Eh non, ce n’est pas Koss qui va assurer cette critique de Game of Thrones. Surprise ! Malgré de bons et loyaux services pour les 7 précédents épisodes, il était tellement effaré devant la quantité de boobs et de sang dans cet épisode qu’il a préféré faire un boycott. On le comprend. Rassurez-vous, il reviendra très vite pour le big-épisode-numéro-9 et pour le final que l'on suppose très dynamique, évidemment ! En attendant, vous vous dîtes peut-être : « Chouette, on va enfin voir de la positivité ! ». Mais… non.
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La recette de Game of Thrones
Cet épisode ne fait strictement aucun effort. Il se contente de reprendre le principe tout bête de Game of Thrones qui s'applique particulièrement bien à cette saison. Prenez environ une dizaine de personnages clés. Mettez-les ensemble dans une ville ou sur une route. Prenez une pincée de leur storyline, juste le strict nécessaire et assemblez-les au hasard. Le tout doit tenir 40 minutes. Attention ! Il convient de commencer par des boobs et/ou du sang pour attirer l’attention du téléspectateur, mais SURTOUT, de garder les gros événements, avec si possible des victimes, pour la fin ! Voilà, vous avez votre épisode de la quatrième saison ! Celui qui vous accroche pendant les 5 premières minutes et qui vous fait oublier tout le milieu, la plupart du temps sans saveur, par 5 dernières minutes de spectacle.
Bizarrement, les deux derniers épisodes que nous avons eu respectent ce schéma et sont sans doute les deux pires de la série jusqu’ici. Sauf que comme d’habitude, l’épisode va être acclamé, il va se taper 9.9 sur IMDb et restera dans les mémoires à cause d’une seule chose : la fin. J’exagère, mais la dernière scène dans Game of Thrones, c’est comme la pommade qu’on nous passe pour qu’on ait envie de revoir le show la semaine suivante en oubliant la majeure partie de la chose.
Je suis moi-même souvent très enclin à fermer les yeux sur pas mal de défauts et à mettre une note décente lorsque la dernière scène est mémorable. Inutile de le nier : la dernière impression compte énormément et toute série digne de ce nom se doit de captiver le téléspectateur suffisamment pour lui donner envie de regarder la semaine suivante - c'est le fondement de toute série. Encore faut-il que cette scène finale soit bonne ! Et encore faut-il que le reste ne soit pas minable.
La scène finale, bonne ?
Voir le prince Oberyn faire un ballet devant la Montagne, en répétant machinalement les mêmes mots, ça n’a rien de très excitant. Vous avez compté le nombre de clichés dans ce « duel » ? De base, nous avons le traditionnel « petit combattant agile » contre « la grosse brute » et bien sûr cela y est fait mention plusieurs fois. Oberyn qui décide de ne pas achever l’autre alors qu’il est en position de force juste pour faire swag et obtenir sa vengeance ? Check. Le public qui fait des « Ooooh » à chaque action (c'était mal filmé ça) ? Check. Le mec qui a reçu trois coups de lance (dont un en plein dans le ventre) qui se relève à la fin pour une victoire inattendue (sauf que du coup on s’y attend tous) ? Check. Au final, qu’y a-t-il vraiment de marquant dans cette scène ? Oui, les yeux et la tête éclatés d’Oberyn. Rien de plus. Là, on est dans le pur GoT sans aucune substance. A la limite, la perspective pour l'avenir de Tyrion, mais cela vient plus tard. Le combat semble qui plus est s’être inspiré du film Princess Bride, d’une scène culte dont l’aspect grotesque suffira certainement à vous interroger vraiment sur le duel que vous venez de voir :
Le reste, à jeter ?
Malheureusement, il y a très peu de choses à se mettre sous la dent à côté. Evidemment, ce sera encore une fois à chacun selon ses préférences, mais ici le format découpé de la série montre encore une fois toutes ses limites. Aucun rythme, pas de transitions et des choix de dialogues pour le moins surprenants ; on en viendrait même à se demander s’il y a vraiment quelque chose à raconter. Je n’ai pas lu le livre et je ne me suis pas renseigné, aussi je n’ai fait/je ne ferais que juger l’épisode et la série que j’ai en face de moi. Néanmoins, j’ai cru comprendre que le troisième roman A Storm of Swords a été divisé en deux et constitue la saison précédente et celle-ci ? Cela peut expliquer la lenteur de certaines intrigues. A voir, sur ce point, je ne peux vraiment me prononcer.
