Pitch season final 1
Scout Winter est un activiste anti-fasciste qui milite directement sur le territoire d'un groupe de skinheads appelé la ligue du Nord. Après trois agressions à son domicile, les services sociaux décident de lui retirer la garde de ses enfants, provoquant un immense tollé dans les journaux locaux. Jessica King est chargée de retrouver l'agresseur afin de pouvoir réunir Winter et sa famille et faire taire les médias. Seulement, au même moment, elle apprend qu'elle est enceinte, ce qui l'oblige à faire le ménage dans sa vie.
La difficulté à assumer vie privée et professionnelle
Alors que la première saison touche à sa fin, les auteurs se décident enfin à créer du remous dans la vie privée de Jessica King, la confrontant à une grossesse qui l'empêche d'accomplir correctement son travail. De plus, l'arrivée de sa soeur venue pour défendre Danny va venir rajouter de l'huile sur le feu, la jeune femme ayant la capacité étonnante de toujours déstabiliser l'héroïne. Le temps de quelques scènes vraiment convaincantes entre Alan Van Sprang et Amy Price-Francis, la série laisse entrevoir ce qu'elle aurait pu être avec une écriture plus courageuse, soit l'histoire d'une femme accrochée à son travail qui perd lentement le contrôle sur sa vie privée.
Si la partie personnelle s'avère mieux réussie que d'habitude, l'intrigue policière va s'avérer trop standard, voire ennuyeuse, reprenant une recette déjà vue, ce qui est plutôt décevant pour un season finale. L'argument des skinheads n'apporte rien à l'intrigue, même si le personnage du flic infiltré au sein du groupuscule fasciste vient ajouter à ce thème du danger de sacrifier sa vie privée à son travail. Seulement, tous les personnages ne sont ici que le reflet d'une même idée, donnant au tout un aspect artificiel, voir irréaliste.
L'heure du grand nettoyage est venu pour Jessica, le scénario laissant espérer une évolution de l'héroïne... qui n'arrivera pas, la série préférant jouer la sécurité en jouant la carte du "on efface tout et on recommence". Simplement exaspérant.
Des très bons comédiens au service de scénaristes pas à la hauteur
King est l'exemple même de la série frustrante tant son casting s'avère particulièrement talentueux, accueillant pour cet épisode Sadie Le Blanc, formidable dans le rôle de la soeur casse-pied. Seul Gabriel Hogan peine encore à trouver sa place, subissant les effets d'une évolution chaotique de son personnage : le mari de Jessica n'a jamais réussi à trouver sa place au sein de la série.
Mais en centrant cette épisode sur la vie privée de son héroïne, la série se prive de ses meilleurs atouts : Spears, Collier et MK. Seul Spears aura vraiment sa place dans cette histoire. Mais pour les autres, les auteurs demeurent incapables de donner une vraie place à l'équipe de Jessica. Alan Van Sprang est encore une fois très bon, proposant un mélange de douceur (avec la fille de la victime) et d'intensité impressionnant. Son implication totale dans chacune de ses actions lui donne une force étonnante, si bien que sa présence passive au milieu du triangle amoureux s'avère une idée totalement ridicule. La série aura accumulé les mauvais choix, n'osant jamais prendre le risque de se confronter réellement aux problématiques qu'elle expose.
Cette manie d'esquiver les problèmes par des astuces scénaristiques discutables est l'élément le plus agaçant dans King, tuant dans l'oeuf tout le potentiel du show. Ecrire sans prendre le moindre risque, il n'y a rien de plus inexcusable.
Petit bilan de la saison un
King est un cop show au charme très particulier, qui met en avant une héroïne charismatique. Celle-ci se retrouve à la tête d'une brigade spéciale chargé de nettoyer les bêtises des autres et y remplace au pied levé Derek Spears, un agent compétent, mais en proie à des conflits conjugaux qu'il ne parvient pas à gérer. Jessica est vite confrontée à des collègues qui ne voient pas d'un bon oeil la jeune femme s'immiscer dans leurs affaires. Heureusement, l'héroïne a du culot à revendre et peut compter sur une équipe efficace pour l'épauler dans cette tâche particulièrement éprouvante.
Si la casting est vraiment le point fort de la série, les scénarios s'avéreront pour la plupart assez décevants, Greg Spottiswood délaissant fréquemment l'équipe de King au profit d'une héroïne qui s'épuise à tout tenir sur ses épaules. David Barlow se montrera plus inspiré, proposant les meilleurs scénarios de la série. Il est le seul à avoir su tirer pleinement parti du potentiel du show en apportant un ton légèrement décalé vraiment appréciable. Pas assez original pour sortir du lot, King aura gagné sa seconde saison essentiellement grâce à un duo Spears-King réjouissant.
Alors pourquoi regarder King ? Question bien délicate, tant la série n'a su que ponctuellement proposer des intrigues vraiment satisfaisantes, certains épisodes flirtant même avec une certaine médiocrité. Les comédiens n'ont, heureusement, jamais déçu et sont la seule raison qui m'a poussé à adhérer à ce show qui m'aura finalement plutôt bien diverti. Loin d'être parfait, il correspond plutôt bien à la définition du "guilty pleasure", petit moment de détente dans une semaine bien remplie. Je sais seulement que je serai présent l'année prochaine pour découvrir la prochaine saison, en espérant que les auteurs penseront enfin à mettre les comédiens en valeur.
Et finalement, je suis bien content d'être le seul à regarder ce show. Comme une sorte de jardin secret.
J'aime :
- un casting impeccable, avec mention spéciale à Alan Van Sprang
- Sadie LeBlanc, véritable tornade rousse qui fait du bien à la série
- une réalisation de bonne qualité
Je n'aime pas :
- un fin en queue de poisson
- un scénario qui joue (encore) la sécurité
- le personnage de Danni qui semble incapable de trouver sa place
Note : 12 / 20
La première saison de King s'achève avec un épisode pas assez ambitieux qui ne permet pas à la série d'exprimer toutes ses qualités. Portée par un casting formidable, King propose une fin en forme de retour au point de départ, la faute à des scénaristes qui semblent incapables de prendre le moindre risque.