Golden egg
Nick et Juliette partent pour un week-end romantique à deux, offrant l'occasion rêvée pour le Grimm de faire enfin la demande que la mort de sa tante avait empêché. Seulement, une fois sur place, ils sont témoins du comportement étrange du couple habitant tout près du près de leur refuge, l'épouse donnant l'impression d'être séquestrée par son mari. Pendant ce temps, Hank continue de développer une obsession pour Adalind, celle-ci s'amusant à le rendre jaloux par tous les moyens nécessaires.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui cherche à marquer la différence entre un policier et un Grimm
- un épisode qui reste assez superficiel
- un rythme haché, mais un volonté intéressante d'installer une vraie continuité
- un duo Monroe - Rosalee convaincant
Une dualité au coeur de la série
Pour cet épisode qui apparaît comme une parenthèse à l'intérieur de la saison, Grimm va se concentrer sur la relation de couple de Nick, offrant un week-end romantique loin de Portland. L'occasion pour la série de sortir de sa routine et de construire une histoire légèrement différente que les auteurs vont gâcher en partie en revenant assez vite à une routine bien visible. Le démarrage est malgré tout assez plaisant, offrant l'occasion à David Giuntoli de montrer un visage un peu différent de son personnage loin du commissariat et des monstres.
Seulement, les auteurs vont, sans attendre, ramener la série dans ses habitudes avec la révélation de la présence d'un Klaustreich, créature mi-homme, mi-chat vivant dans un logement proche de leur chalet. Aussitôt, Nick reprend son costume de policier, essayant de maîtriser la peur de Juliette qui est plus que convaincu que la femme en face de leur chalet est victime de violence conjugale. Ce sentiment d'insécurité très important est au coeur de la crise que traverse le jeune couple, soulignant combien son nouveau statut de Grimm vient briser la stabilité du héros, la jeune femme montrant une perspicacité assez plaisante.
Même s'il essaie devant Juliette de se donner l'apparence d'un flic normal, le Grimm est contraint par nature de jouer au héros, l'obligeant à sortir du cadre de la loi pour prendre l'initiative. Ce changement du policier en justicier se fait le plus souvent par l'intermédiaire de Monroe qui fournit au héros et aux spectateurs les éléments culturels nécessaires pour permettre de comprendre la nature des forces en présence. Entre réel et fantastique, Grimm chevauche les deux genres et crée un univers étrange et plutôt troublant, surtout par le thème exposé ici du couple et de sa nature complexe.
Violence domestique
Si Grimm possède une qualité de manière générale, c'est dans les correspondances qui sont faites entre la réalité et l'interprétation qui peut en être faite. Ainsi, à la cruauté du Klaustreich qui séquestre cette jeune femme pour récupérer un oeuf en or se construit en parallèle d'un fort sous-entendu concernant la violence domestique aux yeux de Juliette. Refusant de n'avoir qu'un seul niveau de lecture, Grimm essaie d'opposer à une intrigue fantastique violente une cruauté beaucoup plus humaine, cette brutalité du quotidien contre laquelle la loi est trop souvent impuissante.
Si ce parallèle est étonnant et intéressant, son exploitation est moins adroite et laisse un certain malaise, la faute au développement plutôt limité du personnage de Robin. Femme fragile en apparence, elle semble un peu trop passive durant cette histoire, montrant les limites d'une intrigue assez confuse qui manque clairement d'épaisseur. Sans surprise, le déroulement de l'histoire reste assez classique et ne se montre pas aussi ambitieux que son pitch de départ pouvait le laisser espérer, laissant un ressenti d'ensemble assez mitigé à cause d'un démarrage pas assez soigné.
