Critique : Covert Affairs 3.04

Le 02 août 2012 à 18:27  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode troublant particulièrement inattendu qui place Annie et Auggie dans des situations particulièrement troublantes.
Par sephja

Critique : Covert Affairs 3.04

~ 8 minutes de lecture
Un épisode troublant particulièrement inattendu qui place Annie et Auggie dans des situations particulièrement troublantes.
Par sephja

La grande désillusion 

 

Annie poursuit sa mission consistant à gagner la confiance de Simon, un homme d'affaires soupçonné par la CIA d'être le cerveau derrière plusieurs affaires frauduleuses. Après le vol d'un ensemble de puces secrètes dans les bureaux de RDI Industry, Annie Walker choisit de donner au FBI le nom d'un collaborateur proche de Fischer, Simon O'Leary, mettant en danger sa couverture. Pendant ce temps, Auggie finit de s'installer avec Parker, mais leur vie commune ne démarre pas du bon pied.

 

Résumé de la critique

Un épisode singulier et plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un épisode moyennement équilibré 
  •  la fin des illusions pour Auggie
  •  des auteurs qui prennent un très gros risque
  •  la fin d'une époque

 

 

Un épisode très étrange 

 

Après un début de saison plutôt plaisant, Covert Affairs se devait de faire avancer l'intrigue concernant Simon Fischer, commençant d'ailleurs l'épisode par une description de son séjour avec Annie à Paris. Une succession de cartes postales qui permet de construire la crédibilité des sentiments de Fischer pour elle, leur relation de couple occupant une place centrale durant l'épisode. En effet, la solidité du mensonge d'Annie va subir son premier test, pendant qu'Auggie qui revient avec Parker à Washington, posant les bases d'une histoire assez inattendue.

Prise par l'arrivée surprise de son amant à D.C., l'agent Walker doit improviser, surtout qu'elle s'est placée dans une situation délicate après avoir fournit à l'agent Rossabi du FBI le nom d'un des contacts de Fischer. L'homme d'affaires est alors pris au centre d'une enquête d'envergure mêlant plusieurs organisations gouvernementales, reposant essentiellement sur l'information qu'elle a donné. Une maladresse qu'elle va devoir réparer au mieux, se heurtant pour la première fois à une situation vraiment critique où sa couverture est mise en péril, tout comme sa crédibilité en tant qu'espionne.

Si l'intrigue de Piper Perabo est assez convaincante, celle d'Auggie, sans être mauvaise, ne va pas tenir la comparaison, mélodrame poussif à cause du manque d'épaisseur du personnage de Parker. Le métier de l'agent Anderson va être au centre de cette première dispute qui manque de contexte à cause d'un scénario déséquilibré qui laisse dans un premier temps l'impression de partir dans plein de directions en même temps. Le démarrage apparaît comme particulièrement confus, peinant à installer une intrigue qui va jouer à semer le trouble entre la vérité et le mensonge.

 

La peur de perdre le contrôle   

 

Pour Auggie, révéler la vérité sur son appartenance à la CIA a causé un malaise fort dans son couple, changeant le regard de Parker sur la nature de leurs relations. L'occasion pour les auteurs de souligner la mauvaise réputation de l'Agence aux Etats-Unis, le mythe du héros courageux qui se bat pour la patrie ayant laissé la place à une image plus trouble et beaucoup moins populaire. Malheureusement, leur relation n'est pas assez développée pour permettre d'apprécier pleinement les causes de leurs désaccords, laissant le sentiment d'un arc pas suffisamment exploité et un peu vite expédié. 

Ce manque de contenu apparaît comme regrettable tant le ton intimiste de l'épisode réussit bien à Covert Affairs, les personnages montrant une sensibilité convaincante grâce à de bons interprètes. Ainsi, la façon dont Christopher Gorham lutte pour conserver la jeune femme avec lui est assez touchant, tout comme l'agent Walker s'efforce de faire croire Simon de la sincérité de ses sentiments. La tonalité du récit est très juste et laisse apparaître une vraie différence qualitative par rapport à l'intrigue de Langley toujours aussi confuse et décevante. 

