Critique : Doctor Who (2005) 10.07

Le 02 juin 2017 à 00:05  |  ~ 8 minutes de lecture
Où comment les promesses du premier volet n’aboutissent qu’à du vent.

Critique : Doctor Who (2005) 10.07

~ 8 minutes de lecture
Où comment les promesses du premier volet n’aboutissent qu’à du vent.
Par nicknackpadiwak

Le deuxième épisode d’un triptyque est très souvent le meilleur épisode de la saga. Alors que le premier a la tâche ingrate d’imposer les bases de l’histoire et que le dernier a le devoir parfois laborieux de clore les intrigues, celui du milieu possède le loisir de se poser, prendre son temps, de développer les personnages ou d’agrandir son monde.

Mais Moffat et Harness, les scénaristes de The Pyramide at the End of the World, en ont décidé autrement et de ce fait, nous ont fait une vilaine farce.

 

 

C’est qui les patrons ?

 

Le principal souci de l’épisode est qu’il ne respecte pas cette loi universelle du triptyque et laisse totalement tomber la majeure partie des éléments du premier volet. En effet, du premier acte ne subsistent que les Moines ; tout le reste est parti à la trappe. Exit donc le Pape, le Veritas, l’histoire de la simulation virtuelle. Bye-bye Missy qui n’apparaît pas une seule seconde, alors que la fin d’Extremis promettait une alliance entre elle et le Docteur pour contrer la menace.

 

Le Docteur en mode aveugle mais tranquille passant la barrière de sécurité de l'ONU.

 

Dans ce nouvel épisode, il y est question de vaisseau spatial en forme de pyramide, de virus mortel, tandis que les Moines se proposent d’aider l’Humanité à ne pas s’auto-détruire contre une servitude éternelle.

On continue dans les travers des scénarios Moffatiens, à savoir l’overdose d’idées à peine exploitées, à l’image de ces pyramides vieilles de 5000 ans qui apparaissent soudainement sur le sol terrien. Cela aurait pu être pas mal, mais au final, ça ne servira à rien, juste un décorum pour lancer l’épisode. Pareil pour le Doomday Clock, soit l’horloge conceptuelle créée en 1947 qui calcule le temps qui reste à l’Humanité avant la fin du Monde fixée à minuit. (Pour l’anecdote, cette horloge a été avancée à minuit moins deux minutes et demie depuis l’investiture de Donald Trump). L’idée est vraiment sympa, mais pas vraiment poussée. En fait, on a le sentiment que Moffat, avant chaque scénario, chipe des idées en regardant les reportages sur les OVNI diffusés sur le câble ou en lisant des magazines dans la salle d’attente de son docteur, mais sans jamais faire l’effort de les approfondir, privilégiant la quantité à la qualité.

 

 

La liste de la mort

 

Comme il est vraiment difficile de trouver quelque chose de valable dans cet épisode, je vais lister les autres problèmes :

1- Le rythme est très lénifiant. Entre les allers-retours à la pyramide et les discussions autour d’une table avec tous les représentants de la Terre, l’épisode ne décolle jamais et semble s’étirer au-delà du raisonnable.

2- Doctor Who est à la base une série pour les enfants, on est d’accord. Mais lorsque celle-ci est acculée dans une impasse scénaristique, elle a parfois le mauvais réflexe de sombrer dans une naïveté gênante et niaise. Ici, toutes les nations (enfin trois à quatre représentants, car il faut y aller mollo sur le budget casting) décident de s’allier contre les Moines et de mettre fin à leurs conflits en une poignée de mains. Tellement utopique. De même, les Moines acceptent le consentement des humains à leur domination, mais seulement si cela est motivé, non pas par la peur ou par la stratégie mais par... l’Amour. Cette incursion de Céline Dion dans l’écriture du scénario est assez inattendue.

3- Au stade où on est, cela ne changera plus. Moffat ne sait pas écrire des personnages, ce ne sont que des moteurs ou rouages de l’intrigue. On atteint ici son chef-d’œuvre de je-m’en-foutisme avec la scientifique, dont il faut attendre les dernières scènes pour que le Docteur lui demande... son prénom, tout simplement.

 

La scientifique qu'on s'en fout et son collègue qu'on s'en fout.

 

4- Notre Nardoudou n’est pas très en forme. Il est même très en retrait. J’ai peur qu’il ne couve quelque chose. Et Bill est toujours sympa, mais on est en droit de se demander à quoi elle sert.

5- Un SUPER Docteur, tellement trop balèze que ça mérite un paragraphe.

 

 

Doctor Uber Alles

 

C’est vraiment un Docteur super puissant qui apparaît dans cet épisode. Déjà, il est promu Président de la Terre. Oui, carrément. Alors, comme je ne suis pas une bible en matière de Doctor Who, peut-être a-t-il déjà été désigné ainsi par le passé, mais ce titre ronflant et unanime m’a vraiment surpris. Il semble de plus avoir de nouveaux pouvoirs magiques, car il arrive à mettre en ligne et en format PDF tous les documents ultrasecrets rien qu’avec un simple toucher des écrans d’ordinateur. Tranquillou.

