Critique : Doctor Who (2005) 8.03

Le 09 septembre 2014 à 21:20  |  ~ 30 minutes de lecture
Mark Gatiss aime Doctor Who. Mark Gatiss aime Robin des Bois. Alors un jour il s'est dit : pourquoi pas faire les deux ensemble ?
Par Galax

Critique : Doctor Who (2005) 8.03

~ 30 minutes de lecture
Mark Gatiss aime Doctor Who. Mark Gatiss aime Robin des Bois. Alors un jour il s'est dit : pourquoi pas faire les deux ensemble ?
Par Galax

S'annonçant comme l'épisode léger, inoffensif et fun de la saison, Robot of Sherwood se 'devait' de répondre à la question : Mark Gatiss s'était-il vraiment amélioré en saison 7 ou est-ce que c'était juste un coup de bol ? Inutile de faire durer le suspens plus longtemps : je n'ai pas adoré cet épisode. Ô surprise ! Mais ça aurait pu être bien pire. Une chose est sûre, Gatiss ne sait toujours pas écrire des histoires de plus de 20 minutes.

 

 

Robot of Sherwood

 

~~~

 

Earth. England. Sherwood Forest. 1190 AD. But you'll only be disappointed. 

 

 

Et on ne nous mentait pas. On ne pouvait qu'être déçu du voyage. Si vous étiez assez fou pour vous attendre à un scénario complexe et intelligent, c'est ce qu'il s'est passé. Toutes les questions passent par votre esprit ! Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Et alors on se fend la poire devant ou pas ? Les réponses maintenant ! 

 

 

Quoi penser de ce titre :

 

 

Commençons par le commencement : le titre. En fait dès le début on savait à quoi s'attendre et c'est bien ça le problème. Il sonne comme l'ère classique. De ce fait :


  1. Il n'est pas du tout original et est carrément mensonger vu qu'il y a plusieurs robots et aucun qui ne se détache.
  2. Ce n'est pas parce qu'on donne un titre aux airs classiques à un épisode que ce dernier arrivera à faire une ambiance rétro réussie.
  3. Quand un titre te spoil l'unique twist de l'épisode, ça la fout mal.

 

Eh ouais.

 

 

Comment s'est déroulée la création de l'épisode :

 

 

Big Moff : « Tu vas me faire du DW avec Robin dans Sherwood. »

Pépé Mark : «Hein ? Robot de Sherwood ? »

Big Moff : « Non, ROBIN, Robin des Bois, j'aimerais que ... »

Pépé Mark : « Trop cool je ferais un château virtuel avec un vaisseau spatial, des robots qui tirent des lasers de leur tête ... »

Big Moff : « Non putain, non arrête, j'aurais pas le temps de co-écrire celui-là, s'il te plait, concentre-toi sur des bonnes idées ... »

Pépé Mark : « Et je pourrais ajouter les nains, les opprimés, Marianne, le shérif, un duel de cuillières, un tir à l'arc truqué, des flèches d'or magiques qui activent des vaisseaux et ensuite... »

Big Moff : « Putain ça y est il est parti ... Bon, allez fais ce que tu veux, moi j'ai deux saisons à préparer ... »

 

 

 

Pourquoi Dinosaurs on a Spaceship, c'est mieux :

 

 

Oui, vous avez bien entendu. Le titre et la stupidité de l'épisode c'est bien mais finalement, avec trois arguments infaillibles en poche, je me suis dit que le meilleur moyen pour montrer rapidement comment le script de Robot of Sherwood est une douce bouse, c'est de le comparer à Dinosaurs on a Spaceship, le deuxième épisode de la saison 7. Les deux épisodes sont comparables de par leur pitch et leur légèreté à chacun. Dinosaurs est un épisode qu'on voit souvent sur les listes des « pires épisodes » (tout comme son scénariste Chris Chibnall). On s'aperçoit vite que, sans être l'aventure du siècle, l'épisode des dinosaures de Chibnall...

 

 

… maîtrisait cent fois plus ses personnages. Si vous aussi vous adorez les blondins en pantalon moulant et chapeau pointu, tout de vert vêtu et qui tirent à l'arc comme des dieux (non on est pas dans Zelda), vous trouverez bien sûr l'épisode et ses protagonistes trop $wàG de Poule ! Pas moi. Robin des Bois n'est malheureusement pas développé et on se contente de lui faire jouer un héros dans des scènes potaches. L'épisode fait semblant de lui donner un peu de profondeur avec son histoire avec Marianne mais ce grand-coeur-blessé n'est que de la poudre aux yeux : aucune personnalité ne lui est attribuée, c'est tout. Heureusement Tom Riley fait un très bon guest et le choix de cet acteur est très pertinent.

 

 

 

