La différence entre séduction et addiction
Frederic Calvert est tué par deux cambrioleurs venus chercher dans son magasin du "J", un opiacé apprécié par les monstres. Connaissant déjà la victime suite à une affaire portant sur des trafics d'organes humains, Nick devine tout de suite le mobile du crime tandis que la soeur de la victime, Rosalee, se présente pour récupérer la dépouille de son frère. Pendant ce temps, Adalind s'efforce de troubler Hank à l'aide de cookies empoisonnés par un produit chargé de lui faire ressentir une profonde obsession pour elle.
Résumé de la critique
Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue dynamique et agréable
- une histoire conçue comme une mauvaise excuse
- un show en manque de révélation
- une série influencée par le cinéma fantastique
Grimm en quête d'équilibre
Si le show de David Greenwalt possède des qualités indéniables du point de vue de la direction artistique, il souffrait jusqu'ici d'un problème d'équilibre entre ses deux niveaux de récit, Monroe étant le seul à partager le secret du héros. L'objectif avec cet épisode est d'installer un nouveau personnage qui puisse alléger la tâche du Butbagen tout en étoffant la partie fantastique du scénario. L'arrivée de Bree Turner au sein du casting est donc le centre de toute cette histoire, équilibrant efficacement une narration qui gagne en légèreté tout en permettant de développer des intrigues annexes.
Le scénario s'inscrit pour la première fois dans une continuité, donnant un acte d'exposition plus court et un récit qui peut ainsi se développer suivant trois axes assez bien imbriqués que je vais essayer de détailler. La première histoire concerne l'intrigue policière et propose un déroulement très classique et sans surprise, la nature singulière du Grimm n'y étant pas particulièrement employée. L'apport d'un nouveau personnage est sur ce point décisif, amenant la distraction nécessaire pour éviter de constater l'aspect assez anecdotique de l'enquête du jour.
La construction d'un lien entre la jeune femme et Monroe était prévisible, mais s'avère plus que judicieux, une vraie alchimie s'installant immédiatement entre les deux comédiens. En intégrant la possibilité d'une intrigue romantique, la question des motivations derrière la participation d'Eddie ne se pose plus, créant un embryon d'équipe pour aider le héros. Mieux équilibré, le show se permet même d'insérer un peu de mythologie grâce au retour du personnage de Schade qui travaille à mettre en place le plan encore mystérieux du Capitaine Renard.
Cookie Monster
Apparue dès l'épisode pilot, Adalind est l'exemple type du personnage sous-développé, la faute à une certaine frilosité des scénaristes à tirer profit du potentiel indéniable de la garce de la série. Déjà trop peu employée dans Franklin and Bash, Claire Coffee donne la sensation de pouvoir prendre une plus grande dimension, mais reste pour l'instant dans l'ombre de Sasha Roiz, le capitaine permettant aux auteurs de ne pas trop développer un univers fantastique encore assez fragile. Seulement, les regrets sont indéniables tant cette garce est l'élément imprévisible dont la série a besoin, son histoire de cookies manquant de cette touche de bizarre qui ferait toute la différence.
Visiblement toujours mal à l'aise avec le concept de départ de leur show, les auteurs brident clairement leur imagination, privant la série d'une bonne part de son potentiel en ne jouant pas assez sur le registre comique et le second degré. Il faut l'intervention du Sergent Wu pour que l'intrigue se décrispe et ose l'inattendu, jusqu'à un final franchement prometteur où les auteurs nous offrent un final mystérieux et particulièrement étrange. Les séquences oniriques de Hank sont certes très jolies, mais trop lentes et beaucoup trop sages comme si les scénaristes craignaient d'explorer la face sombre du coéquipier du héros.
L'ensemble reste assez ambitieux et particulièrement plaisant, amenant quelques gouttes de changement dans une série qui semble vouloir intégrer une dose de feuilleton dans sa progression. Malgré tout, le peu de développement autour du personnage d'Adalind nous laisse un peu sur notre faim, en espérant que la suite verra la série lui donner plus de liberté pour exploiter pleinement son côté manipulateur et cruel.
L'importance d'une révélation
Pour expliquer ce titre, je vais m'attarder sur un point récurrent dans Grimm, à savoir la transformation des personnages en créatures étranges et surprenantes, plus ou moins féroces. Cette capacité à percevoir cette métamorphose est ce qui différencie le Grimm d'un être humain normal, sachant que cette révélation s'opère toujours dans les deux sens. Il serait d'ailleurs intéressant de prendre le point de vue d'une créature, pour savoir ce qui permet de différencier un Grimm, le physique de David Giuntoli ne justifiant pas leurs regards terrifiés et angoissés.
Certes, la réputation de sa tante Marie suffit à comprendre leurs angoisses, mais il serait bon que la série se montre plus claire en offrant quelques révélations concernant la nature d'un Grimm. Les séquences d'offrandes sont plutôt drôles, décalage comique remarquable reposant sur la différence de point de vue entre elle et les monstres inoffensifs dans son voisinage. Le personnage de Juliette s'impose comme majeur dans la série, la séquence de tir laissant apparaître l'importance pour Grimm de réserver quelques surprises en osant prendre le contrepied du spectateur.
Une série est construite sur des révélations, des évènements incongrus qui changent notre point de vue sur un personnage en révélant ses zones d'ombre. Un principe pas suffisamment exploité dans Grimm, la série s'étant enfermée jusqu'ici dans une logique d'intrigues sans lendemain qui ne permettait pas d'inscrire la série dans la durée. Seul personnage à s'être révélé au spectateur, Juliette apparaît de plus en plus comme un élément moteur à la différence de Griffin qui s'éteint peu à peu, peinant à exister à l'intérieur du show.
Des références multiples
En tant que série fantastique, Grimm possède des qualités esthétiques remarquables qui justifient à elle-seule le visionnage de la série. La photographie, mais surtout les décors et les musiques sont très soignés, offrant une vraie qualité d'immersion pas toujours très bien mise en valeur par des histoires trop sages. Mais le plus amusant reste l'utilisation de beaucoup d'effets de mise en scène un peu vieillots, évoquant totalement les films fantastiques des années cinquante, comme cette main fantôme qui vient caresser le visage de Hank à la fin de l'épisode.
En conclusion, un épisode réussi, qui propose une première continuité et se révèle plutôt bien rythmé grâce à l'addition réussie de Rosalee. Jouée par Bree Turner, cette nouvelle allié du Grimm vient équilibrer une série toujours un peu timide, mais qui commence à insérer des éléments de feuilleton parfois surprenants avec une storyline du Sergent Wu particulièrement réussie. Seule l'histoire autour de Hank traîne clairement la patte, le policier se montrant trop passif pour installer le moindre suspense.
J'aime :
- l'ajout réussi d'un nouveau personnage
- la storyline amusante du cookie fatal
- les scènes de Juliette
Je n'aime pas :
- Griffin beaucoup trop passif
- une série trop sage qui n'ose pas assez
Note : 13 / 20
Un bon épisode qui marque pour la première fois une volonté des auteurs de s'inscrire dans une continuité avec l'arrivée réussie du personnage de Rosalee. Dommage que l'intrigue d'Adalind se montre beaucoup trop sage, offrant quelques visions qui cassent le rythme de l'épisode et n'apporte pas grand-chose à l'intrigue principale.