Halalalala, Game of Thrones ! Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’aura pas eu une histoire des plus simples tous les deux. T’ayant adorée lors de nos deux premières années, la passion avait fini par sérieusement se détériorer lors des deux suivantes. Tu t’étais progressivement séparée de tout ce que j’aimais chez toi et dans le même temps tu te confortais dans des pratiques néfastes qui, si elles ne me gênaientt pas plus que cela lors de nos débuts, ont fini par prendre des proportions insupportables à force de répétition et d’empirement. Et tu étais devenue mais alors d’une suffisance… qui défiait les lois de la physique !
En ce début d’année, la flamme était éteinte et j’étais réellement à rien d’en finir une bonne fois pour toutes avec toi, d’autant plus que son commencement ne laissait à première vue absolument aucun espoir d’amélioration. Mais depuis 6 semaines, tu as subitement décidé de te reprendre. Tu as remis en cause certaines mauvaises habitudes que tu avais prises. Tu as su redorer le blason de certains éléments de ta personne qui me plaisaient tant et que tu avais mis de côté, et même parfois me rendre agréable d’autres choses que je n’aimais pas en toi. Petit à petit, le plaisir de ta compagnie m’est revenu et n’a quasiment cessé de croître dès lors. La semaine dernière, tu m’a même offert une conviction que je n’aurais jamais pensé avoir : qu’on puisse retrouver le plaisir de nos débuts. Et alors que je pensais que ça pouvait prendre encore un peu de temps pour en arriver là, je n’aurai finalement eu qu’à attendre 7 petits jours de plus pour que ce soit le cas. Car avec cette dance des dragons, le revoilà enfin pleinement, le Game of Thrones que j’aime !
De la puissance des sentiments ou « #feelings »
L’épisode de cette semaine est en effet un cas très particulier dans mon rapport à Game of Thrones car il réalise ce qui n’a pas été le cas depuis fort longtemps : j’ai aimé absolument toutes les storylines du jour. Oui, oui, même le passage chez les vipères d’Andalousie ! Et si, bien entendu, mon degré d’adoration varie selon les intrigues et que j’ai malgré tout quelques chouias de micro-critiques à formuler, je ne m’y suis pas ennuyé une seule seconde et absolument rien ne m’a gâché le visionnage de cette 49ème heure de show.
Mais plus encore que le non-ennui et le non-dérangement, ce qui fait aussi particulièrement ma joie dans cet épisode compte-tenu de mon parcours avec le show, c’est que je ressens enfin de nouveau pleinement des émotions devant la série. Riches et variées qui plus est. Et, peut-être même du coup à cause du fait que cela faisait très longtemps que ce n’était plus le cas, à un degré que je n’avais probablement jamais atteint auparavant.
Ce qui est d’ailleurs marrant à ce propos, c’est que chacune de ces intrigues du jour illustrent une (voire plusieurs pour certaines) des nombreuses émotions de la palette que peut déployer la série lorsqu’elle est réussie.
- L’apaisement
Ici le très court passage consacré à Jon Snow vient illustrer un de ces rares moments de répit que peuvent très occasionnellement connaître les personnages dans cette série. Pourtant entouré par les blessures du passé et par l’inquiétude de certaines perspectives à venir (notamment le regard distant entre Jon et Olly qui semble en dire long, et la tronche de cake de cet empafé d’Allisser Thorne qui n’augure rien de bon), on peut aussi se délecter du soulagement de les voir passer le mur sans accroc, ainsi que celui de voir cet humainement très beau personnage qu’est Sam venir réconforter son ami meurtri. Quand bien même cet apaisement sera sans doute aussi fugace que cette simple scène de transition, il est ici bel et bien là, non altéré par le reste, et il nous fallait tout de même au moins cela après le carnage de la semaine précédente. Le reste pouvait attendre les prochains épisodes, mais c’était pour moi important qu’on fasse un minimum le point ici et maintenant.
- Le tiraillement
Cette semaine, l’intrigue d’Arya prend un virage assez imprévu (bien qu’après coup le fait d’éloigner Mance Tyrell dans l’épisode 2 prend ici enfin toutes ses significations) et va nous mettre dans la situation de tiraillement qu’Arya doit manifestement ressentir… bien que ça ne transparaisse pas plus que cela à l’écran. Une fois n’est pas coutume dans un épisode de cette saison contenant une partie à Dorne, c’est sans doute à cette storyline que j’aurais le plus de petites critiques à émettre : certes soumettre Arya à la tentation au moment le plus crucial de sa formation est une idée très intéressante. Mais dans l’exécution, c’est un tantinet freiné par quelques éléments qui, s’ils ne gâchent pas pour autant le piquant de la situation, empêchent peut-être cette dernière de prendre la voie la plus intéressante qui s’offrait à elle.