Robot of Sherwood 2

 

 

Le Shériff de Nottingham est, encore une fois, charismatique grâce à l'acteur (faisant penser au Maître par moment) mais en fin de compte le personnage est extrêmement basique. C'est la figure type du grand-méchant dans son château qui balance tout son plan au Docteur dès que celui-ci en découvre une infime partie. Ca vaut également pour les figurants: les Merry-Men sont des plantes vertes.

 

Le summum, c'est Marianne. Marianne est juste ici pour faire de la figuration « car on se doit de la mettre dans un épisode de Robin des Bois ». Son traitement dans le scénario est une honte. Naaan sérieux, la seule fille de l'épisode autre que Clara, qui n'a pas de nom et qui sert le méchant, est en fait l'amoureuse de Robin qui avait mystérieusement disparue ? Et seul le Docteur l'a capté ? DAT TWIST PUTAIN. A noter aussi le fait qu'elle a fait son K-9 numéro deux : le Docteur l'a placée derrière son TARDIS et lui a dit « tu permets que ton chéri, que tu n'as pas revu depuis plusieurs mois, flirte une dernière fois avec ma jeune et belle compagne tandis que tu attends que la boîte bleue disparaisse pour faire ton entrée ? » Elle a eu le temps de prendre racine en fait. Une plante verte, je ne vous mentais pas. C'est du génie cette scène, du génie.

 

A côté Dinosaurs était bien plus réussi avec Papa Pond, Rory qui avait son indépendance ou le méchant Solomon à la fois original et réaliste. Enfin il est je pense inutile de comparer Marianne à la Reine Néfertiti. Un seul des deux épisodes passe le Bechdel Test si ça vous intéresse, je vous laisse deviner lequel.

 

 

… était bien plus ingénieux dans son déroulement. Quand on a un pitch et des idées aussi brillantes, comme Into the Dalek, on peut se permettre de faire un scénario peu surprenant dans sa trame. Robot of Sherwood ne peut pas. Là encore on peut résumer l'épisode en trois lignes à tout casser : Clara veut voir Robin des Bois, le Docteur se rend dans la Forêt de Sherwood sans trop y croire mais ils rencontrent le vrai Robin. Ils découvrent que les chevaliers sont des robots dirigés par le Shérif qui voulait faire repartir leur vaisseau avec de l'or. Le Docteur, Robin et Clara défont le Sheriff et sauve la Terre. Fin.

 

Et n'allez pas l'excuser car c'est un épisode historique au pitch assez con. Dans Dinosaurs, à partir de l'idée la plus conne du monde « des dinosaures dans l'espace », Chris Chibnall a transformé ça en reprenant habilement des idées classiques dans la série/de science-fiction à la sauce Who. Il a donc imaginé une arche créée par les siluriens qui voulaient développer un écosystème pour que les dinosaures soient protégés, mais l'arche a été abordée par un vaisseau pirate, un vaisseau qui se retrouve maintenant coincé à bord tandis que l'arche fait demi-tour. Dans Robot, à partir d'un pitch « des robots dans Sherwood », Mark Gatiss a imaginé le crash d'un vaisseau spatial dans la forêt qui a créé un décor virtuel en attendant de repartir. Voilà. On peut détester l'épisode des dinosaures, mais à Sherwood, AUCUN effort n'est fait pour expliquer l'origine du vaisseau, du méchant, leurs réelles motivations, l'intégration des robots, comment ils ont plein d'infos sur Robin des Bois ... C'est juste posé « comme ça », sans background, à la limite de la cohérence. C'est l'excuse la plus basique que n'importe qui peut pondre quand on veut expliquer la présence d'aliens avec Robin des Bois. Le twist sur les robots c'était bien nul et tout le monde l'avait capté (au cas où vous l'auriez pas compris, c'est le titre). C'était soit ça soit un parc d'attraction en fait. C'est exactement la même chose qu'a fait The God Complex ou Deep Breath (avec ce dernier c'est d'autant plus flagrant qu'il y a la thématique du vaisseau crashé qui veut se réparer ... Et surtout c'était il n'y a pas deux épisodes, quoi !!). Sauf que ces derniers avaient de très bonnes idées derrière pour rattraper l'affaire. Pas Robot. Inutile de mentionner la flèche d'or (Silver Nemesis), les monstres qui construisent des circuits (The Fires of Pompeii), un vaisseau écrasé en Angleterre au Moyen-Âge qui utilise un habitant pour repartir (The Time Warrior, The Androids of Tara) et bien d'autres éléments que Robot repompe à d'anciens épisodes.

 

 

