Critique : Eureka 5.03

Le 06 mai 2012 à 08:02  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode correct et amusant qui possède comme principal défaut de mettre fin prématurément à un arc plutôt intéressant.
Par sephja

Critique : Eureka 5.03

~ 8 minutes de lecture
Un épisode correct et amusant qui possède comme principal défaut de mettre fin prématurément à un arc plutôt intéressant.
Par sephja

Matrix Erased 

 

Jack et Henry tente de trouver l'emplacement des pilotes de l'Astraeus, mais se heurte à l'absence totale de pistes pouvant les orienter dans la bonne direction. Beverly ressurgit soudainement à Eureka, la mort du docteur Marten ayant entrainé chez elle un refus de participer plus avant à l'expérience du Sénateur Wen. Pendant ce temps, Zane et Fargo commencent à faire l'expérience de nombreuses anomalies qui parsèment le programme, mettant sans le savoir leurs vies en danger. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un épisode qui ramène le show à une certaine routine 
  •  un manque d'ambition et une intrigue moyennement crédible 
  •  Jack Carter, celui qui tient tout ensemble
  •  une déception prévisible 

 

 

Le pouvoir de destruction du shérif Carter 

 

Avant d'en venir au coeur de l'épisode, il est obligatoire pour ma part de signaler que ma critique va contenir quelques spoilers inévitables concernant la destinée de l'équipage de l'Astraeus. Toujours plongé en plein monde virtuel, Zane commence à se douter de quelque chose, tout comme Fargo qui part à la recherche de Molly, entraînant leur mise en péril à tout deux. Toujours imprévisibles, les habitants d'Eureka testent les limites de l'univers qui les entourent, le doute scientifique révélant assez rapidement la nature du subterfuge. 

Si le cliffhanger de l'épisode deux semblait annonciateur d'un virage plutôt sombre, cet épisode s'efforce de rectifier le tir, Eureka restant un show sympathique grâce au talent de l'impayable Colin Ferguson. Il faut bien l'avouer, l'épisode tient en grande partie grâce au numéro hilarant de ce shérif toujours dépassé, mais jamais dépourvu d'idées pour se sortir des situations les plus impossibles. Si son arrivée dans l'univers virtuel parait un peu trop facile, sa capacité à se placer au milieu de catastrophes aux proportions bibliques fait que le spectateur oublie assez vite les petites lacunes du scénario. 

Arrivant dans le monde virtuel, Carter sème la zizanie et confirme une nouvelle fois son sens du sacrifice, mais aussi sa capacité de destruction en réduisant en miettes un univers virtuel entier. La preuve que rien ne résiste au héros du show de Jaime Paglia et Andrew Cosby, offrant un divertissement plaisant, malgré un choix d'orientation discutable et certains points du scénario moyennement crédible. 

 

Entre rires et déception

 

Mais une fois dépassée le numéro toujours réussi de Colin Ferguson, Eureka nous offre ici une intrigue étonnamment fade et totalement prématurée à ce point de la saison. Le but des auteurs est de mettre fin à l'arc du season premiere en laissant la possibilité au shérif de pénétrer dans l'univers virtuel par le biais de Beverly Barlowe. Celle-ci retourne sa veste contre le sénateur Wen un peu trop vite, tout en laissant apparaître la nature assez floue des règles de cet univers virtuel, montrant les limites d'un concept finalement bien plus fragile que prévu. 

Le fait que la mort virtuelle de Carter entraine son décès dans la réalité est une ficelle assez grossière, tout comme le fait que le programme ne remplace pas Holly par un NPC. L'arrivée de Jack élimine la version virtuelle pourtant intéressante du héros, ruinant du même coup une bonne part de la crédibilité du concept qui bascule alors dans le registre de la comédie. Même si l'épisode reste plaisant, il laisse un léger sentiment de gâchis lié aux possibilités offertes par un univers artificiel tout en montrant que la population d'Eureka ne peut pas être enfermé dans une bulle, la science ayant besoin de liberté et de tester perpétuellement les limites de la réalité. 

Sans être dans l'ensemble désagréable, cet épisode déçoit par la manière dont il met fin à un arc plutôt ambitieux, comme si les auteurs avaient soudainement pris conscience de leur incapacité à se plier au format de deux mondes parallèles. Une intrigue divertissante, mais cousue de fils blancs, mettant fin deux épisodes trop tôt à l'expérience du Sénateur Wen sans offrir la moindre possibilité de prolongement. Il ne reste plus qu'à revenir à une certaine routine, évacuant l'aspect tragique de la mort d'Holly, ce monde virtuel n'étant finalement qu'un accessoire pour justifier le retour de l'équipage de l'Astraeus et le départ de Felicia Day. 