Tout d’abord, je ne vois pas l’absolue nécessité de faire de Meryn Trant un pédophile. Ce n’est pas comme si on n’avait pas déjà de nombreuses raisons de vouloir le voir mort. Plusieurs saisons ont beau avoir passé, on n’a pas oublié le meurtre de Sylvio Forel. On n’a pas oublié non plus les mauvais traitements qu’il a pu prodiguer a Sansa, ni les besognes écœurantes qu’ont pu lui confier bon nombre de personnages déplaisants, besognes qu’il a bien souvent accomplies avec grand plaisir. Alors certes, dans le fond, ce n’est que rajouter une caractéristique déplaisante à un personnage qui en avait déjà des tas tout en offrant un vrai motif d’action contre lui à Arya au-delà de sa propre vengeance, mais il aurait sans doute été plus intéressant d’au contraire le dépeindre comme un pur homme de main normal qui n’a fait qu’exécuter les ordres. En plus de se révéler bien plus inattendue (et même osée) que l’option choisie, cela aurait alors confronté la plus jeune des Stark à sa propre quête de vengeance et mieux mis en avant le tiraillement qu’elle pourrait avoir vis-à-vis de sa formation.
Et ensuite, de manière plus générale, cette intrigue conserve la même sorte d’inquiétude sous-jacente d’arrière-plan qui avait émergé la semaine dernière, cette impression qu’on risque d’embrayer sur un dénouement qui au mieux prolongera cette intrigue en saison 6 (et il faudrait alors que ça ne traîne plus trop à avancer. Remember les uber-pénibles 2 ans de Stannis dans sa putain de grotte en saisons 3 et 4…), au pire rendent caduque l’utilité même de cette intrigue qui nous aura occupés tout de même une saison entière. Et vu que très franchement j’ai du mal à voir cette intrigue se boucler en un seul épisode autrement que par le renvoi d’Arya suite à son échec dans le suivi de sa formation (probablement par le meurtre de Trant), je ne peux cacher mon inquiétude quant à l’éventualité d’une possible fin bien décevante pour une storyline que j’aurais le reste du temps beaucoup appréciée, ce qui serait évidemment fort dommage. J’espère vraiment, qu’elle tue Trant ou renonce à sa vengeance, qu’ils sauront faire les bons choix pour éviter que cette intrigue ne se prenne les pieds dans le tapis.
Il n’empêche que malgré tout, cette intrigue parvient à nous mettre, nous spectateurs, dans une position de tiraillement vis-à-vis de son possible dénouement la semaine prochaine. En effet, on aimerait bien comme Arya avoir le beurre et l’argent du beurre dans cette histoire : voir Meryn Trant mourir et Arya achevant avec succès sa formation. Cependant le regard final de Jaqen semble à première vue nous assurer qu’il ne faudra se contenter que de l’un des deux. Alors cher spectateur, la mort de ce pédophile vaut-il l’échec de la formation d’Arya en tant que sans visage, ou bien serait-il préférable que par la réussite de cette dernière la personnalité de ce personnage tant apprécié disparaisse complètement au profit de la concrétisation d’une saison entière d’enjeux narratifs ? Cette question n’est peut-être finalement pas aussi simple à répondre que ce qu’on aurait pu croire de prime abord…
- L’humour
Oui donc du coup ça pourra en surprendre certains, d’autant que je me suis montré assez critique sur cette intrigue pendant le reste de la saison, mais j’ai bien aimé le passage à Dorne cette fois-ci, quand bien même il n’avait selon moi pas nécessairement besoin d’être placé dans l’épisode du jour (il aurait tout aussi bien pu figurer dans le 7 ou le 8 pour le coup, d’autant qu’il aurait été sans doute intéressant d’y revenir dans un épisode où Cersei était présente, ce qui n’est pas le cas ici). Principalement parce que c’est traité avec beaucoup d’humour, et un humour qui je trouve fonctionne bien de par son caractère à la limite du meta.
