Critique : Doctor Who (2005) 9.12

Le 09 janvier 2016 à 13:19  |  ~ 25 minutes de lecture
Allez, ce fut une plutôt excellente saison, mais que vaut son final ? Égale-t-il le chef d'oeuvre qui le précédait ? Sans surprise, non, mais cela signifie-t-il mauvais épisode pour autant ? Là encore non, bien au contraire...
Par Galax

Critique : Doctor Who (2005) 9.12

~ 25 minutes de lecture
Allez, ce fut une plutôt excellente saison, mais que vaut son final ? Égale-t-il le chef d'oeuvre qui le précédait ? Sans surprise, non, mais cela signifie-t-il mauvais épisode pour autant ? Là encore non, bien au contraire...
Par Galax

Passer après le bijou de la semaine dernière n'était pas chose aisée, mais Hell Bent, sans atteindre bien sûr la hauteur d'Heaven Sent, arrive sans aucun mal à livrer une conclusion très satisfaisante sur la saison. Bien que, comme toujours avec les season finales de Moffat, il y fait certains choix qui ne laisseront pas indifférent et qui balaient les attentes et les espérances de certains à côté – les miennes y compris ; il m'a fallu en effet un certain temps afin de digérer ce qu'il se passe –, il est clair qu'en revoyant l'épisode sous nos yeux, c'était une excellente conclusion pour cette excellente saison.

 

