenant à l'élément déclencheur de tout cela. Est-ce le contexte qui a transformé l'homme ou l'inverse?
Je me range donc du côté de Skyler. Ce « I forgive you » n'a rien d'imposant. Il est tout simplement effrayant comme le serait le rugissement d'un animal terrorisé et acculé.
Il en va de même avec Saul. « We're done... when I say we're done » sonne bien sur un pseudo avocat qui n'est pas en meilleure posture que Walt.
Les bases sont posées. La trame a parfaitement fonctionné. Nous ne savons absolument pas où nous allons, mais nous pouvons nous laisser porter en confiance par un scénario qui ne fait jamais de fausses notes et qui, rétrospectivement, coule de source.
La forme ? Tranquille.
Pas de coup de génie particulier dans la réalisation de ce premier épisode. Un travail propre avec une photographie tout simplement grandiose pour les scènes de désert mais il s'agit désormais d'une routine pour cette série.
Les quarante-deux minutes de l'épisode ne laissent pas le temps de regarder le timer et révèlent un rythme parfaitement maîtrisé. Comme dit plus haut, ce season premier surfe sur la vague du final précédent. Je prédis un creux de vague de plusieurs épisodes dans le ventre mou de la saison comme chaque année mais la tension est désormais si élevée que je doute qu'elle puisse redescende à un niveau ennuyeux.
Pour résumer, c'est propre, rythmé, travaillé et prenant. Rien à dire sur la forme donc, mais j'attends avec une certaine impatience les petites surprises que chaque saison nous réserve.
Walt vs Hank : premier tour
Skyler a ruiné Walt pour protéger sa famille, Walt ruine Jesse pour se protéger et Mike n'a plus de patron. L'échiquier de cette cinquième saison n'est plus le même que celui de l'année dernière. Après avoir affronté Gus et ses pions, Walt se retrouve désormais face à Hank mais la reine (Skyler), le fou (Jesse) et le cavalier (Mike) ne sont dans aucun camp. Le premier coup de maître a permis à Walt d'infliger beaucoup de dégâts chez Hank grâce à une habile utilisation du fou et du cavalier.
Cependant, le fou en a été affaibli financièrement et Walt sait qu'il ne peut plus acheter de nouveaux pions pour se protéger ou attaquer. Son dernier avantage est de connaitre l'existence de pièces maitresses que Hank cherche encore.
Je vous propose de suivre avec moi cette passionnante partie d'échec de l'été, chaque semaine sur Série-All. A la semaine prochaine.
Ce que j'ai aimé :
- Le fond est sale mais on aime ça
- La forme est propre mais on aime ça
- Walter devient le roi des enfoirés et on l'aime comme ça
Ce que je n'ai pas aimé :
- Pour le coup de l'électro-aimant. Chez moi la phrase : "plus c'est gros, mieux ça passe" ne marche que dans le topic pron.
Note : 15/20