Critique : King 1.06

Le 31 mai 2011 à 17:35  |  ~ 7 minutes de lecture
Bon épisode sur King qui retrouve, avec cette histoire de meurtre et de lapins, son charme si particulier. Au programme, les femmes envahissent les cop show, les lapins sont partout, à détruire la scène de crime, et un portrait de Jason Collier.
Par sephja

Critique : King 1.06

~ 7 minutes de lecture
Bon épisode sur King qui retrouve, avec cette histoire de meurtre et de lapins, son charme si particulier. Au programme, les femmes envahissent les cop show, les lapins sont partout, à détruire la scène de crime, et un portrait de Jason Collier.
Par sephja

Pitch meurtre et lapins

Un jeune scientifique musulman est retrouvé mort au milieu de son laboratoire et de ses lapins. Les rongeurs, que la police peine à remettre dans leur cage, détruisent la scène de crime. C'est dans ce capharnaüm que Jessica King est envoyée afin de mener son enquête. Une enquête sur fond de tension communautaire et de pression de la part du doyen de l'Université pour que la laboratoire continue ses recherches. Mais il apparaît vite que la victime n'énervait pas que quelques fanatiques d'extrême-droite.

 

 

 

Une idée de départ original pour un épisode qui l'est beaucoup moins 

Meurtre dans un laboratoire universitaire, vous allez me dire que vous ne voyez pas en quoi cela peut être original, mais la fausse excuse d'une bande de vilains lapins qui souillent la scène de crime est vraiment amusante. La destruction de preuve par des rongeurs de laboratoire, même CSI n'y avait pas pensé (ou alors j'ai raté l'épisode, mais peu importe) donnant un premier acte parfaitement dans le ton légèrement décalé qui réussit tant à la série. Jessica King prend la tête de l'enquête dans une affaire mêlant habilement trouble identitaire et concurrence entre chercheurs. 

Parfaitement dans le ton, le scénariste David Barlow retrouve ce mélange de comédie au second degré et d'enquête qui fait la principale qualité de King. Le show gagne d'ailleurs à chaque fois à affirmer son style atypique. Ici, le duo King-Spears est très efficace et apporte un bon rythme à une histoire qui va pouvoir s'appuyer sur Jason Collier, un assistant de Jessica qui ne cesse de s'affirmer comme un des points forts du show.  Mais après un départ amusant, la série revient dans les clous, fournissant un divertissement honnête avec une bonne gestion des indices et retournements de situations. 

Moins occupé par ces histoires de FIV, Jessica King s'éloigne de son mari, Danny devenant un moteur plus que discutable pour le show. Parfaite durant l'épisode, Amy Price-Francis nous sert un numéro de femme moderne qui gère vie professionnelle et personnelle avec une étonnante décontraction. Moins balourd, cet épisode donne la part belle avant tout aux comédiens, évitant le piège des grands sentiments qui ne servent à rien. 

 

 

 

Collier ou l'arrogance involontaire du débutant

Si les trois derniers épisodes m'ont fortement fait hésiter sur la fait de poursuivre cette série ou pas, Collier aura été le personnage qui m'aura poussé à croire en cette série. Jeune inspecteur serviable envers Jessica King, Jason possède un sens de la diplomatie plus que limité et un manque de confiance flagrant qu'il masque sous une arrogance très occidentale. Chargé de communiquer avec la soeur iranienne de la victime, il va proposer la scène la plus intéressante de l'épisode, confronté à la difficulté de ne pas passer pour un raciste. 

Aaron Poole maîtrise merveilleusement son sujet, résistant à la tentation de faire preuve de ce mépris typique de notre monde dit "civilisé" envers les traditions iraniennes pour trouver l'argument simple, universel qui va suffire à convaincre la famille de venir en aide à la police. Ce dialogue, réellement réussi, esquive les pièges avec facilité, aidé par le côté sensible de ce policier aux antipodes d'un Jack Bauer par exemple. Figure assez amusante dans des cop show de plus en plus formatés, Collier est une anomalie, apportant ce décalage que j'apprécie tant entre cette série et la norme. 

Très bien mis en avant, le jeune inspecteur confirme tout son potentiel et semble orienter la série dans la bonne direction, symbole de l'importance des seconds couteaux dans les séries policières. Les scénaristes semblent avoir compris l'importance de donner à King des co-équipiers intéressants et positifs, sacrifiant Demarris au passage dont le personnage était définitivement grillé par deux épisodes ratés. 