Je ne peux en effet m’empêcher de voir les scènes de cet épisode comme un aveu d’échec de la part des showrunners sur cette storyline cette année. Conscients du manque de temps de tournage dans l’enceinte (magnifique au passage, les décors de cette saison ça aura été du caviar jusqu’au bout) de l’Alcazar et du fait que toute l’intrigue repose quand même sur un énorme quiproquo qui n’avait pas d’autre but qu’être un prétexte à l’éloignement de Jamie de Port Réal pour laisser l’intrigue saisonnière de Cersei prendre vie sans accroc, ils officialisent par les scènes et dialogues très second degré de cette probable dernière séquence de la saison en ces lieux le fait que toute cette intrigue était une vaste blague. Et quand bien même ça ne change en l’état pas la catastrophe globale qu’a été cette intrigue, force est de constater que l’humour qu’ils tentent d’y placer est efficace et que provocant au moins le rire à défaut de l’ennui, la pilule passe beaucoup mieux cette fois-ci que sur d’autres intrigues moisies qu’on a pu connaître par le passé. L’échec de cette intrigue est donc bien plus à reprocher à la saison qu’à cet épisode en particulier, qui en a délivré la meilleure partie.
Et au-delà de ça, il y a deux choses que j’ai trouvées très réussies dans cette partie de l’épisode.
Tout d’abord la place assez centrale qui est accordée à Doran Martell. Et autant les filles d’Oberyn auront été une catastrophe cette année, autant ce personnage, je le trouve très réussi et intéressant, d’autant que cet épisode nous montre un nouvel aspect de sa personnalité : celle du stratège. L’air de rien, ici, il arrive à retourner un fâcheux contretemps à son plus grand avantage sur un sacré paquet de points : il vient de consolider ses relations avec les Lannister de manière considérable tout en densifiant son influence et son pouvoir au sein de Westeros par la nomination de Trystanne au conseil restreint. De plus, il éradique toute forme de rébellion avec l’ultimatum qu’il pose à Ellaria Sand, et en acceptant de libérer Jamie et Bronn sans le moindre heurt, s’assure de la redevance de ces derniers et donc de l’application des termes qu’il avait exigés (sans quoi il pourra alors monter des hostilités qui apparaîtront comme totalement légitimes aux yeux du royaume). S’il y en a bien un qui y a gagné dans cette histoire, c’est indubitablement lui, au point presque de se demander s’il ne serait pas l’auteur du message de menace à Cersei.
Quoi qu’il en soit, bien plus que n’importe lequel des autres dirigeants des factions du monde de la série à l’heure actuelle, Doran est un personnage qui aurait tout à fait sa place sur le trône de fer. Il en a l’intelligence (notamment diplomatique et stratégique), la prestance, le charisme, la force d’esprit, l’autorité et la sagesse. Son handicap moteur est vraiment la seule ombre au tableau et j’espère vivement qu’il sera un des grands acteurs de la politique de Westeros dans les saisons à venir.
Et enfin, j’ai beaucoup aimé la scène finale entre Ellaria et Jamie. Je ne sais pas si elle était véritablement sincère ou si ça cache quelque chose (ce qui serait quand même pas mal car ça donnerait une raison de plus à cette intrigue d’exister. Après tout, elle ne disculpe pas Cersei dans son discours final…) mais j’ai trouvé la scène vraiment touchante et belle.
- L'émerveillement
Mais en fait le plus bel exploit de cette saison 5, c’est sans doute d’avoir enfin réussi à rendre l’intrigue de Mereen un tantinet intéressante ? Et tout cela par la simple arrivée de Tyrion dans les parages. C’est incroyable à quel point ce personnage relève absolument toutes les intrigues par où il passe, et c’est vrai que s’il y en avait une qui en avait bien besoin, c’était celle de notre cher Khaleesi !
Non mais rien que ses joutes verbales avec Hizdahr Zo Loraq sont un pur régal, sans compter sa tronche à la découverte de Drogon et tout ce qu’il s’en suit. En fait Tyrion, c’est un des membres de S.O.S. Société, vous savez, ceux qui sont là pour nous aider, et ils ont décidé de le mettre sur la plus grosse mission de sa vie : rendre Daenerysland potable. Pour l’instant c’est un succès. Ah et oui, ça fait du bien aussi de le revoir un minimum fringué et propre pour cet épisode, il commençait sérieusement à en manquer !
Sinon, les scènes de Jorah sont également très touchantes. Si le personnage avait pu devenir agaçant à la longue à force de rester statique vis-à-vis de ses sentiments évidents envers la mère des Dragons, son parcours cette année l’a rendu à nouveau très sympathique : celui d’un passionné en action, prêt à donner corps et âme à la femme qu’il aime et à la défense de ses intérêts. Et voir cette dernière enfin le réaccepter est un soulagement.
