Previously...
Étant en vacances à l'étranger pendant une semaine, je n'ai pas pu écrire la critique de l'épisode précédent. Il méritait un bon 18, notamment et surtout pour le délire braquage de train made in far west à la sauce Spaggiari (sans arme, ni haine, ni violence) avec tout de même un léger bémol d'environ 12 ans sur la fin.
Et là je m'attendais à un pétage de câble de Jesse qui ne s'est finalement traduit que par un coup de poing dans la gueule du rouquin et une prise de décision catastrophique pour Walter. D'autant que le pré générique se terminait sur le coup de poing de Jesse et ayant vu ce dernier tourner légèrement au ralenti depuis le début de la saison, nous étions quand même en droit d'attendre une réaction plus démesurée.
Aaron Paul nous joue un Jesse illisible depuis le début de cette cinquième saison. Que dire de cet instant ou il entend Walter siffloter dans sa combinaison alors qu'un enfant est mort. Que dire aussi de tous ces regards qui en disent long et de l'utilisation de certains plans qui semblent nous prévenir que Jesse sait ou du moins se doute de quelque chose concernant Walter... Si ce dernier dispose clairement de plusieurs longueurs d'avance sur sa femme, il est bien plus difficile de tirer des conclusions sur sa relation avec le jeune Pinkman. Surtout si des scènes d'anthologie comme celle du dîner viennent brouiller les pistes.
Dramalesque ou burmatique.
Je pense que vous serez d'accord avec moi sur le fait que cet épisode rajoute une nouvelle séquence au panthéon de ce qui fait de Breaking Bad la meilleure série de tous les temps. Une scène comme celle du repas aurait été difficile à gérer dans un long métrage soigné, sachant l'implication émotionnelle qu'elle génère, le nombre de niveau de lecture des dialogues, l'interprétation des personnages et cette petite touche de génie consistant à rendre burlesque un moment profondément dramatique, à moins que ce soit l'inverse. Personne n'aurait voulu de la place de Jesse dans ce repas. Tout le monde a compris que Skyler est trop loin pour rattraper son mari.
Disposer d'une perle cinématographique dans une série télévisée, c'est de la pure générosité de la part des créateurs de Breaking Bad. De la longueur des plans au jeu des regards, en passant par le rythme des dialogues, tout est géré au micro poil pour pianoter sur la gamme émotionnelle allant de l'éclat de rire au profond malaise. Et le tout pour servir le machiavélisme de Walter White, qu'AMC est parvenu à hisser au rang des plus grandes légendes de la série TV. Juste BRAVO.
Pour une poignée de dollars...
Breaking Bad parvient à mêler le western spaghetti au film de gangster mafieux en saupoudrant le tout de la noirceur des meilleurs thrillers. Ces deux derniers épisodes en sont le parfait exemple : Un braquage de train filmé et mis en scène avec toute l'originalité que l'on connaît de la série, suivi d'un partage de butin qui vire au délire mégalomane d'un parrain en puissance, sur fond de meurtre d'enfant et de deal avec de puissants cartels. Et au milieu de tout ça, un dîner rigolo que l'on pourrait examiner pendant des heures tant il est intense.
On termine chaque épisode en se demandant dans quelle direction l'on va. Et chaque semaine, les cliff dépassent les pronostics tout en se donnant cet air suffisant de déroulement naturel.
Ou va-t-on si le trio se disloque ? Vers la fin isolée de Walter White ? Il ne reste que dix épisodes et le sac de nœud de l'intrigue dépasse amplement celui du roi Midas. Mais n'est-ce pas une façon un peu simple et expéditive de se débarrasser de Mike et Jesse que de leur donner l'opportunité de quitter l'aventure avec cinq millions de dollars ? N'est-ce pas une manière un peu maladroite de concentrer l'attention du téléspectateur sur le bouquet final qui, vraisemblablement, devrait se dérouler comme la série a commencé et comme cela se fait dans la mafia : en famille.
Je prédis - en sachant que j'aurais tort une fois de plus - que les deux derniers épisodes de cette mi-saison seront consacrés à la révérence de Mike et Jesse avant de consacrer la seconde partie de la saison au retour à la réalité de Walter, qui sera aussi douloureux pour nous que pour lui. Breaking Bad va nous faire très mal, nous le savons parfaitement mais il y a quelque chose d'hypnotique dans cette série qui nous rend un peu maso sur les bords. A la semaine prochaine pour nous émerveiller une fois de plus du génie maléfique de Walter White.
Ce que j'ai aimé :
- Un rouquin se prend un coup de poing.
- On peut faire un chalumeau avec un fil électrique.
- Il n'y a pas de discrimination entre les motos et les enfants.
Ce que je n'ai pas aimé :
- à 47 minutes et 3 secondes.
Note : 17/20