Poster Hell Bent Stuart Manning

 

~~~

 

Hell Bent, un récit déceptif, entre space-opera épique et dialogues discrets

 

D'une certaine manière, c'est une excellente chose que l'épisode bouscule nos attentes, car cela nous garde constamment en intérêt. Un peu à la manière de Death in Heaven l'an dernier, il ne met pas vraiment en jeu tout l'univers... ce qui fait du bien car après plusieurs saisons de finales à grande échelle, ce n'était plus crédible.

L'épisode s'ouvre sur une intro déjà incompréhensible faisant apparaître Clara, ne reconnaissant en apparence absolument pas le Docteur. Voir une Clara en serveuse sur Terre sans souvenirs et avec une vie normale, voilà qui m'a largement fait peur quant au sort de cette dernière, moi qui trouve sa sortie de Face the Raven parfaitement en accord avec son personnage, et qui ne voulais pas la voir inchangée. Le dialogue qui s'ensuit entre la serveuse et le Docteur sert de fil conducteur au récit que veut raconter Moffat – un peu à la manière de Churchill et Eleven dans The Wedding of River Song –, un format utilisé pour caser au passage quelques lignes méta bien placées : "You like a cliffhanger, don't you ?". Cette saison, on ne compte plus le nombre de ruptures de quatrième mur ; cet épisode n'est pas une exception : il y a bien sûr le thème de Clara joué à la guitare par un personnage du récit, chose complètement absurde n'ayant de sens que dans une signification hors-narration comme bien des ruptures de quatrième mur cette saison – dans Before the Flood et Heaven Sent notamment.

 

Hell Bent Bad-Assitude

"Get off my planet."

 

Dans les séquences qui suivent, le Docteur se la joue purement badass. Et pour Capaldi, ce mot signifie juste "faire acte de présence". Rien de plus. Littéralement : il ne parle pas, ne fait rien de spécial, et tout le monde est bouche bée. Il est amusant de voir que les Time Lords constatent que les mots sont l'arme du Docteur (se demandant même "when did they stop being ours ?" en référence à la Guerre du Temps, ultime preuve de la dégénérescence de la société de Gallifrey) alors que ce dernier ne prononcera pas un seul mot avant d'avoir affaire au Président. Le Docteur est de retour à Gallifrey, et il règle ses comptes, renversant Rassilon d'une simple phrase. Par cette action, on fait le lien entre les événements de The Day of the Doctor, dans lequel le Docteur sauve Gallifrey et gagne la Guerre du Temps, et ceux de The End of Time où Rassilon et le High Council étaient en charge. C'est bon de voir enfin la série expliciter le fait que le Docteur considère vraiment uniquement le High Council comme responsable, pas Gallifrey en entier. Toutes les bases pour de prochaines histoires sont posées – Gallifrey est de retour dans notre univers (l'explication est remise à plus tard, comme d'habitude), Rassilon est exilé mais n'en restera pas là, le Docteur a réglé ses comptes avec la Time War... mais dès qu'il s'agit d'assumer des fonctions de président, il s'enfuit très vite, ce qui est encore une fois un peu contraire aux attentes. Pourtant, c'est tout à fait logique quand on pense au personnage, et ce n'est pas sans précédent (ce Docteur n'a jamais aimé assumé ses fonctions).

Certes, Gallifrey n'est malheureusement pas au centre de ce finale, qui se concentre plus sur comment le Docteur agit pour sauver Clara. Il va en effet utiliser la technologie des Seigneurs du Temps pour l'extraire à la fin de sa timeline juste avant sa mort, et a décidé de "plier le temps en deux" pour la sauver. La suite de l'intrigue se concentre sur les enjeux que représentent de tels actes, on s'écarte de Gallifrey, ce que certains pourraient à nouveau trouver décevant. Mais c'est justement tout l'objet : comme bien souvent, d'un postulat apparemment épique, Steven nous prend à contre-pied en livrant quelque chose centré sur les personnages, et le résultat en vaut la peine. Il nous est par exemple révélé que si le Docteur a enduré 4,5 milliards d'années de torture éternelle dans l'épisode précédent, ce n'était pas pour protéger un secret, mais bien pour retourner chez lui dans le but de sauver Clara, son amie... C'est juste beau, et cela donne tout un sens en plus à Heaven Sent, déjà bourré de significations.

 

Hell Bent Cloister Room

Clara : "I was dead ! I was dead and gone. Why ? Why would you even do that to yourself ?"

Doctor : "I had a duty of care."

 

Si l'on accepte donc que toute l'intrigue à Gallifrey ait été plus de l'ordre de combler quelques trous dans l'histoire de la série et de préparer le chapitre suivant, c'était un contexte parfait et arrivant au moment opportun dans la saison, à la fois concernant Clara et l'arc de l'hybride. S'il y a un seul défaut à relever, ce serait le jeu absolument misérable de Donald Sumpter, qui fait un Rassilon absolument ridicule. J'espère qu'il aura régénéré d'ici la prochaine fois qu'on le recroisera – ce qui ne saurait tarder à mon avis. La scène aurait pu être tellement plus forte sans lui, dommage.

