Critique : Eureka 5.06

Le 17 juillet 2012 à 20:36  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de transition intéressant, mais qui n'arrive jamais à passionner vraiment à cause d'un déroulement beaucoup trop prévisible.
Par sephja

Critique : Eureka 5.06

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de transition intéressant, mais qui n'arrive jamais à passionner vraiment à cause d'un déroulement beaucoup trop prévisible.
Par sephja

La peur de la mort 

 

Une simulation de catastrophe très réaliste est organisée à Eureka, l'épisode de l'Astraeus ayant convaincu le département de la défense de tester à la sécurité de GD. Malheureusement, la simulation tourne court à cause de Carter qui refuse de la prendre au sérieux, l'esprit trop occupé par la célébration de ses fiançailles avec Allison. Pendant ce temps, Fargo et Zane tente d'entrer en contact avec les restes d'Holly à l'intérieur du monde virtuel de Beverly.

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :

  •  une construction maladroite et confuse
  •  un épisode de transition qui souligne les hésitations des auteurs
  •  un thème de la mort assez intéressant
  •  une intrigue de transition efficace  

 

 

Le chaos et ses conséquences 

 

Maîtriser les catastrophes, se préparer à une possible intrusion, voilà le nouvel objectif que fixe le département de la défense aux scientifiques de Global Dynamics. Le traumatisme du vol de l'Astraeus est encore dans toutes les têtes, obligeant le shérif Carter et l'adjointe Lupo à se plier à ce simulateur de situations extrêmes particulièrement inventif. Evidemment, l'intelligence artificielle va être à nouveau au centre du péril encouru par les habitants d'Eureka, élément exposé lors d'une introduction peu efficace pour un scénario qui va se décomposer en deux storylines inégales.

La première partie cherche à résoudre pour de bon les tensions entre Carter et Lupo, donnant une intrigue qui tourne beaucoup autour du pot avant de se mettre vraiment en marche. Heureusement, les quelques touches d'humour et le style désarmant de Carter va permettre de venir à bout d'une morosité ambiante assez persistante et agaçante. Le scénario catastrophe apparaît pour Jack, non pas au travers d'une catastrophe scientifique à grande échelle, mais d'un tissu social en train de lentement se rompre, le privant de l'aide nécessaire pour faire face aux périls générés par la machine.

Pendant ce temps, les scénaristes construisent une seconde storyline entre Fargo et Zane, les deux cherchant à retrouver le fantôme de Holly à l'intérieur de la version virtuelle d'Eureka. Les auteurs jouent ici la facilité, montrant une ambition limitée en ne misant pas sur le potentiel d'étrangeté de cette histoire, se limitant à marquer les retrouvailles entre Neal Grayston et Felicia Day. Entre la romance d'un côté et l'urgence de l'autre, le mélange ne prend clairement pas, donnant un récit assez déséquilibré et confus qui ne parvient à faire coexister ces deux arcs narratifs.

 

Le temps des incertitudes 

 

L'un des problèmes d'Eureka cette saison se retrouve dans les hésitations assez flagrantes de l'équipe créative concernant la voie à suivre pour les sept épisodes à venir. La ligne directrice de la saison est floue et les auteurs hésitent clairement entre le choix de s'accrocher à une formule qui a fait ses preuves ou prendre un risque comme lors du season premiere au risque de se retrouver coincé par une mauvaise inspiration. Cherchant clairement à réussir leurs sorties, les scénaristes font du remplissage avec une introduction maladroite, mais amusante qui multiplie les clins d'oeil aux séries de SF des années soixante-dix avec une narration reposant essentiellement sur le hors champ.

L'autre évènement de l'épisode concerne le retour de Holly, instant sympathique dont la justification parait encore assez confuse, posant la question de l'intérêt de son élimination au vu des conséquences qu'elle a entraîné. Avec cette intrigue mineure, les scénaristes montrent un vrai désir de ramener Eureka à une dynamique classique, balayant toutes les ambiguïtés restant entre les personnages principaux. Se resserrant sur Fargo, la mythologie reste intéressante, mais sa progression trop hachée manque d'un base suffisamment solide pour convaincre.

