Critique : Breaking Bad 5.07

Le 29 août 2012 à 19:12  |  ~ 5 minutes de lecture
Une fin qui marque le début de la fin et une antipathie isolante. Breaking Bad, c'est pas bon, mais c'est bon.
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 5.07

~ 5 minutes de lecture
Une fin qui marque le début de la fin et une antipathie isolante. Breaking Bad, c'est pas bon, mais c'est bon.
Par Scarch

Mike Ehrmantraut.

J'ai longtemps réfléchi à une manière de rendre hommage a Mike en envisageant un sermon comme ceux qu'on voit dans les films, avant de mettre le cercueil dans son tombeau. Et puis je me suis dit que pour faire un beau discours, il fallait que je me refasse tous les moments ou on le voit dans la série et 1/ je n'avais pas envie, 2/ je n'avais pas le temps. Je vais donc me contenter d'un hommage à sa mémoire en rappelant rapidement qui il était, avant de vous parler de l'épisode.

Dans l'univers de Breaking Bad, Mike est le lien qui unit tous les personnages. Il a servi dans la police de Philadelphie pendant dix ans, puis est devenu associé de Saul Tigh qui le présente comme « un type que connait un type que connait un type qu'il connait ». Il s'est ensuite rapproché de Gus Fring en devenant son homme de main le plus proche, celui à qui Gus demande d'enquêter sur sa propre vie pour être sûr que les DEA ne trouvent jamais rien. Par Gus, il a rencontré oncle Tio et de nombreux pontes du Cartel. Enfin, Mike était père et grand-père, mentor de Jesse pendant un temps, espion de Skyler et associé forcé de Walter.

Mike avait un pied dans la police, un pied dans « la » famille , un autre dans « sa » famille, un dans la vie de Gus, un dans celle de White, Jesse, Saul, Hank et Skyler. En gros, vu l'importance de son rôle en filigrane, le voir disparaître est non seulement une mauvaise nouvelle pour nous autres spectateurs en rut devant chaque épisode, mais également pour l'équilibre des forces et l'avenir de Walter. La mort de Mike, c'est le début du compte à rebours pour Heisenberg.

 

Let me die in peace

Say my name.

Walter White a sans conteste la classe en ce début d'épisode.

- Say my name.

- … You're Heisenberg...

- … You god damn right!

Scène d'anthologie, jouissive au possible, qui nous fait regarder le générique avec le sourire satisfait de l'enfant qui allume sa console pour jouer à son jeu préféré. Bon. Pour le reste, vous serez d'accord avec moi pour dire que cela devient douloureux de regarder Breaking Bad. On sait parfaitement que nous approchons de la fin et que celle-ci ne sera pas heureuse. Nous savons bien que Skyler, ou Jesse vont craquer à un moment, ou encore que Hank va tomber du 87eme étage en se rendant compte que Walt est impliqué dans l'affaire Gus Fring depuis le début, que ça va être une déception inimaginable pour Junior d'apprendre la vérité ou encore qu'un jour, le cartel va régler son compte à Walt pour son insolence. Pourtant nous continuons de regarder pour voir jusqu'où la réaction en chaine provoquée par la mort de Mike va aller. Je vous le dis, amis sériealliens : vous pouvez passer votre chemin, Walter White est fini, son ego a vaincu sa raison, il a tué le pote de Jesse, le mec qui le lie aux stups, qui le protège du cartel par sa présence, qui sait faire peur, qui est prudent, qui arrosait neuf mecs en prison... Sans Mike, je ne sais même pas comment la série va encore tenir sur neuf épisodes de cinquante minutes.

Dans notre partie d'échec, Walt à mangé son propre cavalier et s'est mis lui même en position d'échec. Et pas n'importe laquelle, celle où les champions, qui savent anticiper sept ou huit coups d'avance, font tomber leur rois en sachant pertinemment que la partie est pliée et que les prochains coups ne seront qu'un déplacement rapprochant du mat. Ce n'est qu'une question de temps avant que la fête soit finie.

Comme le dit Mike, Walt n'est pas Gus. Ce dernier était aussi intelligent mais avait l'avantage de l'humilité. Il se pliait aux règles. L'allégorie à Werner Heisenberg - le vrai - prend ici tout son sens. Si Walt à choisi ce pseudonyme, ce n'est certainement pas pour faire une allusion à un physicien nazi, donc méchant, mais davantage parce que l'Heisenberg original est un des pères fondateurs de la physique quantique, une branche qui n'obéit à aucune loi connue de la physique classique. Heisenberg est la partie quantique de Walter White, celle qui n'obéit à rien et qui agit selon ses propres règles. Walter White a tué Gus, Heisenberg a tué Mike. L'un était encombrant mais charmant, l'autre était utile mais antipathique.

 

Heisenberg

What's next?

La suite est on ne peut plus floue. Si le prochain épisode était le dernier de la série, nous saurions tous pourquoi. Mais ce n'est pas le cas. Nous aurons droit à une autre série de huit épisodes après celui-ci et je n'ai aucune idée du contenu que nous réserve Vince Gilligan pour les meubler avec autant de talent que ces huit épisodes. Personnellement, je n'ai pas envie d'assister à une descente aux enfers de sept heures, mais je vais le faire, que voulez-vous, Breaking Bad dépasse notre entendement.

Les paris sont ouverts : qui va agir le premier? Si vous suivez mon regard, il se tourne vers Jesse qui était mine de rien très proche de Mike et qui en avait un peu marre de voir et entendre l'insouciance de Walt concernant la mort du gamin.

A la semaine prochaine, pour les demi-finales.