De plus, il y a un petit (tout petit, trois minutes) ventre mou dans l'épisode, quand ils arrivent dans les Cloisters, où Moffie a cru bon d'insérer des Daleks, Anges et Cybermen afin de mettre un peu d'action artificielle dans son récit... Ce défaut résulte de la transition entre les deux parties de l'épisode, et le scénariste craignant sans doute que le public lambda s'ennuie, il a décidé d'insérer ces faux-monstres. Je pense aussi que vu que le showrunner croyait au départ partir après cet épisode, il a voulu se faire plaisir dans l'un de ses derniers scripts (un peu comme The Time of the Doctor à l'époque), donc même si c'est trois minutes sont inutiles, je lui pardonne, va.

 

 

Hell Bent en tant que season-finale

 

L'origine du confession dial a beau être un peu floue (bien que cela devienne plus logique en revoyant le season premiere), cela reste justifié dans la mythologie des Seigneurs du Temps en général par ce season finale (le twist de l'épisode précédent sur le contenu du testament étant en effet un très beau concept, et l'idée que celui du Docteur a été perverti par Rassilon pour devenir une chambre de torture est excellente). L'arc de cette saison a été plutôt discret, il jouait sur plusieurs thèmes qui revenaient souvent. C'est un format de fil rouge selon moi idéal, qui place les personnages au centre sans prendre le pas sur les standalones, comme cela avait pu être le cas par le passé. Fort heureusement, l'arc de la saison 9 est non seulement efficacement teasé tout au long de la saison, mais en plus ne rate pas son dénouement, puisqu'Hell Bent le gère d'une main de maître, que ce soit la prophétie, l'hybride, la confession, Clara, les points temporels fixes... tout ce qui a eu des occurrences nombreuses cette saison est joliment relié à des éléments de Hell Bent, touchant même parfois à la mythologie de la série :

  • La prophétie comme étant une accumulation de données dans la matrice des Seigneurs du Temps, qui nous est révélée être un réseau des consciences d'anciens Seigneurs du Temps – concept génial qui, en plus, donne une explication à toutes les fois où on a entendu la Cloister Bell de la série, ainsi qu'à l'origine de la Nethersphere de Missy dans Dark Water.
  • Le Docteur ayant tenu donc tout ce chemin éternel et ce "long way round" pour retrouver Gallifrey seulement dans le but de sauver Clara, une très belle preuve de l'amitié qu'il éprouve pour elle depuis la fin de saison 8.
  • Ce fait de changer le temps pour sauver Clara faisant le lien avec toutes les fois dans la saison où l'on a évoqué les répercussions que cela peut causer, et les occurrences du mot "hell" en rapport avec ça ("To hell with you!" dans The Girl Who Died). Le Docteur va vraiment loin dans l'épisode, vraiment, LOIN, allant jusqu'à tirer sur un homme et menacer d'autres personnes non-armées, un parallèle très frappant étant donné le premier acte de l'épisode... C'est encore une fois magnifique de voir le Docteur au moins tenter de sauver son amie, c'était tout ce que je voulais. "The universe owes me !" dit-il (référence à The Snowmen), sachant très bien que cela ne marche pas comme ça... Le titre de l'épisode a ainsi une signification assez ironique, "hell bent" signifiant "être déterminé" de manière extrême. "I will not let Clara die." C'est une très bonne définition de ce qu'il se passe dans l'épisode.
  • Enfin, bien sûr, la révélation de l'hybride tant attendue, sur laquelle je reviendrai, mais que je trouve absolument fantastique.

 

Hell Bent Corbeau

Satané corbac'...

 

On laisse cependant la porte ouverte (grande ouverte même) sur le possible côté humain du Docteur, mais au moins, on en parle. Et dieu que c'est BON de voir encore un autre tabou brisé dans la série ! Certes un peu à la manière de son nom dans The Name of the Doctor et l'arc de la saison 7, on n'a au final pas la réponse précise et absolue, on tourne autour du mystère en jouant avec, sans aller au cœur de la chose. Reste que cet élément du film avec Eight, vieux délire d'un Docteur méconnu que les fans préféraient mettre de côté, méritait d'autres mentions, et bien que rapide, son évocation m'a fait très plaisir. Surtout que c'est dit dans une jolie tournure de phrase par Me, qui fait le lien avec le fait que le Docteur va constamment sur Terre (le côté half-human serait en effet une belle explication à cette légère énormité de la série).

Comme Heaven Sent, Hell Bent trace donc un petit sillon dans la mythologie de la série, des petits changements à droite à gauche qui petit à petit vont peut-être aboutir à des choses plus grandes. On peut penser donc à ce Docteur half-human, à Gallifrey de retour dans le Whoniverse, mais aussi bien sûr à la régénération homme > femme. La scène avec le Général canonise pour de bon ce fait, en plus d'annuler les contestations "le Doc ne peut pas se régen' en femme car il a toujours été un homme" (puisque le Général révèle avoir déjà été une femme avant, donc ça n'a bien aucun rapport).