Alors que la mi-saison approche, la volonté de revenir à une forme simplifiée parait des plus judicieuses, la série fonctionnant mieux sans cette amertume ambiante du début d'épisode. En confrontant les habitants d'Eureka  à une menace globale, les auteurs parviennent à recréer la bonne alchimie entre Jo et Carter, balayant d'un revers de main la gêne et les sous-entendus sur une possible romance. Seul reste le thème de la lutte contre la mort et la question de la définition du vivant, thématique profonde survolée avec le retour de Felicia Day.

 

La conscience peut-elle être immortelle ? 

 

Si Eureka est une série avant tout divertissante, elle n'hésite pas à évoquer certaines théories scientifiques existantes, comme ici l'idée d'une sauvegarde de la conscience humaine dans la machine. Une idée classique et intéressante, permettant de garder en vie un univers parallèle certes assez limité, là où on pourrait pu espérer un peu plus d'imagination de la part des auteurs. Allongée sur la table, Holly apparaît comme une simple chimère, empreinte résiduelle survivant en dehors de toute existence matérielle, évoquant immédiatement le pitch de départ de Caprica.

En se confrontant à la mort, les scénaristes se posent la question à l'origine de la science, à savoir le refus de voir disparaître la conscience et la nécessité de définir le vivant pour mieux en comprendre les rouages. Dans un univers cartésien où le seul fait d'avoir conscience de soi suffit à caractériser la vie, Holly acquiert le statut de fantôme, simple esprit privé de son enveloppe charnelle. Malgré tout, elle se sent vivante par l'expérience qu'elle a d'elle même, les impulsions électriques venant se substituer à ces sens, créant l'illusion d'une réalité. Seulement, ce nouveau statut la confronte à une profonde solitude, la privant de la capacité indispensable d'échanger avec les autres.

Dépassant le cadre du simple "Cogito Ergo Sum", Eureka définit la réalité au travers de l'idée d'une expérience commune partagée, l'univers autour d'Holly n'étant à l'opposé qu'un décor vide. Deux univers semblables en apparence, mais qui permettent aux scénaristes d'insister sur l'importance de l'esprit de communauté, Carter profitant des compétences des différents habitants pour sauver la situation. Une idée forte qui laisse poindre l'intention de cette dernière partie d'Eureka, à savoir montrer combien la science et la vie ne peut exister en dehors d'une expérience commune.

 

Des modifications nécessaires

 

Malgré la confusion de son intrigue principale, Eureka fournit un divertissement plaisant et assez mouvementé, au déroulement un peu trop prévisible. La conclusion est téléphonée et un rien décevante, les auteurs s'efforçant avant tout de normaliser au mieux les relations entre Jo et Jack, corrigeant ainsi certains choix discutables du début de saison. La conclusion plus dynamique et moins confuse reposant sur un esprit d'équipe retrouvé suffit à convaincre de la nécessité de ramener la série à une forme plus classique.

En conclusion, une histoire de simulation de catastrophe grandeur nature particulièrement moyenne, la menace du jour ne disposant pas d'une incarnation tangible pour exister pleinement. Assez décevant, le premier acte va avant tout servir à résoudre certaines rancoeurs entre les membres de la communauté d'Eureka, achevant ainsi une première moitié de saison pas très bien maîtrisée. La storyline de Fargo, bien qu'encore assez embryonnaire, parait assez intéressante et donne le second souffle nécessaire, le prochain épisode n'arrivant que dans quinze jours.

 

J'aime : 

  •  l'arc narratif de Fargo et Zane 
  •  la fin de la fausse intrigue entre Jo et Jack 
  •  les petits clins d'oeil dans la séquence d'introduction 

 

Je n'aime pas : 

  •  très confus au démarrage 
  •  une menace qui manque d'incarnation 
  •  le déroulement assez prévisible 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode qui ne démarre pas pour le mieux, mais parvient petit à petit à mettre fin aux rancoeurs entre les habitants d'Eureka, revenant à une forme plus classique et efficace. Malgré son déroulement prévisible, l'intrigue de Fargo possède un réel potentiel, en espérant que les auteurs sauront pleinement l'exploiter.

L'auteur

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