Le miel et les abeilles
Serena Dubrook, une jeune avocate, se retrouve prise en plein milieu d'un flash mob avant d'être retrouvée morte quelques minutes plus tard, victime d'une injection massive d'apitoxine. Très vite, Nick et Hank s'intéressent aux auteurs du flash mob et découvrent que nombres des membres de cette manifestation sont en fait des monstres à l'apparence d'abeille, les Mellifères, qui semblent poursuivre un but précis.
Résumé de la critique
Un épisode agréable que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue prenante et mieux maîtrisée
- une dimension mythologique ingénieuse
- deux visions d'un même univers qui s'opposent
- quelques défauts persistants
L'abeille comme un animal social
Après les ours, Grimm se penche sur le cas d'un animal organisé et très social, l'abeille, qui permet de sortir des habituels monstres sauvages pour des ennemis plus malins qui savent se dissimuler. Le choix du polar s'impose comme assez naturel, offrant l'occasion au duo de policiers de mener une vraie investigation avec des rebondissements mieux maîtrisés et des acteurs qui trouvent leurs marques. L'aspect conte de fées est clairement abandonné au profit d'une bataille contre des monstres à l'apparence humaine qui cachent une identité animale.
Loin de faire dans le kitsch, la série s'inspire fortement du caractère particulier de ces animaux pour construire une intrigue assez maligne, avec un final prenant et moins maladroit que d'habitude. Décomposée en deux parties, l'enquête tire bien profit de Hank qui apporte un regard objectif sur cette affaire, obligeant Nick à faire un vrai travail d'investigation par rapport à la cible des Mellifères. Très simple et efficace, Grimm trouve surtout un héros dynamique qui prend l'enquête en main, montrant plus d'engagement dans les recherches qu'ils effectuent sur les monstres.
Mais là où Grimm décolle vraiment, c'est dans le développement d'une mythologie passionnante et vraiment inspirée autour de Adalind Shade, lançant des pistes intéressantes pour l'avenir du show. Plus crédible, mieux maîtrisée et assez prenante, Grimm trouve lentement son équilibre et étonne par la qualité de son intrigue, largement supérieure aux épisodes précédents.
Une mythologie qui prend forme
Avec le décès de Tante Marie, il était devenu difficile d'anticiper l'orientation qu'allait prendre le show, celui-ci reposant sur des bases assez floues pour l'instant. Si le démarrage laissait craindre un vulgaire stand alone, la suite va proposer un virage ambitieux et inattendu, nous introduisant au personnage plutôt intéressant d'Adalind. Sa confrontation avec Nick est vraiment un point fort de l'épisode, surtout lorsqu'elle dépasse le cadre de la simple amertume envers la mort de sa tante et pousse le Grimm à choisir entre son sens de la justice et son désir de faire le bien.
Ce dilemme inattendu qui apparaît en cours d'épisode est la très bonne idée d'un scénario qui pousse Nick à prendre parti et à choisir son camp entre celui de la justice qui le pousse à aider les Mellifères et celui de sa tante contre Adalind. Plus qu'une série opposant un monstre à deux policiers, Grimm passe à un niveau supérieur en créant des rapports de force entre les monstres. Sans la moindre protection, le héros devient la cible pour des forces mystérieuses, orientant la série vers une direction plus mature et imprévisible.
Privée de sa tante, Nick fait son choix, offrant un épisode plutôt intéressant, malgré quelques défauts persistants dans les personnages secondaires. Trop mécanique, l'apparition de Monroe sert essentiellement à débloquer l'intrigue, sa participation se limitant au cadre de la simple anecdote, malgré le talent de Silas Weir Mitchell.
Les deux visages de Grimm qui s'affrontent
Pour la première fois, la série oppose les deux univers, mettant face à la vision du monde de Nick, opposant la réalité, claire et limpide et l'univers plus trouble des monstres. En tant que policier, Nick se doit d'appliquer la loi des hommes, son collègue Hank servant de référent de ce point de vue, servant à amener une partie investigation assez classique. Là où la série marque son originalité, c'est qu'elle dispose d'un second niveau de lecture plus fantastique et imprévisible qui, malheureusement, ne tire pas assez profit de la présence d'Eddie Monroe.
Au final, le héros de la série apparaît comme de plus en plus seul, mais semble prendre sa mission beaucoup plus au sérieux. Obligé de faire des choix moraux difficiles, il se fait des alliés de circonstances et des ennemis pour longtemps, tout en offrant la possibilité aux scénaristes de jouer avec les apparences qui sont ici clairement trompeuses. La dernière scène, intéressante, montre que par ses choix, Nick énerve les forces de la nature et se place seul face à un danger permanent, celui de la colère animale d'une nature qui sait être cruelle.
Les enjeux s'éclaircissent et Grimm parvient à faire monter lentement la pression, confrontant son héros à un univers qui est celui de la nature qui peut devenir très féroce. L'idée est plutôt originale, opposant la justice des hommes à celle de la nature, à la fois sauvage, cruelle et peu apte au pardon.
Work in progress
Si Grimm progresse clairement dans la bonne direction, elle n'a pas perdu tous ses défauts, mais nous offre ici un épisode indéniablement supérieur aux deux premiers. Le prochain sera décisif afin de voir si le show continue d'évoluer dans le bon sens où s'égare de nouveau dans des histoires de chasse aux monstres sans grande saveur. Au final, un épisode qui apparaît comme fondateur d'un show qui expose ici un univers intéressant et complexe, entre nature et civilisation, humains et animaux.
En conclusion, un divertissement convaincant, plus profond que les précédents et qui prouve que la série possède un vrai potentiel qui dépasse le cadre posé par les deux premiers épisodes. L'opposition entre le héros et Adalind est assez bien géré, tout comme la conclusion ingénieuse et bien réalisée, obligeant le Grimm à faire ses propres choix. Pris par des forces de la nature qui le dépasse totalement, le héros agit pour la première fois sans filet de protection, assumant la totale responsabilité de ses actes.
J'aime :
- un héros mis devant un choix difficile
- un scénario beaucoup mieux maîtrisé et prenant
- une dimension mythologique forte et inattendue
Je n'aime pas :
- les personnages secondaires peu convaincants
- les touches d'humour assez moyennes
Note : 13 / 20
Un bon épisode de Grimm qui nous offre une histoire dynamique, prenante et beaucoup plus convaincante que les deux premiers épisodes. Confronté à un choix complexe, Nick est contraint d'agir en héros et de faire des choix entre son instinct de policier et sa conviction de Grimm.