J’avoue que Girls me déçoit.
Le premier épisode m’avait bien plu, on y discernait du potentiel : cette série allait nous parler de « vraies » jeunes femmes, de l’entrée dans l’âge adulte, et dans le monde professionnel. Le personnage d’Hannah, notamment, était particulièrement prometteur : un physique plus qu’inhabituel pour une série, une immaturité certaine mais de l’ambition, une soumission effrayante vis-à-vis de son connard de copain : plein de facettes d’une personnalité non stéréotypée et totalement crédible, que je me réjouissait à l’avance de voir évoluer.
Le deuxième épisode abordait la sexualité féminine de manière frontale, très crue : il s’y disait des choses intéressantes, mais déjà l’image extrêmement négative du sexe donnée par cet épisode (pas de jouissance mais un message sur les MSTs et l’avortement) m’avait pas mal dérangée. Néanmoins, Jessa s’y révélait en tant que personnage totalement inconscient mais totalement assumé, spontané, libre – touchant. Et, là encore, ambigüe et non stéréotypée –mais crédible.
Mais dans ce troisième épisode, aucune fulgurance ne vient combler les principaux défauts de la série : aucune alchimie entre les héroïnes, des personnages masculins extrêmement négatifs, et un propos finalement extrêmement superficiel…
Shoshana donne des conseils de mode à sa cousine Jessa
Des copines qui n’en ont pas l’air
« Girls » suit en théorie un groupe d’amies : Marnie et Hannah sont sensée être des BFF, Jessa est une de leurs vieilles copines même si Marnie la boude, et Shoshana, la cousine de Jessa, est en adoration devant cette dernière. On devrait sentir une complicité entre ces filles, une alchimie, au moins entre Hannah et Marnie, ou Hannah et Jessa… mais non. Leur amitié reste purement théorique, mais jamais palpable pour le spectateur. Quand Hannah et Marnie dansent ensemble ça la fin de l’épisode, ça sonne terriblement faux, on n’y croit pas une minute.
On ne connait pas leur passé commun, et aucune complicité ne se dégage de leurs scènes communes. Pire, elles se la jouent tellement blasées qu’on a l’impression qu’elles n’ont rien en commun. Du coup, en temps que spectateur, on n’arrive pas à croire à ce groupe de copines. Et si de temps à autre, l’espace d’une scène, elles s’avèrent attachantes, la plupart du temps on est assez indifférent à ce qui leur arrive, notamment dans cet épisode où je l’avoue, je me suis ennuyée ferme.
Marnie fantasme sur les cons machos
Des copains haïssables
Un autre aspect de la série me dérange : les personnages masculins y sont tous hyper négatifs (hormis peut-être le recruteur de l’épisode 2). Le copain d’Hannah est un des pires connards qu’il m’ait été donné de rencontrer dans une série : dominant, humiliant, goujat, égoïste, des fantasmes sordides, pas un seul dialogue qui le rattrape ne serait-ce qu’un peu.
C’est un peu moins pire pour le copain de Marnie : au moins, il est gentil. Mais sa personnalité est soluble dans l’amour qu’il lui porte. Il est falot, transparent (Encore qu’il porte la meilleure scène de cet épisode sur ses épaules : la première)
Enfin, dans cet épisode, on fait la connaissance de deux nouveaux personnages masculins : un macho caricatural qui fait mouiller Marnie, et l’ex d’Hannah qui s’avère on ne peut plus gay que gay…
Bref, autant « girls » a la prétention de présenter des personnages féminins nuancés, autant au niveau des personnages masculins on tombe dans la caricature crasse, et pire : négative. L’impression qui en ressort est assez malsaine je trouve.
Hannah se maquille comme un camion volé pour revoir son ex
Une thématique finalement pauvre
Enfin, dernière source de déception : le premier épisode laissait présager des thèmes ambitieux : entrée dans l’age adulte, sexualité féminine, comment trouver un sens à sa vie… être une jeune femme des années 2010, en fait.
Et au bout de trois épisodes, qu’avons-nous à nous mettre sous la dent ? Quatre profils sexuels types : la soumise-mal-dans-sa-peau (Hannah), celle qui fantasme sur les gros machos (Marnie), la femme libérée (Jessa), et la vierge-qui-aimerait-passer-à-la-casserole (Shoshana).
En soit, ça pourrait donner des développements intéressants (même si un profil de femme épanouie ne ferait pas de mal pour équilibrer un peu le propos) mais pour le moment, hormis Jessa qui m’a vraiment plu dans l’épisode 2, on fait du sur place. Chaque épisode redit la même chose que le précédent, et à la longue, ça lasse.
Mais surtout, mon souci, c’est qu’il n’y a rien d’autre ! Moi qui espérait que « Girls » montre pour une fois des femmes qui ne vivent pas uniquement à travers leur relation avec les hommes, je suis vraiment déçue. Le fait qu’Hannah ait besoin de gagner sa vie d’un coup, qu’elle ait des ambitions littéraires, pfuit, exit, passé à la trappe ! Le désir d’enfant, l’avortement, la fausse couche de Jessa ? Abracadabraaaa disparu, pas même une allusion ! Shoshana ? On ne sait pas ce qu’elle fait dans la vie hormis être coincée et rêver de se déniaiser. Quant à Marnie, son personnage est sans saveur ni odeur depuis le début de la série, tout ce qu’on sait sur elle c’est qu’elle préfère les hommes dominants. Super.
Bref, Girls me déçoit d’autant plus que j’avais placé des espoirs en cette série. Moi qui rêve de voir de « vraies femmes » comme héroïnes et non uniquement des femmes fantasmes tout en séduction, des personnages auxquels je puisse m’identifier, j’avais cru un moment que Girls me comblerait. Pour le moment on est loin du compte.
Restent quelques fulgurances par moment, quelques scènes très réussies qui donnent envie de croire que cette série se cherche encore et trouvera un jour le ton juste. Mais la pente ne va pas dans le bon sens…
J’ai aimé :
- La nouvelle coupe du copain de Marnie
Je n’ai pas aimé :
- Les personnages font du sur-place
- Les héroïnes ont perdu toute ambition
- Tous les personnages masculins sont des cons
Note : 11/20