Critique : King 1.02

Le 02 mai 2011 à 09:37  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode plutôt décevant, la faute à un scénario paresseux et à un duo King-Spears qui ne fonctionne plus. Au programme, un triangle amoureux désastreux et un petit focus sur l'héroïne vraiment charismatique.
Par sephja

Critique : King 1.02

~ 6 minutes de lecture
Episode plutôt décevant, la faute à un scénario paresseux et à un duo King-Spears qui ne fonctionne plus. Au programme, un triangle amoureux désastreux et un petit focus sur l'héroïne vraiment charismatique.
Par sephja

Pitch bagarre au commissariat  

Suite à l'interpellation simultanée d'Esteban Demarco par l'équipe des Stups et celle de la Criminelle, une bagarre éclate entre les deux divisions de la police sous l'oeil des caméras de sécurité. Furieux, le superintendant de Toronto demande à King de prendre le dossier avec comme impératif de résoudre l'affaire avant que la bagarre ne s'ébruite.

 

King, Danny, Spears et les autres 

 

Série canadienne sans grande ambition, King m'avait premièrement surpris par son efficacité et ce ton légèrement décalé, parfaitement en phase avec son héroïne. Mais si Amy Price-Francis s'avère toujours aussi surprenante et drôle, l'épisode est loin de retrouver l'efficacité du pilote, de nombreuses scènes accusant un manque d'inspiration plutôt inquiétant. Certes, le visionnage n'est pas une souffrance, l'intrigue possédant un point de départ original plutôt amusant qui confirme le ton décalé de la série.

Mais hélas, cette lutte inter-agences ne va jamais intervenir au sein de l'intrigue, la faute à des scénaristes qui refusent d'introduire des personnages nouveaux. Tout tourne autour de King (son mari Danny, son collègue Spears, son patron Paul) tant et si bien que le reste du commissariat existe à peine, focalisant les quarante minutes de l'épisode sur cette jeune femme certes originale et assez dynamique, mais pas à ce point intéressante.

Il ne reste que l'intrigue de T-Bones, un homme particulièrement jaloux et violent, porté par Andrew Jackson (déjà vu cette semaine dans Breakout Kings), crédible en gros dur. Là encore, les auteurs vont donner l'impression de ne pas savoir où ils vont, incapable de trouver une dynamique propre à ce type d'histoire.  Le charme du pilote s'évanouit peu à peu, ne laissant qu'une série policière assez paresseuse, totalement incapable de donner de l'envergure à son intrigue.

Et pour les autres membres de l'équipe de King... Rien ! Et c'est bien là le problème car cela fait le seconde présentation du groupe qui se limite au strict minimum. Leur apport à l'intrigue est inexistant, limitant leur existence à une poignée de répliques moyennement inspirées, leur seul action se limitant à créer une illusion d'activité. 

 

Le triangle amoureux et ses conséquences

Grande nouveauté par rapport au pilote, les auteurs ont choisi d'envisager le groupe formé de Danny, Spears et King sous la forme d'un triangle amoureux. L'idée, sympathique au premier abord, va s'avérer la pire des idées qui soit, Spears occupant non pas la place de l'amant, mais celui de l'andouille. Si vous désirez décrédibiliser un de vos personnages principaux en moins d'une minute, je ne conseille pas mieux que cette idée saugrenue qui, au lieu d'amener l'effet comique recherché, transforme un policier efficace et combattif en pauvre type plutôt méprisable. 

Pour créer un triangle amoureux crédible, il faut qu'un des éléments du triangle soit partagé dans ses sentiments envers les deux autres. Ici, point de dilemme tant King semble parfaitement bien s'entendre avec son mari, détruisant au passage la tentative des auteurs de donner une réalité à ce triangle romantique. L'idée sera brutalement abandonnée à mi-épisode mais trop tard pour que le spectateur ne ressente pas un certain mépris pour Spears, le pauvre se retrouvant limité à bougonner de manière pathétique.

Je me suis souvent demandé ce qui faisait la différence entre les bonnes séries et celles qu'on oublie aussitôt, mauvaises ou banales.  Il revient assez souvent qu'un simple choix idiot suffit à réduire à néant un concept à première vue sympathique. Le baiser qui avait clôt le pilote était inutile, ridicule et est venu détruire le point fort du show, ce charme singulier entre Spears et King, entre affrontement et collaboration.

L'équilibre d'une série est quelque chose de si fragile que la moindre décision, aussi ambitieuse soit-elle, peut engendrer l'effet inverse de but recherche. Il ne reste à King qu'à faire une croix sur les évènements de la fin du pilote pour pouvoir retrouver son efficacité et retrouver la maîtrise d'un récit clairement paresseux.

 

Jessica King, un style direct et attachant

 

A ce point de la critique, vous allez me dire : "OK, King, c'est pas terrible, pas la peine d'écrire autant de lignes pour cela !". Et bien, rien n'est vraiment si simple car nous ne sommes qu'au deuxième épisode, moment critique où les erreurs peuvent encore être commises. La seule chose de sûre sur King est que les scénaristes ont largement plus peaufinés le pilote que celui-ci, prouvant du même coup qu'ils sont capables de faire beaucoup mieux.

La principale qualité du show repose sur son personnage principal et l'interprétation assez judicieuse d'Amy Price-Francis. La réalisation de Clark Johnson (un ancien réalisateur de The Shield) place fréquemment Jessica King dans un domaine où elle excelle, celui de l'action. Loin d'être un Sherlock Holmes en talons haut, King est une femme d'action qui ne fait pas de politique, pratiquant la sincérité à outrance, quitte à se fâcher fréquemment avec ses collaborateurs.

La comédienne s'amuse visiblement beaucoup à faire preuve de cet humour anglais fondé sur le décalage entre une posture sérieuse et des répliques volontairement déplacées. Rien que pour la qualité de ce personnage assez nouveau, King mérite une seconde chance, dans l'espoir que l'intrigue fasse preuve de plus de profondeur.

 

Il reste du boulot pour convaincre

Si le premier épisode m'avait fait ranger cette série dans mes "plaisirs coupables", ce second épisode me fait l'effet d'une douche froide. Le résultat est pour le moins inquiétant, mais il reste à espérer que les créateurs (Greg Spottiswood et Bernard Zuckermann) ont assez d'expérience pour savoir redonner du souffle à une série qui semble incapable de faire preuve de profondeur. 

Le prochain épisode verra l'arrivée à l'écriture d'Alex Levine (scénariste pour Stargate Atlantis), ce qui pourrait permettre à la série de retrouver le sérieux qui lui manque. Le prochain épisode sera donc crucial pour envisager l'avenir de King. 

 

J'aime : 

  • le jeu nuancé d'Amy Price-Francis 
  • une réalisation efficace 

Je n'aime pas : 

  • un scénario trop lent et peu crédible 
  • un triangle amoureux ridicule 
  • un manque de soin apporté au scénario 
  • aucune profondeur à l'exception du personnage principal

Note : 08 / 20 

(95)

 

L'auteur

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Image King (2011)
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