Mais le clou du spectacle, c’est bien évidemment cette excellente scène d’action dantesque qu’est l’embuscade des fils de la Harpie, sommet de tension (après tout, on venait juste de sortir de la mort de Shireen, et à ce stade de la saison, n’importe qui peut y passer, d’autant que la survie d’un personnage dans le bouquin ne garantit dorénavant plus sa survie dans la série) et de grand spectacle très bien réalisé, s’achevant dans un Dragon Ex-Machina complètement jouissif, le genre de scènes, comme l’attaque des White Walkers, qu’on attendait depuis fort longtemps, et face à laquelle tous les vrais dragons du site ne pouvait que s’extasier, que dis-je, s’émerveiller devant tant de puissance ! La scène est d’ailleurs tellement réussie dans son aspect divertissant que le côté approximatif de certains de ses effets spéciaux ou la relative impuissance des Immaculés ne m’ont aucunement gêné, pris dans le flot de l’action que j’étais comme un fanboy de la première heure (alors que je haïssais encore le show il y a 7 épisodes !).
Pas de doutes, c’est bien pour ce genre de scènes absolument géniales qu’on adore la série !
- L'Horreur
J’ai longtemps hésité entre aborder l’intrigue de Stannis avant ou après celle de Daenerys, principalement parce qu’elle survient plus tôt que cette dernière dans l’épisode, mais j’ai finalement souhaité la conserver pour la fin, étant de loin celle qui m’a le plus marqué du lot. En effet, encore plus forte que Drogon, la scène phare de cette intrigue est non seulement la plus insoutenable d’une saison 5 qui n’aura pourtant vraiment pas manqué de scènes polémiques, mais aussi à titre personnel sans le moindre doute celle qui m’aura le plus choqué et sonné de toute la série.
Je ne reviendrai pas sur le débat quant à son utilité ou non et la manière, pour moi elle l’est ne serait-ce que de par son impact et pour plein d’autres raisons que je citerai plus loin, mais je n’aurai cette fois pas à cœur, contrairement au viol de Sansa, de chercher à démontrer qu’elle l’est (ou pas dans le cas de Sansa), parce que je comprends parfaitement qu’on ait pu souhaiter une autre direction et un autre traitement ici. Je vais juste expliquer pourquoi cette scène est pour moi la plus forte émotionnellement parlant de la série, celle qui va le plus loin dans l’horreur.
Tout d’abord, parce que la scène est crainte et redoutée depuis un certain temps déjà. Beaucoup se seront d’ailleurs plaint que la scène est très mal amenée, mais sur ce point-là je ne les suis vraiment pas : l’éventualité de l’arrivée de la scène était clairement explicitée dans The Gift, et on pouvait même commencer à craindre pour la vie de la jeune fille lorsqu’on la voyait accompagner son père dans Kill the Boy. Les plus pessimistes d’entre nous pouvaient même commencer à la prévoir dès la très émouvante scène qu’elle partage avec son père dans The Sons of the Harpy. Qu’on se plaigne du fait que le processus de réflexion qui a poussé Stannis à un tel acte ait été fait hors champ, à la rigueur, même si pour moi les informations distillées au compte-goutte lors des derniers épisodes en date avec Stannis et le début de celui-ci sont suffisantes. Qu’on mette en question la fatalité de ces dernières et les actes qui ont mené à ce qu’elles existent et ainsi provoquent cet évènement funeste qu’on aurait préféré éviter, je peux le comprendre également. Mais qu’on dise que ça sorte de nulle part, je suis désolé mais là je trouve que ça relève de la mauvaise foi. D’autant que le fait que l’on vit avec cette crainte depuis plusieurs épisodes pèse beaucoup pour moi dans le fait que cette scène soit si réussie dans sa gestion de l’émotion.