Il y a également la petite subtilité du Docteur qui a été une femme dans une de ses premières incarnations qui est canonisé à demi-mot. En effet, selon les propos de Missy dans The Magician's Apprentice, elle donne à Clara trois affirmations, l'une d'elles étant censées être un mensonge et l'une d'elle se révélant être le Docteur en petite fille ("Since he was a little girl"). Or, parmi les deux autres affirmations, l'une a été confirmée dans ce final (les "Cloister Wars" ont bien eu lieu), et l'autre démenti (le Docteur n'a pas volé la femme du Président, mais sa fille). Cela laisserait donc à penser que le mensonge n'était pas le fait que le Docteur ait été une fille, donc que cette proposition est vraie. Bon, bien sûr, c'est un énième détail qui troll les fans ayant prêté attention à ce genre de choses, d'autant qu'on a déjà eu un aperçu de l'enfance du Docteur dans Listen, et ce dernier était un petit garçon. Cela reste un truc auquel, je suis sûr, personne du public lambda n'a pensé, mais qui m'a fait beaucoup sourire...

 

 

Le troisième acte époustouflant d'Hell Bent, qui sublime la saison

 

L'épisode s'éloigne ensuite définitivement de Gallifrey et réintroduit... Me. Il est assez dommage de voir que le retour d'Ashildr ait été spoilé par un trailer, car si l'on regarde cet épisode, il s'agit d'une très jolie surprise. Un indice au début de l'épisode nous laissait entrevoir sa présence ("At the end of everything, one must expect the company of immortals", l'épisode étant comme toujours rempli de foreshadowings), ce qui ne retire rien à son apparition dans le scénario, inattendue et très bien placée. Ce qui est super, c'est de voir un personnage encore différent de ses trois précédentes apparitions, et qui va venir jouer ici le rôle du téléspectateur. Dire au Docteur qu'il va trop loin. Dire au Docteur que la mort de Clara était triste mais belle et qu'il faut respecter cette mort et qu'il n'a aucun droit de la réécrire (c'est juste ce que TOUT LE MONDE pense avant de regarder cet épisode, avouons-le). Et enfin, dire au Docteur de lui révéler qui est ce foutu hybride !

 

Hell Bent Maisie

Maisie Williams quand elle essaye de comprendre toutes les théories sur l'hybride.

 

Avant cela, Steven fait un petit tour de toutes les théories élaborées par les fans et joue même beaucoup avec (un peu comme il l'avait fait pour la saison 3 de Sherlock) : il a déjà renié la possibilité d'un half-dalek half-Time Lord plus tôt dans l'épisode, réfutant la théorie de Davros et du Général (faisant un gros fuck à Evolution of the Daleks au passage, mais je crois que personne ne lui en voudra). Le Docteur expose sa théorie à propos d'Ashildr et de sa puce la rendant immortelle de par les Mire, ce qui est l'explication logique et rationnelle. Me réplique bien évidemment en soulignant que le Docteur aussi, peut être l'hybride, si l'on croit les théories concernant son "half-human on his mother side", ce qui sous-entendrait donc que le Docteur a fuit par peur de lui-même. Une théorie valable et qui honnêtement expliquerait bien des choses. Outre le fait qu'il revienne sur Terre, et le fait que cela explique pourquoi il aurait menti à propos des raisons de sa fuite, cela coïncide plutôt bien avec les mots de Ten dans The Sound of Drums à propos du rituel où un enfant gallifreyien contemple le temps. De plus, cela n'est incompatible ni avec l'envie du Docteur de voir l'univers, ni avec la fin de Listen sur la peur qui offrait une autre pseudo-origine au but du Docteur.

Oui mais voilà, big twist : et si l'hybride était... une combinaison symbolique du Docteur et de sa compagne ? Un duo qui se pousserait mutuellement à bout et qui tiendrait suffisamment l'un à l'autre pour remuer ciel et terre pour protéger l'autre, quitte à les mener jusqu'à la fin de toute chose quand l'univers tombe à l'état de ruines ? Et si à cause de cela, Clara et le Docteur ne pourront donc qu'être destinés à être séparés, les Time Lords ne renonçant jamais à traquer Miss Oswald pour qu'elle retourne affronter le corbac ? Mieux encore : et si tout ceci était la raison pour laquelle Missy les a placés ensemble, après avoir vu la prophétie et voulant amener le chaos sur l'univers ?

Cette réponse est juste tellement jouissive dans tous les sens du terme (surprenante, bien amenée, cohérente, laissant d'autres pistes et joignant même des bouts à d'autres mystères), c'était juste parfait. Steven Moffat n'avait probablement pas fait résolution plus maligne depuis les failles – et encore, cette dernière était prévisible à partir d'un certain stade de la saison. L'arc de l'hybride est donc carrément pour moi l'une des meilleures intrigues à long terme que nous ait offert la série...

 

Hell Bent Clara et Twelve

"Look how far I went, for fear of losing you. This has to stop. One of us has to go."

 