Robot of Sherwood 3

 

 

… était bien mieux intégré dans le récit de la saison. Robot of Sherwood est juste super mal placé dans cette saison, une saison qui est plutôt noire et sérieuse. Et c'est indéfendable. « Doctor Who est un show familial, il en faut pour tous les goûts et Robin des Bois c'est plus destiné aux jeunes ». Mais cela n'a rien à voir avec le cadre, Robin des Bois et une ambiance sérieuse, c'est compatible. Chibnall avait plutôt réussi dans son épisode, en parvenant à dépasser le pitch des dinosaures avec quelques scènes beaucoup plus profondes ou puissantes (il avait essayé du moins). Même Gatiss pouvait faire un truc plus correctement intégré, la preuve avec Victory of the Daleks. Cet épisode était à la fois sombre et novateur pour Eleven tout en décrédibilisant à vie les Daleks avec leur nouvelle collection printemps festif (eh oui, les deux en même temps c'est possible ... 'tain, c'était du génie, cet épisode !). Rien de tout ça avec dans Robot, que ce soit avec le Shériff de Nottingham, avec l'environnnement de Sherwood ou même dans la relation Clara/Docteur. Inutile de dire également que c'est un chagement radical par rapport aux deux premiers épisodes de la saison questions enjeux et ambiance. Bref Robot donne l'impression de faire du surplace, ne nous octroyant qu'une petite référence au « promised land » (trop génial). Ce raccord au fil rouge peine à excuser le fait que le scénario est un copié/collé d'un scénario ... qui était déjà un copié/collé !!! Qu'il est fort ce Gatiss. Et non, ce n'est pas du tout une bonne chose dans une saison de 12 épisodes. Il y a bien UNE chose concernant le Docteur qui est assez maligne, mais ça ne concerne même pas l'arc du « Good Man ». On y reviendra ensuite.

 

Voilà pourquoi Dinosaurs on a Spaceship c'est mieux. Ce n'est pas parce qu'un épisode a un objectif léger et fun qu'il doit forcément être con et mal écrit avec très peu de choses profondes à se mettre sous la dent (il est possible que vous pensiez la même chose de Dinosaurs après, ça vous regarde). En tout cas je pense qu'il suffit juste de regarder cet épisode et d'avoir un minimum d'objectivité pour se rendre compte qu'il est totalement superficiel et qu'en creusant il n'y a rien à trouver. Maintenant il n'y avait aucune surprise, l'écriture de Gatiss est ainsi faite et met plus en avant le divertissement. Alors abordons maintenant ce qui nous intéresse le plus et ce sur quoi on espérait être surpris : Robin et le Docteur, c'était FUN OU PAS BORDEL DE P'TITE CUILLERE ?!

 

 

 

« There's no point in being grown-up if you can't be childish sometimes. »

 


 

Et la réponse est oui. Oui, c'était vraiment fun malgré tout ce qu'on pourra dire. Oui car cet épisode et son scénariste ne mentaient pas sur un point : cet épisode sonnait comme une aventure sympathique et sans prise de tête pour nous faire oublier les tracas de la saison. La citation ci-dessus (du Quatrième Docteur) est finalement bien démonstrative : ce n'est pas parce que Capaldi est un Docteur plus sombre qu'on ne peut pas s'amuser et vivre l'aventure-of-ze-week comme au bon vieux temps. D'ailleurs c'est d'abord grâce à lui qu'on s'amuse.

 

 

Robot of Sherwood 4

 

 

Ici, Twelve était bon. Très bon. Capaldi nous sert sa grumpy face plusieurs fois ainsi qu'une réplique humoristique drôle mais extrêmement morbide à Alan-a-Dale(k). L'humour cynique n'a pas disparu même s'il se fait plus discret. De plus, Twelve réagit étrangement au baiser d'une fille qu'il vient de sauver. Ces petits détails sont nombreux mais alimentent la personnalité du Docteur. Alors oui il agit un petit peu comme Matt Smith ou comme Jon Pertwee par moments (au début notamment). Mais on ne peut pas dire que c'était un personnage totalement « out-of-character » dans cet épisode, qui ne correspondait pas du tout à sa personnalité. En fait il était encore une fois la principale force de l'épisode. Son sceptisime au début est ici pour nous rappeler qu'il s'agit bien de notre bon vieux Docteur. Et à côté il assure le côté fun sans problème avec son délire de cuillère, après les bananes et le noeud pap', c'est le nouvel ustensil du quotidien que tout Whovian associera au Docteur !

 