Concrètement, arrêtons la théorie et prenons ce que l'épisode nous sert directement : Meereen. Grey Worm et son histoire d’amour avec la servante, c’est inintéressant. Même si la volonté de remplir la partie Est de Westeros avec des intrigues secondaires est louable, les personnages secondaires dans Game of Thrones ne sont clairement pas la force de la série. En outre, ils ont tendance à mourir très vite. En contraste, la révélation de la traîtrise de Jorah aurait été intéressante... Si les dialogues ne faisaient pas aussi téléphonés (le rappel de la tentative de l’empoisonnement est venu comme un cheveu sur la soupe). Et surtout si Emilia Clarke n’était pas aussi peu expressive. Je suis moins dur que certains et j’aime beaucoup son jeu de reine froide (j’ai encore des frissons devant sa scène bad-ass à souhait dans And Now His Watch is Ended) mais, dieu qu’elle était nulle dans cet épisode ! Son plus gros problème, c’est son regard vitreux. J’ai beau la regarder : après la découverte de la traîtrise de son meilleur ami, elle ne transmet aucune émotion, rien. Un mur. Mais après tout, l'appréciation d'un jeu d'acteur reste un élément purement subjectif. Comme note positivte, on relève le plan du départ de Jorah, magnifique. Mais globalement : encore un moment fort qui aurait pu être intense mais qui apparaît tout simplement… Plat.
Non, rien à faire... rien ne passe. Si vous n'aviez pas vu l'épisode et que je vous disais qu'elle regarde sa grand-mère ou bien Jorah faire un strip-tease, vous y croiriez.
Le Mur. La scène d’introduction sanglante où se mêlent coups d’épée et concours de rôts mériterait un prix pour la meilleure introduction de la série de la mort qui tue. Le combat en tant que tel et la parlotte entre Jon et les dirigeants du Nord, c’est un peu le genre de scène arnaque qui divertit quand on la regarde : « Chouette ça bouge ! ». Mais qui finalement ne change pas grand-chose, car ce qu’on attend tous viendra après : le combat Sauvageons VS Garde de Nuit. On en revient qui plus est au même problème : cette scène aurait pu survenir bien plus tôt, il n’y a absolument aucune raison narrative de la mettre ici (encore MOINS en scène d’introduction complètement parachutée de nulle part). On se consolera en disant que la série sait toujours aussi bien réaliser les massacres malgré la profusion parfois inutile de sang – autant se préparer, le suivant n’y échappera pas.
La scène de la prise du château dans le Nord était… normale. Je dois avouer que je n’ai jamais pu me connecter à l’intrigue de Theon et Ramsey. Lors de ses scènes de torture dans la Saison 3, je n’aurais JAMAIS cru qu’on tirerait cette storyline aussi loin et qu’elle deviendrait aussi importante - ils viennent de s’emparer du Nord tout de même. J’ai de la pitié pour Theon et le dressage que lui a fait subir Ramsey est terrifiant. En outre, les deux acteurs jouent bien. C’est suffisant pour me faire apprécier leur intrigue. Le conflit de personnalité de Theon est d’ailleurs très intéressant et est, selon moi, l’un des meilleurs développement de cette saison avec la relation Peter-Sansa (tiens, deux storylines qui n’apparaissent pas dans tous les épisodes et qui ne contiennent que quelques scènes clés, ô surprise !). En espérant que la série explore cette piste et prenne le temps de développer ce nouvel arc, mais avec la floppée de personnages derrière à faire avancer, rien n'est moins sûr.
King’s Landing. La seule intrigue qu’on a vu à chaque épisode et qui assurait toujours du spectacle. Mais, pas cette fois. Cette fois, on nous sert un remake de « Conversations entre frères » déjà eu deux épisodes plus tôt. Cette fois, c’est Tyrion et Jaime qui parlent d’un de leur cousin qui s’amusait à éclater des insectes. Su-per. Il y avait un sens ? Une quelconque métaphore entre les scarabées écrasés et Tyrion qui se fait malmené (ou c'est plus sur Breaking Bad ça) ? C’est là que ceux qui n’ont pas lu le livre (comme moi) se demandent tout simplement si cette scène méritait d’être adaptée ou bien si elle avait un autre sens dans le livre. Jamais le nombre de scènes dispensables n’avait été aussi élevé que dans cette saison et c’est très très inquiétant.
