Critique : Eureka 5.05

Le 18 mai 2012 à 04:28  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode au concept bancal et plutôt original, mais qui parvient à fonctionner grâce à des comédiens assez épatants
Par sephja

Critique : Eureka 5.05

~ 8 minutes de lecture
Un épisode au concept bancal et plutôt original, mais qui parvient à fonctionner grâce à des comédiens assez épatants
Par sephja

Transfert neuronal 

 

Zane décide contre l'avis de Fargo de remettre en marche la machine à l'origine du monde virtuel crée par Beverly, le chef de Global Dynamics préférant faire disparaître tout souvenir concernant Holly. Seulement, en refusant de couper la machine, Zane entraîne des phénomènes étranges qui touche directement le shérif Carter, Fargo et ensuite Zane échangeant leur corps avec lui.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une construction en trois actes efficace 
  •  des comédiens qui font la différence 
  •  une dimension mythologique intéressante 
  •  un divertissement assez réjouissant 

 

 

Description, récréation et résolution dramatique 

 

Structure classique dans l'univers d'Eureka, cette décomposition en trois temps est une des grandes réussites de la série par sa simplicité, offrant assez souvent le parfait mélange entre drame et comédie. Ici, le premier acte va s'appuyer sur l'échange Fargo - Jack pour poser les bases de l'épisode, avec le retour de Warren qui vient évaluer la bonne santé des passagers de l'Astraeus. Ce premier échange reste timide, offrant un intérêt moindre, mais qui permet de poser le concept de l'épisode et d'offrir l'occasion aux comédiens de s'en donner à coeur joie, chacun s'amusant à copier les mimiques de l'autre. 

L'échange reste anecdotique à ce stade, idée légèrement bancale qui semble ne mener nulle part jusqu'au deuxième échange impliquant Carter et Zane. Beaucoup plus drôle, cette partie du scénario possède des implications plus profondes concernant le malaise entre Jack et Jo, le shérif se retrouve involontairement dans la douche avec elle. Les allusions sur le physique pleuvent, le jeune programmeur profitant de l'occasion pour camper un shérif totalement allumé, scène divertissante qui prouve qu'Eureka n'a rien perdu de son potentiel comique. Une évolution de l'intrigue très réussie qui permet de faire évoluer la relation entre Zane et Carter, tout comme celle entre Allison et l'adjointe Lupo. 

Evidemment, les auteurs sifflent la fin de la récréation avec la révélation de l'existence d'un danger imminent qui met la vie du shérif en péril, donnant lieu à un dernier échange terriblement dramatique dont je tairais évidemment la teneur. Un twist assez malin qui prouve qu'Eureka sait faire preuve de créativité, offrant un divertissement qui s'appuie beaucoup sur la qualité des interprètes. Difficile en effet de résister à l'incroyable numéro de Colin Ferguson, Neal Grayson et Niall Matter qui s'en donnent à coeur joie, offrant plusieurs scènes étonnamment drôles. 

 

L'art d'imiter l'autre 

 

La difficulté de cet épisode réside dans la nécessité pour les auteurs de maintenir la crédibilité de cette histoire, le pitch de départ ne reposant sur rien de très solide en apparence. Ainsi, l'échange entre Fargo et Jack paraît une mauvaise idée au premier abord, surtout qu'aucun élément dans la narration ne permet de donner un quelconque enjeu à ce premier transfert, à l'exception d'un Wally qui joue ici clairement les faire-valoir. Pourtant, ce premier acte va s'avérer plus que nécessaire, posant plusieurs éléments indispensables pour la suite, tout en nous offrant un formidable numéro des deux acteurs. 

Le choix du patron de GD devient alors judicieux, Neal Grayston ayant un jeu très théâtral plus facile à parodier que celui de Nial Matter, Zane ayant un style plus en retenu. Idée originale sur le papier, cet échange de personnalité entraîne à chaque fois un certain temps d'hésitation, les auteurs craignant de voir la crédibilité de l'ensemble réduite à néant par la moindre faute de goût. Prenant de gros risques, l'équipe créative d'Eureka s'en tire plutôt bien grâce à la dimension mythologique prise par l'épisode, en particulier concernant la scène terrible où Erica Cerra avoue à Jack une certaine attirance pour lui.