Clara s'en sort également très bien. Jenna Coleman continue son petit bonhomme de chemin. On avait appris dans Deep Breath grâce à la lorgnette de Strax que Clara avait rencontré de nombreux beaux jeunes hommes et avait fait beaucoup de ''sport''. Elle découvre son héros d'enfance. Ah, et elle faisait du Taekwondo ! Robot of Sherwood nous permet de découvrir une Clara encore plus décomplexée et naturelle. A l'image de la scène d'introduction : Clara a bien grandi depuis la petite fille de Akhaten qui ne savait pas où elle voulait aller. C'est un pur plaisir de l'accompagner et de vivre l'aventure par ses yeux, et d'observer son rapport avec Twelve.

 

 

Clara - Still not keen on the laughing thing, eh ?

The Doctor - No.

 

 

Enfin, cela ne retire rien à son talent mais Jenna Coleman porte les costumes d'époque comme personne et sa magnifique robe rouge est également un apport très agréable à l'oeil, même si vous n'êtes pas fan du personnage (comme Koss par exemple). Quant à toutes celles et ceux qui préfèrent la vue de beaux chevaliers blonds avec un doigté incroyable (comme Koss également), ne vous inquiétez pas, Tom Riley a quité le Da Vinci's Code pour prendre un petit pantalon médiéval et le chapeau à plume de Robin des Bois. Les costumes, au même titre que les décors, sont véritablement travaillés. Le moyen-âge c'est plutôt rare dans la série mais la reconstitution est complète et m'a rappelé en quelques points The Mask of Mandragora pour ne citer que lui. Les duels à l'épée n'étaient pas mal filmés, les effets visuels fonctionnent bien, surtout les éléments de comédie. Paul Murphy livre ici une belle production, peut-être pas à couper le souffle mais néanmoins légitime, surtout après Ben Weathley !

 

 

 

« Can Impossible Heroes Really Exist ? »


 

 

La question d'un héros impossible. Ca concerne directement Twelve et son développement et c'est donc la meilleure chose de l'épisode. Car je l'admets : on a bien clashé le scénario, on a bien vanté Capaldi et Coleman, mais la chose qui détermine la qualité d'un épisode de Gatiss c'est le second degré. L'épisode est-il un nanard complètement pourri ou un nanard assumé ? Tout repose là-dessus ! Et le début est - comme souvent - encourageant. Capaldi apporte en effet un second degré directement aux téléspectateurs, à nous, qui doutions donc du cadre et de la réalité autant que le Docteur. Il fait le contraste avec Clara qui elle, n'a qu'à jouer un rôle de fangirl devant son héros d'enfance et l'autre partie du public, celle qui croit à donf de ouf à Robin des Bois, de s'identifier. Les deux (ou plutôt les trois, avec Robin des Bois, ses rires et ses clins d'oeil) apportent à la fois du fun et du second degré, c'était très bien, c'est pour ça que The Crimson Horror est l'une des réussites de Gatiss.


Bien que le second degré disparaisse petit à petit, on retrouvera le parallèle des deux héros à la fin. C'est un peu LE truc qu'il ne fallait pas manquer de faire. Bon, c'est pas super subtil, ça n'a rien de nouveau dans la série (si l'on inclus les classics) mais c'est déjà là et assez intelligent. J'avoue ne pas avoir été convaincu lors de l'annonce de la canonisation de Robin des Bois mais le dialogue de fin m'a rappelé que je regarde un extra-terrestre millénaire dans une boîte bleue et ça m'a ouvert les yeux. L'arc principal développé dans cette saison, à savoir le Docteur lui-même, est décidément très bien fait et on sort, avec cet épisode, de la simple question du « Good Man ». Dès lors, peut-être que le but était de nous montrer que Twelve est capable de délirer un peu et de vivre des aventures décontractées. Sans doute.

 

Clara – When did you stop believing in everything ?

Capaldi – When did you start believing in impossibles heroes ?