Ça me fait à ce niveau-là un peu penser au cas de Ned Stark pour les non-spoilés (barrer non spoilés) non-lecteurs à la fin de la saison 1 : la suite logique de son emprisonnement et de sa « trahison » de Joffrey : il devait mourir. Sauf que ne connaissant alors pas encore l’audace de la série pour ce qui est de tuer des personnages centraux, personne parmi nous ne s’y attendait vraiment. Ici, au contraire, on sait maintenant trop bien à quel point le monde de Game of Thrones est sombre et plein de terreur, de malheur tacheté du sang des innocents, pendant que les ordures comme Ramsay Bolton (qui est par extension ici l’un des tueurs de Shireen. S’il ne crève pas dans le final, je lance une émeute) alignent les pires des saloperies en demeurant non seulement impunis, mais également récompensés de ces dernières. En fait j’irai même plus loin que de dire que cet évènement était devinable : au fond de nous, je pense qu’on savait tous qu’il surviendrait. Le contraire aurait été trop beau pour un monde comme celui de la série. C’est bien pour ça que la dernière scène que la princesse partage avec Davos puis son père sont des crève-cœur…
Et le fait que la prise de décision finale de Stannis soit hors-champ, je trouve ça très bien comme cela. Ça nous laisse dans le doute qu’il y avait peut-être une autre manière de faire, quand bien même sur le papier la situation était désespérée et que donc Shireen serait de toutes façon morte de froid / de faim à défaut d’être sacrifiée pour au moins sauver les autres membres de l’armée. Et ça vient ainsi nous rappeler aussi le genre d’homme qu’est Stannis (du moins dans la série, les livres c’est un autre débat qui ne me concerne pas, je fais la critique d’un épisode, pas d’un chapitre) après une saison et demi de réembellissement du personnage à nos yeux. Qu’il n’est pas seulement le messie du Nord qui va délivrer ce dernier du terrible joug des Bolton. Qu’il reste aussi l’homme qui s’est servi de la magie noire pour tuer son propre frère. Qu’il reste celui qui n’aurait pas hésité à tuer le dernier des héritiers (certes illégitime, mais bon) de son frère aîné pour pouvoir la réutiliser. Qu’il reste celui qui s’est vendu corps et âme, que ce soit à raison ou non d’ailleurs, à la prêtresse d’un dieu tout puissant pour avoir l’assurance absolue d’éradiquer toute résistance à son accession au trône, quel qu’en soit le prix. Et maintenant qu’il a commis le sacrifice ultime, nul doute qu’il ne reculera plus jamais devant rien pour y parvenir.
D’ailleurs, en parlant de prêtresse, le seul reproche, ou plutôt regret que j’aurais face à cette storyline, c’est quelque chose de semblable à la pédophilie de Meryn Trant dans ce même épisode. C’est cette manière de constamment dépeindre Mélisandre comme la dernière des poufiasses (non mais ce putain de sourire face à une enfant qui brûle vivante qui te donne envie de foutre un pain à ton écran, putain !). J’aurais pour le coup aimé que ça pose un vrai dilemme à Mélisandre que d’avoir à en arriver jusque-là, à défaut de sur un plan moral, au moins vis-à-vis de sa position face à Stannis après coup. Mais ça, c’est plus un reproche au traitement général du personnage sur l’ensemble de la série qu’ici, certes…
Et pour finir, dans l’exécution, je trouve cette scène parfaite. Notamment car elle est la première scène horrifique de la série à vraiment m’émouvoir.
Je n’ai en effet jamais été ému par la mort brutale d’un personnage auparavant. Ned Stark ? J’étais choqué, enragé, désolé pour ce pauvre homme, mais on ne l’avait connu que 9 épisodes, l’attachement n’était pas suffisant. Le Red Wedding ? Si la mort de Catelyn m’a fait un gros pincement au cœur, le reste m’a plus choqué qu’autre chose (et mon inattachement à Robb n’a sans doute pas un rôle anodin là-dedans). Oberyn Martell ? La scène de sa mort était tellement mal exécutée et versait dans l’overdose de gore gratuite et putassière que ça m’a plus écœuré qu’autre chose, en plus du fait d’avoir totalement brisé ma capacité à rester attaché à un personnage de la série après coup (oui parce que je veux bien qu’on ose tuer les « gentils », hein, mais à l’époque, autant de braves gens tombés pour un seul salopard antipathique à souhait dans la tombe, ça faisait mal au cul quand même).
La mort de Shireen, elle, aura été la première scène de la série à avoir réussi à me mettre les larmes aux yeux (et je me demande d’ailleurs si, si je n’avais pas été entouré de certaines personnes qui me l’auraient fait regretter au centuple pendant les années à venir au moment où j’ai regardé l’épisode, si je n’aurais pas craqué devant ce spectacle d’horreur parfaitement orchestré).
Il y a déjà la douleur de voir ce personnage extrêmement attachant que l’on connaît depuis un certain temps maintenant du haut de sa très jeune et pourtant déjà très mouvementée vie, véritable bouffée d’air frais à chacune des apparitions de ce personnage fondamentalement optimiste et rassurant, mourir trahie par sa propre famille. La caméra ne nous la montre pas brûler et c’est très bien comme cela, ça aurait créé un effet gore dégoûtant et déplaisant. Et ce n’est pas comme si ses cris de désespoir n’étaient pas suffisants pour vous glacer le sang et vous retourner le cœur.