 

 

Retour à une certaine routine 

 

Après avoir laissé espérer un final plus ambitieux que prévu, Eureka revient donc à une certaine routine et laisse entrevoir une mythologie qui risque de se limiter à la relation entre la ville et Carter. En effet, le shérif apparaît de plus en plus comme l'élément qui tient tout ensemble, le noeud qui tient ensemble tout le tissu social donnant à Eureka des fausses allures de western. Mais bien plus qu'une histoire de cow-boy, la série raconte l'association impossible entre une ville de scientifiques imprévisibles et leur protecteur, un homme dont rien ne laisserait entrevoir qu'il serait idéal pour cet emploi.

En effet, Jack Carter est un héros typique de la littérature de science-fiction, personnage positif qui parvient à saisir les concepts scientifiques les plus compliqués par le biais de métaphore simpliste. Une volonté de vulgarisation de la science par le récit qui rappelle Asimov, proposant des robots victimes de crise de conscience et des créations dangereuses présentées toujours selon un point de vue positif. Au-delà de la culture geek, c'est toute la science-fiction de l'âge d'or des années cinquante que l'on retrouve dans Eureka, loin du cynisme actuel des auteurs modernes qui se sont coupés peu à peu de la culture populaire. 

Héros que l'on se plait à voir souffrir, Jack Carter est le gardien d'Eureka, le seul à oser prendre des risques invraisemblables sans la moindre conscience des menaces sur sa propre existence. Privilégiant la survie de la ville à la sienne, Carter est l'exemple de la capacité du héros à pouvoir affronter les mystères de la nature et de la connaissance. Et c'est par l'exploitation de ce thème intéressant que les auteurs vont orienter la fin d'Eureka, par la destinée d'un homme qui incarne à lui seul la sécurité d'une ville imprévisible et foisonnante.

 

Faire contre mauvaise fortune bon coeur 

 

Après cinq saisons, le spectateur passionné que je suis a cru à la possibilité d'une saison cinq qui sorte du cadre habituel du show, avec cet univers parallèle et les possibilités qu'il laissait entrevoir. Hélas, cet épisode vient ramener à la réalité d'un divertissement formaté, celui d'un concept show qui fait le choix de saborder de manière prématuré ce premier arc du début de saison. Une déception à relativiser tant l'épisode s'avère être particulièrement drôle, ramenant à une routine moins ambitieuse certes, mais pas antipathique pour autant. 

En conclusion, un épisode qui laisse un sentiment mitigé, offrant un bon divertissement grâce à un Colin Ferguson toujours ainsi impeccable. Pris entre son ambition et son besoin de reposer sur une base solide, Eureka est à l'image de sa création, dépendant d'un héros qui vient réduire à néant la pâle copie construite par Beverly et Wen. Une conclusion préméditée, pas très cohérente sur certains points, mais divertissante grâce à un humour indéniable et un sens certain de l'autodérision. 

 

J'aime : 

  •  Colin Ferguson est très bon 
  •  divertissant et très drôle 
  •  les scènes entre Carter et NPC Joe Lupo 

 

Je n'aime pas : 

  •  un épisode prématuré dans la saison 
  •  des incohérences flagrantes 
  •  moins ambitieux que les deux précédents

 

Note : 12 / 20 

Un épisode drôle et divertissant qui voit le shérif Carter travailler en commun avec Beverly pour sauver les membres de l'Astraeus. Hélas, quelques incohérences et certaines ficelles un peu grosse laissent l'impression d'une volonté des auteurs de mettre fin à cette histoire de monde virtuel. 

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...
Image Eureka
14.52
12.47

Derniers articles sur la saison

Critique : Eureka 5.13

Un ultime épisode très classique et sans surprise qui privilégie la nostalgie alors que toute la ville s'apprête à déménager.

Critique : Eureka 5.06

Un épisode de transition intéressant, mais qui n'arrive jamais à passionner vraiment à cause d'un déroulement beaucoup trop prévisible.

Critique : Eureka 5.07

Un épisode qui part d'une bonne idée, mais dont l'écriture est beaucoup trop approximative pour convaincre.