Les liaisons dangereuses
Je n'aurais pas grand-chose à dire concernant la forme et le rythme de l'épisode cette semaine. La première est propre, sans coup de génie et le second est inexistant. La magie de Breaking bad aidant, le téléspectateur a l'impression d'avoir vécu un match de boxe épique en plusieurs round alors qu'au final, il ne s'est pas passé grand-chose.
Le ton est donné dés les premières images : Nous allons assister au retour d'Heisenberg, avec cette fois d'avantage de recul que lors de notre première rencontre. La première fois, ce personnage paraissait être le masque terrifiant cachant un homme en perdition. Cette fois il n'y a plus de masque. Ou alors il n'y a plus d'homme, c'est au choix. Le seul et unique indice rapprochant le Walt actuel de celui qui apprenait un an plus tôt qu'il avait un cancer est son génie.
Le paradoxe de Breaking Bad tient dans cet « accomplissement » : Walt, le génie de la chimie nobelisable, n'avait jamais réussi à s'accomplir ou à s'épanouir dans ce pour quoi il est fait... jusqu'à la nouvelle de son cancer. Or, depuis, Walter vit. Il n'est plus le père médiocre d'une famille médiocre, il est quelqu'un. Il n'était pas dénué de sentiments et ne nourrissait pas de haine particulière contre qui que ce soit, hormis peut-être contre sa propre vie. Il subissait et il ne subit plus. Désormais il impose. Ce n'est pas un élément extérieur qui a créé Heisenberg. C'est l'intelligence de Walter White. Skyler le dit elle-même, l'intelligence de Walt dans la stratégie et la manipulation le rend inaccessible et imperturbable.
Pourtant, cet épisode nous montre que c'est cette même intelligence froide qui risque de le perdre. Etre dans la position du champion et avoir un challenger perpétuel en la personne de sa propre femme va devenir un fardeau de plus en plus pesant, surtout si celle-ci ne cache plus son désespoir à son beau-frère de la brigade des stups, beau-frère qui a également complètement oublié d'être con.
Walt se sent invincible, invisible et supérieur. Pourtant, Hank surveille Mike, Jesse est loin d'être un simple pion et Skyler dispose d'une arme redoutable en les personnes de leurs enfants. Et si tout le plaisir de Breaking Bad consiste bien souvent à découvrir les stratégies et leurs applications dont Walt se sert pour se sortir du pétrin qu'il a lui-même créé, l'imminence de la fin de la série nous laisse envisager une situation insurmontable pour l'homme qui jusque-là en a repoussé les limites télévisuelles.
Dans l'épisode précédent, Walter citait Icare en remplaçant le soleil par Gus et en filigrane par lui-même. Paradoxalement, il semblerait que le seul Icare de la série, ce soit lui.
What's the next move?
Hank m'a fait plaisir dans cet épisode. D'abord parce qu'il prend du galon et qu'il va être confronté à un nouveau dilemme : sa carrière ou l'affaire Fring, et ensuite parce qu'il demande à Walter de manière très symbolique : « so, what's the next move » après que Skyler a vu la lumière au bout du tunnel de la piscine.
Quel est le prochain coup? Walter a perdu sa reine qui a sacrifié sa « normalité » pour appeler à l'aide en silence. Hank n'a pas eu à bouger le petit doigt pour gagner du terrain sur son adversaire invisible mais la conversation avec Skyler qui s'en suit est sans appel : même s'il n'est Heisenberg qu'une fois sorti de son foyer, Walter est prêt à tout sacrifier pour son travail.
Or le twist final – de la poudre aux yeux du téléspectateur selon mon avis – nous amène à penser que Skyler n'est pas la seule à chercher un moyen de faire tomber Walter.
Je prédis un prochain épisode consacré à Jesse, pour nous présenter son point de vue sur tout cela. Car étrangement, il joue le rôle du gentil toutou qui ne veut pas faire de remous alors que Breaking Bad nous l'a montré bien différent de ce qu'il est actuellement.
Il vaut mieux, cependant, se garder de toute interprétation concernant ce « tic tac ».
Au final, ce quatrième épisode est dans la lignée des précédents : intense mais sans précipitation, sobre mais propre dans la réalisation. La série continue avec ce rythme déstabilisant mais tant qu'elle maîtrise, c'est que du bonheur.
Skyler la rebelle me plait d'avantage que Skyler la zombie. J'espère la voir se battre dans les prochains épisodes... A la semaine prochaine.
Ce que j'ai aimé :
- Le retour de Skyler
- Un nouvel espoir que Jesse contre-attaque.
- La menace fantomatique que laisse peser Hank sur l'avancement de l'intrigue
Ce que je n'ai pas aimé :
- Utiliser des titres de starwars pour dire ce que j'ai aimé.
Note : 16/20