 

 

Petite réflexion sur les duos dans les séries policières

J'entends  déjà le pauvre lecteur égaré rager contre moi et ma tendance à parler beaucoup pour ne rien dire et à élaborer des théories qui n'intéressent que moi. Mais j'aime beaucoup cela, voyez-vous, et comme je sais que personne ne lira ces lignes, je me permets une petite digression pour parler du duo Spears-King, symbolique de ce qui fait le charme des séries policières modernes. L'échec de "The Good Guys" est symptomatique de l'importance des shows modernes à posséder une mixité des genres au sommet de l'échelle de la série. 

Fini le temps des Magnums et NYPD Blues, les femmes envahissent de plus en plus les commissariats, amenant une modernité assez forte dans un genre pourtant hyper-cadenassé. De Rizzoli and Isles à Body of Proof, les séries policières sont envahis par ces femmes trop longtemps cantonnées auparavant au rôle de victime. Sortir de nos jours un cop show sans femme forte me semble relever du suicide, et The Chicago Code confirme clairement la place prise par ces dames au sein d'un monde pourtant typiquement masculin. 

Jessica King est la patronne de cette unité, mais elle a dû s'imposer contre Spears et les autres membres des autres branches du commissariat. La différence entre elle et les autres chefs d'équipe est flagrante : Jessica est une femme qui s'assume, avec un goût immodéré pour les bottes rouges et un refus d'utiliser la peur comme un moyen de s'imposer. Fini les glaçons à la Cold Case, les polars s'ouvrent aux femmes libérées, donnant à ce show un charme particulier que je peinais à identifier. J'aime King malgré ses défauts car elle incarne parfaitement cette irruption des femmes dans un genre où le machisme a longtemps fait loi. 

L'adhésion de Spears à l'équipe de King aura pris du temps, mais le mélange des genres fournit un spectacle très agréable et assez rafraîchissant dans un genre hyper codifié. Certes, la série possède des intrigues standards, des premiers épisodes très maladroits, mais elle possède une vraie identité grâce à cet épisode référence, m'attachant enfin à un show qui aura longtemps soufflé le chaud et le froid avant de trouver enfin ici le ton juste. 

 

J'aime : 

  •  Amy Price-Francis formidable 
  •  le duo Spears - King en grande forme 
  •  la scène de crime envahie de lapins, très amusant
  •  l'interrogation entre Collier et la jeune Iranienne 
  •  un ton original ...

 

Je n'aime pas :

  •  ... pour une enquête qui l'est beaucoup moins
  •  quelques éléments téléphonés 
  •  toujours aucun fil rouge 

 

Note : 13 / 20 

Après avoir beaucoup déçu, King parvient enfin à convaincre par son style décomplexé et son héroïne à la fois autoritaire et féminine. Porté par un duo Alan Van Sprang et Amy Price-Francis très efficace, la série montre qu'elle peut produire un divertissement de qualité en misant sur de seconds rôles convaincants. Le meilleur épisode de la saison pour l'instant, qui doit beaucoup à son scénariste David Barlow.

L'auteur

Commentaires

Avatar Puck
Puck
Mais si je te lis. Et je ne suis pas d'accord avec toi sur l'arrivée d'héroines au tempérament de feu dans les forces de police télévisées. Y'a la blonde de Manimal, dans Manimal, qu'est flic (et pas de la police vétérinaire). Y'a la blonde de Hooker. Y'a la blonde de Cagney et Lacey. Y'a la blonde de Navarro... Ah non, y'en pas... Mais bon, des femmes-flics (sans compter Diane et Julie Lescaut, pas blondes, et une femme d'honneur, pas flic), y'en a pléthore...

Avatar sephja
sephja
mince, quelqu'un m'a lu !!!! Merci Puck, mais tu te fais du mal :) Non, c'est vrai que mon observation se prête plus aux dix dernières années. Franchement, Cagney et Lacey, j'ai la honte. En fait, j'aime bien King et je cherchais avant tout à trouver le point qui permette de justifier la défense de cette série. C'est maladroit, je le sais, d'où le ton un peu désuet... Pauvre Puck, il faudra vraiment que je me fasse pardonner :)

Avatar Puck
Puck
Rien à voir, mais un lien pour toi : http://television.telerama.fr/television/treme-saison-2-plus-de-crime-plus-d-espoir-explique-son-createur,69370.php

Avatar sephja
sephja
merci beaucoup !!! très intéressante interview

Avatar Puck
Puck
ouaip

Avatar Aureylien
Aureylien
T'inquiète on te suit Sephja !

Avatar sephja
sephja
Sérieux ??? C'est gentil mais ... vous êtes vraiment trop gentil, car King est loin d'être le chef d'oeuvre de l'année.

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