Des souris et des hommes
Le corps de Leonard Drake est retrouvé dans une décharge publique, poignardé d'un coup de tournevis et jeté dans une benne à ordure. Accusé à plusieurs reprises de violence conjugale, l'homme n'avait pas que des amis, les détectives Burkhardt et Griffin soupçonnant 0un des habitants de son immeuble d'être le responsable de ce meurtre. Deux suspects vont vite s'imposer à eux : Mason, un avocat aux dents longues et Martin, un personnage discret, tous deux révélant involontairement leur nature monstrueuse au Grimm.
Résumé de la critique
Un épisode moyen que l'on peut détailler ici :
- une remise en cause amusante de la chaîne alimentaire
- une intrigue inutilement confuse
- une série à la recherche d'un héros
- une mythologie assez fade
Le règne animal et les passions humaines
Avant de marquer une pause de deux semaines, Grimm nous propose un épisode assez inégal, plutôt intéressant dans son concept, mais qui va faire ressortir les défauts de la série. Le thème était pourtant particulièrement judicieux, avec une opposition classique du monde animal entre la proie et le chasseur, Martin représentant la victime face au féroce Mason. Pour le Grimm, il s'agit ici de trouver le bon coupable, tout en mettant de côté des apparences, le meurtre étant avant tout le fruit des passions humaines, un élément qui ne connait pas de hiérarchie.
Il s'agit ici d'une femme qui est ici l'objet de toutes les convoitises, donnant la base d'une intrigue simple opposant deux hommes dans une lutte de pouvoir où le désir peut venir bouleverser l'ordre établi. Seulement, le seul moyen d'affirmer un pouvoir dans un univers aussi hiérarchique que celui de Grimm est la voie du sang, offrant un épisode prévisible dans sa résolution, mais doté d'une réflexion intéressante sur la nature humaine. Plus qu'une simple projection de l'univers des contes sur un récit policier, Grimm nous parle de l'être humain et de sa sauvagerie, montrant combien notre nature bestiale n'est pas forcément celle qui nous pousse à la violence.
Une idée intelligente à contre-courant des clichés habituels et qui donne tout son charme à cet épisode, construisant le double portrait d'un assassin entre sa nature profonde et sa relation avec les autres. Seulement, au lieu de maîtriser son récit en construisant le portrait singulier d'un meurtrier, le scénario cherche maladroitement à nous égarer au travers de choix narratifs discutables qui vont venir brouiller l'ensemble.
Des visions très mal introduites
Pour raconter cette série de meurtres, les auteurs vont proposer une idée singulière, à savoir qu'aux yeux de l'assassin, c'est la même personne qu'il assassine encore et encore. Les meurtres sont alors l'expression d'une soif de vengeance, idée intéressante sur le papier, mais particulièrement mal amenée par une mise en scène trop confuse. Ainsi, le fait que l'illusion soit le fruit de l'inconscient du coupable est très mal mis en évidence, celle-ci se prolongeant à plusieurs reprises au-delà de la vue subjective, entraînant une réelle confusion dans la compréhension du récit.
De plus, la volonté de garder secrète l'identité du meurtrier est assez ridicule, celle-ci sautant clairement aux yeux au bout de quelques minutes. L'enquête aurait gagné à opter pour un déroulement plus simple, cette histoire du meurtre du père ayant un but purement idéologique en montrant comment une éducation biaisée peut être le moteur de la violence des enfants. Seulement, à trop exposer cette théorie, les auteurs offrent une histoire terriblement fléchée et sans vraie rebondissement, les meurtres étant assez peu mis en valeur par la mise en scène.
Au final, si le fond de l'intrigue est intéressant, la forme est beaucoup plus discutable, la faute à des scénaristes qui cherchent à tenir maladroitement secrète l'identité de l'assassin. De plus, le personnage de Nathalie est un peu trop simpliste, ramenant l'épisode à un schéma basique, à savoir l'identification du criminel à une image du héros protégeant celle qui symbolise à ses yeux un certain idéal.
La définition du héros
C'est ce besoin de s'affirmer et d'afficher son refus de sa faiblesse génétique qui justifie, aux yeux du meurtrier, l'acte de tuer, devenant ainsi l'incarnation de son idéal du héros. L'occasion pour moi de m'agacer un peu contre la série par le biais de Nick et Hank, deux personnages principaux qui restent particulièrement passifs durant toute cette histoire. Ainsi le Grimm reste un policier avant tout, la dimension fantastique de l'épisode se limitant à quelques effets spéciaux et une scène dans la caravane totalement inutile.
Encore une fois les héros de Grimm posent problème, en particulier Nick qui ne parvient pas à sortir du lot, incapable d'incarner la dualité de ce show, beaucoup trop policier et trop rarement Grimm. Un personnage peu développé ce qui surprend, donnant l'impression d'une série toujours esthétiquement impeccable, mais incapable de trouver un personnage dans laquelle s'incarner. Monroe est sur le point de devenir le personnage emblématique d'un show toujours à la recherche d'un vrai héros et qui doit se satisfaire pour l'instant d'un Grimm sans véritable charisme.
Il manque un acte fondateur à cette série, une enquête qui pousse Nick à accomplir quelque chose qu'un simple policier ne ferait pas, un geste que la morale ne suffira pas à justifier pour imposer son personnage. Conscient de cela, les auteurs vont tenter de développer le sentiment d'une menace pesant sur Nick au travers d'une storyline particulièrement floue et peu convaincante.
Chacun à sa place
Pour donner un peu de mythologie à la série, les auteurs conçoivent une intrigue annexe à Monroe, mais prennent le plus grand soin à être le plus vague possible. On en retire quelques visages, ainsi qu'un message sur leur refus de voir le Butbagen s'allier avec son ennemi héréditaire, le Grimm. L'ensemble reste brumeux, essayant de donner l'impression d'une menace imminente pesant sur Nick sans lui donner la moindre incarnation. Au final, cet évènement sert surtout à justifier très artificiellement la collaboration de Monroe aux enquêtes de son ennemi héréditaire.
En conclusion, un épisode de Grimm qui possède un fond intéressant, mais ne soigne pas assez le déroulement de l'enquête, offrant un scénario assez prévisible et artificiel. Le manque d'implication des deux personnages principaux dans la résolution de l'enquête joue en défaveur de l'intrigue, malgré la performance impeccable de l'excellent Fred Koelher. Il reste un visuel parfaitement soigné, une photographie remarquable pour une série qui se cherche encore un héros digne de ce nom, un vrai Grimm pour faire la différence.
J'aime :
- le fond de l'histoire très intéressant
- Fred Koelher excellent
- la photographie toujours remarquable
Je n'aime pas :
- l'absence d'un vrai héros
- la storyline de Monroe très confuse
- le manque d'implication des deux personnages principaux
Note : 12 / 20
Un épisode correct qui possède un fond particulièrement intéressant, traitant de la violence meurtrière comme le fruit des passions, en opposition avec notre nature animale profondément sociale. Malheureusement, l'histoire policière est beaucoup moins convaincante et trop prévisible, avec deux personnages principaux qui assistent plus qu'ils n'agissent.