Clara – Don't you know ?

 

Mais tout n'est pas rose même avec ça. Le seul souci, c'est que la question d'un héros impossible n'a en fait rien à voir avec ce Docteur, ce qui fait que Robot of Sherwood aurait pu être intégré absolument dans n'importe quelle saison de n'importe quel Docteur. On ne retrouve quasiment pas les frictions entre Clara et le Docteur, ni la morale du Docteur... rien de ce qui était présent jusque là dans la saison. C'était donc un rapprochement intéressant (et un gros point positif dans l'épisode), mais très limité, ça n'ira pas plus loin que les 45 minutes vues ici, sachant en plus que le Docteur n'a pas eu un rôle central.

 


 

« At last, something real. No more fairy tales. »

 


 

Mais alors, quand est-ce que ça a cloché ? Si l'épisode a un scénario et des figurants faiblards mais un excellent duo, du fun et du second degré, tout va bien non ? Tout serait bien allé si le second degré ne disparaissait pas totalement à un certain stade. On en vient à s'ennuyer terriblement et on a donc l'impression, une fois le générique de fin achevé, que l'épisode n'avait en fait jamais décollé. C'est le « modèle Gatiss ». Qu'est-ce que le modèle Gatiss ? C'est simple : prenez 20 minutes de fun, de préparation à l'intrigue, de scènes cultes et d'humour bête assumé, prenez une scène charnière au milieu de l'épisode, puis 20 autres minutes de grand n'importe quoi et d'incohérences. Voilà, vous avez construit votre épisode sur le modèle Gatiss. Application : ici l'arrivée à Sherwood et le tournoi c'était très fun. La scène de la clé est excellente et plein de bonnes idées.

 

 

Robot of Sherwood 5

 

 

Et puis on commence à décrocher un peu, à sentir l'arnaque venir quand le Doc et Robin s'échappent miraculeusement, à se dire « Ah mais là c'est vraiment le cœur du scénario en fait ...», et quand le Docteur arrive dans le vaisseau et prononce la phrase « At last. Something real. No more fairy tales ». Outre être une petite auto-dérision par rapport au changement d'ère, c'est surtout le moment clair où les personnages commencent à devenir sérieux. S'en suivent une altercation énervante entre les deux, un conflit plus ridicule qu'autre chose alors que l'instant est censé être intimidant. Mais ça foire complètement. Le jeu d'acteur de Riley, la caméra qui les filme de plein pied immobiles en train de se crier dessus, ce qu'ils se racontent, RIEN ne colle. Et ensuite ça devient ridicule, on enchaîne les ficelles scénaristiques et les incohérences.

 

Et c'est ce qui se passe pour TOUS les épisodes de Gatiss à l'exception de The Crimson Horror. The Unquiet Dead et Cold War arrivaient à masquer ce déséquilibre par une fin qui tenait la route. Ici rien de tout ça. Car la dernière marque totalement nanardesque qui nous rappelle bien que c'est Gatiss qui est aux commandes, c'est la résolution. « Je tire la flèche d'or magique malgré mon bras en miette et elle touche pile le vaisseau pour le booster suffisamment afin qu'il explose dans l'atmosphère et qu'il ne tue personne ! »

 

C'est déjà suffisamment tordu sur l'idée, il faut en plus que ce soit réellement souligné et surjoué. Pourquoi ?! La scène du concours de tir à l'arc entre Robin et Capaldi est une parodie excellente du mythe Robin des Bois et elle est justement si peu prise au sérieuse par le Docteur et par la mise en scène qu'on en rigole avec eux ! Pourquoi quelques minutes plus tard Gatiss tente de nous faire sentir un danger de mort où seule la flèche miracle peut sauver l'histoire ? Poursuis ton délire jusqu'au bout quoi et fait une fin où le méchant trébuche et appuie sur le bouton d'auto-explosion tout seul et s'explose la tronche lui même ! Ca fera du slapstick humour qui ne plaira pas à tout le monde, certes, mais au moins ça sera assumé pleinement et beaucoup adoreront ! SURTOUT si tu as commencé l'épisode comme ça. Ce n'est pas pour rien que The Crimson Horror est ta meilleure production et ton épisode le plus apprécié, c'est aussi parce qu'au final la méchante machiavélique est juste une timbrée manipulée par une sangsue rouge qui construit des fusées pour empoisonner la planète et que les personnages le savent bien...

 

 

