Héros. Vilain. La différence est faible. Deux versants d’une même pièce. C’est un choix, on ne le devient pas en claquant des doigts. Un évènement traumatisant ? Une figure parentale bien pourrie ? L’envie de dominer le monde et de prendre sa revanche sur tous ceux qui nous ont dominés ? Que l’on soit du bon ou du mauvais côté de la force, ces raisons se rejoignent, la ligne entre le Bien et le Mal étant extrêmement ténue.
Plus complexe puisqu’il a choisi de servir le Mal, on préfère bien souvent le vilain au héros. C’est de lui que va dépendre la qualité de l’histoire que l’on raconte. iZombie a de la chance, puisque son méchant principal possède à la fois de la classe et de la profondeur, ce qui permet à la série de jouer sur plusieurs tableaux sans jamais perdre en qualité.
Avec un épisode de reprise très réussi, iZombie nous a fait une promesse : cette saison allait être plus sombre que la précédente. Seulement à vouloir être trop sombre, on peut très bien se casser sérieusement la binette et verser dans le pathos inutile. Il est ainsi très important que les scénaristes continuent de maintenir une bonne dose d’humour pouvant contrebalancer la tournure dark que prend la série. Pari toujours réussi ou déjà premiers signes d’essoufflement ?
Le plan de Blaine
Blaine occupe encore les devants de la scène dans Zombie Bro. Il a un plan et il compte bien le poursuivre jusqu’au bout. Il joue sur tous les tableaux, pense au court et au long terme et il étend progressivement sa toile dans tout Seattle. Si on aurait pu craindre que Blaine ne perde de sa superbe en redevenant humain, après deux épisodes on est rassuré. Je ne le répèterai jamais assez, mais David Anders se surpasse dans ce rôle de méchant mégalomaniaque, arrogant et manipulateur.
Sauf que cette semaine, sa performance monte encore d’un cran, bénéficiant de l’arrivée de Robert Knepper (Prison Break). Ce dernier joue le père de Blaine, et, aidée par un travail de caméra très inspiré, la discussion entre les deux se révèle jouissive. Au fur et à mesure que les répliques s’enchaînent, on réalise que Blaine possède d’immenses daddy issues, qu’il s’est bien vengé du traitement que son père lui a infligé mais surtout – et c’est ce qui rend le personnage encore plus complexe – il est capable de ressentir quelque chose !
Si cela peut paraître idiot dit comme cela, l’on découvre néanmoins une nouvelle facette de Blaine. Ce qui ajoute de la complexité à un personnage qui n’en manquait pas. Ah Rob Thomas ! Tu es un génie.
Une plutôt bonne intrigue policière
Autre bon point de Zombie Bro : la partie enquête de la semaine réussit à la fois à faire rire et à émouvoir. Liv mange le cerveau d’un capitaine de fraternité, et cela donne lieu à de nombreux moments de comédie. L’intérêt de ces intrigues policières a toujours été de voir Rose McIver jouer sur différents tableaux et cette semaine ne déroge pas à la règle. Alors bien entendu, c’est du classique, mais les situations et les dialogues sont vraiment drôles. Mais ce n’est pas tout. La résolution de l’affaire est beaucoup plus noire qu’attendu, contrastant avec le ton – jusque-là léger – employé. Cela fait maintenant deux épisodes qu’iZombie se révèle plus sombre que par le passé sur le côté policier.
Enfin, Clive semble définitivement prendre conscience que Liv est folle. À ce sujet, il serait peut-être temps qu’il soit enfin mis au courant de l’existence des zombies. Il est frustrant de voir qu’il est désormais le seul personnage majeur encore dans le noir à ce sujet.
Liv a donc de nombreuses opportunités cette semaine pour briller. Elle est très drôle en capitaine de fraternité avec une robe improbable et un vocabulaire peu varié. Mais tout n’est pas rose pour notre zombie préférée qui espère toujours recoller les morceaux avec Major. Si en milieu d'épisode, elle pense que cela est possible, elle redescend brutalement à la fin, lorsque Major la rejette. Il faut dire que ce dernier a d’autres chats à fouetter…
Oh Major…
Comme depuis maintenant assez longtemps, l’arc narratif de Major se révèle être le plus intéressant. On l’avait quitté la semaine dernière décidant de s’allier – contraint et forcé – avec le PDG de Max Rager. Dans Zombie Bro, il est toujours au fond du fond du trou… mais il trouve encore le moyen de s’enfoncer.
Après la mort des jeunes dont il s’occupait, l’hôpital psychiatrique, apprendre que son ex-fiancée est un zombie, tuer des zombies, devenir un zombie, redevenir humain, perdre son boulot et s’allier avec un bon gros pourri, on aurait pu penser que le calvaire de Major était fini. Mais non, Rob Thomas est encore capable de trouver de nouvelles façons de détruire Major. Et, pour ne pas vous mentir, cette descente aux enfers est fascinante à regarder. Rongé par sa culpabilité, Major décide de plonger dans la drogue, l’Utopium pour être précis. Et quelque chose me dit que cette histoire ne possède pas de happy end.
Tout commence lorsque Ravi, continuant de chercher un moyen pour recréer le remède au fait d’être un zombie, le pousse à aller dans une boîte de nuit de manière à se procurer de l’Utopium. Ravi veut prendre de la drogue afin de noter ses effets. Il veut donc se droguer… pour le travail. Meilleure. Excuse. Du monde.
Major l’accompagne et prend lui aussi de l’Utopium. Les deux passent de très bons moments, mais la descente est brutale. À la suite de leur soirée, la réaction des deux personnages est entièrement différente. Ravi essaie de retrouver les notes qu’il a prises durant son trip, mais il n’en résulte que des messages vocaux aussi inutiles pour lui qu’hilarant pour nous. Major lui, n’a pas cette chance et sa scène finale est bouleversante.
Encore plus sombre que Grumpy Old Liv, Zombie Bro continue la tendance de ce début de saison d’iZombie. La mythologie de la série prend de plus en plus de place, la série en bénéficie grandement. Elle est toujours très drôle, mais délivre davantage de moments coup de poing et de scènes proprement jubilatoires. Qu’elle continue comme cela !
J’ai aimé :
- Toute la scène entre Robert Knepper et David Anders. C’était du niveau Annalise et sa mère dans How to Get Away with Murder.
- L’humour, porté par une Rose McIver au meilleur de sa forme.
- Le projet complètement débile de Ravi… qui trouve une conclusion logique. Ah et sa barbe à paillettes aussi.
- La place toujours plus présente de la mythologie.
- Major... Mon pauvre, t’as les épaules solides.
Je n’ai pas aimé :
- C’est quasi criminel de sous-utiliser Clive à ce point, quand même.
Ma note : 16/20.