Critique : Grimm 1.06

Le 29 décembre 2011 à 08:28  |  ~ 7 minutes de lecture
Une guerre entre deux familles intéressantes qui se heurte au concept bancal du show et au manque de conviction des scénaristes.
Par sephja

Critique : Grimm 1.06

~ 7 minutes de lecture
Une guerre entre deux familles intéressantes qui se heurte au concept bancal du show et au manque de conviction des scénaristes.
Par sephja

Piggy Payback 

La maison de Hap Lasser vient de partir en fumée suite à une explosion avant que la police scientifique ne conclut à un accident dû à une dégradation des tuyaux de la cuve de propane. Seulement, le détective Burckhart soupçonne très vite que ce simple accident est plus qu'il le laisse paraître, le frère de la victime ayant péri dans les mêmes conditions. L'arrivée de Monroe au commissariat va lui révéler un autre point particulier de cet incident : les deux victimes sont des Butbagen. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode très plaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  des personnages assez réussis pour une série qui confirme ses propres limites 
  •  l'importance du second degré dans Grimm 
  •  un Grimm en apprentissage 
  •  un show en quête d'identité 

 

 

La nécessité de faire dans l'excès 

Si l'épisode est à classer parmi les meilleurs de ce début de saison, il va malheureusement confirmer une bonne part des défauts récurrents de la série. Grimm a, avec cette intrigue, tout en main pour fournir un bon divertissement, confirmant avec cet épisode les qualités esthétiques détaillées dans la critique précédente. L'instantané ci-dessus de Jaimie Ray Newman permet de voir combien la photographie est élégante, profitant de certains décors vraiment réussis comme la maison de Hap qui part en fumée dès le début de l'épisode. 

L'autre point fort de l'épisode va résider dans les personnages secondaires, en particulier la victime de l'explosion, totalement irrésistible grâce à la performance surprenante de Brad William Henke. Hilarant par ces réactions perpétuellement en décalage, il incarne un pacifisme total en opposition avec sa soeur Angelina, plus sauvage et impulsive. L'occasion pour les auteurs de développer des portraits de Butbagen totalement opposés, cumulant deux caractères que Monroe tente justement de mettre en balance, entre sauvagerie et générosité. 

Seulement, en comparaison de ces deux congénères, Monroe paraît bien fade, les auteurs de Grimm composant des personnages plus intéressants en optant pour des caractères extrêmes. Trop passif, il subit perpétuellement l'action, donnant une scène de course poursuite en forêt grotesque, la faute à une équipe créative qui se montre beaucoup trop sage en refusant de jouer vraiment le jeu du second degré.

 

"Mais lâchez-vous, bon sang !"

Allez, j'attaque un chapitre un peu polémique pour parler d'un point qui m'agace beaucoup dans Grimm et surtout dans cet épisode, à savoir que le scénario subit le terrible syndrome du "balai dans le cul". L'ambiance est brillante, l'idée de départ un peu folle et amusante, mais tout est trop mesuré, trop contrôlé et timide, comme si les auteurs bridaient leur imagination par peur du ridicule. Grimm ne fournira un vrai divertissement digne de ce nom  que le jour où elle ira au bout de ses idées, refusant ce sentiment de passivité énervant, surtout de la part des héros. 

La scène de la course-poursuite dans la forêt est un bon exemple, séquence ratée à cause d'une erreur importante : le show est définitivement trop sage. Les comédiens donnent le sentiment de se retenir, en particulier Silas Weir Mitchell qui nous avait habitué à beaucoup mieux, refusant de donner un côté animal à son interprétation. Trop sage, trop poli, Grimm parle de monstres, mais n'ose jamais explorer sa face obscure, exprimer cette sauvagerie qui fait pourtant partie prenante du show, laissant un sentiment de frustration agaçant. 

