Critique : Eureka 5.02

Le 26 avril 2012 à 14:37  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui peine à trouver son équilibre entre les deux univers avant un final qui marque un virage important dans le déroulement de la saison.
Par sephja

Critique : Eureka 5.02

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui peine à trouver son équilibre entre les deux univers avant un final qui marque un virage important dans le déroulement de la saison.
Par sephja

Dragon Age

 

Dans le monde réel, les recherches se multiplient pour trouver l'Astraeus, Carter et surtout Kevin refusant d'accepter la disparition d'Allison. Joe poursuit de son côté son voyage initiatique en pleine nature, mais l'univers semble s'acharner à la pousser dans la direction d'Eureka. Pendant ce temps, Beverly utilise l'univers virtuel, mais se heurte aux limites de ses capacités de calcul qui laisse apparaître des anomalies comme le cas d'un dragon géant.

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue dans le monde réel qui s'avère plutôt plaisante 
  •  un univers virtuel qui joue avec l'imaginaire du spectateur 
  •  une saison de plus en plus sombre 
  •  un final qui marque un tournant 

 

Eureka

 

Association et synergie 

 

Pour cet épisode assez spécial, Eureka va se scinder en deux entre le monde réel et l'univers construit par Beverly pour pouvoir exploiter le talent de l'équipage de l'Astraeus. Les auteurs ont donc fort à faire, surtout qu'il faut arriver à éviter que le spectateur s'égare entre la réalité et le mensonge en lui redonnant des repères. Du coup, l'histoire peine clairement à démarrer, donnant un premier acte plutôt poussif qui opte pour le récapitulatif, essayant de tisser un lien entre l'univers réel et le monde virtuel, connexion brisée au centre des efforts de Carter.

Si l'histoire n'a rien de surprenante dans son déroulement, elle propose des associations ingénieuses et inédites comme celle entre le shérif, le député Andy et Kevin, une équipe particulièrement crédible qui va servir de moteur à l'épisode. Les comédiens sont convaincants, amène une certaine intensité par leur force de conviction et une touche de noirceur inhabituelle dans Eureka. Le temps est clairement à l'urgence, gagnant en force jusqu'à un final qui vient changer brutalement la donne, mais sur lequel je m'étendrais beaucoup plus tard tant son impact va être majeur dans la suite de la saison.

Malgré sa nature volontairement fantaisiste, Eureka s'efforce de garder un maximum de crédibilité pour différencier la réalité du monde virtuel. Même si le charabia scientifique relève du grotesque, le concept de Kevin de suivre la trace énergétique résiduelle de l'Astraeus est cohérente, là où l'univers virtuel va exploiter la nature plus excentrique du show. À sa manière, Eureka oppose sa partie policière reposant sur l'investigation de Carter, s'appuyant sur la crédibilité du scénario à la nature plus légère et fantasque d'un divertissement, offrant deux visions bien différentes d'un même univers.

 

Mensonge et stimulation 

 

L'autre part du récit va se concentrer sur l'activité au sein de l'univers virtuel de Beverly, celle-ci s'inquiétant de l'apparition de glitch et de bug dans le fonctionnement de cet univers annexe. Un monde singulier où les membres de l'équipe de l'Astraeus travaillent d'arrache-pied à résoudre les nombreuses difficultés qui se présentent à eux, inconscient de l'exploitation dont ils sont en fait les victimes. L'apparition d'un dragon dans la soute du vaisseau va servir de point de départ à une intrigue assez artificielle, mais cohérente avec l'idée d'un univers sans profondeur, à l'opposé du monde réel.

La dynamique du récit va reposer sur l'association entre Allison, Holly et Grace qui se retrouvent face à une créature mythologique passablement agressive. Un récit fantaisiste qui va apporter une certaine dose d'humour, affirmant le goût des auteurs pour la fantasy tandis que les trois scientifiques commencent à remettre lentement en cause quelques éléments de l'univers où elles se trouvent. Une intrigue qui semble anecdotique au premier abord, mais qui installe une ambiance étrange, à la fois réjouissante et angoissante, la faute au comportement décalé des personnages de Joe et Carter.

