Community, l’une des comédies préférées du site, et pourtant si peu appréciée outre-Atlantique pour d’obscures raisons, a fait son retour il y a un mois. Après un premier épisode décevant, mais qui peut se justifier par le fait qu’il n’était pas prévu pour être celui du « retour », nous avons eu droit à une sorte de triptyque dont l’épisode de cette semaine était l’apogée.
Une montée en puissance inattendue
Lorsque l’on s’attache à l’intrigue développée lors de ces trois épisodes, on retrouve de nombreux éléments qui ont contribué à la puissance et la maîtrise de cet épisode : dans l’épisode 12, on voyait déjà des tensions apparaître entre Abed et Troy, et cette volonté de faire cavalier seul, comme le prouvait la scène de fin avec Evil Abed. Dans l’épisode 13, les tensions s’étaient transformées en rupture, bien aidées par un John Goodman au sommet de sa forme.
Ce que j’essaie de prouver, c’est qu’il y a une idée de continuité dans ces différents épisodes. Tous les éléments qui ont mené jusqu’à cet évènement de la bataille entre draps et oreillers ont été savamment distillés au fil de la saison. On se rend compte que l’épisode avec Evil Abed n’était pas qu’un OVNI, et l’on réalise que les idées insufflées par le personnage de John Goodman, vice-doyen, et son école de climatiseurs, ont fini par se frayer un chemin dans l’esprit de Troy. On pense également à l’armée de Chang, recrutée précédemment, et qui va enfin avoir son importance.
Alors bien sûr, les épisodes de la montée en puissance n’étaient pas forcément au niveau, et leur statut de faire-valoir pour cet épisode n’arrange rien. Certains, comme moi, y verront un parallèle avec une célèbre série sur des substances illicites, habituée à ce rythme.
Un documentaire maîtrisé
Venons-en maintenant à cet épisode. La guerre a éclaté entre Abed et ses couvertures d’un côté, et Troy et ses oreillers de l’autre. Et quand je dis « guerre », je pèse mes mots, autant que Dan Harmon.
Le ton est donné dès le début, avec une introduction façon « documentaire historique ». Si l’on rentre dans le jeu dès l’intro, l’épisode sera un régal. Pour d’autres, ce sera plus délicat. Personnellement, j’ai instantanément adhéré. Et cette introduction, ponctuée par la phrase pesante de Shirley « You weren’t there » lorsqu’on lui dit qu’il ne s’agissait que d’une bataille d’oreillers, lance avec brio ce qui seront 22 minutes de maîtrise.
La ressemblance est frappante, n'est-ce pas ?
Ponctué d’interviews de tous les personnages, quelle que soit leur importance, porté par une voix-off prenante, le documentaire est bourré de détails tout aussi croustillants les uns que les autres. Et je dois avouer que lors du deuxième visionnage nécessaire pour cette critique, certains m’avaient échappé. Cet ensemble de petits détails, qui ne feront pas éclater de rire, m’ont néanmoins permis de conserver un sourire béat pendant 20 minutes. Voir Troy donner un « all tomato » à Abed, voir le doyen pleurer pour que Jeff vienne le sauver au milieu d’une émeute, la composition des équipes… et ce n’est que le début.
Tout est fait pour nous mettre dans une ambiance de guerre, jusqu’à la première bataille, ponctuée par le discours de Troy façon « Appel du 18 juin ». Les illustrations, par animation ou par les photos de Britta, hilarantes, apportent une clarté et un côté encore plus authentique à ce documentaire.
Je n’ai pas besoin de m’étaler plus longtemps sur l’ensemble des détails, il faut regarder l’épisode pour en profiter réellement, tant ils se bousculent. Sur la forme, c’est parfait.
Les happy end, c’est pas cool…
Le seul reproche que l’on puisse faire à cet épisode, c’est sa fin. Pourtant l’épisode ne faisait que monter en puissance (les textos d’Annie et Jeff, les Changlorious Bastards, l’arme ultime de Pierce, les clashs entre Troy et Abed donnant un réel enjeu à la guerre..), pour en arriver à la bataille finale, brillamment mise en scène.
Rien que pour Pierce en Bibendum, ça valait le détour...
Au beau milieu de cette bataille, l’intervention du doyen pour mettre fin à tout cela sonne comme le glas de cette guerre, mais également de l’épisode malheureusement. Derrière, on enchaîne un peu trop de mielleux à mon goût, pour rétablir l’amitié entre les deux belligérants. La touche de Jeff retournant chercher les casquettes était sympathique, tout comme la lecture de son pseudo-journal révélatrice de son égo. Mais c’est tout, et c’est trop peu pour un épisode qui avait tant su nous entraîner…
Le clin d’œil de fin à la situation critique de la série était par contre rafraîchissant et bien pensé, et je préfère rester sur cette image de l’épisode. Car oui, il faut sauver le soldat Community.
J’ai aimé :
- Le format documentaire
- Les photos de Britta
- L’infinité de détails comiques
J’ai moins aimé :
- La happy end téléphonée
Ma note : 16/20, malgré sa fin en demi-teinte, cet épisode reste très bien réalisé et très maîtrisé. On retrouve beaucoup d’ingrédients qu’on apprécie chez Community, et j’ai particulièrement apprécié la continuité avec les épisodes précédents. Community is back !