Une enquête au rythme de Saint-Saëns
Un professeur de musique d'un école privée est retrouvé mort, le corps dévoré par un ensemble de rats dans sa voiture alors qu'il rentrait chez lui après une répétition. Les détectives Burkhart et Griffin suspectent aussitôt la famille Geiger, dératiseur de profession, dont le fils s'avère être un brillant violoniste et un DJ de renom. Mais surtout, les Geiger sont des Reinigens, créature mi homme mi rat, plutôt inquiet de voir un Grimm s'intéresser à eux.
Résumé de la critique
Un épisode divertissant que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui confirme les qualités esthétiques du show
- des acteurs plus en phase avec les personnages, mais mal exploités
- un scénario pas totalement convaincant
- une série aux frontières du fantastique
Un show qui prend soin de son apparence
Quoi de plus normal que de retrouver le compositeur du célèbre Carnaval des Animaux à l'ouverture de cet épisode plutôt bien maîtrisé de Grimm. Si l'histoire va se révéler un peu mince, la série va confirmer pleinement ses qualités esthétiques, avec des effets spéciaux plutôt bien réalisés et une photographie réellement superbe. Le show est suffisamment soigné pour donner une cohérence à un univers entre les animaux et les hommes, réalisant à chaque fois le grand écart entre deux mondes qui s'opposent socialement, mais pas culturellement.
La musique classique va en effet servir de cadre à un épisode qui va s'amuser à confronter deux univers : bourgeois et protecteur d'un côté, prolétaire et méfiant de l'autre envers la justice. Le choix des couleurs, le soin apporté dans les décors permet de ressentir pleinement cette opposition, le Grimm se trouvant à la frontière de ces deux mondes. Cherchant à imposer un mélange entre réalisme et fantastique assez intéressant, la série prouve qu'elle sait soigner la forme pour donner de la cohérence à son univers.
Elégante, proposant un univers visuel séduisant, Grimm trouve lentement son équilibre, surtout du point de vue des comédiens qui trouvent lentement la bonne approche pour rendre leur personnage plus attachant. En opposant modernité et classicisme, Grimm tente de se maintenir en équilibre entre ces deux univers, choisissant pour une fois de prendre le parti des monstres contre celui des hommes.
Des comédiens qui trouvent petit à petit leurs marques
Si Grimm possède de vraies qualités esthétiques, sa gestion des personnages restent clairement un de ces points faibles, celle-ci servant essentiellement à marquer la différence entre les deux univers de la série. Du côté réaliste de la série, Russell Hornsby paraît de plus en plus à l'aise, interagissant de manière intéressante avec ces collègues de travail, assez proche du spectateur dans la manière dont il réagit aux éléments fantastiques du scénario. Un point positif, en particulier concernant sa relation naissante avec Adalind qui l'inscrit totalement dans la mythologie de la série comme un point faible éventuel d'un héros un peu trop hermétique.
De l'autre côté de l'univers de Grimm, Monroe se trouve assez mal exploité, les raisons de son engagement avec le Grimm demeurant particulièrement obscures. L'idée de le faire intervenir comme un médiateur entre le héros et les Reiningens est plutôt intelligente, mais son exploitation par la suite s'avère trop anecdotique pour donner du sens à sa participation. Malgré le talent de Silas Weir Mitchell, le personnage perd lentement de son capital sympathie en ne participant que rarement aux derniers actes des épisodes, s'enfermant dans un registre comique peu convaincant.
Mais le vrai soucis de Grimm concerne David Giuntoli, comédien sympathique et au jeu assez juste, mais qui ne parvient pas à donner une dimension vraiment héroïque à son personnage. Rien dans son jeu ne différencie le détective Burkhardt du Grimm, la faute à un manque d'exploitation de sa destinée comme chasseur de monstres, les créateurs refusant de développer le côté sombre de la destinée de Nick.
Un scénario assez mince
Si l'épisode ne déclenche pas vraiment d'enthousiasme malgré toutes ces qualités, c'est à cause d'un scénario assez moyen, ne contenant aucun rebondissement marquant et une absence de mobile vraiment regrettable. Du coup, la conclusion est étonnamment confuse et semble servir avant tout à fournir les coupables sur un plateau à Nick dont la participation reste trop anecdotique. En définitive, une enquête trop simple pour remplir quarante minutes d'épisode, obligeant les auteurs à opter pour un démarrage particulièrement poussif, la faute à une histoire assez pauvre en contenu.
C'est regrettable de voir Nick si souvent relégué au statut de simple spectateur en fin d'épisode, comme si les auteurs cherchaient avant tout à préserver leur personnage de sa destinée. L'idée de placer les monstres comme victime permet de changer les habitudes de la série, mais ne permet pas de masquer le manque d'enjeu de cette intrigue. Trop prévisible, un épisode standalone délaissant toute sa mythologie au profit d'une histoire sans grande originalité, mais assez intéressante pour assurer un bon divertissement.
A mi-chemin entre la réalité et un univers de créatures monstrueuses et agressives, Grimm s'inscrit beaucoup trop dans le réel, refusant d'explorer son visage le plus sombre. Un show à la recherche de l'équilibre idéal, mais qui progresse petit à petit dans le bon sens, installant un début de routine plutôt intéressant.
Le carnaval des animaux
Chaînon manquant entre l'univers cartésien et logique des hommes et celui plus étrange des mystères de la nature, le Grimm ne fait pas vraiment la différence dans cet épisode. La série s'installe peu à peu, mais semble incapable de construire une vraie mythologie malgré un matériel de départ assez conséquent. Une bonne série de vendredi soir, légère et élégante, mais qui n'explore pas suffisamment sa dimension fantastique et refuse timidement de s'y engager, la faute à des intrigues qui ne mettent pas suffisamment le héros en danger.
En conclusion, un épisode sympathique grâce à une mise en scène élégante et des comédiens qui trouvent lentement leur marque. Malheureusement, l'intrigue s'avère bien trop fade, incapable de donner de l'enjeu à une histoire où la présence de Nick s'avère assez peu décisive. Petit à petit, Grimm s'impose comme un show sympathique par moments, gore sans excès, violente par petite touche. Un bon divertissement, mais qui apparaît finalement beaucoup moins ambitieux que les premiers épisodes le laissaient espérer.
J'aime :
- la photographie superbe
- les qualités visuelles indéniables
- l'évolution du détective Griffin
Je n'aime pas :
- un héros beaucoup trop passif
- une conclusion brouillonne
- Monroe de moins en moins convaincant
Note : 12 / 20
Un divertissement convenable, sans prétention et porté par une qualité de réalisation indéniable, tant du point de vue de la photographie que des décors. L'ensemble reste trop timide, le show n'exploitant pas du tout une mythologie assez riche en potentiel, avec un héros qui manque cruellement de caractère.