Problème récurrent de Covert Affairs, les histoires au sein de la CIA ont toujours manqué de richesse, en comparaison avec d'autres séries d'espionnages réalistes comme Spooks ou divertissantes comme Alias. Avec le duo Campbell et le meurtre de Jai, les auteurs disposaient d'une base de départ solide, mais vont pour autant s'emmêler les pinceaux, n'offrant toujours rien de bon à se mettre sous la dent. Ainsi, les scènes avec Joan ou Arthur paraissent plutôt bâclées, là où elles devraient fournir des informations pour comprendre l'enjeu d'une intrigue principale pourtant séduisante.

 

 

Globalement séduisant, mais le doute persiste

 

Si une scène laisse apparaître tout le potentiel inexploité de Covert Affairs, c'est clairement la séquence du labyrinthe à la fois ingénieuse et hitchcockienne où l'héroïne doit poursuivre sa cible dans une suite de couloirs de verdure. L'occasion de symboliser combien Annie est perdue pour l'instant dans une histoire où la limite entre vérité et mensonge lui échappe totalement, créant un trouble intéressant qui bénéficierait clairement d'une forme plus maîtrisée. Très ingénieuse, cette scène est la preuve que le show n'a pas délaissé sa passion pour les films d'espionnage du début du vingtième siècle, celui le héros se retrouvait seul pour déjouer les complots les plus obscures.

Si l'orientation choisie par les scénaristes est bien celle-ci, alors cet épisode aura su faire renaître mon enthousiasme du début de saison, avec Auggie qui se retrouve totalement brisé et Annie totalement impuissante. Malheureusement, le spectre de la saison deux est encore bien présent et le show a trop souvent déçu dans le passé, entraînant une seconde lecture plus cynique du déroulement de cet épisode. Cette débâcle devient alors un moyen pour que les auteurs jettent aux orties le début de saison et de réorientent une intrigue qui peinait jusqu'ici à se mettre en place en coupant Annie du moindre refuge possible.

Coupé de leurs racines, de leurs amis, les héros de Covert Affairs sont privés de tout repère, ouvrant une nouvelle page dans l'histoire du show en empêchant le moindre retour possible à la routine de la série. Les sentiments viennent alors troubler les idéaux, remettant en question leur fidélité au concept de patriotisme en montrant comment leur travail exige le plus cruel des sacrifices, celui de la vie privée. Une idée intéressante pour un épisode à la conclusion très ouverte, confirmant l'ambition d'une équipe créative qui parvient à nous surprendre pour mon plus grand plaisir.

 

Une page se tourne

 

Si Annie essaie encore de concilier les deux pans de son existence, le personnage d'Anne Dudek fait le choix du risque en privilégiant l'une des deux, quittant D.C. pour la côte Ouest pour renouer avec son mari. Un départ anodin en apparence, mais qui rejoint la thématique d'ensemble de l'épisode, à savoir la nécessité par instant de privilégier un pan de son existence. L'occasion pour Annie de tourner la page dans un épisode où elle perd beaucoup, l'obligeant à faire le choix de la nouvelle orientation qu'elle va donner à son existence.

En conclusion, un épisode mouvementé et intrigant qui relance l'histoire concernant Simon en plaçant Annie dans une situation très périlleuse. Une intrigue d'espionnage séduisante qui écrase les autres storylines, laissant le sentiment d'un récit qui ne parvient pas à équilibrer ses différentes orientations. Trop anecdotique, l'intrigue d'Auggie témoigne de la tournure sombre que prend cette quatrième saison, tout en laissant voir les faiblesses d'une enquête sur le meurtre de Jai qui n'avance toujours pas.

 

J'aime :

  •  la scène du labyrinthe
  •  le ton intimiste assez juste
  •  le final plutôt culotté

 

Je n'aime pas :

  •  le démarrage assez déstabilisant
  •  l'enquête sur le meurtre de Jai qui n'avance pas

 

Note : 13 / 20 

Un épisode déstabilisant qui prend un virage inattendu en plaçant l'agent Walker en difficulté par rapport à Simon, mais aussi à l'agent Rossabi. Un épisode sombre où apparait la nécessite pour ses héros de faire le choix entre leur  métier et une vie privée épanouie, installant le doute quant à leur degré de loyauté à l'Agence. 

L'auteur

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