C'est la veine spectaculaire de la série qui s'exprime, délaissant toute crédibilité pour laisser le pouvoir à une imagination qui puise dans de nombreuses références, Fargo incarnant cet amour des auteurs pour le fantastique. A l'opposé de l'aspect touchant du monde réel, cette version de la série relève du simple divertissement mécanique et efficace, les auteurs jouant par cette opposition à disséquer la nature de l'esprit scientifique, pris entre le rêve de dépasser l'impossible et les limitations théoriques que la réalité impose.

 

eureka

 

Sombre présage 

 

Ambitieux, cet épisode l'est assurément, prenant le risque d'installer deux storylines très distinctes reposant sur des dynamiques très différentes. Pour incarner ces deux visions d'Eureka, les auteurs proposent deux versions du Sherif Carter, misant sur la capacité du spectateur à différencier le vrai du faux. La performance de Colin Ferguson est de ce point de vue assez étonnante, son double virtuel ne possédant par cette fragilité et ce sens du sacrifice qui fait habituellement son charme, servant de référentiel pour permettre de se repérer entre les deux univers

Mais la vraie surprise est de proposer l'idée que la découverte de la supercherie par les membres de l'Astraeus entraînerait leur élimination définitive, une mort à la fois réelle et virtuelle, disparition du personnage des deux univers. Une idée surprenante et inattendue qui change la donne, laissant poindre la possibilité que la capacité de raisonnement des membres d'Eureka devienne leur pire ennemi. Plus sombre, la deuxième partie et le final marque une montée en puissance de cette saison cinq qui apparaît dans sa dimension tragique où la crédulité devient le seul moyen de rester en vie.

Un virage réussi qui insère pour la première fois la possibilité d'une tragédie dans l'univers habituellement optimiste d'Eureka qui fait le choix d'afficher clairement son ambition. Loin de la routine habituelle, les scénaristes surprennent en évoquant la mort comme une éventualité, choisissant d'entamer la destruction pièce par pièce d'un univers qui évoque la pire peur du scientifique, celle de l'exploitation forcené. Un monde sombre où le cerveau devient une malédiction à tous les points de vue, jusqu'à un final surprenant qui achève de briser tout espoir d'un possible happy-end.

 

Dark City 

 

Choisissant d'incarner cette nouvelle orientation du show, les auteurs nous offrent un final totalement inattendu, virage majeur dans le déroulement de cette saison. Hors de question de ma part de spoiler, juste d'évoquer les conséquences inévitables de ce virage dans le déroulement du récit, la scène surprenant par la froideur du personnage de Carter. Une séquence inattendue qui marque un premier pas dans une spirale dramatique dans laquelle s'engouffrent les scénaristes, sûre visiblement de leur fait.

En conclusion, un épisode ambitieux qui peine à démarrer, essayant de raconter deux histoires se déroulant dans deux univers différents. Le manque de cohérence entre les deux storylines apparaît d'abord comme un handicap, avant que l'histoire ne prenne une orientation plus tragique, malgré l'apparente légèreté de cette chasse au dragon. Pour sa dernière saison, Eureka montre de belles ambitions, celle de concevoir une intrigue fil rouge particulièrement dramatique où le doute scientifique devient la source de tous les maux pour ses habitants.

 

J'aime : 

  •  le final inattendu et réussi
  •  le parallèle entre les deux Carter très intéressant 
  •  un récit ambitieux 

 

Je n'aime pas : 

  •  un épisode qui peine à se mettre en place 
  •  un équilibre du récit loin d'être idéal

 

Note : 13 / 20

Loin de ses habitudes, Eureka abandonne la carte du divertissement enjoué pour s'offrir un final sombre qui installe des enjeux forts pour la suite de la saison. Seul regret, l'intrigue est assez longue à se mettre en place, donnant un premier acte un peu poussif et assez maladroit par rapport à un final bien mieux élaboré.  

L'auteur

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