Il y a ensuite le fait de voir Stannis rester stoïque au possible, faire le gros dur alors qu’il ne sera au final pas capable d’assumer de voir les conséquences de son horrible acte jusqu’au bout.
Et il y a aussi le fait de voir Seylse, cette femme qui a laissé la colère et la tristesse de son infécondité, le délaissement qui s’en est suivi de son mari et la défiguration de son unique enfant refroidir et durcir son cœur, et qui en aura tenu rigueur à cette dernière toute sa vie, tenter de s’auto-persuader de l’absolue nécessité de cet acte avant d’enfin réaliser au moment où il est trop tard qu’on est en train de tuer le seul être auquel elle tient encore et dont elle se sera distancée toute sa vie pour des raisons futiles. La voir se précipiter auprès de sa fille puis tomber dans un hurlement d’effroi aura été un véritable déchirement. Et parvenir à cela de la part d’un personnage détesté et très peu vu, il fallait le faire, là encore.
Bref, ça faisait fort longtemps qu’une scène ne m’avait pas autant choqué, secoué et ému dans une série. Et venant en plus d’une où il y a 6 épisodes à peine je ressentais autant de choses devant elle qu’un mort qui aurait été anesthésié par-dessus le marché, c’est quand même pas mal.
Adieu Shireen, tu ne méritais pas cette fin atroce, même pour l’éventuelle victoire de ton père. Mais ce dont tu peux être sûre, c’est qu’on ne t’oubliera jamais, toi et la manière dont tu nous as quittés, qui surpasse toutes les décapitations de dernière minute et autre mariages surcotés.
De la réconciliation ou « OMG comment elle gère la saison 5 » !
Oui, je n’ai pas grand-chose à dire de plus sur cet épisode en fait. C’est souvent le cas quand un épisode vous transporte de A à Z : à part lister ce qui vous a marqué, il n’y a plus grand-chose d’autre à dire.
Seulement, le fait de mettre un gros titre en gras impliquait d’en faire au moins un second histoire que ce papier ait deux parties. Du coup, étant donné qu’il s’agit de ma dernière critique de la saison et qu’on est à mon sens suffisamment avancés dans cette dernière pour que je puisse en dresser un ressenti global, eh bien je vais conclure cette critique en en faisant un.
Déjà pour faire un rapide point il faut savoir qu’au sortir de la saison 4 :
- Je n’étais quasiment plus attaché à AUCUN personnage du show, ni impliqué dans leurs histoires. Seuls subsistaient Tyrion et Sansa, ainsi qu’un soupçon d’intérêt pour ce qui allait bien pouvoir advenir de Cersei et Tommen, l’une parce que j’ai toujours trouvé le personnage intéressant, l’autre par curiosité de voir un roi gentil évoluer dans ce monde de rapaces. Tous les autres que j’ai pu aimer étaient soit morts (Catelyn, Ned, Oberyn, …) soit m’étaient devenus insupportables pour diverses raisons (Daenerys, Jon, Bran, Arya, Brienne, …). Les autres, même ceux que je ne haïssais pas plus que cela, il pouvait leur arriver ce que les auteurs voulaient j’en avais mais alors rien à foutre, et les rares que je voulais voir crever avaient tous passé l’arme à gauche à ce stade de la série, les Bolton et les Frey mis à part.
- Le ralentissement terrible de rythme qu’a connu la série lors des deux dernières saisons, à force d’avoir éparpillé tout le monde partout, d’en décliner trois tonnes de storylines et de vouloir gagner du temps sur les bouquins, m’était devenu insupportable. Je trouvais le temps long et c’était peu de le dire quand les 3/4 des intrigues en cours ne m’intéressaient nullement.
- De manière générale, de nombreux tics que la série avait acquis (gore gratuit, banalisation et sur-évocation du sexe, multiplier les scènes chocs dans un pur but de provocation sans que ça apporte quoi que ce soit à la série derrière, bourrer les épisodes de toutes les storylines « parce que » alors que ça les rendait toutes plus statiques encore…) me plombait de plus en plus la série.
- La hype incessante et disproportionnée de la série m’en rendait le visionnage encore plus insupportable. Curieusement cette dernière s’est totalement inversée cette année, et je trouve ça presque injuste pour le coup (#jamaiscontent).