Pourtant, dès qu'il s'aventure dans le registre du second degré, la série se montre beaucoup plus ingénieuse et particulièrement drôle. L'idée principale racontant une vendetta entre les cochons et les loups est suffisamment folle et originale, mais s'arrête en chemin, utilisant le format du cop show pour brider l'imagination des auteurs, le héros se montrant une fois de plus impuissant à assumer sa véritable nature. 

 

 

Nick Burkhardt, 95% flic, 5% grimm

Malgré tout, l'épisode reste très bon, proposant une enquête intéressante et quelques retournements de situations bien pensés, mais qui ne parvient pas à prendre l'ampleur attendue à cause d'un héros toujours aussi peu convaincant. Si ses compétences en tant que policier ne laisse pas le moindre doute, aidant à amener un avancée rapide de l'intrigue dans le premier acte, son activité en tant que Grimm est des plus confuse, lui donnant une vraie passivité dans le dernier acte. Cette tendance de Nick a subir lors de ses confrontations avec les monstres se révèle plutôt agaçante, donnant la sensation d'un show qui s'interdit de le mettre en danger.

Sa tâche reste d'ailleurs des plus confuses, les Grimm apparaissant de plus en plus comme de vulgaires exécuteurs sans loi, ni conscience. Sa capacité à voir la vraie nature des personnes ne lui sert qu'à mieux cerner la nature du conflit entre les loups et les cochons, mais sa passivité entraîne un final assez neutre qui ne résout aucunement la problématique de départ. Refusant de prendre parti et d'explorer  les conséquences de cet héritage, Tim n'est pas vraiment crédible comme Grimm, portant un titre sans en connaître réellement la signification.

Monroe partage le même problème, cherchant lui aussi sa place au sein du show, seul véritable ami dont dispose Nick, sa vie privée de deux personnages se révélant plus que limité. Avec son héros coincé dans un costume qui ne lui va pas, Grimm est un récit initiatique sans professeur, l'histoire d'un autodidacte qui peine pour l'instant à s'affirmer. Espérons que la suite saura équilibrer les pourcentages ci-dessus, tant le show a grandement besoin de se doter d'un héros un peu plus charismatique. 

 

Une conclusion tiède 

Un lecteur qui se serait égaré sur cette critique pourrait penser que je n'aime pas Grimm et pourtant c'est tout le contraire, cette série m'agaçant seulement par son manque de conviction. Les idées de départ sont bonnes, les qualités esthétiques sont indéniables, mais le show manque cruellement de personnalité, refusant d'aller au bout de son concept. C'est d'autant plus regrettable que ce sentiment de mollesse vient en contrepoint à deux personnages secondaires assez sympathiques, preuve que c'est dans l'exploitation excessive de ses deux visages que Grimm trouve son début d'identité.

En conclusion, un épisode satisfaisant, avec une idée de départ ingénieuse et des personnages secondaires sympathiques, en particulier Hap, particulièrement drôle. Les qualités esthétiques habituelles sont encore présentes, mais le show s'égare trop souvent dans des considérations morales inutiles, paralysant Nick dans les instants décisifs. Trop timoré et sage, la série peine à affirmer une vraie identité, offrant un final pathétique en refusant de prendre parti et de faire le choix d'un peu plus de noirceur. 

 

J'aime : 

  •  Jaime Ray Newman et Brad William Henke très bon 
  •  une idée de départ ingénieuse 
  •  la réalisation toujours très réussie 
  •  l'occasion d'explorer le personnage de Monroe ...

 

Je n'aime pas : 

  •  ... peu exploité, le personnage refusant toujours de prendre parti 
  •  Nick en champion de l'indécision 

 

Note : 13 / 20 

Une bonne idée de départ, des comédiens impeccables, un bon mélange entre cop show et fantastique qui aurait dû donner un excellent divertissement, mais ne parvient pas à convaincre. La faute au manque de caractère et de conviction du héros, résultat d'un scénario frustrant au possible, s'interdisant d'exploiter au maximum des idées de départ plutôt bonnes et d'assumer un certain degré de folie. 

L'auteur

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Image Grimm
12.82
12.28

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