L’arc sur sa perte de vue trouve son dénouement ici. Et avouons-le, quelle perte de temps que fut cette idée non exploitée. Cela fait trois épisodes que le Docteur est aveugle, mais dans l’ensemble, cela ne change pas grand-chose à ses actions, il peut courir sans se prendre des murs, voire fabriquer des bombes. Alors certes, il a des lunettes qui lui donnent une vision 3D, mais tout de même. Par contre, quand le scénario le décide, il devient incapable d’agir seul et doit demander de l’aide à Nardole. Mais jamais à Bill, car pour un prétexte des plus débiles (« lui avouer serait me l’avouer à moi, bla-bla-bla »), il lui cache son handicap. Et cela donne un fil rouge pénible où plusieurs fois dans l’épisode, le Docteur est à deux doigts de tout révéler à sa compagne ; mais il est toujours interrompu par quelque chose, procédé hyper-méga-lourd.

 

Les Moines, monstres moches.

 

Tout cela pour nous amener de manière forcée, avec zéro finesse d’écriture, à la scène de dénouement où, alors que le virus est en voie d’être neutralisé et que les Moines sont renvoyés à leurs bacs à sable, la cécité du Docteur, qui jusque-là n’avait jamais été un énorme problème, va lui causer la mort. En effet, enfermé dans une pièce qui va exploser, il ne peut pas ouvrir une porte fermée par une combinaison de chiffres à replacer dans le bon ordre. C’est pas de bol. D’autant que comme par hasard, Nardole est tombé évanoui et ne peut le secourir. Le Docteur n’a pas le choix et avoue tout à Bill, qui prend la décision d’offrir la Terre entière (!!) aux Moines, pour que ceux-ci redonnent la vue au Docteur (par magie sans doute) et lui permettent de s’en sortir. Le Docteur retrouve donc ses sens et le troisième volet est lancé : il faut reprendre la planète des griffes des monstres.

Mais si on prend du recul, faire perdre la vue au Docteur n’aura servi à rien du tout, ce n’était juste qu’un procédé grossier pour faire avancer l’action sur deux à trois épisodes. Encore une idée originale qui aurait pu créer une vraie nouveauté dans la saga de Doctor Who, mais Moffat, fidèle à lui-même, n’en fait rien et gâche la cartouche.

 

Un épisode assez catastrophique, auquel il est difficile de trouver des choses à sauver. Un Docteur hyper-puissant, des tas d’idées jetées en l’air pour du vent et la fin d’un arc (le Docteur aveugle) qui au final n’aura servi à rien et n’aura été exploité que lorsque le scénario le nécessitait.

Bref, un épisode inutile et frustrant.

 

J’ai aimé :


  • …….

 

Je n’ai pas aimé :


  • Tout ce bruit une nouvelle fois pour rien.
  • Ils n'ont rien compris au fonctionnement d’un triptyque.

 

Ma note : 7/20.

 

 

Le Coin du Nardole

 

C'est aujourd'hui jour de deuil. Notre grand prophète, annonciateur d'on ne sait encore quoi, est... mort.

Oui, vous avez bien lu. L'impossible est survenu. Le robot-cyborg a succombé au virus-plus-dangereux-tu-meurs. Alors, comment un robot peut mourir d'une telle façon ? De nombreuses questions restent encore en suspens. Nardole est-il vraiment ce qu'il prétendait être ? Est-il un simple mortel ? Est-il un Time Lord qui va se régénérer au prochain épisode ?

La communauté des Nardolos attend des réponses et porte le deuil, faute de mieux.

L'auteur

Commentaires

Avatar Gizmo
Gizmo
Tellement de vérités dans cette critique... C'est vif, concis, souvent drôle (Moffat qui feuillette des magazines et note ses idées, tellement) et pertinent. Seul petit bémol : Le titre de President of the Earth n'est pas nouveau, le Doc a déjà assumé ce rôle dans le final de la saison 8 et dans le double-épisode sur les Zygons en saison 9.

Avatar Koss
Koss
Le vrai problème de cette critique, c'est le suivant : tu vas les chercher où tes sept points ?

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
@ Gizmo. Oui, mais je pensais que depuis, c'était Trump le président de la Terre. (En fait, c'est caractéristique de ma façon dont je regarde DW : je mate, j’apprécie ou pas, j'oublie tout). @ Koss. Dans ton c....au fond à droite (attention à la marche).

Avatar dewey
dewey
Mon devant mon armée d'haters qui s'agrandit : https://media.giphy.com/media/8fen5LSZcHQ5O/giphy.gif

Avatar Koss
Koss
Dewey qui essaye de s'approprier la hate, alors que plein de personnes ici ont dit du mal de DW bien avant lui ;)

Avatar dewey
dewey
Bien sûr, mais ces gens là n'ont pas eu le courage d'accepter la lourde tâche de devenir l'égérie officielle des Anti-Moffat sur le site. Ou du moins on ne les y a pas forcés ... Cela dit, je reconnais volontiers que tu as été le pionnier du mouvement qui a su détecter bien avant moi le juste moment de la décadence de Moffat ... <3

Avatar ClaraOswald
ClaraOswald
"Cela dit, je reconnais volontiers que tu as été le pionnier du mouvement qui a su détecter bien avant moi le juste moment de la décadence de Moffat ... <3" Il me semble que Koss avait bien aimé Husbands (Qui est le moment de la décadence)

Avatar Koss
Koss
Yep, mais j'étais le seul à critiquer les saisons 7 et 8.

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