Pitch classe ouvrière
Jimmy Sanders, le chef machiniste d'une entreprise de textile à Manchester, est retrouvé mort au beau milieu de l'usine, le corps lacéré en différents endroits. La victime étant connue pour être un "jaune", l'enquête de Hunt va très vite se tourner vers les syndicalistes de l'usine, en particulier un dénommé Ted Bannister qui va vite apparaître comme le suspect idéal. Seulement, Tyler semble convaincu que les apparences sont trompeuses.
Sam Tyler, un homme combattif
Episode séduisant et particulièrement réussi, ce troisième volet de Life on Mars va proposer de laisser de côté l'aspect mythologique pour proposer une intrigue policière bien pensée, Matthew Graham proposant une intrigue à tiroir plutôt maligne. Sa structure, fondée sur une opposition féroce entre Tyler et Hunt, est parfaitement équilibrée donnant un épisode sans temps mort, réservant des rebondissements plutôt étonnants.
Si l'opposition entre Sam et le chef n'est pas réellement une nouveauté, elle atteint ici une forme de paroxysme, les deux hommes se rendant coup pour coup tout au long de l'épisode. L'idée évidente de cette enquête est de mettre Sam sur la défensive, de le pousser dans ses retranchements pour montrer combien il a appris à survivre et à s'affirmer malgré sa situation. Utilisant intelligemment les moyens de l'époque, il parvient enfin à adapter sa méthode de travail, cessant enfin de se plaindre de manière trop prononcée. Un premier arc narratif touche clairement à sa fin, celui d'un Sam Tyler déphasé, limité dans son action, pour laisser place au récit d'un combat entre deux hommes que tout oppose.
Sam a enfin évolué et il va montrer ici une confiance en lui assez remarquable malgré toutes les preuves qui viennent s'opposer à lui. La conviction totale dans ses méthodes va lentement imposer le respect de tous, même celui de Gene lors d'un final plutôt viril. Sam s'impose totalement comme le héros de la série en acceptant enfin l'originalité de sa situation et en se montrant enfin en accord avec le décor dans lequel il évolue.
Une enquête en milieu ouvrier
Pour construire une bonne histoire, rien ne vaut un décor bien choisi qui puisse renfermer assez de richesses pour permettre aux auteurs de créer une galerie de personnages intéressants. Le milieu ouvrier dans les années 70, c'est un lieu de conflit et de lutte, un monde dans l'incertitude qui va être détruit le passage de la terrible Margareth Thatcher. Le libéralisme n'est pas encore là, mais la classe ouvrière se divise déjà à tenter de défendre des droits qui ne résisteront pas face à l'arrivée des nouvelles technologies.
Ce crime ne va servir dans cette histoire qu'à révéler les guerres internes dans l'entreprise, les ouvriers se montrant de plus en plus agressifs devant l'incertitude liée à l'apparition de la politique productiviste que tout le monde connait aujourd'hui. Ce portrait d'un monde d'avant la mondialisation s'avère assez touchant, les auteurs proposant de plus une conclusion particulièrement intelligente, celle d'une génération d'anciens, impuissants face à la montée du radicalisme.
Une enquête en deux morceaux vraiment intelligente
Pour venir équilibrer la tristesse et la dureté de l'intrigue ouvrière, la série propose une seconde intrigue qui va permettre de mettre en avant le personnage de Litton, joué par un Lee Ross plutôt réjouissant. Cette moitié plutôt orientée sur la comédie va permettre de relâcher la tension entre Hunt et Tyler, leur donnant à tous deux un ennemi commun à affronter. L'épisode trouve ainsi un équilibre assez juste, cette sous-intrigue permettant aux auteurs de donner un vrai climax en s'intégrant parfaitement à l'intrigue principal.
Le fait de voir les deux intrigues se rejoindre renforce la structure de l'épisode en amenant une dimension dramatique supplémentaire. Après deux climax plutôt décevants, la série montre ici qu'elle peut produire des scènes d'actions efficaces avec des enjeux assez forts.
Un épisode référence
Pour son premier épisode centré sur le combat entre Tyler et Hunt, Life on Mars propose un épisode très juste, parfaitement intégré au concept de la série et très bien équilibré par l'utilisation maligne d'une sous-intrigue bien pensée. Le climax final est largement supérieur au deux épisodes précédents, preuve que Matthew Graham (scénariste des épisodes 1;2 et 3) maîtrise de mieux en mieux son sujet.
Comme à chaque fois, la réalisation est irréprochable et la bande son s'avère particulièrement énergique, appuyant parfaitement la tension qui règne entre Hunt et Tyler. On reprochera quelques passages pas très subtils (comme la découverte de l'empreinte de pas) mais on oublie rapidement les rares défauts tant l'histoire fait preuve d'une belle homogénéité.
J'aime :
- un scénario malin bien construit
- Sam Tyler qui agit au lieu de se plaindre
- un final réjouissant
- Gene Hunt arrogant comme on l'aime
Je n'aime pas :
- Annie toujours trop serviable
- un scénario très bon, mais pas parfait
Note : 14 / 20
Anectode hors sujet: Matthew Graham va participer activement à la nouvelle saison du doctor who dont il a écrit deux épisodes. Cela promet.
sephja