À partir de ce moment, l'épisode n'a plus qu'un seul rôle : en finir avec l'histoire de Clara Oswald. Clara est au centre de tout l'épisode, et Jenna livre là sa dernière prestation (et elle le fait tout en beauté, la scène "You are hated" aux Time Lords est fabuleuse). Après deux épisodes passés à suer sang et eau à sauver Clara Oswald, la remettre tout simplement dans sa position initiale face au corbac aurait été un choix bien décevant (et aurait en plus obligé d'autres adieux qui n'auraient pas du tout eu le même impact que ceux de Raven, eux, faits sous le coup de la tension). À la place, Steven Moffat emprunte une idée à Russel, l'effacement de mémoire (faisant même une référence directe à Donna), ce qui m'a fait peur sur le coup. Cela apporte finalement une touche un peu plus profonde en faisant reposer le tout sur un coup de chance à 50/50 qui montre à quel point Clara et le Docteur sont prêts à sacrifier leur vie l'un pour l'autre (une étape plus loin de leur mensonge mutuel de Death in Heaven), bien que cela signifie qu'ils ne peuvent pas vivre tous les deux ensemble.

On a tous suivi le récit du Docteur à une serveuse ne se souvenant pas de lui, et on suppose que c'est Clara qui va perdre la mémoire. Énième coup de théâtre (oui, l'épisode comporte un paquet de surprises la première fois qu'on le voit) : c'est le Docteur qui perd le jeu de la roulette russe et qui prend la dose d'amnésie, oubliant par conséquent Clara. Il y a aussi l'hypothèse qui dit que le Docteur savait en fait que ça lui effacerait sa mémoire, et a laissé Clara le faire par amour et respect pour elle, ce qui serait encore plus beau. Bref, l'épisode prend une autre dimension assez géniale quand on revoit les scènes au resto américain, car si la première fois on suppose que Clara a perdu la mémoire, ce n'est qu'ensuite que l'on réalise que c'est le Docteur qui ne la reconnaît pas et Clara qui joue le jeu... et les scènes sont suffisamment bien écrites pour que les deux versions soient possibles ! Cela rappelle un peu ce que Steven Moffat avait fait pour Forest of the Dead et selon que l'on se place du point de vue du Docteur la première fois, puis de River après avoir vu la suite, la vision de l'histoire change. Ici, même principe, seulement c'est sur une échelle plus réduite.

Bref, le Doc oublie Clara, il oublie qui il est, et Clara s'envole pour de nouvelles aventures. Dit comme ça (et c'est comme ça que je l'ai pris la première fois) c'est un peu rageant. Mais le Docteur n'a pas vraiment oublié Clara, il ne se rappelle simplement plus vraiment à quoi elle ressemble, mais se souvient de toutes ses aventures, de toute leur amitié et de combien il a tout fait pour la sauver quitte à trahir toute sa conduite. Cela laisse présager sans doute un Docteur beaucoup plus fermé et instable pour la saison suivante, ayant perdu sa meilleure amie, la personne qui le connaissait le mieux dans l'univers, son guide... sans pour autant que Twelve pleure la mort de Clara de manière permanente comme Ten l'avait fait, ce qui avait fortement nuit au personnage de Martha. Bref : une fin qui ne retire que le positif des adieux, est en accord avec ses personnages et se décharge de possibles contraintes, et qui est originale. Après tout, l'effacement de mémoire du Docteur de sa compagne est quelque chose de nouveau si je ne me trompe pas, ce qui, après une cinquantaine de départs de compagnons, est une bonne chose. En plus c'est très joliment ramené aux mots du Docteur : "Stories... are where memories go when they're forgotten", ce qui fait une nouvelle réflexion très jolie sur l'impact de Clara.

 

Hell Bent Restaurant

"Run you clever boy... And be a Doctor."

 

L'épisode choisit de terminer son histoire sur un relatif happy-ending, ou au moins une consolation. Ce qui aurait pu s'apparenter à une fan-fiction dégueulasse sur papier rend en fait très bien à l'écran, laissant à Clara intacte sa porte de sortie de Face the Raven, qui avait été très bien gérée. Ce n'était pas tant la mort de Clara elle-même qui constituait la vraie beauté de l'événement pour Clara (ça, c'était surtout pour faire un choc au Docteur, ce qui a été parfaitement géré dans Heaven et Hell ensuite), c'était plus l'acte du sacrifice ensuite qui constituait vraiment la beauté des adieux de Clara, et cet aspect reste inchangé (sa mort est juste un peu repoussée). L'univers/la série lui accorde tout de même une victoire en la laissant devenir pendant le temps d'aventures "Clara Who ?" (réplique géniale enfin prononcée à l'écran), dans son TARDIS, avec sa compagne.

Je ne sais pas si j'aurais préféré qu'elle reste purement et simplement morte (avec le recul, sans doute, et je crois que je préfère généralement la fin des Ponds pour cet aspect plus soudain et tragique), mais à partir du moment où l'épisode prend le choix d'intervenir sur sa ligne temporelle pour montrer le Docteur en train de résister aux événements (ce qui était selon moi nécessaire), comme je l'ai dit, la ramener sur sa timeline et faire un bis de Face the Raven aurait été terriblement maladroit (ou pire, la re-tuer d'une autre manière...). Lui offrir une sorte de happy-ending temporaire qui ne diminue pas l'impact de sa mort, permet d'avoir exploité à fond la détermination du Docteur tout en offrant à Ashildr la chance d'avoir une très belle conclusion en la faisant entrer à bord du TARDIS (au lieu de crever dans un fauteil à la fin du temps). Au passage, cela enflamme l'imagination de fans pour de futures aventures audios et fanfics (voire spin-off ? non, je rêve là). On n'aurait pas pu imaginer meilleure fin sans perdre un de ces aspects. Donc, chapeau.

 