Robot of Sherwood 6

 

 

Ce n'est pas tout, car en plus d'être vide scénaristiquement, l'épisode nous prend pour des imbéciles. Par exemple avec le faux-suspens sur l'identité de Robin des Bois qui est aussi nullissime, un très bon « effet Gatiss » (oui, Gatiss prend cher dans cette critique, vous vous attendiez à quoi ?). Qu'est-ce qu'un effet Gatiss ? C'est très simple : on nous laisse croire que Robin, personnage attachant, est un traître/robot jouant un rôle depuis le début, quand il fait une tête menaçante à Clara. Le Docteur a la même réflexion et la pense en danger. En fait quelques scènes plus tard, il revient tout sourire on-ne-sait-comment et sauve la situation en étant décidément le héros du jour avec sa demoiselle en détresse. Pas un robot, pas un traîre ni rien. En fait il a pris un air mystérieux et dramatique juste pour faire peur à Clara, juste pour le fun ... Le tout est bien sûr souligné par le titre (l'original devait s'appeller « Robots of Sherwood », le singulier indiquerait ici que le robot est bien Robin, de Sherwood (DAT JEU DE MOT !).

 

Mais c'est pas comme ça qu'il faut faire ! Pour créer un effet sur le téléspectateur, il ne faut rien laisser paraître et balancer son énorme révélation derrière. Gatiss fait tout l'inverse et nous déçoit. Demande des conseils à Moffat mec ! Toi tu nous fais miroiter l'impossible alors que dès le titre on avait prédit ce qui allait se passer ! En littérature on peut appeler ça un effet de déception et ça donne du style. Dans Doctor Who c'est un effet Gatiss et ça donne de la merde.

 

C'était donc ça le vrai problème de l'épisode. On a beau le prendre au 36ème degré. Les acteurs ont beau apporter tout le second degré qu'ils peuvent. Si ça a été fait de manière sérieuse, ça va planter. C'est vraiment dommage de voir qu'un épisode au délire assumé jusqu'au bout et bien pensé comme The Crimson Horror, ça peut faire toute la différence par rapport à un épisode qui est mal fait et qui s'en amuse mais qui bascule et plaira finalement, au mieux, à tout ceux qui aiment fermer les yeux sur un scénario nulissime et à tous les fans de Teen Wolf. Pas plus. Une opportunité de plus de manquée, Gatiss.

 

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Le Coin du Fan :

 

 

On ne pourra pas retirer une chose à Mark Gatiss : c'est un fan absolu qui adore la série classique et qui adore faire des références. Evidemment l'épisode regorge majoritairement de références culturelles notamment à l'univers de Robin des Bois mais quelques clins d'oeil sympathiques à l'univers Whovian :

 

  •  Le Docteur se demande si tout le décor et eux-mêmes ne se situeraient pas dans un microscope. C'est une référence directe au scénario de l'épisode Carnival of the Monsters ! C'est sur le papier une idée brillante ... (et mieux que ce qu'on a eu, en fait).

 

  •  Lorsque le Docteur consulte les archives de Robin des Bois sur le vaisseau, on voit plusieurs représentations de la légende, sous forme d'image, de romans et d'extraits de série TV : on y voit en effet une image de la première mise en scène de Robin des Bois à la télé, un Robin joué par ... Patrick Troughton, le Second Docteur !

 

Coin du Fan Two

 

 

 

  •  Info du jour : comme dans Into the Dalek, une scène a été coupée, mais cette fois en raison d'attentats. Robin devait en effet couper la tête du Shérif lors de leur combat final, révélant qu'il est également en partie un robot ... Une autre tête lui repousse, ce qui explique que la différence ne se voit pas, en revanche lors de la dernière phase du duel, sur le pont, il parle d'un nouveau genre, un être à moitié humain, à moitié machine, ce qui est effectivement un peu incohérent quand on a pas connaissance de la fin. Finalement, heureusement que cette scène a été coupée, le scénario aurait été encore plus catastrophique et incohérent si le Shérif était en réalité un robot. Quelle était son excuse ? Ah oui : "The ship crashed ... on me !!" On a évité le pire.

 

 

