Critique : Eureka 5.11

Le 17 juillet 2012 à 20:20  |  ~ 8 minutes de lecture
Un bon épisode qui voit l'intrigue principale accélérer enfin, même si l'ensemble reste terriblement bancal.
Par sephja

Critique : Eureka 5.11

~ 8 minutes de lecture
Un bon épisode qui voit l'intrigue principale accélérer enfin, même si l'ensemble reste terriblement bancal.
Par sephja

Reflets et distorsions

  

Les ingénieurs de Global Dynamics mettent au point un système de poussières réfléchissantes et choisissent de les disséminer dans l'atmosphère où elles serviront à réfracter une part de la quantité totale de lumière reçue pour lutter contre le réchauffement climatique. A la surprise de Carter et Jo, l'expérience fonctionne pour le mieux et ne déclenche aucune catastrophe particulière pendant un premier temps, leur laissant l'occasion de venir en aide à Henri. Pendant ce temps, Holly Marten redevient officiellement vivante, mais reçoit un étrange message qui va altérer son comportement.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode mitigé que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue classique au fonctionnement intéressant
  •  une ville en pleine déliquescence
  •  une mythologie plaisante, mais un peu trop bancale
  •  un épisode de mise en place ambitieux

 

Panne de communication

 

Après une saison qui aura opté pour une forme feuilletonnante avec une réussite plutôt discutable, cet épisode crée la surprise en revenant à une structure plus classique, avec comme point de départ une expérience de Global menée par Fargo. Seulement, à la différence des habitudes du show, tout se passe ici pour le mieux, ouvrant la possibilité aux héros de la série de profiter d'un instant de calme, petit moment de paix avant une tempête qui se met lentement en place. En effet, la vraie menace va venir d'Holly qui va servir de récepteur pour le monde virtuel de Beverly, offrant aux auteurs l'occasion de ressusciter la mythologie autour de la ville virtuelle d'Eureka.

Une intrigue qui propose une construction à la fois classique en apparence et assez singulière pour Eureka, avec un péril qui aurait pu être vite résolu si la ville ne subissait pas l'assaut des particules miroirs. La communication devient impossible et le lien entre les héros est rapidement rompu, empêchant l'échange entre l'esprit pratique de Carter et le talent des ingénieurs de GD, association qui aboutissait habituellement à la résolution du péril du jour. Cette incapacité à entrer en contact va mener à la catastrophe, Holly profitant de ce désordre pour mener sa propre opération en secret.

Pourtant, si la structure de l'épisode est intéressante, un problème se présente assez vite, à savoir le fait que la justification de cette intrigue repose essentiellement sur le docteur Marten. Proposant un scénario qui joue avec des références comme Body's Snatchers, les scénaristes se lancent dans une course effrénée vers l'avant, conscient des petits arrangements qui ponctuent l'épisode et casse sa crédibilité. Toute la saison, en particulier la révélation sur Henry, trouvent enfin un sens, servant juste à résoudre les légères incohérences d'un scénario reposant sur des bases beaucoup trop fragiles.

 

La fin d'une utopie

 

Après avoir proposé toute une suite d'épisodes faibles cette saison, les scénaristes choisissent enfin de redonner une place importante à la communauté d'Eureka totalement absente des derniers épisodes. Incarnation d'un mélange entre la science-fiction classique et moderne, la série de Jaime Paglia propose un regard intéressant sur la notion de progrès, montrant comment l'inventivité des hommes est à la fois précieuse et dangereuse. Utilisant nos propres angoisses pour nous divertir, le show se sera amusé durant cinq saisons à imaginer le pire pour mieux démontrer combien notre capacité à travailler en commun est ce qui nous préserve de l'extinction.

Seulement, la révélation de l'existence d'espions a clairement entamé l'unité de cette ville, cette confiance dans l'autre qui était la colle tenant la communauté unie. La fin d'Eureka, c'est aussi le renversement d'un univers conçu par l'homme pour établir à l'échelle d'une ville une vraie communauté scientifique travaillant à des fins civils, mais malheureusement aussi militaires, créant un environnement propice aux rumeurs et à la défiance. Le choc de l'Astraeus aura amené l'incertitude et posé les bases d'une paranoïa collective, transformant l'utopie d'une ville en apparence parfaite en un monde fragile, créant chez les habitants la certitude d'une tragédie à venir.