Très réussi, cette conversation est la scène importante de l'épisode qui permet de justifier ce concept consistant à échanger les identités. Bien au-delà des gags concepts où Zane s'amuse à faire passer Carter pour un imbécile, les scénaristes offrent quelques scènes subtiles et assez touchantes, ces croisements de personnalité permettant de révéler certains éléments qui sortent l'intrigue du piège de la simple anecdote.

 

 

La frontière entre un duo et un couple

 

Si les sous-entendus concernant la relation entre Jack et Jo n'avaient pas dépassé le cadre de la simple anecdote comique durant le début de saison, les auteurs essaient intelligemment de donner du sens à ce léger trouble. Ainsi, la possibilité d'une romance entre les deux apparait comme crédible, soulignant la mince frontière existant entre un duo et un couple. La différence entre les deux repose sur la possibilité d'un passage à l'acte, instant troublant où l'opportunité d'une relation vient troubler la relation entre le shérif et son adjointe, Erica Cerra offrant une prestation des plus impeccables. 

Le choix des scénaristes d'opter pour une écriture plus sensible dans le dernier acte est assez intéressant, montrant un attachement touchant envers leurs personnages. La résolution de cette fausse intrigue romantique entre les deux protecteurs d'Eureka apparait comme assez judicieuse, faisant le choix d'une certaine logique tout en refusant d'enfermer les personnages dans une évolution prévisible. Loin de proposer une vision simpliste du couple, les auteurs proposent un point de vue où l'amour n'a rien à voir avec la destinée, préférant mettre en avant l'aspect profondément chaotique de l'étrange alchimie aux origines d'un couple. 

Ainsi, la colère de Zane envers Carter relève plus du dépit que de la haine, conscient de la relation particulière qui existe entre Jack et l'adjointe Lupo, l'obligeant à se poser la question complexe et difficile de la confiance. Totalement imprévisible, l'univers apparaît sous sa forme la plus imprévisible, refusant l'idée du moindre déterminisme, comme pour le cas de Fargo dont la storyline avec Holly connait un développement inattendu.

 

La mort et Eureka 

 

Depuis le pilot de la série, la mort occupe une place particulière dans Eureka, prenant à chaque fois la forme d'une simple disparition sans sang, ni douleur que ce soit pour Stark ou ici pour Holly. Divertissement intelligent et volontairement inoffensif, la série de Jaime Paglia et d'Andrew Cosby semble refuser l'idée de la fatalité, cherchant une sortie un peu moins brutale à l'intrigue concernant l'ex-fiancée de Fargo. Une incapacité à faire face à la mortalité qui fait partie de l'ADN du show, Eureka jouant à imaginer les pires catastrophes pour mieux se jouer de la mort par le biais de la science. 

En conclusion, un épisode assez bancal du point de vue du principe, mais qui s'avère particulièrement amusant par la manière dont il exploite les éléments mis en place en début de saison. Le transfert de Zane à Jack se révèle en particulier assez hilarant, Colin Ferguson offrant une performance assez remarquable. Le refus des auteurs de céder à la vulgarité amène une conclusion bien pensée et assez juste à la relation entre Jack et Jo, offrant un final plutôt convaincant qui vient rattraper un premier acte assez maladroit.

 

J'aime :

  •  la performance de Colin Ferguson et Erica Cerra 
  •  la scène touchante où Jo avoue son trouble à Carter 
  •  le transfert très amusant de Zane dans Carter 

 

Je n'aime pas : 

  •  le premier transfert moyennement convaincant 
  •  la présence résiduelle d'Holly pas assez exploitée 

 

Note : 13 / 20 

Si le pitch de départ paraît pour le moins bancal et inquiétant, la performance étonnante de Colin Ferguson et la qualité de la seconde partie permet de pardonner les hésitations du premier acte. La fin fait même preuve d'une finesse inattendue avec une Erica Cerra assez touchante, donnant une conclusion plus subtile qu'il n'y parait.

L'auteur

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