~~~


 

Ce n'est peut-être pas aussi mauvais que la télé qui aspire les gensles poupées tueuses ou les Daleks power-rangers. Non, ne vous y trompez pas, j'ai malgré tout pris du plaisir devant cet épisode. Il fait son rôle et nous divertit. Mais c'est dommage que Gatiss ait encore livré un épisode moyen et carrément vide dans le fond, qui n'égale pas ses récents scripts en saison 7. L'épisode avait la bonne recette pour nous entraîner dans un délire partagé, porté par un duo charismatique, mais il cherche trop à impressionner et devant les incohérences on en vient juste naturellement, par lassitude, à remarquer de manière flagrante les incohérences et à quel point le scénario ne décolle jamais. Il a trop manqué la touche d'auto-dérision pour apprécier pleinement les aventures dans la forêt de Sherwood.

 

 

J'ai aimé :

 

  •  Le parallèle entre Robin des Bois et le Docteur (LE gros plus de l'épisode)
  •  Twelve dévoile un nouvel aspect de sa personnalité tout en restant ce vieux grincheux attachant.
  •  Clara Deschamps, belle au naturelle !
  •  Le second degré présent au début qui nous permet vraiment de nous embarquer.
  •  La reconstitution et l'ambiance visuelle sont réussies.
  •  Tom Riley et Ben Miller font de très bons guests.
  •  Les dialogues étaient parfois très inspirés (« Can you explain your plan without using the words 'Sonic Screwdriver' ? »)
  •  Malgré tout, du fun à l'état brut : il y avait quand même Robin Fuck*ng Hood !!! Ce simple élément suffira à l'épisode de trouver son public et tant mieux pour lui après tout !

 

 

Je n'ai pas aimé :

 

  •  Par dessus tout : l'épisode n'arrive pas à conserver son second degré et se prend trop au sérieux sur la fin avec un dernier acte épouvantable, l'inverse total de The Crimson Horror.
  •  Le scénario, on a rarement eu plus bancal.
  •  La mythologie n'est pas assez développée : Robin des Bois reste un personnage majoritairement sans aucune substance, comme tous les personnages secondaires, n'ayant aucun background non plus (palme de l'inutilté attribuée à Marianne).
  •  On en bouffe des robots, on en bouffe...
  •  Des effets-Gatiss et des incohérences à la pelle...
  •  Une construction mal pensée et un rythme chancelant...
  •  Bien trop différent / pas assez en accord avec les deux épisodes précédents et la saison.
  •  Malgré tout, il n'y a que du fun et très peu de sujets sérieux, on ne retrouve pas toute l'oppression des peuples, les problèmes sociaux et culturels de cette période, ni le fait de voler aux riches pour donner au pauvres, on se concentre vraiment sur des stéréotypes, des thèmes légers.

 

En clair, ce qui me fait vraiment chier avec cet épisode :

 

  •  C'est le fait de me dire que Mark Gatiss a un épisode prévu pour la Saison 9 ...
  •  C'est le fait de me dire qu'il pourra peut-être devenir showrunner un jour ...
  •  C'est la baisse du niveau de l'écriture flagrante après les deux premiers épisodes ...
  •  C'est Gatiss quoi.