Lorsque les hommes parviennent à se convaincre que le pire est sur leur chemin et que le seul espoir est de sauter du train, alors la civilisation finit par éclater en morceaux en causant volontairement sa propre perte. Un phénomène bien connu que les scénaristes reprennent à leur manière, retenant la leçon d'histoire de la fin des grandes utopies, toutes victimes d'une paranoïa collective liée au sentiment d'insécurité. Avec cet épisode, les bases pour le final sont posées et les auteurs n'ont plus qu'à choisir entre deux possibilités : réduire à néant Eureka comme des enfants capricieux ou prouver qu'un lien social rompu peut toujours être reconstruit en choisissant l'option du happy-end nostalgique.

 

Holly en chair et en os

 

Le choix étrange de cette saison aura été de faire reposer toute la mythologie sur Holly et de faire de la fiancée de Fargo l'incarnation de la menace qui pèse sur la ville par sa position de passerelle entre l'univers numérique et le monde réel. L'idée est plutôt bonne, même si le changement de caractère du docteur Marten paraît un peu trop brutal et l'utilisation d'un message subliminal à la Chuck ressemble à une grosse solution de facilité choisie par les scénaristes pour gagner du temps. De même, le développement concernant Zane parait un peu trop mécanique, marquant l'importance décisive qu'il va avoir dans la résolution de cette histoire. 

L'ensemble reste plaisant malgré tout, mais les épaules d'Holly semblent un peu fragiles pour tenir à bout de bras une mythologie qui démarre enfin sans parvenir à surprendre. Les épisodes précédents apparaissent clairement comme une simple introduction, cherchant uniquement à laisser le temps aux scénaristes de mettre en place les éléments nécessaires pour cette conclusion assez attendue. Espérons qu'elle soit à la hauteur tant le sentiment d'avoir assisté à une saison de simple remplissage laisse une certaine amertume, surtout qu'il y avait matière à faire beaucoup mieux. 

Dernière arrivée dans Eureka, Holly peine à incarner un méchant vraiment crédible et le peu d'éléments fournis par les scénaristes empêchent d'avoir une vision vraiment claire des enjeux en cours. Ecrite au jour le jour et fréquemment rafistolé d'un épisode sur l'autre, la mythologie parvient à intéresser malgré tout, en espérant qu'elle évitera le cliché de la simple vengeance des NPC.

 

Deux semaines et c'est fini

 

Après avoir fait les beaux jours de SyFy pendant cinq saisons, Eureka atteint son ultime ligne droite et tente de marquer un vrai crescendo dans l'intensité dramatique avant sa conclusion. Si la sauce ne parvient pas totalement à prendre à cause de la lassitude d'une saison globalement moyenne, le pitch de ce final parvient à faire renaître quelques espoirs, celui d'assister à une fin digne de la qualité du show. La semaine prochaine sera donc décisive avant un double épisode final qui marquera la conclusion de l'histoire d'une ville pas comme les autres. 

En conclusion, un épisode qui, derrière son apparence assez classique, cache une ambition mythologique importante, rampe de lancement avant un season final attendu. Gangrénée par les suspicions et un nuage de poussière intelligente, la communication devient difficile entre les habitants de la ville, laissant apparaître un instant de faiblesse qui va placer la ville en péril. Si le personnage d'Holly peine à convaincre, le rythme du récit et l'ampleur de la catastrophe qui commence à apparaître permet d'espérer un final un peu plus solide que cette saison jusqu'ici particulièrement moyenne.

 

J'aime :

  •  une intrigue qui avance bien
  •  visuellement assez réussi
  •  le thème autour de la fin de cette communauté

 

Je n'aime pas : 

  •  le scénario qui se permet quelques raccourcis 
  •  des scènes étranges comme celle où Fargo débarque en costume d'aviateur
  •  le message façon Chuck pas très original

 

Note : 12 / 20

Moins poussif que les précédents, un prologue au season final à venir qui multiplie les facilités scénaristiques pour mieux placer les héros dans une situation dramatique. Reposant un peu trop sur Felicia Day, un épisode divertissant qui lance une fin de saison en plaçant des enjeux dramatiques assez forts. 

L'auteur

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