Confessions intimes
Après celui de soldat, puis de terroriste, Brody commence son troisième métier : agent double. Alors que j'adorais le personnage, voilà qu'il commence à devenir un simple pantin de la CIA qui n'a aucune porte de sortie et qui dit amen à tout. C'est assez amusant de voir comment il dévoile tous ses secrets maintenant, aussi bien à Carrie et Peter qu'à sa femme. Le personnage est passé du plus grand menteur au monde au gars qui veut expier tout ses péchés en révélant tous ses secrets les plus noirs. Damian Lewis excelle toujours en tant qu'acteur mais je trouve que son personnage a pris un sacré coup avec ce renversement de situation, si bien qu'il me fascine nettement moins qu'avant.
Heureusement il reste une valeur sûre pour Brody (et pour la série) : sa relation avec Carrie. L'alchimie entre les deux personnages est toujours présente et fonctionne admirablement. Carrie est la seule à pouvoir gérer et comprendre le rouquin. Et surtout elle est la seule en qui Brody a confiance, chose à la fois surprenante et déroutante car c'est elle qui l'a fait tomber. La scène de fin est excellente, avec une Carrie qui oscille entre colère, doute et demande de réconfort auprès de Brody. Ce duo qui est incontestablement une force pour la série génère aussi son lot de défauts, en particulier l'atténuation de l'importance des seconds rôles. Des personnages comme Quinn, Saul ou encore Estes sont trop en retrait, ils apparaissent trop peu souvent et la plupart du temps pour des broutilles. En fait c'est surtout la mise en retrait de Saul qui me déçoit : le personnage avait une vraie personnalité et un lien fort, en particulier avec Carrie. C'est regrettable...
Sinon au niveau du contenu scénarisitique il n'y a rien de fou. Comme attendu on suit de très près Roya, le contact de Brody avec Nazir. La filature est sympathique bien qu'un peu longue et soporifique sur les bords, la principale raison étant qu'il n'y a rien de nouveau dans le genre et que tout est prévisible. La fouille du magasin est nettement plus intéressante et permet de sortir de cette torpeur due à un rythme mou du genou. J'avoue avoir été surpris par cette fusillade, je m'attendais davantage à une bombe qui explose à la figure de Quinn et ses hommes (bon par contre c'est une blague que ce dernier survive à ce rush armé non ?). Finalement Carrie et son équipe se retrouvent au point mort et il va falloir sûrement tirer une fois de plus sur la corde Brody/Roya pour faire avancer les choses.
"Quoi t'as mangé tous les Chocosuisses ?"
Vis ma vie
Certaines personnes disaient que la série tendait de plus en plus vers 24 et ce, dès le début de saison. Je n'étais pas spécialement d'accord, mais après cet épisode je ne peux plus me voiler la face : Homeland se vingt-quatre-heuredise (copyright déposé !). Et l'aspect le plus marquant de cette transformation est la présence trop importante des histoires secondaires.
Dans 24, la fille de Jack Bauer, Kimberly, avait ses petites histoires dont le spectateur s'en foutait royalement. Cela commence à être le cas de Dana. Alors que le personnage était une réelle force dans la première saison en étant une sorte de point d'appui pour son père, voilà qu'on lui propose sa petite storyline ô combien inintéressante, avec des états d'âme qui ne sont vraiment pas pertinents pour la suite de l'histoire. Ses petites escapades nocturnes et les conséquences qui en découlent n'ont rien à faire au premier plan d'une série comme Homeland. Si je veux regarder une gamine faire des bêtises je regarde un show de la CW...
La vie de famille de Brody était parfaitement équilibrée auparavant, on en voyait un peu ce qui permettait de crédibiliser l'univers et d'humaniser le personnage, et pas trop pour que l'histoire principale ne soit pas entachée par des événements peu originaux et inutiles. Mais maintenant un tiers de l'épisode est consacré à ces « anecdotes » et la série en souffre terriblement, que cela soit en terme de contenu (non mais franchement, cette histoire de femme renversée va sûrement nous gaver longtemps) qu'en terme de rythme (quel ennui les pleurs et craintes de Dana).
Et comme si ça ne suffisait pas, on a le droit à l'enquête de Mike avec son pote alcoolique en béquilles, façon inspecteur Derrick. Les scénaristes utilisent de grosses ficelles scénarisitiques qui font réellement peine à voir pour une série de cette qualité. Le passage où il fouille le garage de Brody est aberrant tellement c'est grossier (bien entendu il manque UNE seule balle). Outre le fait que le spectateur s'en contrefiche, on sait pertinemment que toute cette histoire n'est qu'une coquille vide qui n'aura pas d'impact dans le déroulement principal de l'intrigue. Pour l'une des premières fois de la série j'ai eu la désagréable sensation d'assister à un gros remplissage de la part des scénaristes et le dialogue de conclusion entre Jessica et Mike ne me fera pas dire le contraire. Bref Mike casse-toi de la série, tu n'as clairement plus ta place !
Je crois que lui aussi s'en fout de tes histoires ma pauvre Dana !
Arrivé à mi-saison je commence à avoir de sérieuses craintes sur la suite de la série. Le tournant de l'épisode précédent ne convainc pas une seule seconde. Pire, on a l'impression de voir une autre série, aussi bien au niveau du postulat que de la qualité. L'avenir est préoccupant et je continue fortement de penser qu'Homeland aurait dû se terminer lors de sa première saison. Tout n'est pas perdu car la série possède des qualités intrinsèques, mais peu de choses me laissent optimiste pour la suite.
J'ai aimé :
- Claire Danes et Damian Lewis toujours au top, surtout dans la scène finale
- la fusillade dans le magasin qui m'a sorti de mon sommeil
Je n'ai pas aimé :
- m'ennuyer autant
- Dana, Mike et les autres
- l'orientation nouvelle de la série, de plus en plus façon 24
Note : 11/20