 

 

 

Car sinon, Robot of Sherwood n'était pas si terrible. Juste passable.

 

 

 

Ma Note : 11/20

 

La semaine prochaine, Moffat nous fera découvrir ce que le Docteur fait quand il s'ennuie. Quand on se parle à soi-même, la personne qui nous écoute est-elle vraiment nous ? Le fait-on car nous savons que nous ne sommes pas vraiment seuls ? Vu la bande-annonce, ça promet de très grandes choses !

L'auteur

Commentaires

Avatar Gizmo
Gizmo
Excellente critique, on sent le fanboy du début à la fin. Et je ne peux que totalement adhérer à tous les points que tu cites (même si je suis pas sûr pour Dinosaurs et pour les rumeurs sur Koss, mais je ne demande qu'à te croire !) Sinon, le shérif n'était-il pas censé récupérer sa tête, au lieu d'en voir une repousser ? Je ne sais plus trop en fait.

Avatar Galax
Galax
Merci bien et oui, fier d'être un fanboy de DW et encore plus d'être un fanboy de Gatiss ! *hem hem* Quant au shérif, je n'ai lu le script qu'une fois (ça m'a suffit) et c'est bien possible/logique qu'il récupère sa tête en effet. A voir si des bonus DVD nous le confirmeront, peut-être ?

Avatar Gizmo
Gizmo
C'est con, parce qu'en lisant le script je me disais que c'était une scène à la fois glauque et comique qui allait très bien avec le ton parodique de l'épisode (un peu comme dans The Crimson Horror), et qui donnait au moins un passage mémorable au sheriff.

Avatar Galax
Galax
Ouaip du coup le duel de fin reste juste une scène visuelle pour régler l'épisode, c'est assez léger. Tu as lu tous les scripts avant de voir les épisodes ??

Avatar 4evaheroesf
4evaheroesf
Encore une bonne critique de fans ! Mais pitié arrête de parler des horreurs de Dinosaurs on a Spaceship, Cold War et de The Crimson Horror ! Et rassure-toi, Koss n'est pas le seul à vomir sur Clara !

Avatar Galax
Galax
Eh oui, toujours un fanboy, je ne suis pas devenu un "not-we" pendant la nuit :p Cela dit je suis loin d'être un fan de Gatiss... (selon ton échelle, 11 peut te paraître généreux, sache que Robot doit être dans mon Bottom 10 de la série, ou pas loin) Aussi même si tu détestes Crimson tu ne peux pas lui enlever le fait que ce soit un gros délire au second degré peut-être maladroit mais parfaitement assumé, ce que Robot n'est pas (oui, j'ose me lancer dans la bataille-perdue-d'avance de te rendre plus ouvert d'opinion, qui ne tente rien n'a rien ^^). Ah et Koss ne vomit plus sur Clara. Il n'a de toute façon plus le droit d'en dire du mal en public, hein, Koss ? :).

Avatar Koss
Koss
Bel exploit de la part de Galax qui pour tenter de dénigrer l'épisode nous le compare à un épisode encore plus tout pourri. Joli. Et d'ailleurs : "La télé qui aspire les gens", c'est mieux que ces deux merdes.

Avatar Galax
Galax
Ouais je voulais me lancer un défi et ne pas aborder cette critique en du Gatiss-bashing donc j'ai fait du Chibnall-fanboy à l'extrême en sachant que je ferais lever des yeux au ciel :) Je me console en me disant qu'on place cet épi dans les pires de la série, un point commun donc, et... ah non ça me console pas... "Et d'ailleurs : "La télé qui aspire les gens", c'est mieux que ces deux merdes."" > En deux mots : non, désolé.

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Koss
Et un mot : Si. ;)

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Gizmo
Galax : Non, j'avais juste lu ce script, le reste c'est surprise surprise ! (j'ai un peu peur d'ailleurs, car Listen va être un gros morceau, et ça va être difficile de pondre un truc concis dans les jours qui suivent, mais j'ai hâte de voir à quoi cela va ressembler)

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