De même, l'occasion d'explorer la relation entre Nick et Juliette n'est pas vraiment saisie, échouant à mettre en valeur la demande en mariage du détective Burkhardt. Démarrant trop rapidement, cette histoire manque d'un premier acte d'exposition plus léger pour pouvoir préparer le terrain à une intrigue fantastique qui manque de cette touche de mystère indispensable à toute intrigue fantastique. De plus, les aller-retour entre Nick et Hank cassent fréquemment le rythme de l'épisode, l'intérêt des scènes avec Russell Hornsby restant assez discutable, ne faisant qu'insister que sur des éléments déjà connus du spectateur.
Une intrigue trop hachée
Le problème de cet épisode de Grimm réside dans sa construction trop fragmentaire, les scénaristes coupant trop souvent l'intrigue principale par des passages peu concluants avec Hank. Certes, il est très agréable de voir les auteurs préparer ainsi la suite de la saison, mais tout ce travail de mise en place manque d'efficacité, certaines séquences s'étirant sans raison particulière. Les scènes avec Monroe et Rosalee sont à l'opposée dynamiques et très plaisantes, parfaitement bien intégrées à l'intrigue principale là où la storyline d'Adalind paraît beaucoup trop déconnectée du reste de l'épisode.
En offrant une pause autour du thème du couple, Grimm avait l'occasion de marquer un temps de réflexion, de regarder en arrière pour donner du sens à son début de saison. Les scénaristes s'y essaient au travers du couple entre Nick et Juliette, posant la question de leur devenir et de l'incapacité du héros à avoir des secrets envers elle, confirmant cette touche de fragilité qui fait le charme du héros. Plus à l'aise qu'en début de saison, David Giuntoli incarne un héros positif et neuf, montrant une capacité intéressante à conserver la main sur ses ennemis par le biais d'un sens de l'ironie plaisant.
Si la mythologie manque encore d'efficacité, Grimm a le mérite de proposer une construction plus feuilletonnante qu'en début de saison, même si les auteurs cherchent encore l'équilibre entre l'intrigue principale et les intrigues secondaires. L'occasion était intéressante d'exploiter le faux amant d'Adalind, mais les auteurs choisissent la facilité en lui donnant un rôle purement accessoire. Pourtant, par son principe de départ qui lui permet d'aborder des thèmes complexes et ambiguës, Grimm est vraiment un show qui dispose d'un potentiel intéressant s'il parvient à équilibrer sa narration.
Deux alliés, c'est toujours mieux qu'un
Sans conteste, le duo entre Monroe et Rosalee est le succès de cette mi-saison, leur intervention entrainant une vraie accélération dans la progression du récit. Complémentaire, ce nouveau couple permet de sortir Silas Weir Mitchell de son rôle de simple faire-valoir, l'alchimie de son duo avec Bree Turner fonctionnant pour le mieux. Un point positif pour la suite de la saison, donnant aux scénaristes l'opportunité d'alterner les alliés au Grimm sans avoir à justifier péniblement les raisons de leur soutien.
En conclusion, un épisode type qui aurait pu être bien meilleur avec un premier acte plus étoffé, l'histoire nous étant brutalement imposée par un scénario qui ne fait pas dans la finesse. Une entame regrettable qui ne permet pas d'exploiter au mieux le point de départ original de cette intrigue, ratant l'occasion d'explorer toutes les facettes du détective Burkhardt. Assez prévisible, ce récit souffre en plus de coupures de rythme agaçantes, mais reste divertissant grâce à une image très soignée et une résolution plutôt adroite.
J'aime :
- esthétiquement très réussi
- le pitch de départ plutôt intéressant
- le parallèle entre l'intrigue du jour et le thème de la violence domestique
Je n'aime pas :
- le démarrage trop brutal
- les coupures dans le rythme de l'épisode
- les scènes entre Hank et Adalind inutilement longues
Note : 12 / 20
Si le pitch de départ laissait espérer une intrigue originale, Grimm revient assez vite à un format classique en offrant un divertissement plutôt plaisant. Malheureusement, un premier acte peu soigné et des coupures dans le déroulement de l'histoire laissent le sentiment d'un acte manqué tant le potentiel de départ permettait d'espérer largement mieux.