~~~

 

C'est tout un chapitre qui se clôt, et c'est plus généralement toute une ère qui se referme après un épisode surprenant, extrêmement bien écrit, rempli de détails et finissant la saison sur un coup d'éclat.

 

Nouveau sonic, nouvelle saison à venir et nouvelles aventures trépidantes à Noël (bémol : il a l'air nul...), cela va être assez dur de tourner la page. On entre dans une période, comme la transition saison 4 à saison 5, où on n'a absolument aucune idée de ce que l'avenir nous réserve, mais au moins on pourra dire que... it was a Hell of a season !

 

J'ai aimé :

 

  • La dimension space-opera présente au début de l'épisode, et la transition vers une seconde partie calme
  • L'explication sur les motivations du Docteur pour avoir souffert éternellement dans Heaven Sent
  • L'idée d'un Docteur prêt à tout pour sauver Clara, belle et terrifiante
  • Les dialogues Docteur/Clara sont tous excellents et témoignent de leur amitié
  • La révélation diaboliquement géniale sur l'hybride et les quelques doutes laissés
  • Plus généralement, tous les thèmes essentiels de la saison trouvant un point de chute
  • La fin offerte à Clara

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • Le jeu de Donald Slumpter
  • Le flou laissé sur le Confession Dial

 

Le Coin du Fan :

 

  • Clara, dans Deep Breath, avait dit au Docteur quand ce dernier manque de perdre son sonic car il le fait rouler par terre trop loin : "Next time, make one that doesn't roll !". Souhait exaucé à la fin de cet épisode par le nouveau design original du sonic !
  • Clara fait référence à "reverse the polarity", une phrase culte du troisième Docteur couramment reprise.
  • La grange est bien sûr la même que The Day of the Doctor et Listen.

 

Hell Bent Barn

 

  • Quand Me frappe à la porte du Docteur à la fin de l'Univers, elle frappe quatre fois ; le Docteur le remarque et fait référence à la prophétie de la saison 4 sur le retour du Maître.
  • Le Docteur mentionne Amy et Rory lorsqu'il observe le restaurant dans lequel ils sont allés en Utah en saison 6, et évoque également Donna lorsque, s'apprêtant à effacer la mémoire de Clara, il déclare l'avoir déjà fait avant.
  • De très nombreuses références musicales dans l'épisode : la reprise de "Don't Stop Me Now" de Foxes entendue dans Mummy on the Orient Express, le thème du Bad Wolf joué façon western et bien sûr, déjà évoqué dans la critique, le thème de Clara à la guitare joué par le Docteur.

 

Ma note : 17/20.

Stories... are where memories go when they're forgotten.

L'auteur

Commentaires

Avatar ClaraOswald
ClaraOswald
<3

Image Doctor Who
13.18
14.48

Derniers articles sur la saison

Bilan : Doctor Who (2005) saison 9

Les rédacteurs font le bilan et reviennent sur la deuxième saison pour Peter Capaldi dans Doctor Who.

Critique : Doctor Who (2005) 9.13

River Song revient dans un épisode de Noël imparfait mais divertissant, bouclant au passage l'une des intrigues les plus iconiques du show.

Critique : Doctor Who (2005) 9.10

Il existe des rues pour réfugiés cachées sur Terre, où la paix ne signifie qu'une seule chose : la briser, c'est faire face au Corbeau...