 

Ca sent pas bon

 

Ce que j'ai aimé :

  • Le pré-générique
  • Le générique
  • le post-générique

 

Ce que je n'ai pas aimé :

  • Regarder l'épisode sur mon lieu de travail.

 

Note : 19/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Taoby
Taoby
Non mais laisse Cad, tu verra qu'un jour le gars va te dire que les violeurs sont de mauvaises personnes, alors que c'est quoi d'autre à part des amoureux passionné ? Scarch t'es vraiment petit d'esprit.

Avatar OSS
OSS
Was habe ich über nazistichen Physiker gehört ? Achtung, Herr Scarch... ACHTUNG !

Avatar vaelito
vaelito
Super épisode ! l’égo démesuré de Walt emmène la suite de l’intrigue dans une situation breakingbadienne chaotique, plus qu’un épisode avant l’année prochaine, aïe aïe aïe…

Avatar MoolFreet
MoolFreet
Putain scarch, je les ai toutes lues tes critiques, mais celle-là il fallait que je la commente. Parce que c'est une critique de champion du monde ça. Sincèrement bravo, tu m'as presque convaincu de remonter ma note.

Avatar Taoby
Taoby
" Je n'ai pas envie d'assister à une descente aux enfer de 7 heures personnellement, mais je vais le faire, que voulez-vous, Breaking Bad dépasse notre entendement." Hahah très juste et c'est incroyable quand même, tu t'imagine mater 7 h d’irréversible ?

Avatar Puck
Puck
Putain, vous le connaissez le triste lot de la correctrice ? Elle se régale à lire et à corriger (à peine) une critique sincère ET construite ET de haute volée ET compréhensible, même à celui qui n'a jamais vu la série. Une critique qui lui donne une furieuse envie de lâcher bouclage, négociage, ménage et autres impératifs pour faire un marathon BB, et commencer enfin cette série dont on lui chante les noires louanges depuis 5 ans... et dont elle repousse sans cesse le visionnage en s'appuyant sur l'espèce d'axiome masochiste à la con qui dit que plus on attend, plus c'est bon. Et en même temps, elle se fait tout spoiler le truc... Bon, en fait, pour être honnête, elle se l'était fait spoiler avant. Bref, merci Scarch, mais pas merci !

Avatar Taoby
Taoby
Je pense très sincèrement que tu a le pire des rôles du site Puck. Scarch devrait te filer quand même au moins et je dis bien au moins 8 boites de Granola voir même peut être des vrais poils de de David Hasseloff. Tu le mériterais très sincèrement et merci pour se taff de l'ombre. Franchement découvrir BB à travers des critiques, j'imagine même pas le supplice. Et Scarch tu me redonne plaisir à lire les critiques , chose que je ne faisais plus du tout (y à quand même eu quelques kiff sur GOT )

Avatar Puck
Puck
Bon, j'exagère un peu, parce que je suis quand même bonne spectatrice. Mais c'était une façon de dire que la correction de cette critique était un plaisir. Un film, une série, quand c'est bien fait, quand ce n'est pas du whodunit, je rentre malgré tout dans les intrigues et me laisse prendre comme une bleue. Voire même, quand je connais la fin, la tension est encore plus forte (l'effet American Beauty en quelque sorte). Une illustration : j'ai beau lire et relire les quatre filles du Docteur March, par exemple, j'écrase toujours une larme quand Jo repousse la demande en mariage de Laurie (quoi, je spoile ? Oui, je spoile)

Avatar pihug12
pihug12
Juste une question sur un point que personne n'a évoqué : vous n'avez pas eu l'impression que Mike a essayé de masquer le "meurtre" par un suicide en maintenant son revolver contre son ventre ? Et que Walt fait une grosse connerie en lui retirant le revolver de mains ? Certainement qu'une étude balistique aurait contre-dit ce scénario, mais sait-on jamais... Walt aurait certainement pu faire disparaître les preuves à l'aide de Todd : l'empreinte de main ensanglanté sur le rocher et la voiture. Mais ça ferait peut-être "too much"... Par ailleurs, personne n'a évoqué le rôle que peut prendre Todd dans la suite de l'histoire (même si il semble mal parti). @Puck : Je te plains pour ce coup-là. Je ne suis pas vraiment sûr que la saison 5 de Breaking Bad s'apprécie en marathon. Je ne dis pas pour les quatre premières saisons, mais si j'avais dû enchaîner tous les épisodes de cette année-ci, je pense que j'aurais mis un avis neutre pour le 4ème épisode (un peu trop de drama avec Skyler à mon goût...). Je trouve que l'attente d'une semaine du prochain épisode pour cette saison 5, passe bien mieux que les années précédentes où j'étais plus impatient. Peut-être que c'est dû au fait que j'ai du mal à accepter la descente aux enfers de Walter. Je ne sais pas si d'autres personnes partagent le même avis que moi sur la façon dont il faut aborder cette saison par rapport aux quatre premières années.

Avatar Antofisherb
Antofisherb
En même temps pourquoi il ferait ça ? Dans ce contexte-là, je vois aucune raison pour Mike de protéger Walter. A la limite ça aurait été pour changer la perception de sa mort pour sa petite fille, mais bon ça me paraît peu probable. Sinon je suis d'accord pour la manière de consommer cette saison. Enfin je suis de toute manière contre l'idée du marathon, mais c'est particulièrement vrai pour cette saison, assez dure au niveau émotionnel. Pour la fin de la série, j'avoue que j'imagine bien Walter finir en prison : il aurait tout perdu (Jesse, son fils, son "empire",...), mais il serait quand même content d'être enfermé en tant que le grand Heisenberg, et pourrait même continuer son égo démesuré sur les autres prisonniers... jusqu'à finir par mourir de son cancer. Et sinon, très bonne critique :)

Image Breaking Bad
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