Bref, quand je disais envisager sérieusement d’abandonner la série, ce n’était vraiment pas des conneries. J’étais au bout du bout avec elle et les deux premiers épisodes de cette cinquième saison ne m’avaient laissé aucun espoir là-dessus, si ce n’est du côté du mur où la réunion des intrigues de Stannis et Jon, en plus d’éliminer une de ses alors deux chiants, avait par miracle réussi à rendre la restante vraiment bien. Puis, comme je l’ai expliqué plus haut, la série a repris de plus belle, et si cette saison n’est pas exempte de défauts (la mort de Barristan m’est toujours restée en travers de la gorge et le viol de Sansa on aurait vraiment pu faire sans) et reste malgré tout probablement un cran en dessous des deux premières, elle se sera révélée être bien meilleure que les 2 purges qui l’ont précédée.
Une des raisons, je pense, de cela, est justement cette réunion de plusieurs intrigues distinctes par le passé. En effet, la saison 5 est la première à renverser le schéma d’éclatement qu’a connu la série depuis son départ. Stannis rencontre Jon et reste à proximité, Sansa retrouve les Bolton et Brienne se cache dans les environs, Tyrion se dirige vers Daenerys, Littlefinger gambade d’un bout à l’autre de la carte, Arya a au moins un domicile fixe et bien qu’il soit en constant mouvement, Jamie permet à l’intrigue de Dorne de ne pas être isolée du reste. Et bon dieu que ça fait du bien déjà de voir enfin des personnages autrefois séparés se rencontrer, bien loin du gag lolilolesque lourdement répété à 3-4 reprises lors des saisons précédentes du « on manque de se croiser à 3 mètres », et ensuite de ne plus s’éparpiller de partout. Ça permet de diminuer le nombre d’intrigues et de mieux se concentrer sur ces dernières, bien souvent pour le meilleur.
Ensuite, la série a enfin remis un minimum en cause son schéma narratif en proposant vraiment des épisodes focalisés uniquement sur certaines parties de l’intrigue. Si je ne suis pas un grand fan de Kill the Boy, je dois reconnaître que sa narration était, elle, au poil. Et ça permet aussi à la série de proposer des épisodes comme High Sparrow et The Sons of the Harpy traversés par des thèmes communs entre les intrigues, ce qui offre une vraie bouffée d’air frais après le fourre-tout incessant de ces dernières années.
Et enfin, c’est tout con, mais pour une fois, bien qu’elle fut très longue (et a sans doute un épisode de trop, les deux premiers épisodes auraient pu être résumables plus rapidement), la phase d’exposition de cette saison aura vraiment été bénéfique cette année, contrairement à l’année dernière par exemple où elle aura été un prétexte à faire du surplace. Car ici, le point le plus critiqué de la saison, injustement à mes yeux, aura permis des trucs tout cons, mais que la série ne prenait plus le temps de faire et dont l’absence devenait nocive à son suivi.
Comme, par exemple, laisser exister et respirer ses personnages, essayer de nous les rendre attachants de nouveau. J’ai retrouvé la joie des premières heures avec Jon, un Stannis qui est autre chose qu’un bougon dépressif dans sa cave, un Littlefinger qui en devient attachant à force de tout prévoir et d'être celui qui fait le plus avancer les choses, un Jorah qui reprend des couleurs en démontrant enfin corps et âme son amour à Daenerys et cette dernière qui retrouve enfin de l’épaisseur avec le retour de Tyrion.
De même, au niveau mythologie et univers de la série, cette saison fait un bien fou. On explore enfin certains éléments restés totalement en surface, comme la religion de Westeros, les mystères qui entourent les Sans-Visages, cette fameuse Dorne dont on avait seulement entendu parler, et les White Walkers qui nous montrent enfin pleinement le danger qu’ils représentent. Et niveau décors, c’est peut-être bien la plus belle année de la série : un dépaysement total au service d’une photographie somptueuse, un véritable appel au voyage comme beaucoup ici l’ont dit avant moi.
