Critique : Grimm 1.10

Le 09 février 2012 à 04:34  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode particulièrement réussi qui confirme que Grimm possède une identité forte avec cette histoire de trafic d'organes.
Par sephja

Critique : Grimm 1.10

~ 7 minutes de lecture
Un épisode particulièrement réussi qui confirme que Grimm possède une identité forte avec cette histoire de trafic d'organes.
Par sephja

Donneur d'organes 

Steve Bamford est retrouvé mort, le corps vidé de son sang dans une rivière de Portland, envoyant Nick et Hank sur la piste d'un groupe de jeunes SDF. C'est alors qu'un accident de la route révèle l'existence d'un trafic d'organes humains dont les responsables seraient des Geiers, des créatures sadiques se délectant de la souffrance de leur victime. Le Grimm va alors demander l'aide de Monroe pour trouver les bénéficiaires de ce marché particulièrement glauque. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une construction impeccable pour un épisode maîtrisé 
  •  une série fantastico - réaliste qui impose son identité 
  •  quelques bonnes idées qui font la différence 
  •  un final prometteur 

 

 

Un épisode référence 

Série divertissante laissant une impression mitigée jusqu'ici, Grimm peinait à convaincre, la faute à une mythologie laissée dans les tiroirs et une forme singulière qui ne parvenait pas à séduire complètement. Cet épisode-ci ne déroge pas totalement à la règle, mais marque une évolution intéressante vers une forme plus aboutie en proposant une intrigue parfaitement architecturée. En quatre parties distinctes, les auteurs parviennent à dresser un portrait attachant des victimes, s'appuyant entre autre sur une Hannah Marks plutôt juste et touchante loin de son personnage insupportable de Necessary Roughness. 

Une fois le contexte posé, celui de l'univers réaliste d'une jeunesse qui connait de plus en plus la misère, les auteurs apportent un aspect plus mythologique avec les Geigers, des créatures inquiétantes et violentes. Il est alors question de trafic d'organes, de chirurgie sans anesthésie pour un show qui confirme une fois de plus ses qualités esthétiques avec une utilisation intéressante des couleurs. Nick va donc devoir suivre cette enquête à deux niveaux, opposant la réalité des victimes à des créatures imaginaires plutôt agressives. 

Si les contes sont si passionnants, c'est avant tout parce que les monstres s'en prennent aux êtres humains plutôt que de lutter les uns contre les autres comme dans certains épisodes précédents. Avec des victimes et des méchants bien identifiés, l'épisode captive plus que d'habitude, imposant un style entre la réalité et l'imaginaire qui commence à séduire, trouvant le juste équilibre qui manquait jusqu'ici.

 

A la croisée des chemins, un Grimm

Pour la première fois, l'affrontement entre deux mondes est parfaitement évident, avec un Grimm qui tient parfaitement son rang entre eux. D'un côté, le monde réel avec deux jeunes SDF qui forment des victimes un peu trop évidentes, mais permettent de mettre en valeur Juliette qui apporte une vraie touche d'humanité à l'épisode. La scène du restaurant est la bonne surprise de cette intrigue, un dialogue très bien écrit qui offre l'occasion à Bitsie Tulloch de crever l'écran et  de donner de l'enjeu à un final sans cela un peu trop prévisible. 

De l'autre côté, un univers froid et cruel de prédateurs, reprenant le cauchemar du chirurgien fou et cette angoisse assez connue de l'opération sans anesthésie. Utiliser les cauchemars communs pour générer de vrais monstres, voilà une très bonne idée que Grimm devrait plus souvent exploiter, amenant une vraie identification aux victimes qui font le succès de cet épisode. Série où le réel affronte le fantastique, Grimm propose ici une forme assez séduisante, trouvant dans la forêt le territoire idéal pour cette histoire, à la croisée des chemins. 

Malgré toutes ces qualités, l'épisode reste un standalone spectaculaire certes, mais dans la continuité des épisodes précédents. L'ensemble est bien équilibré, mais le premier acte est un peu trop mécanique, donnant une histoire qui peine à prendre cette dimension émotionnelle qui fait tout le charme de la deuxième partie. Surtout, l'épisode repose sur quelques bonnes idées qui viennent donner une vraie élégance à certains enchaînements, marquant une vraie différence entre cet épisode et les précédents. 

 

 

Donner du liant à une histoire 

Dans un scénario, un enchaînement désigne un espace entre deux scènes où l'auteur doit justifier le passage du héros d'un point A à un point B où une révélation aura lieu. Souvent méprisé ou réduit à un simple "tiens, là, regarde", ils sont pourtant l'élément le plus important d'une intrigue, celui où le scénariste doit prouver sa maîtrise technique ou sa créativité. De ce point de vue, l'astuce des petits cailloux est une excellente idée, orientant les héros dans la bonne direction d'une manière particulièrement élégante. 

Monroe est le parfait exemple de ces individus qui servent à justifier certains enchaînements, les auteurs aimant avoir des personnages fétiches à cet effet. Son apparition au sein du récit sert à justifier les soupçons du héros, tout en amenant une dimension comique qui sert à nous détourner du côté assez grossier de l'artifice. De même, la femme du Grimm apparaît comme un personnage plus emphatique que Nick et capable de créer des liens plus directs avec la victime, donnant lieu à un aveu qui passe particulièrement bien. 

Seul l'accident avec la voiture pleine d'organes constitue un enchaînement assez grossier, traçant un chemin un peu trop visible qui tue l'effet de surprise du scénario. L'occasion de regretter que l'art de l'enchaînement se perde de plus en plus, ses astuces de scénario étant l'ossature qui donne sa cohérence à une histoire, les grands conteurs se reconnaissant à leur maîtrise de cette gymnastique de l'enchaînement.

 

L'énoncé d'une mythologie 

Difficile de savoir si la dernière scène s'adresse à Renard ou au spectateur, tant le discours est ambigu, cherchant à nous convaincre que les auteurs sont sur le point de lancer la mythologie pour de bon. Le moins que l'on puisse est que le show balbutie un peu moins, même si on peut logiquement se poser la question de l'exploitation de l'histoire de filature concernant Juliette dans l'épisode précédent. Sans nuire à l'intrigue du jour, Grimm peine toujours à convaincre du point de vue de sa mythologie et les épisodes à venir risquent d'être décisifs sur ce point. 

Au final, un épisode mieux maîtrisé que d'habitude, proposant une vraie confrontation entre l'univers humain bien réel et celui plus étrange et effrayant des Geigers. Quelques éléments du scénario, comme les petits cailloux ou la scène du repas, sont la preuve d'un vrai soin des scénaristes dans la construction de cet épisode très convaincant. Un divertissement réussi malgré une démarrage un peu trop mécanique et un problème de mythologie toujours aussi conséquent, le final annonçant une évolution qui gagnerait à arriver au plus vite.

 

J'aime : 

  •  la photographie impeccable dans la gestion des couleurs 
  •  la bonne utilisation des personnages secondaires 
  •  l'écriture soignée 

 

Je n'aime pas : 

  •  le démarrage trop mécanique 
  •  la mythologie qui peine encore à convaincre 

 

Note : 13 / 20 

Un épisode convaincant qui prouve que la série est sur la bonne voie, avec une intrigue bien écrite et une utilisation des personnages secondaires ingénieuses. Dommage que le démarrage soit aussi mécanique et la mythologie aussi faible tant la deuxième partie de l'épisode est en tout point impeccable.

L'auteur

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Image Grimm
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12.28

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