Oh ! Votre SansaStark évolue !
Quelque mots sur Sansa, car c’est de loin la révélation de l’année. Libérée de l’emprise de Joffrey, elle s’est faite attendre mais, a finalement re-pointé le bout de son nez il y a quelques épisodes, soutenue par un Lord Baelish au top de sa forme. Entre les confrontations avec sa tante, sa relation inhabituelle avec Peter Baelish et les scènes traduisant son grand retour dans le jeu : Sansa s'envole, ressortie plus forte de la perte de sa famille (comme le prouvent son comportement et sa tenue qu’elle porte à la fin de cet épisode ou bien le château de neige qu’elle construit dans l’épisode précédent – best scène de la saison soi-dit en passant). Sansa s’affirme. Elle est bien plus intéressante que sa sœur selon moi et cet épisode marque réellement un tournant dans son personnage. L’actrice a formidablement bien joué son témoignage lors de l’interrogatoire sur le « suicide » de sa tante. On sent le progrès depuis les deux dernières saisons où elle n’a quasiment jamais pu parler librement. Signe du destin, la première mention de la durée de son esclavage et le fait qu’un personnage lui dise explicitement qu’elle a grandi, surviennent au moment où Sansa est enfin libre de ses paroles. C’est vrai que ça commençait à faire longtemps que Sansa avait 16 ans ! Le personnage n'est plus figé dans le temps et l'avenir lui tend les bras, à commencer par Baelish, le nord et bien évidemment, sa soeur. En résumé rien à reprocher à cette intrigue, du bon Game of Thrones comme la série a su faire.
La naissance d’un psychopathe
Non, vous l'avez deviné, je ne terminerai pas cette critique sur une note positive. Pas aussi lamentable que la semaine dernière, la scène d’Arya est une douce arnaque déguisée. C’est la seule intrigue qui ne bouge pas d’un pouce. Avec The Hound, ils avancent devant la porte des Eyrié et apprennent la mort de la tante d’Arya. Point. Sansa doit être à quelques mètres derrière la porte mais non, les retrouvailles entre sœurs, ce sera pour le prochain épisode ! A moins qu'un événement survienne et que The Hound décide de faire demi-tour ? C'est plutôt lourd, c'est un cliffhanger créé de toute pièce. La situation rappelle d’ailleurs les fausses-retrouvailles entre Bran et Jon plus tôt dans la saison. Au final, à quoi aura servi la scène de The Hound et d’Arya ? Nous rappeler que The Hound a une blessure, nous rappeler qu’Arya aime tuer cruellement, les faire avancer de 100 mètres. Ah, et introduire son rire maléfique. Priceless.
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Cet épisode, c’est l’illustration de tout le potentiel gâché de cette quatrième saison. Ce qui s’y passe est scénaristiquement important et on avance dans presque toutes les storylines. Pourtant, on en vient à s'ennuyer, à admirer l’absence totale de liens et à contempler les fautes de réalisations et les limites de certains jeux d’acteurs. Une baisse de régime alarmante qui dure depuis quelques épisodes, tout de même. The Moutain and the Viper me laisse de marbre.
J’ai aimé :
- Sansa Stark.
- Theon et le Nord.
- C’était le dernier épisode avant l’épisode 9.
Je n’ai pas aimé :
- Le milieu. ZZzzZZ.
- La scène de fin (Oberyn avait du potentiel qu’on ne verra jamais).
- Aucune recherche pour lisser les scènes : pas de transitions, pas de liens, pas d’exploitation de thème général (alors qu’il n’y avait pas moins de 3 prises de domaine). Oui, je compte le ressortir à chaque fois ce défaut, car certains épisode arrivent parfaitement à passer outre le format peu avantageux et à donner de la cohérence, c'est le cas du 4.06 : The Laws of Gods and Men.
- Game of Thrones, tu pourrais être tellement génial… Qu’est-ce qui a changé ? Est-ce la vague du succès ? Ce côté « Saison 3B » ? La fainéantise des showrunners ? Le manque de créativité dans la réalisation ? … La lassitude (auquel cas ce serait purement ma faute) ?
Ma note : 10/20
Bonus :
Dessin : Hugo Lebouteiller ; Scénario : Koss