Et au-delà de ça, la série nous a montré ces deux derniers épisodes qu’elle restait toujours aussi douée, voire plus encore que par le passé, dans ce dans quoi elle a toujours excellé. Plus encore d’ailleurs parce que certains défauts récurrents des deux dernières saisons se sont fait de plus en plus rares à mesure de l’avancée de la saison. L’absence de surplace donc, mais aussi, si les scènes choc n’ont pas manqué, force est de constater qu’elle ne déborde que très peu souvent dans la violence visuelle gratuite. La combustion de Shireen reste quasiment jamais montrée. Le caractère dévastateur de Drogon n’est par surligné outre mesure. Et pour autant que je haïsse le viol de Sansa, il faut y reconnaître au moins une certaine pudeur, ça aurait pu être bien plus salement filmé. D’ailleurs, depuis ce dernier, on n’a quasiment plus entendu les personnages parler de cul (même si on a eu quelques scènes hot dans The Gift, au moins ils la bouclaient sur le sujet). Et ça aussi mon dieu que ça fait du bien…
Bref, vous l’aurez compris, je suis très satisfait de cette cinquième saison qui a su accomplir l’exploit de raviver la passion que j’éprouvais pour elle à ses débuts. J’espère que son dernier épisode saura être son aboutissement et lui rendra honneur de la meilleure manière possible. Mais même si ça ne devait pas être le cas, je ne pense pas que mon ressenti global en sera trop affecté. Car ça ne pourra pas changer le fait que cette cinquième saison marque une réelle progression par rapport aux deux précédentes sur bon nombre de plans. Sans oublier le fait que même lorsqu’elle a trébuché, elle n’a cessé d’oser la remise en question et les tentatives de nouveauté là où depuis deux ans la série se reposait honteusement sur ses lauriers sans en branler une. Sa mauvaise réception globale restera pour moi une énigme, tout comme les innombrables pipes gorges profondes que la fanbase à taillé sans modération aux pourtant très discutables deux précédentes en demeurent encore aujourd’hui.
Dans Game of Thrones, l’épisode 9 est souvent synonyme de grandeur. Et s’il n’est peut-être pas le meilleur de ces derniers ni de sa saison, The Dance of Dragons n’a clairement pas démérité sur ce point. Il nous aura offert un magnifique spectacle riche en émotions et en évènements, tout en étant loin de servir de cache-misère à l’ensemble de sa très bonne saison (if you know what I mean), puisque précédé par un Hardhome tout aussi étincelant et suivi par un Mother’s Mercy qui, à l’image de The Children de l’an dernier, s’annonce être un vrai final marquant l’aboutissement de sa saison, soit a priori du niveau de ces deux dernières heures. Game of Thrones, ça fait plaisir de revoir enfin le vrai toi !
J’aime :
- La mort de Shireen, une vraie scène choc qui fonctionne et qui me hantera encore longtemps.
- Les scènes précédant ce tragique évènement, très émouvantes également.
- La scène des arènes de combats de Mereen, bijou de tension et d’émerveillement qui, malgré quelques défauts, m’a marqué également dans le registre du divertissement.
- Que Tyrion ait en deux épisodes complètement assaini les eaux de l’intrigue de Daenerys en la rejoignant. Espérons du coup que Drogon ne mettra pas trop de distance entre eux…
- Doran Martell, un homme à suivre de près les prochaines saisons.
- La « résignation » d’Ellaria.
- Jaqen qui est toujours trop hot !
- Et surtout retrouver le plein plaisir de suivre la série.
Je n’aime pas :
- Le fait que la série se sente obligée d’enfermer certains personnages dans un seul registre bien précis (ici : Meryn Trant et Melisandre, mais cette saison c’est aussi extensible à Ramsay) quand on pourrait sûrement en tirer plus d’eux.
- La peur toujours présente qu’on se soit tapé une saison de bla-bla avec Arya pour rien.
Pour ce qui est de la note, j’estime que l’épisode mériterait en temps normal un 17. Mais pour la joie d’enfin retrouver la série que j’aimais tant, pour l’implication émotionnelle ressentie et aussi un peu pour récompenser cette belle saison 5 qui aura réussi l’exploit de faire revenir la série dans mon cœur, j’ai décidé à titre exceptionnel de laisser aussi un peu parler ce dernier (car oui, c’est important aussi de savoir parfois le faire et au sein d’une critique très axée sur le ressenti je pense que ça ne jure pas trop) et en conséquence de lui offrir un point bonus. Donc, tout simplement :
Ma Note : 18/20
Bonus :
Stannis, Jon, Bran, Daenerys ... c'est bien gentil de nous faire croire qu'ils peuvent tous être des prétendants au trône, mais personne n'est dupe.
Le vrai roi, le seul roi, the one true king in Westeros that everybody wants (and especially here at SerieAll), c'est lui :
A la semaine prochaine pour le dernier round de cette saison, mené ni plus ni moins par notre très cher Arnoglas !