S'il y a bien une chose sur laquelle s'accorde tous ceux qui regardent Game of Thrones, c'est sur son aspect extrêmement fragmenté. Depuis la saison 1, le problème lié à la multiplication des personnages et à l'éloignement géographique de ceux-ci, s'est aggravé. Cette année, pas moins de onze intrigues se sont chevauchées sur dix épisodes. C'est beaucoup. De tout ceci, résulte l'impression tenace de voir onze shows différents portés par onze thématiques. Cette semaine, pour la seconde fois dans l'histoire de la série, un choix radicalement différent est pris : celui d'unifier tout le monde par la bagarre. Alors, payant ou pas ?
Le bon côté de la bagarre :
J'ai toujours aimé la bagarre. Les films d'action, les péplums et les films de guerre, lorsque c'est bien fait, c'est un vrai plaisir. « Blackwater », en dépit d'une CGI à la rue, avait su nous livrer un bon morceau d'action non-stop pendant 40 minutes, mâtiné d'une bonne dose de suspense. Ce « The Watchers of the Wall » reproduit la même recette : dix à quinze minutes de préparation et trente-cinq à quarante minutes de combat.
Le rythme est très bon et porte tout l'épisode. La montée en tension sur dix minutes conduit directement le spectateur au creux de l'épisode avec les wildlings attaquant des deux côtés. C'est propre, assez bien réalisé (même si j'ai beau plisser des yeux, j'avoue que je ne trouve absolument aucune différence entre les différents réalisateurs de la série) et prenant. L'épisode se paye même deux savoureux morceaux de bravoure : Jon Snow qui descend dans l’arène pour rétablir l'ordre, et, bien sûr, ce face à face dans le tunnel entre le géant et six corbeaux qui récitent leurs vœux pour se donner du courage. L'épique est très loin d'être un genre facile à mettre en scène et il faut vraiment être un bon réalisateur pour le faire. Ici, Neil Marshall s'en sort avec les honneurs.
L'unité de temps et de lieu joue pleinement en faveur de l'épisode. Immergé avec ces défenseurs du mur, on profite de l'action en étant davantage impliqué. Bref, c'est du tout bon. Je crois d'ailleurs que l'expérience gagnerait à être reconduite. Cette quatrième saison, comme la saison précédente, montre les limites de la fragmentation intense des intrigues. Je crois que la série n'a rien à perdre à essayer le « point de vue unique » par épisode. Cet épisode, comme celui de Blackwater, a montré que la série devenait plus dense et s'en retrouvait grandie.
Le mauvais côté de la bagarre :
Malgré tout, l'épisode n'échappe pas à deux-trois défauts assez caractéristiques du show. Il y a tout d'abord cette impression, continue pour moi, que la série n'a pas vraiment de discours. On trouve bien ici ou là une leçon politique, une morale sur l'implacabilité du destin et quelques considérations sur l'espèce humaine, mais rien de jamais vraiment approfondi. Game of Thrones est un peu à l'heroic-fantasy ce que Jerry Bruckheimer est aux films d'action : quelque chose de décomplexé, de fun, mais de jamais vraiment « prise de tête ». A la vue du riche propos du livre et de la complexité de ses personnages, c'est un peu dommage.
Il y a, ensuite, les conséquences de cette fragmentation dont je parlais plus haut. Dans cet épisode, trois personnages « secondaires » perdent la vie. Les deux showrunners avaient annoncé dans une interview que des personnages encore vivants dans le livre pouvaient mourir dans la série. Au final, qu'est-ce qu'on a eu ? Pyp. Mais siiiii, vous savez bien Pyp' (de son vrai nom « Pypar ») , ce p'tit gars qui garde la porte au début de l'épisode !
Apparemment, il était déjà apparu dans les saisons 1 et 3 de la série et ... et franchement je n'en avais aucun souvenir. C'est un peu le problème lorsqu'il y a tant et tant de personnages. Ici, l'épisode tente de redresser le tir en lui donnant plus de présence à l'écran, mais franchement ça n'a pas suffi : Pyp restera toujours pour moi ce type vaguement sympa qui avait ouvert la porte à Gilly pour qu'elle puisse se mettre à l'abri. Un bon gars, mais un gars dont j'aurais oublié le nom l'an prochain. C'est la même chose sur le second personnage de l'épisode à mourir : sa mort a beau être très héroïque et très réussie, je ne sais toujours pas son nom. Le même problème se pose enfin quant à la disparition du troisième personnage, sauf que cette fois, c'est un peu plus problématique : Ygritte.
J'aime beaucoup ce personnage et sa romance avec Jon Snow (malgré quelques moments complètement cheesy) avait été réussie. Mais cette saison, la rouquine a eu un temps de présence à l'écran d'à peu près vingt minutes (et je suis gentil). Comme beaucoup d'autres personnages, je me suis détaché d'elle et sa mort un poil over-the-top ne m'a fait ni chaud ni froid. La série paye ici sa principale qualité : à force d'avoir fait disparaître des pans entiers de son casting, elle a pris aussi le risque que le spectateur ne soit guère surpris / choqué si un personnage secondaire meurt. À moins que Tyrion, Sansa, Ayra, Daenerys ou Ser Bondisseur ne disparaissent, je crois que je suis blindé pour tout maintenant.
Un épisode agréable qui rattrape un peu les deux précédents. Il reste maintenant un épisode à cette quatrième saison pour démontrer tout son potentiel de surprises et de rebondissements, et pour me permettre de répondre à cette question dont je n'ai toujours pas de réponse : elle est bien au fait cette saison de « Game of Thrones » ?
J'ai aimé :
- Un putain de géant chevauchant un putain de mammouth. Ma phrase se suffit à elle-même, je crois.
- Le personnage Jon Snow enfin charismatique et classe.
- La scène avec Aemon Targaryen.
- La bagaaaarre !
Je n'ai pas aimé :
- L'acteur Jon Snow, toujours pas charismatique et classe.
- L’allée et retour de Gilly à Mole, c'était vraiment utile ?
- Quelques aspects un peu cheap de l'épisode.
Ma note : 14/20.
Bonus :