Critique : Eureka 5.13

Le 18 juillet 2012 à 09:01  |  ~ 10 minutes de lecture
Un ultime épisode très classique et sans surprise qui privilégie la nostalgie alors que toute la ville s'apprête à déménager.
Par sephja

Critique : Eureka 5.13

~ 10 minutes de lecture
Un ultime épisode très classique et sans surprise qui privilégie la nostalgie alors que toute la ville s'apprête à déménager.
Par sephja

Un dernier jour à Eureka

 

Démantelée, la ville d'Eureka se prépare au grand déménagement, créant une certaine tristesse au sein d'une communauté qui se sent totalement impuissante. Pendant que Fargo fait du sit-in au sein de Global Dynamics avec Zoe Carter, Jack doit faire face à des trous de ver qui apparaissent un peu partout à l'intérieur de la ville. Pendant ce temps, Henry tente de sauver Grace en cherchant à joindre Beverly Barlowe.

 

Résumé de la critique

 

  • Un épisode d'adieu que l'on peut détailler ainsi :
  • une intrigue classique qui permet d'achever les différentes intrigues en cours
  • une mise en avant du lien entre le shérif et la communauté
  • une mythologie résolue avec le sourire
  • un bilan de la saison cinq

 

 

Une ville avec des trous dedans

 

Voilà, c'est le dernier épisode d'Eureka, la fin d'une ville qui fit pendant cinq ans les beaux jours de SyFy et des spectateurs, avec une dernière mission pour le Shérif Carter, résoudre un problème de trous de ver menaçants. L'occasion de retrouver la structure classique de la série, avec un scénario en trois temps : d'abord la révélation d'une anomalie, suivie d'une exploitation sous forme comique avant de donner une tonalité tragique mettant en péril la communauté et posant le shérif au sacrifice. L'écriture est rodée et l'épisode ne réservera que peu de surprises, privilégiant la mise en valeur avec le déménagement des seconds rôles qui ont fait le succès de la série, en particulier Taggart, Zoe et Grant.

Les acteurs s'amusent une dernière fois à rentrer dans la peau de leurs personnages, les scénaristes choisissant pour une conclusion qui privilégie la nostalgie, réservant un twist final qui permet d'esquiver certaines résolutions poussives. Ainsi, les quatre intrigues romantiques qui ont formé la base de cette saison sont résolues et Eureka peut fermer ses portes avec la certitude du travail accompli. Le démontage de la jeep de Carter sert alors de fil rouge à un épisode qui n'est au final qu'un bonus, la vraie fin de saison ayant déjà eu lieu lors de l'épisode précédent.

Comme toujours, les adieux sont légèrement trop long, la série équilibrant la légère mièvrerie ambiante par des scènes comiques réussies avec un Will Wheaton qui fut excellent toute la saison. La série aurait pu continuer, mais la baisse qualitative de cette saison laisse l'impression d'un show qui s'est fini à temps, avec Carter qui prend une dernière fois tous les risques pour sa communauté. Avec sa simplicité habituelle, Eureka raconte l'histoire d'un homme seul, le shérif Carter, qui décide de prendre sur ses épaules le destin d'une communauté et de faire au quotidien le sacrifice qui assure la sérénité de la communauté.

 

The City of Carter

 

Grand fan de littérature populaire, les créateurs d'Eureka sont les enfants de la science-fiction des années 50-60, avant que le genre ne prenne une orientation plus sombre et oublie tout l'aspect pédagogique des auteurs comme Asimov ou Clarke. Divertissement léger et rarement obscure, Eureka admet comme seul mystère celui de la création, source de peur normale envers de ce qui est caché dans les tréfonds de la vie elle-même. Fouillant les limites du connu, cette série aura fait preuve d'une capacité de vulgarisation indéniable, Carter servant à exprimer simplement des concepts parfois difficiles, familiarisant le spectateur avec les différentes branches de la science.

Mais au-delà de l'aspect purement éducatif du show, Eureka raconte la rencontre entre un homme incapable de trouver les bons mots et une communauté disposant du savoir dont il manque. Pour montrer son attachement à la ville et aux habitants, le héros délaisse les mots pour l'action et prend tous les risques, même de mettre sa vie en danger pour la survie de tous, montrant une confiance aveugle dans le savoir d'Henry, de Zane ou d'Allison. Cette capacité à se sacrifier au moment décisif qui fait de Carter le gardien d'Eureka, une ville qui avait besoin d'un homme débrouillard et inventif, quelqu'un qui permette de lier l'Amérique profonde et l'univers des savants.

La fin de cette série vient à un moment de l'histoire où beaucoup de personnes n'ont de cesse d'annoncer la mort de la science-fiction, la fantasy laissant l'impression d'avoir gagné le combat de la popularité dans l'imaginaire collectif. Mais il en résulte une peur de l'avenir, une incapacité à croire dans notre capacité à construire le futur qui manque clairement à notre époque, Eureka étant la ville qui, par ses recherches, bâtissait les bases de demain. Finalement, que l'argent soit ce qui entraine la fin de la ville la plus dangereuse qui soit est une belle ironie, preuve que l'histoire des hommes ne prendra fin que le jour où la peur du lendemain tuera l'esprit d'innovation.

 

 

Deux jeeps qui se croisent dans la nuit

 

Evidemment, tous ceux qui ont vu le pilote d'Eureka se souviennent de cette scène étrange qui aura servi de point de départ à la série où Zoe et son père se croisait eux-mêmes sur le chemin de leur destin. Une scène composée pour servir de conclusion en cas d'échec du show, une façon de nous montrer que ce voyage avait permis à Jack et Zoe de faire enfin la paix. Un mystère résolu avec élégance lors d'une scène finale en forme de clin d'œil, reprenant l'idée classique de construire la série comme une boucle en liant le premier instant et le dernier instant.

Malheureusement, toute la mythologie du show ne connait pas une conclusion aussi satisfaisante, l'histoire d'espionnage d'Henry n'aboutissant qu'à une pirouette sans éclat, simple excuse pour faire revenir Debra Farentino. Un personnage de Beverly qui a droit à une fin assez banale, seul constat d'échec pour une série qui n'a jamais su assumer sa part d'obscurité après le départ d'Ed Quinn, formidable Nathan Stark. Grand absent de ces deux dernières saisons, son départ aura mis fin à la mythologie trop ambitieuse autour de l'artefact, laissant le sentiment d'une série qui n'aura pas réussi à aller au bout du projet initial.

En conclusion, un épilogue qui sert à offrir un défilé des nombreux personnages qui forment la communauté d'Eureka, un esprit collectif et bon enfant qui fut l'un des charmes de la série. Certes, l'épisode reste assez anecdotique pour l'intrigue, mais la conclusion a le mérite de mettre fin à la dernière vraie série de science-fiction présente sur les antennes. Une singularité qui lui donnait tout son charme, divertissement léger porté par un casting assez épatant, en particulier Colin Ferguson qui avait trouvé ici le rôle de sa vie.

 

Les écrans sont les portes par lequel la mort va et vient

 

Pour sa cinquième saison, Eureka se sera placé sous le signe de la mythologie d'Orphée, cherchant à imaginer la possibilité d'arracher un personnage aux griffes de la mort. Une frontière infranchissable qui est à l'origine même de l'esprit scientifique, donnant un enjeu fort pour des scénaristes devaient d'abord sacrifier un personnage qui n'handicape pas le fonctionnement du show. Avec Holly, le choix semblait judicieux, ne laissant plus qu'à poser un univers virtuel d'une taille suffisamment conséquente, une réalité alternative où Holly pourrait échapper à la mort en se sauvegardant sous une forme numérique.

Seulement, en accomplissant ce geste interdit, Fargo hérita d'une malédiction, l'impossibilité de la toucher, de donner une forme matérielle à celle qu'il aimait. Une histoire de fantôme qui aurait pu être élégante si les auteurs avaient réussi à l'intégrer dans une série tournant à la base autour de la vie d'une communauté et de son shérif, créant un léger paradoxe au cœur des problèmes de cette saison. En effet, difficile de construire une mythologie qui ne concerne pas vraiment le personnage principal, l'histoire d'Holly et Fargo ne permettant que trop tardivement d'impliquer la plupart des personnages.

La mythologie est donc clairement bancale et ne fournit pas un bon moteur pour la saison, obligeant les scénaristes à en construire une seconde totalement en rupture autour de l'officialisation du mariage entre Carter et Allison. Un arc sympathique, mais au potentiel dramatique limité, les scénaristes hésitant à créer des tensions au sein du couple tant leur couple repose sur des bases singulières et assez difficile à exprimer. La série s'est mise alors à tâtonner, donnant des épisodes de remplissage assez flagrants, préparant uniquement un final hommage à Body's Snatchers plutôt réussi.

Les intrigues romantiques furent au cœur de cette saison et si le couple Zane – Lupo se sera avéré assez positif et convaincant, le duo entre Grâce et Henry n'aura jamais vraiment réussi à trouver sa place. Devenu un peu étrangère à elle-même depuis le changement de ligne temporelle, Eureka aura servi une saison inégale et maladroite, cette version numérique d'Orphée se révélant assez peu concluante. Malgré tout, le show aura su tirer profit de son casting impeccable et exploiter le seul miracle qui aura fait tenir la série : celui de la mystérieuse alchimie qui a su se créer entre les comédiens, donnant de la crédibilité à une communauté sympathique et attachante.

 

J'aime :

  •  divertissant et sympathique
  •  la dernière scène amusante
  •  le casting impeccable

 

Je n'aime pas :

  •  peu d'enjeu
  •  la conclusion de l'histoire d'Holly
  •  la conclusion de l'histoire de Grace

 

Note : 12/20

Un épisode d'adieu classique qui met en avant les nombreux interprètes qui ont fait partie de l'univers d'Eureka au travers d'une histoire classique et anecdotique de trous de ver. Une fin nostalgique et tendre, à l'image d'une série qui aura toujours su mélanger intelligemment le divertissement au drame, s'achevant par une pirouette finale qui permet de mesurer le chemin parcouru, pour Zoe comme pour le spectateur.

 

Merci à serie-All et Aureylien pour m'avoir laissé critique cette ultime saison d'Eureka, une série qui me tenait beaucoup à cœur. Plus personnellement, dédicaces à Samuel et Sandrine pour m'avoir accompagné durant ces cinq années devant Eureka.

L'auteur

Commentaires

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tompow
Je viens de terminer cette série cette fin de semaine. Je dois dire que je suis un peu triste qu'elle se soit terminée car je me suis attaché aux personnages au delà de l'histoire parfois un peu naïve. Je suis adepte des séries plus ou moins noires ou cyniques (walking dead, house of card) et j'ai trouvé un moyen par ces histoires délirantes de me "laver" l'esprit en m'offrant un peu de légèreté dans un quotidien qui ne l'est pas toujours. J'aimerais revoir de temps en temps un épisode spécial sous forme de téléfilm. Enfin ce n'est que mon avis et je ne suis pas certain que des gens lisent un jour ce commentaires. Bonne soirée§

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